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Test du Solaris de John Bowen
La nouvelle frontière

Test du Solaris de John Bowen
Par synthwalker le 21/03/2021 Imprimer

Presque 10 ans après ses premiers sons, le système d’exploitation du Solaris évolue en V2, apportant des oscillateurs à modulation de phase et le tant attendu mode multitimbral. Le point sur ce morceau de bravoure d’un concepteur et d’un développeur passionné…

John Bowen est l’un des plus éminents concepteurs de synthés. Il a commencé sa carrière aux côtés de Bob Moog en 1973, avant de rejoindre Dave Smith. Leur collaboration engendrera des instruments innovants qui ont marqué l’histoire de la synthèse, tant sur le plan technologique qu’ergonomique… sans oublier, bien sûr, le son exceptionnel. Citons par exemple les Prophet-5, VS et 3000. Après la déroute financière de Sequential, John rejoint le département R et D de Korg pour prendre la tête du projet Wavestation. En 2000, il crée Zarg Music pour développer des applicatifs pour la carte Oasys Korg ; l’arrêt du projet le conduit alors à œuvrer pour Creamware / Sonic Core, où il conçoit des plug-ins pour la plateforme Scope. L’un d’eux, Orion, va le conduire au projet Solaris pour Scope, après intégration de nombreuses améliorations demandées par les utilisateurs.

C’est en 2007 que John décide de porter le projet Solaris sous forme matérielle. Les algorithmes seront entièrement recodés : 6 DSP Sharc seront mis à l’épreuve pour soutenir les 32 bit / 96 kHz nécessaires à un son sans compromis ; ce sera un synthé numérique polyphonique quasi modulaire ; il embarquera différentes formes de synthèse et des émulations d’oscillateurs & filtres qui ont marqué l’histoire. Enfin, l’ergonomie sera soignée, compte tenu du nombre impressionnant de paramètres à gérer… Le développement dure quatre ans, au cours duquel différents prototypes sont présentés ; quatre ans de souffrance pendant lesquels les finances et les nerfs de John sont mis à rude épreuve. La production de la première série limitée de 100 Solaris commence courant 2011 et ne sera terminée que 2 ans plus tard, après 18 mois d’interruption : la machine est complexe à construire et les finances toujours tendues. Mais John tient bon et plusieurs mini-séries vont être produites. Le diable se cachant dans les détails, on croise pas mal de bogues au détour des 1.250 paramètres de synthèse disponibles. C’est Jim Hewes qui va alors bénévolement reprendre la tâche en 2017 pour mettre à jour l’OS. En parallèle, John annonce un Solaris desktop (complet façon Xpander) et un Solaris rack 1U (moteur audio seul). Pendant ce temps, Hrast (Željko Hrastovčak), un brillant codeur DSP, développe un nouvel oscillateur. En cette fin d’année 2020, après 2.000 heures de travail acharné, la version 2.0 est enfin disponible. Pour récompenser Jim, l’acquisition de cette version passe par une contribution modique de 50 € au regard de la masse de travail fournie et de la qualité du résultat, via https://www.paypal.com/pools/c/8vvXAdmaD4. Nous recommandons vivement aux propriétaires de participer, car en V2, le Solaris devient un instrument encore plus exceptionnel…

Article mis à jour le 21/03/21, avec l'intégration des informations concernant l'OS V2.

La grande classe

John m’a remis mon exemplaire lors de la Musikmesse 2013 ; c’était drôle de trimballer le carton à deux dans le grand parking principal en sa compagnie… je le regardais marcher devant moi, toujours humble et jovial, avec l’admiration qui s’impose. Recevoir son Solaris est jouissif après une longue attente, au point que le déballage est du pur bonheur, un peu comme quand notre dernière conquête accepte de se laisser effeuiller… euh on s’égare là ! Retour à notre carton : il est de double épaisseur pour bien protéger son hôte mis sous blister, engoncé entre d’énormes protections latérales en composite souple. La machine pèse une quinzaine de kilos, sans son (infâme) alimentation externe, type petit bloc au milieu.

John Bowen Solaris

Le Solaris est entièrement construit en métal peint satiné, avec une sérigraphie fine et discrète. Il existe deux finitions pour la façade : sombre (bleu pétrole foncé) et clair (blanc crémeux), le dessous étant sombre ; en option, on peut commander des molettes éclairées par LED et des flancs en alu pour remplacer les flancs en bois d’origine, d’excellente qualité. À tous les plans, la finition est exceptionnelle. Les 35 encodeurs sont lisses et fermes, le potard de volume est un peu plus souple (un haut de gamme de chez ALPS). Les 99 boutons poussoirs sont précis. Il n’y a pas moins de 79 LED bleu très clair pour se repérer en façade.

