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K-méléon
8/10
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Une interface audio USB qui puisse aussi s’utiliser comme mixeur autonome ou comme surface de contrôle : ça ressemblerait presque à une pub Kinder. Sauf que c’est Keith McMillen qui s’y colle avec la K-Mix, un concentré de fonctionnalités à la sauce tactile.

Même s’il n’est pas forcé­ment aussi connu que M-Audio, Roland ou encore PreSo­nus, Keith McMil­len s’est déjà fait un nom dans le milieu des contrô­leurs MIDI avec notam­ment sa QuNeo qui, après avoir connu un beau succès sur Kicks­tar­ter, est deve­nue l’une des surfaces de contrôle les plus perti­nentes pour Live sous la barre des 250 euros. Grand spécia­liste du pad et des surfaces tactiles, l’ami Keith propose d’ailleurs un très sympa­thique cata­logue où se côtoient mini-claviers portables, petits utili­taires malins et la K-Mix qui nous occupe : un combiné contrô­leur/table de mixage/surface de contrôle bardé de contrô­leurs lumi­neux et proposé dans un format petit format : 23,4 × 16,7 × 3,81cm.

Sapin de Noël

Le débal­lage inspire confiance : l’en­gin trapu est suffi­sam­ment lourd pour bien tenir en place sur un bureau, et assez compact aussi pour être embarqué dans un sac à dos. Et comme aucune touche ou aucun connec­teur n’a le moindre jeu, il se dégage une bonne impres­sion de soli­dité de l’en­semble.

Keith McMillen Instruments K-Mix : kmixside

Les contrô­leurs sont tous tactiles et lumi­neux sans excep­tion et sont remi­sés sur le dessus de l’ap­pa­reil. On trouve ainsi 9 bandes pour faire office de faders, 4 disques flanqués de 3 voyants et enfin 31 boutons : un pour la mise en/hors fonc­tion, 9 pour les 9 tranches (8 voies + master), un pavé de 4 commandes de lecture/enre­gis­tre­ment, un bouton pour accé­der aux presets, 3 matrices de 2×2 pour accé­der aux effets DSP de l’en­gin ou à diverses fonc­tions, et enfin 4 touches pour acti­ver/bypas­ser les effets, défi­nir le compor­te­ment du VU-mètre, accé­der aux réglages fins ou encore, via la touche Shift, accé­der à d’autres commandes que celles par défaut sur l’en­semble de la surface. Compte tenu des nombreuses possi­bi­li­tés offertes (et toutes décrites dans le manuel complet, mais en anglais unique­ment) l’or­ga­ni­sa­tion de tout cela semble assez logique et bien pensé. Souli­gnons toute­fois que pour garder la K-Mix compacte, les contrôles sont très rappro­chés les uns des autres, trop peut-être pour ne pas avoir à regar­der sa surface à chaque fois que l’on s’en sert pour être sûr d’uti­li­ser le bon contrôle. Autre problème lié à la taille réduite de l’en­gin comme de ses contrôles : les séri­gra­phies sont vrai­ment dans une police de petite taille, de sorte que lorsqu’un bouton n’est pas activé et qu’il ne jouit pas alors d’une pleine lumi­no­sité, on peine à lire son libel­lé… Je le redis enfin : tout cela est sensi­tif, et sensi­tif seule­ment. Aucun bouton ne s’en­fonce donc quand on appuie dessus et seul son rétro-éclai­rage vous indique s’il est activé ou non. Là encore, il faut regar­der la K-Mix pour savoir où on en est.

Keith McMillen Instruments K-Mix : K-Mix outputs

En face arrière, on trouve toute la connec­tique néces­saire : 8 sorties au format Jack 6,35, et 6 entrées au même format complé­tées de deux embases combos Jack/XLR pouvant commu­ter en niveau ligne, micro ou instru­ment selon le connec­teur que vous utili­sez. C’est aussi à cet endroit qu’on trouve les deux ports infor­ma­tiques : un mini-USB et un micro-USB qui permet­tront d’ali­men­ter la machine et de faire tran­si­ter les données infor­ma­tiques, que ce soit en mode contrô­leur ou en mode inter­face. Last but not least, une prise casque est dispo­nible sur la toute petite épais­seur de la face avant, ce qui est bien pratique et en dit long sur la voca­tion nomade de la machine.

