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Sujet Editorial du 29 juin 2013 : commentaires

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1 Editorial du 29 juin 2013 : commentaires

Ni avec toi, ni sans toi,

Mes maux n’ont de remède

avec toi, parce que tu me tues

et sans toi, parce que je me meurs.

Ces quelques vers qui nous viennent de la copla andalouse pourraient tout aussi bien être soufflés par le cinéma à l’oreille de Luc Besson qui vient tout juste d’annoncer l’ouverture  fin 2013 d’un multiplex de 12 salles à Roissy, d’un autre à Marseille pour 2015 et d’une dizaine d’autres à prévoir en France ou au-delà. Une bonne nouvelle pour le cinéma français ? Pour l’industrie et toutes les professions qui gravitent en son sein (dont les compositeurs de musique de film, les ingés son, monteurs son, les perchistes et quantité d’intermittents…), ça l’est sans doute vu qu’Europacorp, la petite Major montée en 2000 par Besson, fait aujourd’hui vivre pas mal de gens et qu’on aurait vraiment tort de lui en faire le reproche. Mais pour ce qui est du septième art, c’est une autre paire de manches…

Parce que le concept "très très révolutionnaire" qui sera celui d’Eurocpaorp Live, c’est de transformer les multiplex en "lieu de vie", la "vie" étant un mot comme un autre dans la bouche de Christophe Lambert, directeur général d’Europacorp, pour désigner la consommation, sachant que le but de ces multiplex est d’augmenter significativement le prix d’entrée qui pourrait atteindre les 25 €, "selon la nature de la place, de la salle et des prestations…".

Dur d’en savoir plus sur la nature des prestations en question, mais on imagine sans problème qu’à Europacorp Live, après avoir vu Taxi 12 en 4D avec un son ultra-surround blasté à 120 dB dans un fauteuil sur vérins hydrauliques, on pourra boire le cocktail officiel du film dans le verre officiel du film pendant qu’une hôtesse officielle du film nous emballera la reproduction au 1/25 d’une voiture de beauf, tout aussi officielle du film que le reste. Tout ça pour la modique somme d’une centaine d’euros pour Monsieur Durand, sa femme et ses deux filles, spectateurs officiels du film…

Et du coup, on se demande vraiment si c’est là un avenir souhaitable pour le cinéma français que de devenir le centre d’un "lieu de vie", et un prétexte à "prestations" et à produits dérivés comme le sont depuis bien longtemps les films de Georges Lucas ou ceux des studios Disney, deux modèles après lesquels court Luc Besson depuis ses débuts. Et l’on se demande si, à force de "lieu de vie" et de "prestations", le septième art ne va pas rejoindre le simple rang d’entertainment comme aux États-Unis, avec tout ce que cela implique pour les artistes comme pour ceux qui veulent les entendre. A quelques rares et belles exceptions près, la filmographie d’Europacorp n’a en tout cas rien pour nous rassurer sur ce point : parce qu’on devine bien que ce n’est pas autour d’un Terrence Malick ou d’un Tommy Lee Jones que le multiplex pourra déployer sa logique commerciale… Affaire à suivre de très près donc, en attendant de voir si les Netflix et les Youtube ne vont pas au contraire précipiter le cinéma dans une tout autre direction, vers un tout VOD ou sponsorisé par une publicité non désactivable.

Une chose est sûre en tous cas : on n’a pas fini de voir des gamins filmer des histoires avec le caméscope familial et vouloir les montrer au plus grand nombre, histoire d’avoir plus de moyens et une plus grosse caméra pour raconter d’autres histoires. Une chose d’autant plus rassurante pour nous que ces Kubrick en culottes courtes auront forcément besoin de musique et qu’il faudra fournir : ce pourra être un simple solo de basse joué sur un petit Classic Session 120 d’EBS, ou encore une bande-son synthétique à la Vangelis ou Giorgio Moroder pondue avec l’UVI Vintage Legends. Et pour accoucher de l’une ou de l’autre de ces musiques, les conseils avisés de Yoad Nevo ne seront pas de trop. Ca tombe bien : voici en trois points le sommaire de cette semaine sur Audiofanzine, en attendant ce mois de juillet qu’on espère toujours sec et chaud. 