Tout ce beau monde est fort logiquement réparti autour de 5 écrans alphanumériques (2 x 40 caractères) et un écran central graphique (240 x 64 pixels), tous bleutés. L’angle de vision n’est pas réglable pour les 5 écrans (sauf à faire une modification au fer à souder) et nécessite d’ouvrir la machine pour accéder à l’ajustable de l’écran graphique ; vraiment dommage sur une machine de cette classe, d’autant que la netteté est limite quand on est en position assise basse ! Désormais, on peut commander un Solaris équipé de 5 écrans OLED et un écran central LED sur fond noir, ce qui règle en partie le problème. Un kit est aussi disponible pour les anciens Solaris (compter environ 250 € pour 6 écrans et 5 vitres en plexiglass adaptées aux OLED, le remplacement s’effectuant assez facilement et sans soudure). Côté contrôleurs, on trouve 2 molettes, un gros joystick sans ressort bien costaud (type Prophet-VS ou Kronos), un immense ruban assignable bizone de 75 cm, 2 touches assignables et un magnifique clavier 61 touches légères. Ce dernier n’est ni plus ni moins que le rarissime Fatar TP-8, haut de gamme de la marque constitué de touches longues et structurées. Sensible à la vélocité et à la pression, il offre une réponse parfaitement équilibrée à l’enfoncement et au rebond ; de mémoire, nous n’avons trouvé un clavier comparable que sur les Supernova II Platinum de Novation, il y a déjà bien longtemps.

John Bowen Solaris

Toute la connectique est placée à l’arrière, avec un léger retrait idéal pour ne pas forcer sur les câbles. Nous sommes en présence d’un véritable gruyère français, avec des trous de gauche à droite pour les pédales (1 double-switch + 1 continue assignables), l’audio numérique (entrée / sortie stéréo S/PDIF), l’audio analogique (4 paires de sorties stéréo et 4 entrées mono, rien que ça !), le trio Midi, la prise USB vers hôte, la carte Compact Flash (2 à 32 Go), l’interrupteur secteur, la borne pour alimentation externe et la prise casque. La connectique est haut de gamme : par exemple, les jacks audio sont au format TRS, plaqués or et parfaitement ajustés à la découpe de la tôle (sertis, mais pas vissés). Une carte CF de 2 Go est fournie avec la machine, contenant l’OS (1.2 testé), des programmes et quelques samples basiques. Le Solaris a besoin de cette carte pour fonctionner, les sons n’étant pas stockés en mémoire interne. Tout n’est cependant pas idyllique dans ce monde idéal : par exemple, l’USB transmet le Midi mais pas l’audio ; ensuite, il n’y a pas de point de fixation pour le câble d’alimentation (risque d’arrachement) ; enfin, il n’y a pas de bouton d’éjection pour la carte CF, bien coincée une fois enfoncée dans sa fente… rien de rédhibitoire, toutefois.

 

Ergonomie bien pensée

John Bowen Solaris

L’ergonomie est un élément-clé du Solaris, avec sa conception modulaire et sa profondeur de programmation, puisqu’il y a 1250 paramètres mémorisables par programme. Plutôt que tout concentrer dans un méga-écran tactile bourré de paramètres comme sur le Kronos, John Bowen a choisi une ergonomie tout autre, presque rétro, à la manière d’un Matrix-12 : les multi-écrans. Ainsi, chaque ensemble de modules de synthèse possède un écran dédié, avec une touche pour sélectionner le module à éditer, 2 touches pour alterner entre les quelques pages d’édition de paramètres et les pages de modulations directes, ainsi que 5 encodeurs pour éditer directement les valeurs suivant le contexte. Il y a ainsi 5 ensembles de modules : oscillateurs, mixeurs + effets d’insertion, filtres + amplis, LFO et enveloppes. L’écran central s’occupe quant à lui des autres modules disponibles (effets, arpégiateur, séquenceur…) et des paramètres globaux (Midi, routines de tests…). Nous y reviendrons en détail.

Qui dit travail en 32 bit / 96 kHz dit résolution ultra précise. Avec des encodeurs, cela signifie des dizaines de tours pour balayer une plage d’édition dans certains cas et seulement quelques crans d’encodeur dans d’autres. John Bowen a donc prévu des courbes d’accélération / inversion pour que chaque paramètre puisse être correctement édité. Maintenir la touche Shift tout en tournant un encodeur permet d’inverser le mode d’accélération du paramètre : par exemple, la fréquence de coupure d’un filtre varie sur 10 octaves + 6 demi-tons ; on pourra donc l’éditer soit par demi-ton (variation rapide, mais générant des sauts de fréquence audibles), soit par dixième de demi-ton en maintenant Shift (on n’entendra aucun saut mais il faudra faire un paquet de tours d’encodeur pour balayer tout le spectre). Point d’intérêt, les valeurs liées à des grandeurs physiques (hertz, secondes, degrés, demi-tons, dB…) sont indiquées dans leur unité réelle, comme chez Kurzweil, classe !

John Bowen Solaris

Mais l’ergonomie est également favorisée par un certain nombre de commandes directes en façade : ainsi on trouve un pavé numérique (choix immédiat des programmes et entrée directe de données), un gros encodeur lisse (programmes et données) et un certain nombre de boutons bien pratiques pour la programmation (Preset / Store / Compare / Undo) ou le jeu (2 boutons de modulation assignables, 2 boutons de transposition d’octave, unisson, lancement du séquenceur, lancement de l’arpégiateur, maintien des notes, tempo…).

