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Sujet Editorial du 14 décembre 2013 : commentaires

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1 Editorial du 14 décembre 2013 : commentaires

Instrument à cordes pincées ou butées en surplomb d’un manche fretté et d'une caisse de résonnance, la guitare aurait été importée en Espagne par les maures un jeudi matin, aux alentours du Xe siècle. De ce qu’on en sait, ces derniers l’auraient probablement piquée au grecs qui, comme chacun sait, ont à peu près tout inventé : la philosophie, la démocratie, l’esthétique de la culture occidentale, mais aussi la feta, la civilisation romaine et, plus récemment, l’endettement international et la première forme d’intelligence artificielle en la personne de Nikos Aliagas.

Après être longtemps demeurée dans les blanches mains de l’élite, elle s’impose au début du XXe siècle comme le seul piano que les pauvres peuvent s’acheter, et se vulgarise plus encore grâce à l’invention miraculeuse du crédit en trois fois sans frais. Pour cette raison et parce qu'elle est autrement plus facile à caser qu’un Steinway à l’arrière d’une roulotte, on la trouve au coeur de nombreuses musiques populaires : le jazz manouche, le folklore tsigane, le flamenco ou quantité de musiques sud-américaines, mais aussi et surtout le blues et le rock dont elle est devenue une sorte d'emblème, au point de finir sur des tee-shirts cernée de flammes, d'éclairs, de loups, d'aigles et de filles à gros seins.

Acoustique pour draguer sur la plage ou électrique pour draguer au premier rang, la guitare a, par la force des choses, conduit à l'invention de deux entités ayant fortement impacté l'histoire de la musique : le guitariste rock, défini dans la chaine alimentaire par les zoologistes comme la proie du chanteur et le prédateur du bassiste, et le solo de guitare, une suite de notes jouées plus ou moins rapidement dans le but d’échapper, quelques secondes durant, aux vocalises du chanteur. En vis-à-vis de ces dommages collatéraux, on notera que la guitare peut aussi servir de combustible lorsqu'il s'agit d'invoquer le vaudou, de masse lorsqu'il s'agit de détruire un ampli, et de scie lorsqu'il s'agit de jouer une romance anonyme évoquant irrémédiablement le passage en zone libre de la jeune Brigitte Fossey.

Accessoirement, la guitare est aussi un formidable objet de décoration, au même titre que le grand arrosoir en fer blanc ou la petite casserole de cuivre rouge. Pour cette raison, on la trouvera souvent suspendue à un mur, ou trainant négligemment dans le coin d'une chambre, attendant patiemment qu'on la saisisse pour constater avec stupeur qu'elle est complètement désaccordée.

Symboliquement, la guitare est enfin cet objet phallique aux rondeurs de Vénus qu'aucun guitariste qui se respecte ne saurait regarder plus d'une minute sans essayer d'en jouer. De fait, certains psychanalystes s'accordent à dire qu'il y a dans le fait de jouer de la guitare une forme d'onanisme plus ou moins acceptée par le ou la guitariste, ce qui a d'ailleurs été très bien résumé par Yves Duteil dans "j'ai la guitare qui me démange...".

Si je prends la peine de faire ce petit point sur ce noble instrument, c’est tout simplement parce que le programme de la semaine sur Audiofanzine tient en sept lettres : guitare. Histoire d’aider les débutants, l’ami FloSon s’est en effet rendu en magasin pour comparer 5 modèles de grattes acoustiques entre 150 et 200 € (le détail des tests se trouve ci-après dans cette newsletter). A deux pas de Noël, c’est plutôt bien vu de sa part, cependant que les non-guitariste pourront jeter un œil à cette adresse pour savoir comment vider le compte en banque de leurs proches.

Il vous reste de l’argent ? A la bonne heure : je vous rappelle que notre voyage pour assister au Musikmesse de  Francfort en mars prochain vous attend toujours.

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos
From Ze AudioTeam

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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

 

2
J'ai trouvé l'édito particulièrement spirituel, et agrémenté de multiples références qui rappellent de bons souvenirs.
La lecture de cet édito m'a permis de bien commencer la journée (lu à 7 heures du matin, un samedi...).
MERCI aux auteurs.

Bluefield
3
Excellent comme à chaque fois et j'adore votre humour !
4

icon_bravo.gifLu avec le café du matin! Excellent

 

5
Toujours sympathique dès le matin surtout quand il s'agit de guitare ce merveilleux instrument qui enchante tant de jeunes et de moins jeunes comme moi. Nous sommes bien en résonance (qui ne prend qu'un seul n!).
6
Hahaha ! Bien gag, l'édito. Avec jolis raccourcis aussi vertigineux qu'improbables, très chouette. Bravo !
7
Encore un régal d'éditorial!
Votre style évoque pour moi de douces réminiscences franquino/gotlibo/goscinnyennes (la fondation de ma culture adulescente!) non sans abreuver ma perpétuelle soif d'infos.
Bravo et merci infiniment pour tout ça!
8
Pour avoir du écrire des éditos tous les deux mois durant deux décennies et des poussières, je plussoie: quel talent! Pour l'audiolecteur, ça vaut un bon passage musical ou un solo spécialement réussi, et sans déranger les voisins ! Et il faut le dire, pour l'auteur, quand il se relit et aussi voit l'effet sur les premiers (re)lecteurs, c'est un petit plaisir qui, comme le dit si bien Sanseverino, "vous fout les poils en bas de l'épine dorsale". Avec ça, Noël sera forcemment meilleur.
Bravo à toute l'équipe.
9
LOS TEIGNOS FOREVER
10
Définition géniale ! Que dire de plus ?