L’heure est venue de bran­cher tout cela et de chaus­ser des lunettes de soleil car, sans en faire autant sur ce registre que la QuNeo, la K-Mix ose la couleur et on retrouve ces mélanges de verts, jaunes et rouges qui sont désor­mais la marque de fabrique de Keith McMil­len : ça flashe façon Haribo et si ce n’est pas forcé­ment très joli, ça a au moins le mérite d’être pratique, d’au­tant qu’un code couleur permet de se repé­rer plus faci­le­ment : réglages en rouges, touches de fonc­tions en bleu… En termes d’in­ten­sité, il ne fait aucun doute que la K-Mix peut être utili­sée dans le noir, et peut-être même pour retrou­ver vos clés de bagnole tombées dans la neige après un set dans un resto d’al­ti­tude. Reste à voir si le ramage est aussi flashy que le plumage en s’in­té­res­sant à ses capa­ci­tés audio via un petit bench­mark.

Dans mon bench, bench, bench

Nous avons réglé la mémoire tampon au mini­mum (32 échan­tillons) afin d’ob­te­nir la meilleure latence : 3,92 ms en entrée et 3,58 ms en sortie (à 96 kHz). Ces résul­tats sont assez clas­siques pour une inter­face USB, même s’ils demeurent légè­re­ment plus élevés que ceux obte­nus par les dernières inter­faces d’en­trée de gamme testées ici même (2,93 ms en entrée et 2,59 ms en sortie pour la M-Audio M-Track 2X2 et la Focus­rite Scar­lett 2nd Gen).

Afin de tester l’in­ter­face, nous avons fait des bench­marks avec notre APx515 d’Au­dio Preci­sion, et nous allons pouvoir compa­rer les résul­tats à ceux obte­nus avec les inter­faces que nous avons précé­dem­ment testées.

Voici les résul­tats obte­nus avec les niveaux ligne :

Keith McMillen Instruments K-Mix : Déviation Line sur le K-Mix

Avec une dévia­tion de ±0,033 dB, la K-Mix s’en tire plutôt bien, même mieux que la Scar­lett 18i20 (±0,057 dB), et elle se rapproche des meilleures inter­faces testées ici (aux alen­tours des ±0,02 dB). La courbe de réponse n’a pas vrai­ment d’ac­ci­dent signi­fi­ca­tif, c’est très bien !

Keith McMillen Instruments K-Mix : THD Line sur le K-Mix

La distor­sion est assez stable sur tout le spectre, ne dépas­sant que rare­ment les 0,005 %. C’est du même niveau que la Scar­lett 18i20 et un peu moins bien que la M-Track 2X2 qui reste toujours sur les 0,003 %. Les meilleures inter­faces tournent autour de 0,001 %.

La K-Mix offre un gain de 60 dB sur les entrées micro, reste à savoir comment réagissent les préam­plis avec le gain réglé, comme d’ha­bi­tude, sur 34 dB.

Keith McMillen Instruments K-Mix : Deviation Mic sur le K-Mix

 

Keith McMillen Instruments K-Mix : THD Mic sur la K-Mix

La dévia­tion en prend un coup lorsque l’on passe par les entrées micro, avec un résul­tat de ±0,139 dB et surtout une atté­nua­tion dans le haut du spectre qui n’exis­tait pas sur les entrées ligne. Le résul­tat est iden­tique à la M-Track 2X2 (±0,139 dB) et moins bon que la Scar­lett 18i20 (±0,075 dB), il n’y a donc pas de quoi crier au loup, mais cela reste déce­vant vu les résul­tats obte­nus avec le niveau ligne. Côté distor­sion, elle augmente aussi un peu, avec une bosse à 0,015 % dans le bas et 0,01 % dans le haut. Rien de drama­tique, cela reste du niveau des dernières inter­faces d’en­trée de gamme testées ici. Le rapport signal/bruit est de 86 dB, ce qui montre que les préam­plis, en plus d’être un peu trop colo­rés, ne sont pas très silen­cieux.

Sans trop de surprises vu le nombre de fonc­tions qu’elle concentre et vu son prix rela­ti­ve­ment serré, la K-Mix se situe sur le terrain de l’au­dio dans la moyenne des inter­faces d’en­trée de gamme. C’est notam­ment sur les préam­plis qu’on aura le plus de réserve, mais ces derniers n’in­té­res­se­ront pas tout le monde : avec ses bonnes entrées ligne, la K-Mix est plus tour­née vers le monde de la musique élec­tro­nique et ne se destine pas spécia­le­ment à concur­ren­cer une Baby­face sur le terrain de la prise de son.