Un mot sur le manuel, succinct compte tenu du nombre de paramètres accessibles (64 pages), mais didactique. Il est en anglais, mais grâce à François Rossi, client d’un des premiers Solaris, fondateur du site www.kronoscopie.fr et administrateur du site www.audiokeys.net, il est disponible en français ; merci à lui ! François a également collecté de précieuses informations sur la genèse du projet Solaris et nous les a gracieusement mises à disposition pour la rédaction de ce test. Hop, un deuxième grand merci à lui ! La communauté – encore restreinte – des utilisateurs de Solaris est d’ailleurs très active : échange de programmes, utilitaires facilitant la vie (éditeur d’arpèges ou de multisamples utilisateur), astuces, fonctionnalités nouvelles souhaitées, rapport de bugs avec suivi de résolution, dialogue direct avec le créateur… bref, on se sent privilégié.

Solaris Universalis

John Bowen Solaris

Le Solaris est un synthé numérique polyphonique 10 voix. John nous a confié que la polyphonie ne serait pas augmentée, préférant privilégier une qualité sonore exceptionnelle. Au départ monotimbral, le Solaris est désormais multitimbral 4 canaux avec l’OS V2 (cf. encadré). Les calculs sont réalisés par 6 DSP Sharc, dont 5 alloués aux voix, tandis que le 6e s’occupe des effets et paramètres globaux. Les formes de synthèse couvrent la modélisation de synthés analogiques (dont des modules vintage), les tables d’onde, les ondes vectorielles et les échantillons, auxquelles s’ajoute désormais la modulation de phase, le tout mélangé dans un système modulaire ouvert. Les programmes sont classés par catégorie, heureusement car la machine peut gérer 128 banques de 128 programmes, soir 16.384 emplacements ! Le Solaris est livré avec quelques centaines de Presets programmés par John, différents sound designers et des utilisateurs. De quoi vite apprécier la qualité sonore…

À commencer par les strings grandioses, amples et profonds. Avec un seul oscillateur envoyé dans différents mixeurs et filtres, on crée rapidement des ambiances ultra larges. Le modèle à 4 oscillateurs est énorme, on n’entend que lui dans un mix, quelle puissance ! En jouant sur les transpositions d’octave, on se rend immédiatement compte d’une première qualité rare sur un synthé numérique, voire un synthé en général : le son est excellent de l’infra grave au plus aigu. Dense sans être brouillon, clair sans être agressif… Idem pour les pêches de cuivres, les Sequential et Oberheim du studio n’ont qu’à bien se tenir ! Un petit tour sur quelques sons mono nous fait découvrir un tout autre synthé… ou plutôt « des » tout autres synthés : pêche et gras de Minimoog en basse ou en solo, acidité de TB-303, brillance du SEM, grosse synchro façon Prophet-5. On apprécie la rapidité des enveloppes, ça claque bien sec ! Dans les aigus, aucun artefact numérique, aucun aliasing, ou alors il faut approcher les 20 kHz. Dans ce domaine, le Solaris est unique !

On passe aux textures hybrides, façon PPG Wave ou Prophet-VS : les ondes se mettent à table, les tables ondulent, les timbres deviennent cristallins, dans le bon sens du terme, subtilement modulés. Puis on passe aux sonorités « numériques pures », comme celle générées par FM linéaire. Le Solaris répond toujours présent, sans vaciller ! On peut même combiner ces timbres, puisqu’il y a 4 oscillateurs indépendants… et même ajouter quelques échantillons PCM (les nôtres ou d’autres !) que l’on va triturer comme de vulgaires oscillateurs. Les nouveaux oscillateurs à modulation et distorsion de phase apportent de nouvelles couleurs sonores, de type DX7 et Casio CZ, une très bonne surprise livrée avec l’OS V2. Bref, on a l’impression d’avoir plusieurs synthés sous la main, plusieurs couleurs, plusieurs époques, accessibles en une pression de bouton (ou presque). Depuis notre test initial, la possibilité de créer du drift entre les voix a été ajoutée, ce qui permet en partie de simuler l’instabilité des synthés analogiques. Ce n’est pas encore parfait, car ça ne descend pas au niveau de l’oscillateur et ça ne concerne que le pitch. Les plus pointilleux pourront toujours recréer un drift par oscillateur via les points de modulation, les générateurs aléatoires et les processeurs de Lag…

Désormais multitimbral

Cela fait des années que les propriétaires de Solaris attendent la multitimbralité. C’est maintenant chose faite avec l’OS V2. Nous avons eu la chance de contribuer modestement au développement pendant une bonne année, à travers pas moins de 18 versions beta. Il va sans dire que la tâche n’a pas été aisée, puisque la contrainte du développeur Jim était de s’en tenir à la couche de gestion des DSP, sans entrer dans le code DSP proprement-dit (nécessitant compétences et équipement spécifiques). Désormais, un Preset de Solaris est un programme multitimbral 4 canaux dont les voix sont allouées de façon statique. C’est donc par paire que l’on attribue les voix à chaque canal, un DSP produisant 2 voix : 10, 2+8, 2+2+6, 2+2+2+4, 4+6, ainsi que toutes les permutations et combinaisons dérivées (on peut par exemple faire un Preset 8+2 ou 6+4, mais pas 7+3 ou 9+1…). Pour l’occasion, l’ami François (un de plus !) alias kalaspace nous a concocté des démos impressionnantes basées sur des programmes multitimbraux de son cru. Bravo et merci à lui !