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
From Ze AudioTeam

PS : Le concours ! Le concours !

 

 

 

 

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

[ Dernière édition du message le 29/06/2013 à 14:17:16 ]

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11

Bien sûr, personne ne sera obligé (enfin j'espère.... icon_volatilize.gif) d'aller voir ces super productions dans leurs méga-complexes-multisalles-grandes-surfaces-laser-3000, mais ça risque d'avoir un impact direct et rapide sur la possibilité d'aller se faire un bon p'tit film dans une salle de quartier.

Je fais l'analogie avec la disparition des disquaires indépendants enclenchée à la fin du siècle dernier (mode vieux con ON icon_wink.gif).

Ok je sais, on trouve encore / à nouveau des boutiques spécialisées dans les (très) grandes villes, mais pour les plus jeunes qui trouveraient mon parallèle étonnant, il faut s'imaginer qu'on trouvait facilement une boutique qui vendait du skeud (vinyl ou CD, ce n'est pas le propos) dans chaque quartier, ou dans chaque ville de plus de 5000 habitants au pire.

Les grandes surfaces - je ne parle pas des enseignes spécialisées (Fnac, Virgin...) mais des spécialisées en tout et rien, tant que tu remplies le chariot ( Carrefour, Auchan, so on...) ont vite saisi le potentiel économique.

Dans un premier temps, années 80 ou 90, elles ont aligné un rayon musique de qualité - ou du moins décent, tout dépend où l'on place le curseur, avec souvent plusieurs dizaines de mètres de linéaires. Souvent pas mal de références même si ça restait mainstream, des prix super attirants pour l'époque ( il n'y a avait pas le web) sur lesquels les disquaires indépendants ne pouvaient pas s'aligner.

Les hypermarchés s'en foutaient un peu, la place perdue par les références qui tournaient peu étaient compensée par le volume des ventes sur la grosse artillerie de l'époque (au hasard allez.... Madonna - déjà, Indochine - déjà ? icon_lol.gif) en restant toujours sous le prix des disquaires bien sûr.

Bien sûr, en tant que consommateur, le bénéfice était immédiat : le même produit pour un meilleur prix. Il fut éphémère aussi.

Les boutiques de quartier n'ont pas pu lutter, elles ont fermé une par une.

Parceque même si tu pouvais fouiner, te faire conseiller, écouter sur place et dénicher la perle rare, elles avaient aussi besoin de vendre du Mylène à ta voisine pour compenser et pouvoir vivre. Ensuite que s'est-il passé ?

Les grandes surfaces désormais débarrassées de toute concurrence ont réduit progressivement la surface de leur rayon musique (rentabilité oblige) , et donc leur offre, en se concentrant sur les meilleures ventes.

Résultat, aujourd'hui le corner CD se limite aux Top 20 et on trouve au hasard allez..... les nièces de Madonna, les restes d'Indochine line-up 23....). icon_mdr.gif

Cette méthode appliquée par la grande distribution, consistant à tuer toute concurrence en proposant d'abord une offre large et à la réduire ensuite au détriment du client, faute d'alternative , ne se limite pas au CD (d''ailleurs, dans une certaine mesure la situation s'est améliorée avec l'émergence de nouveaux canaux de découverte et d'achat, via le net).

On l'a retrouvée sur un ensemble d'activités et commerces locaux qui se sont fait déchirer à la même époque.

Une longue digression pointant le fait que la création de ces ciné-mégamultiplexes va faire courir le même risque de disparition aux salles de quartiers indépendantes (les salles d'Art & d'Essais étant un peu plus à l'abri dans un premier temps du moins, l'aspect rentabilité immédiate étant moins prononcé du fait d'un mode de fonctionnement également basé sur diverses subventions).

Au même titre que les disquaires avaient besoin de se récupérer sur les grosses sorties vendeuses, les cinés indépendants ont besoin de blockbusters pour faire tourner la machine et pouvoir nous proposer le film qui nous plait au même moment dans la salle d'à côté, ou la semaine d'après.

