Sujet Editorial du 7 février 2015 : commentaires

Pour inciter les politiques à vérifier leurs propos et très probablement aussi pour promouvoir son propre ouvrage sur le sujet, le politologue Thomas Guénolé n’en a pas moins eu une excellente idée : organiser, dans le sillage des compétitions ‘second degré’ comme les Gérard du Cinéma ou le prix Darwin, le Prix du menteur en politique. Un jury s’est donc réuni pour désigner le grand vainqueur de cette première édition et c’est Nicolas Sarkozy, avec 17 mensonges avérés pendant sa campagne pour la présidence de l’UMP, qui remporte la palme pour cette année 2014, Jérôme Cahuzac ayant quant à lui hérité d’un prix spécial "pour l’ensemble de son œuvre". 

Au-delà de la compétition qui semble n’épargner aucun bord, on se gardera bien de juger trop durement les uns et les autres quand nous userions très probablement des mêmes subterfuges si nous étions nous-mêmes hommes politiques. Effectivement, le mensonge n’est pas seulement une arme de persuasion, mais c’est aussi un bon moyen d’éviter la panique et la chute des dominos dont on fait les tempêtes et les battements d’ailes de papillons : évidemment que le nuage radioactif n’a jamais survolé la France, bien sûr que notre pays n’a aucune chance d’en être rendu à l’extrémité grecque…

Toutefois, en l’absence d’une véritable autorité qui serait bien utile pour le faire ou de sanctions un peu plus dures pour les contrevenants, et quoi qu’on puisse penser de son côté anecdotique, ce prix a au moins le mérite de lister tout un tas de contre-vérité pour leur tordre le cou : entre fausses citations, faits n’ayant jamais eu lieu et chiffres complètement inventés, on se dit que, mis bout à bout, ce genre de petits travers intoxiquent en profondeur l’opinion publique sur le mode « S’ils l’ont dit à la télé, c’est que c’est vrai! ». Et comme l’espace médiatique appartient désormais plus aux présentateurs qu’aux journalistes d’investigation, les plus grosses énormités ont toutes les chances de passer sur les relais les plus influents. Le seul petit reproche qu’on pourrait d’ailleurs adresser à l’initiative de Thomas Guénolé, c’est de ne pas proposer un prix spécial média : à l’heure où le film Kill the Messenger revient sur l’effarante histoire de Gary Webb étouffée avec la complicité de la presse, à l’heure où les incroyables révélations de Denis Robert sur la société Clearstream ont été étouffées de la même façon chez nous derrière la très opportune guéguerre Sarkozy/Villepin, on se dit que les médias mériteraient, à leur tour, une catégorie pour que leur participation soit reconnue comme il se doit dans le petit jeu de la mésinformation.

Et Audiofanzine d’être nominé? Pourquoi pas? Des fois que la pédale Strymon DECO, le plug-in AirEQ d’Eioisis, ou le synthé virtuel Solina V d’Arturia ne soient pas aussi bons que nos testeurs l’aient écrit, même si je ne me fais pas trop de soucis en la matière, vu que nous parlons sous contrôle de 600 000 personnes qui ne se privent jamais pour nous dire quand il ne sont pas d’accord avec un article, ou quand un édito s’écarte un peu trop de la grande musique du Monde, alors qu’il devrait s’occuper du petit monde de la Musique.

Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.

Los Teignos

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