La gestion de la multitimbralité se fait via 7 nouvelles pages menu, 3 par canal et 4 regroupant les 4 canaux sous forme de tableau. Les nouveaux paramètres disponibles pour chaque canal sont nombreux : activation, nombre de voix (2-4-6-8-10), volume, tessiture, fenêtre de vélocité, canal Midi, transposition, accordage, panoramique, activation des contrôleurs physiques (pitchbend, joystick X, joystick Y, ruban 1, ruban 2, pression, molette de modulation, pédale de Sustain et pédale d’expression). A nous les Splits et Layers complexes sans retenue, enfin ! On alterne les canaux avec la touche Shift et les flèches verticales à gauche de l’écran principal. On peut aussi choisir/activer/couper/isoler un canal avec les 4 touches de parties à droite de l‘écran principal. Pour ne pas partie de zéro, on peut importer un canal d’un autre Preset et le renommer ; on peut aussi échanger des canaux ou copier un canal au sein du Preset en cours, c’est très souple. Il ne faut pas confondre les 4 canaux multitimbraux et les 4 parties de synthèse qui forment un canal, comme dans les précédents OS. Désormais, on peut faire tourner 16 oscillateurs et 16 filtres différents en même temps en combinant les canaux multitimbraux et les parties de synthèse. Pour ce qui est des paramètres de synthèse, c’est le canal actif qui est éditable avec les 5 écrans alphanumériques et les commandes correspondantes en façade. On peut toujours accéder aux parties de synthèse avec la touche Shift et les touches Enable Part.

Quasi modulaire

John Bowen Solaris

Le Solaris ne fonctionne pas comme la plupart des synthés matériels. Plutôt qu’avoir des modules pré-connectés, il s’agit d’un système quasi modulaire où on relie les modules avec des cordons virtuels. Le principe général des modulations est le suivant : comme sur un gros synthé modulaire, une destination peut être modulée par 1 à 4 sources (3 à 4 en général) suivant une quantité bipolaire (+/- 100% ou en unités réelles suivant le paramètre) ; cette quantité de modulation est elle-même modulée par une autre source (modulation type sidechain), là encore avec quantité d’action bipolaire. Exemple : la largeur d’une onde à impulsion est modulée par un LFO dont la quantité de modulation est liée à la molette. Ça marche avec les contrôleurs physiques, les modules, l’audio interne, l’audio externe, le Midi… bref c’est sans fin et sans risque, puisqu’on ne risque pas de faire péter un composant si on envoie un CV trop élevé !

Nous découvrirons un par un les modules disponibles, donc contentons-nous de citer oscillateurs, rotors, mixeurs, effets d’insertion, filtres, amplis, LFO, enveloppes, suiveur d’enveloppe, processeurs de Lag, modulateurs d’amplitude, vecteurs, générateurs de suivi de clavier, arpégiateur, séquenceur à pas et effets globaux. Tout ce beau monde peut être connecté quels que soient les niveaux (sub audio ou audio), sans distinction. La seule restriction concerne les 4 liaisons filtres-effets d’insertion-amplis qui ne peuvent être croisées : ainsi, lorsque le signal d’un mixeur quelconque est injecté dans le filtre n°1, il part dans l’ampli n°1 via l’effet d’insertion n°1 placé avant ou après le filtre n°1 (idem pour 2-3-4). Rien n’empêche ensuite de récupérer le résultat sortant de l’ampli n°1 dans n’importe quel mixeur pour le réinjecter dans toute autre combinaison filtre – effet d’insertion – ampli (y compris la n°1). Une restriction moins restrictive qu’il n’y parait, tant les combinaisons sont nombreuses, avec de multiples boucles de feedback à la clé !

Section oscillateurs

Il y a 4 oscillateurs indépendants par voix. Chacun peut faire appel à différents modèles, sans consommation de ressources additionnelles. Voici les différents modèles disponibles avec l'OS V2 : oscillateur générique (MM1), générateur à tables d’onde (WT), modélisation CEM (CEM), lecteur d’échantillons PCM (WAV), oscillateur vectoriel (VS), modélisation de Minimoog (MINI), modulation de phase (PHSMOD). L’oscillateur MM1 offre 10 formes d’onde : sinus, triangle, rampe, dent de scie, impulsion variable (0 à 100%), bruit blanc, bruit accordable, sinus <-> dent de scie continuellement variable, sinus <-> carré continuellement variable et mâchoire (7 dents de scie empilées à Detune continuellement variable). La forme des ondes variables peut être modulée. Les oscillateurs sont accordables au demi-ton près sur plus ou moins 5 octaves, puis au centième de demi-ton. Chaque oscillateur MM1 peut être synchronisé à un autre, sa phase peut être déclenchée à chaque nouvelle note et un glide peut être introduit (0 ms à 20 secondes). Pour les ondes simples, la phase peut être réglée de -180 à +180 degrés.