Et la Besson Family aura le talent et surtout les moyens de donner envie aux spectateurs lambda de Taxi 15 d'aller le voir chez eux plutôt que dans une salle en ville (dans la sage Taxi, ils gagnent même sur les deux tableaux : production / exploitation de la salle, c'est bien connu : on n'est jamais mieux servi que par... Samy?)

Aussi je ne partage pas l'optimisme affiché de certains, qui affirment qu'ils continueront de se rendre dans leur ciné préféré.

Car lorsque les multiplexes auront tué les salles de quartier qui existent encore, ce n'est pas dans des salles de 500 fauteuils Dolby 19.1 avec des ouvreuses en hologramme que seront projetés les "petits films" appréciés par ces mêmes amateurs éclairés. Rentabilité oblige.

Bon je me dépêche, justement on est samedi, c'est le jour où l'on remplit les caddies. icon_volatilize.gif

[ Dernière édition du message le 29/06/2013 à 16:48:34 ]

12
Je crois que les bonnes choses se méritent,au cinéma comme ailleurs.Sans faire le snob,les expositions de dinosaures en son et lumières,que ce soient des concerts ou du cinéma n'ont jamais été à mon goût.Besson fait du cinema Américain...en France(avec comme plusieurs d'entre vous l'ont remarqué les avantages financiers du système culturel français)Alors oui,personne n'est obligé d'aller voir ce cinoche là,que Besson et ses multiplex existent ne me dérange pas,mais ce qui me défrise davantage,c'est que ce genre de prédateur phagocyte le reste,exactement comme la grande distribution tue le petit commerce.Restent les "niches"créatives,et en effet paradoxalement,ce genre de situation pourrait peut être motiver les indépendants dans un effet de saine réaction.Rappelons au passage que la plupart des innovations culturelles majeures n'ont pas appartenu au mainstream(bien qu'elles le soient devenues)L'art des subventions et des bénédictions par le ministère de la culture me fait penser au système soviétique en son temps.Ce qui est drôle comme le faisait remarquer un humoriste,c'est que les seuls autres exemples de "ministères de la culture" ont été...en Allemagne Nazie,en russie Stalinienne et Italie fasciste.C'est drôle comme l'ultra libéralisme capitaliste du marché roi rejoint souvent son contraire...

[ Dernière édition du message le 30/06/2013 à 00:04:53 ]

13
Le niveau des réactions, ça me fait trop marrer... Toujours de l'anti américanisme primaire. Les "Je ne suis pas élitiste", les mecs qui se trouvent des excuses pour pas montrer que ce sont les pires réactionnaires du genre... Ceux qui ont la science infuse, parce que ça fait "bien d'avoir vu le dernier..." pfff... Qui se foutent de ta gueule et je leur rend bien, dès qu'on dis qu'on est allé voir un blockbuster. Le cinéma c'est de l'entertainment, "Le voyage dans la lune" de Méliès, c'est quoi à la base !? Le premier film de science fiction Grand Public !

Je peut comprendre que le côté bling, bling de Besson, ça puisse un peu saouler, mais putain si y'avait pas des investisseurs comme lui dans le ciné Français... On aurait que du cinéma d'art et d'essai, qui nous nous coûterais en tant que contribuables et des grosses comédies bien populaires (Messieurs les gardiens du Temple du bon goûts je vous entend déjà ricaner bêtement...).

Au passage, l'argent de nos impôts finances "Tout" le cinéma, théâtre, spectacle vivant et autres... Et y'a aussi de belles daubes dans le merveilleux cinéma "De bon goût" Français et ça, ça me fait bien chier.

++

SUMMER 666

[ Dernière édition du message le 01/07/2013 à 17:30:27 ]

14
Citation :
Je peut comprendre que le côté bling, bling de Besson, ça puisse un peu saouler, mais putain si y'avait pas des investisseurs comme lui dans le ciné Français... On aurait que du cinéma d'art et d'essai, qui nous nous coûterais en tant que contribuables et des grosses comédies bien populaires (Messieurs les gardiens du Temple du bon goûts je vous entend déjà ricaner bêtement...).