La belle a en outre d’autres argu­ments à faire valoir car, non contente de concen­trer autant de fonc­tions, elle se paye de luxe d’em­barquer des effets DSP comme nous l’avions mentionné plus haut : compres­seur, noise gate et EQ 3 bandes semi-para­mé­trique pour chaque canal, avec un envoi vers une petite réverbe pour complé­ter le tout. Et le meilleur de l’af­faire, c’est qu’il est possible de défi­nir via l’édi­teur logi­ciel fourni à quel étage est prélevé le signal envoyé à l’or­di­na­teur : en Pré-Fader, et sans effet donc, ou en Post-Fader avec les effets. C’est très bien vu, d’au­tant que la chose peut se confi­gu­rer indi­vi­duel­le­ment pour chaque canal et que les effets et trai­te­ments, s’ils n’ont rien d’ex­cep­tion­nel, n’en sont pas moins suffi­sam­ment corrects pour être utili­sés sans peser sur vos ressources proces­seur. C’est d’ailleurs au para­mé­trage de ces derniers que servi­ront pour l’es­sen­tiel les 4 disques tactiles de la surface.

Étude de K

Keith McMillen Instruments K-Mix : Gestion du surround dans l'éditeur K-Mix

De l’in­ter­face audio, on passe à la table de mixage qui s’avère bien entendu complè­te­ment auto­nome, mais néces­site une alimen­ta­tion dans ce mode, comme vous vous en doutez. Il s’agira toujours de passer par la connec­tique USB de la K-Mix à ceci près que vous bran­che­rez l’autre extré­mité du câble dans un transfo type char­geur de télé­phone au lieu de votre ordi­na­teur. C’est très malin car de ce fait, rien ne vous empêche d’uti­li­ser une batte­rie portable munie d’un connec­teur USB.

Mine de rien, la petite boîte en a dans le ventre puisqu’outre les effets dont nous parlions précé­dem­ment, elle offre 3 sorties auxi­liaires stéréo qu’on pourra préle­ver pré- ou post-fader pour créer des boucles d’ef­fets ou des mixes alter­na­tifs pour d’autres musi­ciens. Tout cela se confi­gure très simple­ment depuis l’édi­teur dédié avec la possi­bi­lité de stocker puis rappe­ler n’im­porte quelle confi­gu­ra­tion. Dans ce logi­ciel, on découvre d’ailleurs par le biais de l’on­glet Surround que Keith McMil­len a pensé à un usage multi­ca­nal de la K-Mix où les disques sensi­tifs prennent évidem­ment tout leur sens lorsqu’il s’agit de posi­tion­ner une source dans l’es­pace.

Kontrol

Il nous reste à parler de l’em­ploi de la K-Mix en tant que surface de contrôle. Entre le nombre de contrô­leurs qu’il est possible d’as­si­gner, le fait que les rubans, pads et boutons proposent une bonne réac­ti­vité, et le retour visuel rela­ti­ve­ment convain­cant dont on dispose même s’il n’est pas des plus précis, la K-Mix dispose de sérieux atouts à ce niveau. Pour autant, quelques détails s’avèrent gênants à l’usage. Le premier, c’est qu’il n’y a aucun mapping prêt à l’em­ploi pour aucune STAN en dehors de Live. À moins d’être un Able­to­nien convaincu, il faudra passer par l’édi­teur pour se faire son template à soi, ce dont on se serait volon­tiers passé. Il n’y a bien sûr rien de rédhi­bi­toire là-dedans car rien ne dit en outre que l’ami Keith ne mettra pas à dispo­si­tion ce genre de mappings prochai­ne­ment, mais il y a plus gênant.