John Bowen Solaris

Les oscillateurs WT reprennent l’ensemble des 64 tables d’ondes du Microwave, Waldorf ayant accepté que John Bowen les utilise exclusivement sur le Solaris. Chaque table dispose de 64 ondes que l’on peut balayer par une modulation. On peut aussi définir le point de départ de lecture, accorder les ondes comme précédemment et générer du glide. L’oscillateur CEM reproduit le circuit intégré Curtis CEM3340 utilisé notamment sur les Prophet-5 (Rev3), les OB-Xa/OB-8 et le Memorymoog. Ici, on dispose des ondes dent de scie, triangle et impulsion variable que l’on peut additionner. La largeur d’impulsion est modulable. Tout comme pour l’oscillateur type MM1, on peut accorder, synchroniser et ajouter du glide (mais pas déphaser). L’oscillateur WAV permet quant à lui de charger des samples PCM configurés au préalable sur ordinateur, de les accorder et d’ajouter du glide (cf. Import de Samples ci-dessous) ; la transposition fonctionne sans artefact numérique sur plus ou moins 2 octaves ; au-delà, on note parfois du clipping suivant le contenu harmonique et le niveau de l’onde d’origine, mais aucun aliasing vers le haut ni de buzz vers le bas. Pour sa part, l’oscillateur VS reprend les 94 ondes monocycliques originelles du Prophet-VS (le bruit blanc est exclu, car disponible par ailleurs). En combinant ces ondes aux 4 oscillateurs disponibles et en utilisant les bons modulateurs (enveloppe bidimensionnelle, vecteurs) sur les mixeurs, on peut recréer un son complet de Prophet-VS.

L’avant-dernier oscillateur est une modélisation de Minimoog dérivée du logiciel Minimax de Sonic Core. Au programme, les 6 positions d’onde (triangle, dent de scie + triangle, dent-de-scie, impulsion 1, impulsion 2 et impulsion 3). Là encore, on peut régler l’accord et le glide. Pour faciliter la programmation, la section oscillateurs dispose de quelques commandes directes fort utiles : synchronisation de fréquence à l’horloge (de 1/128 de battement à 8 battements, en alternative à l’accordage direct), suppression du suivi de clavier (accordage fixe de 0,00 Hz à 20 kHz, idéal pour la FM) et Low (pitch de référence -5 octaves, par exemple pour utiliser un oscillateur comme un LFO). Cool !

Enfin, tout droit débarquée avec la V2, on trouve la modulation de phase. On trouve en fait deux nouvelles familles d’oscillateurs : modulation de phase (ondes sinus, dent de scie à morphing et carré à morphing) et distorsion de phase façon CZ Casio (dent de scie, carré, impulsion, dent de scie avec impulsion et trois ondes à résonance). Un paramètre permet de verrouiller la phase des oscillateurs pour éviter la suppression de phase. Un autre permet de réduire la résolution de 32 à 1 bit, pour progressivement dénaturer le signal.

Pour moduler les paramètres, on dispose de 4 slots par oscillateur (pour rappel, un slot = source + quantité bipolaire + source sidechain + action bipolaire sidechain + destination) : les destinations sont la fréquence (exponentielle), la fréquence linéaire (FM !!!), Shape (pour les oscillateurs à ondes variables ou la distorsion de phase) et la modulation de phase et le Shape (pour les oscillateurs à ondes variables). Il y a une liste étendue de plus de 80 sources disponibles, que nous appellerons « liste longue » : des CC Midi (5 numéros à définir), les contrôleurs physiques (boutons assignables, pédales, molettes, joystick, vélocité, pression, pression polyphonique externe, ruban x2), les modules « sub audio » (LFO, enveloppes, suiveur d’enveloppe, suiveurs de clavier, processeurs de Lag, séquenceur), les modules audio (oscillateurs, rotors, mixeurs, effets d’insertion, filtres, bruit blanc, bruit rose, modulateurs d’amplitude, vecteurs) et les entrées audio (4 analogiques et 2 numériques). On va bien plus loin qu’à la concurrence, on remercie encore une fois les 32 bit / 96 kHz pour la maîtrise des modulations qu’ils permettent !

Import de samples

John Bowen Solaris

Comme nous l’avons vu, le Solaris peut utiliser des échantillons PCM utilisateurs au sein de ses oscillateurs. Les samples sont stockés sur la carte CF au format RAW ou WAV en 16 bit mono. Cela nécessite de les organiser en Sample Pools à partir d’un ordinateur. Ce sont des fichiers texte qui définissent, pour chaque sample, le nom du sample, le fichier RAW / WAV à utiliser, son index, sa fréquence, sa longueur, ses points de boucle, sa note racine, son accordage et sa tessiture. Pour le moment, on ne peut charger qu’un seul sample par oscillateur, donc un programme est limité à 1 multisample de 4 samples. John Bowen nous avait confié vouloir développer l’utilisation directe de multisamples, mais le projet n’a pas été mené à terme dans la V2, vu que cela touche le code DSP en profondeur. Peut-être pour la V3 ?

Rappelons cependant que la RAM interne maximale utilisable est celle des DSP Sharc, limitée à 32 Mo. De même il faut charger les Sample Pools un par un à chaque fois, une automation serait la bienvenue. Cela ne fera donc pas du Solaris un puissant lecteur d’échantillons comme un Kronos ou un PC3K, mais plutôt un synthé capable d’utiliser des samples utilisateurs comme de vulgaires formes d’onde. Signalons au passage que le bogue de l’import de Samples (bouclage) a été réglé de longue date depuis le test initial fait en OS V1.2.

Rotors intégrés

Dans la section oscillateurs, on trouve des petites bêtes intrigantes : les rotors… il y en a 2 par voix.