Effectivement. Et j'insiste sur ce fait : Besson fait vivre en partie le cinéma français. C'est son bon côté que personne ne pourra contester. Il crée de l'emploi, de la richesse, etc.

Maintenant, ton point de vue sur le cinéma d'Art et d'essai n'est pas très juste non plus : pour le budget d'un Jeanne d'Arc (290 millions d'euro) qui est un mauvais film, tu fais 36 films comme Amour d'Haneke qui a décroché une palme d'or à Cannes. Bien sûr, ça ne me viendrait pas à l'idée de souhaiter un monde sans blockbuster pour manger des pop-corns le dimanche soir, mais le concept de ces multiplex va dans un sens complètement inverse où seuls les films à pop-corn survivront.

Note enfin que Besson, la grosse comédie populaire, c'est aussi son dada : Taxi, ça vaut bien les films avec Christian Clavier au niveau néant intellectuel, non ?

Bref, il est sûr qu'il ne faut pas mordre la main qui nourrit. Mais voilà, bosser sur un film de Besson pour un paquet d'intermittents que je connais, c'est comme écrire des piges pour Télé 7 jours quand on est journaliste, ou composer la musique d'habillage de Secret Story quand on est musicien. Ca paye certes la soupe, mais c'est un moyen un peu honteux de la payer parce qu'on se dit alors qu'on ne bosse pas dans le bon sens, pour quelque chose d'utile à la culture et au cinéma : on prend juste la tune qu'on peut prendre quitte à participer à une merde qu'on ne cautionne a priori pas. Hard life ;)

Alors voilà, ces multiplex, c'est un peu plus de pouvoir pour Europacorp et donc plus de prods et d'argent à distribuer. Ca permettra à chacun de faire ses heures. Et comme je le reconnais dans l'édito, c'est grâce à Europacorp qu'on a pu avoir 3 enterrements ou the tree of life. Mais ce n'est pas avec ce genre de films qu'on fait des "prestations" ou du produit dérivé. Et ça, c'est pas foncièrement rassurant pour l'avenir du studio, et donc du cinéma français.

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

[ Dernière édition du message le 02/07/2013 à 01:35:47 ]

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J'aime vos éditos, qui reviennent toujours au sujet de la newsletter après avoir traité un sujet d'actualité avec perspicacité, impartialité et humour.
Concernant le "prix" des films, il faut savoir qu'un bon nombre d'entre eux ne font pas recette, et coûtent donc très cher à l'Etat - donc auc citoyens que nous sommes. Le magazine Capital révélait les chiffres exacts dans son numéro de Mars: chacun des trois derniers films de J. Doillon, 24.000 entrées en moyenne, coûtent presque 36€ de subvention d'argent public français par entrée! (certes, ce sont les pires de la liste).
Pour revenir à Besson, il est juste étonnant de voir que la consommation semble être le seul moteur de ce genre de projet et - à l'heure où l'on sait que c'est justement cette boulimie, cet oubli de la simplicité, de la retenue, qui mènent la planète dans le mur - l'arrogance de ces magnats qui ne pensent qu'au profit et ne voient pas plus loin que le bout de leur égo est révoltante.
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Cette fois je trouve un peu exagéré de porter un jugement avant même de savoir quels services seront proposés.
On peut en effet imaginer n'importe quoi pour 25€ (plus ou moins). Si le film est accompagné d'un massage et d'une p., moui, je pense que je retournerais souvent au cinéma.
Sinon, il est possible qu'ils fassent un cinéma-restaurant. En fait je ne sais pas si c'est très courant aux USA, sans doute, mais j'en connais au moins un à Anchorage qui s'appelle le "Bear Tooth". Les commandes aux restaurant ne sont pas obligatoire mais j'ai trouvé ça plutôt appréciable. Surtout que pour une fois on n'est pas confiné dans des sièges d'avions.
En développant un peu l'idée on pourrait imaginer aussi une salle jacuzzis. Peut être encore une location à la journée... Quand on ne sait pas vraiment, autant imaginer ce qui en vaut vraiment la peine.

HB