Keith McMillen Instruments K-Mix : C'est beau un K-Mix la nuit

L’autre réserve que l’on pour­rait en effet émettre tient au concept même du produit qui, en misant sur le tout tactile sans être une tablette, ne dispose à l’usage ni des avan­tages d’une surface de contrôle tradi­tion­nelle ni de ceux d’une tablette. Évidem­ment, on n’a pas comme sur un iPad un visuel qui s’adapte contex­tuel­le­ment à l’ac­tion que l’on est en train d’ef­fec­tuer et comme on est malgré tout sur un appa­reil inté­gra­le­ment tactile, il est hors de ques­tion de pouvoir l’uti­li­ser sans regar­der ce qu’on fait ou sans suivre quoi que ce soit à l’écran. C’est d’au­tant plus vrai qu’avec tous ces contrôles agglu­ti­nés, on a vite fait de pres­ser le mauvais bouton ou de pous­ser le mauvais fader si on n’y prend pas garde. Or, même en regar­dant atten­ti­ve­ment, les gros doigts ne seront pas à la fête… Enfin, souli­gnons que même s’il est de bonne qualité, le tactile n’offre pas la préci­sion du tout-méca­nique lors des mani­pu­la­tions : sur les faders, on s’en sort, mais sur les disques, il faut vrai­ment s’ap­pliquer pour réali­ser des réglages qui ne seront jamais aussi précis qu’un bon vieil enco­deur en dur. Et la machine a beau propo­ser un mode ‘Fine’ pour amélio­rer la préci­sion, cela reste un pis-aller ergo­no­mique qui compense comme il peut les lacunes des choix maté­riels.

Bref, pour ce qui est de pilo­ter un séquen­ceur à l’heure du mixage, la K-Mix m’a paru moins convain­cante qu’un iPad doté d’une bonne appli dédiée pour ceux qui veulent du tout tactile, tandis qu’entre Behrin­ger, PreSo­nus et Icon, on dispose de pas mal de produits orien­tés mixage en entrée de gamme qui seront, de mon point de vue, plus perti­nents.

Enfin, préci­sons que la K-Mix a les défauts de ses quali­tés : même si elle est bien pensée, en cumu­lant les fonc­tions et en concen­trant autant de contrôles, elle peut vite donner l’im­pres­sion d’une usine à gaz qui refroi­dira les adeptes du plug & play sans lire le manuel.

Conclu­sion

Pour peu que l’on ait bien conscience du poten­tiel comme des limites de son concept, la K-Mix est un tout-en-un d’au­tant plus convain­cant qu’elle n’a pas de réel équi­valent sur le marché. Évidem­ment, on aurait souhaité que plus de soin soit apporté aux à-côtés du produit (four­nir des mappings prêts à l’em­ploi, bosser un peu plus l’in­té­gra­tion iOS). Évidem­ment aussi, il existe de meilleures inter­faces audio, de meilleures tables de mixage et de meilleures surfaces de contrôle, mais rien qui, mis bout à bout, ne puisse appro­cher et la taille et le rapport qualité/pres­ta­tions/prix de cette K-Mix qui, grâce à son petit format et son appa­rente robus­tesse, semble taillée pour le voyage et la scène et pour­rait même séduire plus d’un home studiste séden­taire. Une chose est sûre en tout cas : Keith McMil­len ne fait rien comme les autres et c’est bien pour ça qu’on l’ai­me…

  • Keith McMillen Instruments K-Mix : Vue de côté du K-Mix
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : kmixside
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : C'est beau un K-Mix la nuit
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : disque
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : diamond
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : K-Mix outputs
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : inputs
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : Gestion du surround dans l'éditeur K-Mix
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : K-Mix Channel Strip
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : Reverb
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : MIDI mapping
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : USBrouting
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : THD Mic sur la K-Mix
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : Deviation Mic sur le K-Mix
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : THD Line sur le K-Mix
  • Keith McMillen Instruments K-Mix : Déviation Line sur le K-Mix

 

8/10
Points forts
  • Un hybride sans équivalent : interface audio/mixette/surface de contrôle
  • Avec des effets DSP par dessus le marché !
  • Bien construit et bien pensé
  • Contrôles tactiles réactifs
  • Manuel complet
  • Le prix
Points faibles
  • Ça tourne forcément un peu à l’usine à gaz
  • Préamplis micros pas folichons
  • Pas de mappings prêts à l’emploi pour les principales STAN du marché
  • Contrôles serrés et labels souvent trop petits
  • Obligation de regarder la K-Mix ou l’écran pour voir ce que l’on fait
Auteur de l'article Los Teignos

Si j'avais eu le physique, nul doute que j'aurais fait un grand Sumo, mais vu que je ne pèse que 80 kg, j'occupe mon temps comme je peux entre musique et littérature.


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