John Bowen Solaris

Un rotor est une sorte de séquenceur à pas qui alterne les 4 signaux audio présents à son entrée. Pour chaque rotor, on commence par spécifier l’accordage, sur plus ou moins 5 octaves par demi-ton et centième de demi-ton ; du coup, un rotor peut opérer à des niveaux audio comme un oscillateur, créant une nouvelle forme d’onde, devenant ainsi une source sonore additionnelle. Ensuite, on règle la quantité de fondu entre les 4 entrées à faire tourner, le mode de synchro de la rotation (redéclenchement à chaque note ou rotation libre) et la phase de départ. Tout comme un oscillateur, un rotor peut opérer à fréquence fixe et fréquence basse (-5 octaves) ; sa vitesse de rotation peut également être synchronisée à l’horloge interne / Midi ; on accède à ces choix avec les mêmes touches directes en façade que pour les oscillateurs.

On définit ensuite les 4 sources à faire tourner : typiquement les oscillateurs, mais aussi les rotors eux-mêmes, les modulateurs d’amplitude, les vecteurs, les mixeurs, les filtres, les effets d’insertion, les amplis, les générateurs de bruit, les entrées audio… ou encore toutes les modulations, telles que LFO, enveloppes, contrôleurs physiques, CC Midi, séquenceurs à pas, tables de notes… les 4 sources injectées ont un niveau d’entrée réglable. Chaque rotor peut être modulé par 4 sources, à choisir parmi la liste longue définie précédemment, c’est-à-dire des modulations classiques ou audio. Les destinations sont le pitch (fréquence exponentielle) et la quantité de fondu. Une puissance remarquable pour les amoureux des nappes planantes ou les savants fous ! 

 

Mixeurs et effets d’insertion

John Bowen Solaris

Le Solaris dispose de 4 mixeurs par voix, pour mélanger 4 signaux avant d’attaquer un autre module. Un mixeur peut recevoir n’importe quelle source en entrée, tout comme un rotor : donc sources audio ou modulations, y compris les entrées externes. La sortie d’un mixeur peut être renvoyée vers sa propre entrée (feedbacks multiples assurés !). On commence par définir les 4 signaux en entrée, leur niveau et le niveau final du mixeur. Reste ensuite à définir les sources de modulation pour chacun des 5 niveaux, à choisir dans la liste longue précédemment définie (cette fois sans sidechain).

Dans la même section, on trouve 4 effets d’insertion. Comme vu précédemment, ils sont liés aux 4 modules filtres–amplis de même numéro. Dans chaque liaison, l’effet d’insertion peut être placé pré ou post-filtre. L’objet de ces effets est d’ajouter des harmoniques et/ou distordre le signal : on trouve un réducteur de fréquence d’échantillonnage (Decimator), un réducteur de définition (BitChop) et une distorsion (type soft clip). On définit ensuite le placement de l’effet, c’est-à-dire la source audio qui le traverse (mixeur ou filtre), puis son niveau d’action. Ce dernier est modulable par une source à choisir dans la liste longue, avec sidechain.

Section filtres

Tout comme les oscillateurs, les filtres constituent l’un des morceaux de bravoure du Solaris. Il y en a 4 par voix. En entrée, un filtre peut accepter n’importe quel signal, tout comme les rotors et les mixeurs ; pour le plaisir : un oscillateur en direct, un rotor, un mixeur, un effet d’insertion, un autre filtre (pour des combinaisons en série en plus des combinaisons en parallèle), un générateur de bruit, une entrée audio, un ampli (feedback) ; cela englobe aussi les signaux de modulation, tels que LFO, enveloppes, contrôleurs physiques, contrôleurs Midi, séquenceur à pas, etc. Super ! En sortie de filtre, le signal est envoyé vers son ampli correspondant, via l’effet d’insertion correspondant s’il est placé post-filtre (selon la restriction déjà discutée).

Il existe une multitude de filtres : le premier modèle est un filtre multimode résonant à 23 variations, où les lettres représentent le type (Low Pass, High Pass, Band Pass, Band Reject, All Pass) et le chiffre le nombre de pôles : LP4, LP3, LP2, LP1, HP4, HP3, HP2, HP1, BP4, BP2, BP2+LP1, BP2+LP2, BP2+HP1, BP2+HP2, BR4, BR2, BR2+LP1, BR2+LP2, BR2+HP1, BR2+HP2, AP3, AP3+LP1, AP3+HP1 ; certains choix évoquent indéniablement le Matrix-12 ; le mode LP4 simule le circuit Curtis CEM3320 que l’on trouve sur le Prophet-5 Rev3 (mais aussi l’OB-Xa, l’OB-8, le Synthex…).

Le deuxième modèle de filtre est une simulation du circuit SSM2040 que l’on trouve sur les Prophet-5 Rev1 et Rev2 ; il s’agit d’un filtre passe-bas à 4 pôles qui apporte un grain exceptionnel, même ouvert, alors que le CEM3320 est plus criard dans les fréquences élevées. Le troisième modèle reproduit le filtre en échelle de transistors du Minimoog ; il s’agit d’un LP4 hyper résonant dont l’entrée sature rapidement. Le quatrième modèle est une simulation du SEM Oberheim, un filtre multimode (LP / HP / BP / BR) 2 pôles à résonance très colorante.

Le cinquième modèle est un filtre en peigne capable d’opérer selon 2 modes : tube (boucle feedback classique permettant de créer des cordes pincées type Karplus-Strong – l’onde ressemble à une série de sommets arrondis adjacents) ; peigne (boucle feed-forward où le signal est prélevé, retardé et injecté après le point de prélèvement – l’onde ressemble cette fois à une série de sommets acérés adjacents) ; cela n’est pas sans rappeler l’Accelerator de Radikal ; un paramètre Damp permet d’injecter un filtre passe-bas 1 pôle dans le circuit de feedback. Enfin, le sixième et dernier modèle est un filtre à voyelles, avec possibilité de faire du morphing entre les 5 voyelles de base ; le paramètre de fondu étant modulable par à peu près n’importe quoi, on peut créer des textures très évolutives au sein même du filtre.

John Bowen Solaris

La fréquence de coupure des filtres varie sur une très large plage de 126 demi-tons (10 octaves + 6 demi-tons), avec une précision au dixième de demi-ton. La réponse en fréquence est donc parfaitement lisse à l’écoute. Elle dispose d’un suivi de clavier bipolaire (+ ou – 200%) avec note pivot programmable. Tous les filtres sont résonants et certains auto-oscillants, suivant le type retenu. John Bowen s’est donné beaucoup de mal pour modéliser les filtres vintage, dont le caractère varie très nettement d’un type à l’autre. Une incontestable réussite qui contribue à la qualité sonore et la variété de grains (cette impression d’avoir plusieurs synthés dans la même boîte dont nous parlions quelques paragraphes ci-avant).

Pour chaque module de filtre, il existe 4 points de modulation avec sidechain. Suivant le type de filtre, les destinations sont la fréquence de coupure, la résonance, le fondu et le paramètre Damp. Comme précédemment, les sources sont à choisir dans la liste longue. Quel que soit le type de filtre, un paramètre Boost est chargé de simuler le comportement d’un OTA analogique type Minimoog (distorsion soft type analogique, lorsqu’il est poussé au-delà de 70%) ; ce paramètre est en fait placé dans la section Ampli, pour être disponible quel que soit le type de filtre choisi (et pas uniquement dans la simulation de filtre Minimoog). Bien vu !

Section amplis

Les amplis, improprement baptisés VCA puisqu’ils sont numériques comme tout le reste, sont uniquement capables d’accueillir le signal du filtre ou de l’effet d’insertion correspondant (ça fait bien 3 fois qu’on le dit maintenant !). C’est donc fort logique qu’il y en ait 4 par voix. Ils peuvent fonctionner en mode linéaire, logarithmique ou sigma (type Minimoog). Après avoir réglé le Boost (saturation décrite dans le paragraphe dédié aux filtres), on définit le niveau de sortie et la position stéréo. Il reste alors à choisir 2 sources de modulation pour piloter le niveau et le panoramique, dans la liste longue (pas de sidechain). En bout de chaîne, le volume final est contrôlé par la 6e enveloppe, dont nous allons parler sans plus attendre.

Paquet d’enveloppes

John Bowen Solaris

Il est rare de voir un synthé avec plus de 3 enveloppes par voix. Sur le Solaris, il y en a 6 (même 7 comme nous le verrons plus tard !). Toutes sont assignables, sachant que la 6e est pré-assignée au volume final. Elles sont de type DADSR. Les segments ADSR sont modulables et ont une courbe distincte, allant de linéaire à exponentielle sur 128 valeurs ; même le Sustain a sa propre courbe, ce qui permet de créer un segment de modulation complémentaire (sorte de second Decay). Les temps varient de 0,0 ms à 20,0 secondes ; les tests audio démontrent à quel point ces enveloppes peuvent être rapides et claquantes, on est très loin de la mollesse souvent constatée à la concurrence !

Les sources de modulations de chaque segment ADSR se limitent à la vélocité, le suivi de clavier, la molette de modulation et les 4 premiers CC Midi assignables (liste courte). Ces modulations n’ont pas de sidechain, on s’en serait douté. Par contre, la vélocité peut, en plus, contrôler le niveau de sortie de chaque paramètre ADSR, en offset par rapport à l’enveloppe programmée. Ne nous ne plaignons pas… 

Tas de LFO

Le Solaris possède 4 LFO et 1 vibrato, qui figurent fièrement dans la liste longue de sources de modulation. Ils ont tous un accès direct pour la synchro au tempo, l’offset (décalage de forme d’onde dans le quadrant positif) et le redéclenchement à l’enfoncement de touche. Les formes d’onde disponibles sont le sinus, le triangle, la rampe, la dent de scie, le carré et le Sample & Hold. Leur phase est réglable, en degrés. La fréquence peut varier entre 0 et 500 Hz, avec une précision à 3 décimales (millième de Hz). Chaque LFO peut commencer après un délai de 0,0 ms à 10,0 secondes, puis croître en fondu d’entrée (plage 0,0 ms - 10,0 s), avant de décroître en fondu de sortie (plage 0,0 ms - 10,0 s également). Le niveau de sortie initial est lui aussi programmable.

Le vibrato, quant à lui, est assigné au pitch des 4 oscillateurs ; on peut également asservir son action à la molette de modulation, pour passer progressivement de zéro à une valeur maximale à définir. Les autres paramètres sont les mêmes que les LFO : forme d’onde, fréquence, phase, délai, fondu en entrée, fondu en sortie, niveau de sortie. La vitesse et le niveau de chaque LFO sont modulables via 3 slots avec sidechain. Les sources sont à choisir parmi la liste longue. On peut ainsi moduler la vitesse par le suivi de clavier, crucial pour obtenir des pads PWM sans gargouillis dans les graves. Rien n’empêche aussi un LFO de s’auto-moduler, délirant ! 

Mixeurs vectoriels

Le rôle des mixeurs vectoriels est de mélanger 4 sources en temps réel, réparties 2 à 2 sur 2 axes perpendiculaires X/Y, comme dans le Prophet-VS. Chaque axe est modulable en temps réel par une source de la liste longue. On puise les sources aussi bien parmi les modules audio que les modulations, comme pour les rotors, mixeurs, filtres… avant de définir le niveau de chacune. Il reste à déterminer les sources de modulation des axes X/Y, les quantités de modulation et les offsets. Ainsi, en choisissant une source à 2 dimensions, on peut créer du morphing entre les 4 sources : on pense immédiatement au Joystick, mais il existe une enveloppe spéciale 2D pour programmer des mouvements temporels, comme sur le Prophet-VS.

John Bowen Solaris

Cette dernière est une enveloppe bidimensionnelle à 8 segments, avec possibilité de bouclage. Les 8 temps sont exprimés en secondes (1,0 ms à 20,0 s) ou en division temporelle, puisque cette enveloppe est synchronisable à l’horloge Midi. On détermine alors les points de bouclage de l’enveloppe (segments de début et de fin) et on règle les 2 ensembles de 8 valeurs pour les niveaux (bipolaires). Mais ce n’est pas tout, puisque les temps et les niveaux sont globalement modulables par une source tirée de la liste courte (celle des enveloppes classiques), avec une quantité bipolaire (+ ou – 300%). Comme pour les enveloppes classiques, la courbe des segments est modifiable (de linéaire à exponentielle, sur 128 valeurs), mais cette fois pour l’ensemble. Lorsque la boucle est bouclée, le nombre de répétitions peut varier de 1 à 9, ou tourner à l’infini. Balaise !

 

Modulations d’amplitude

Le principe des 2 modulateurs d’amplitude du Solaris est de faire varier l’amplitude d’un signal porteur par l’amplitude d’un signal modulateur. À basse fréquence de modulation, on obtient un effet type trémolo. Mais dès que la fréquence du modulateur dépasse les 10 Hz, on commence à ajouter des harmoniques au porteur. Par exemple, quand on multiplie 2 sinus, on obtient deux partiels centrés autour de la fréquence fondamentale du porteur, dont les fréquences sont la somme et la différence des fréquences des 2 signaux, et l’amplitude la moitié de celle du porteur. Sur le Solaris, on peut entrer ce qu’on veut comme signaux porteurs et modulateurs, pas uniquement des oscillateurs.

Pour corser le tout, on dispose d’algorithmes variés d’intermodulation : Shift produit la modulation d’amplitude classique décrite précédemment ; Clip multiplie les 2 signaux et distord le résultat, conduisant à des partiels plus puissants et des annulations de phase sur la fondamentale du porteur ; Absolute produit l’effet inverse en créant 2 partiels faibles autour de la fondamentale ; enfin, Ring crée 2 partiels puissants et élimine la fondamentale (modulation en anneau classique). La quantité de modulation est réglable ; Solaris oblige, cette quantité est modulable par une source sidechain à choisir dans la liste longue. No comment !

De la table au Lag

John Bowen Solaris

Profitons-en un instant pour applaudir tous ceux qui sont encore parmi nous ! Nous allons maintenant suivre le clavier de près. Le Solaris propose 4 tables de notes (Key Tables, sortes de suiveurs de clavier complexes), qui transforment chaque note en une modulation suivant une échelle programmable. Pour cela, on choisit une note en appuyant tout simplement dessus, puis on règle la quantité de modulation (de 0 à 100%). On n’est pas obligé de traiter toutes les notes une par une, le Solaris est capable d’interpoler les valeurs entre deux notes si on lui demande gentiment. La page d’édition est un peu complexe, il faudrait à notre sens une représentation graphique de la table obtenue en temps réel, ce qui viendra peut-être dans une future mise à jour.

Passons maintenant aux processeurs de Lag, eux aussi au nombre de 4 par voix. Ce sont ni plus ni moins que des filtres passe-bas 1 pôle qui servent à adoucir les signaux, par exemple transformer un escalier en rampe. Utilisations : lissage des pas du séquenceur, adoucissement d’une onde Sample & Hold de LFO (pour simuler le léger drift d’oscillateurs analogiques, tiens donc !), atténuation de pics de modulations dans les niveaux audio (élimination du bruit numérique généré par les signaux à fréquence élevée)… Pour chacun des 4 processeurs, on choisit l’entrée à atténuer et le temps d’action (de 0,0 ms à 1,1 s). Puissant ! 

Arpégiateur programmable

John Bowen Solaris

Le Solaris offre un arpégiateur programmable que l’on peut enclencher et maintenir par 2 touches en façade. Le tempo est accessible par pression d’une touche et se synchronise à l’horloge interne / Midi. Une page est réservée à l’arpégiateur dans l’écran graphique principal. On y règle la direction de jeu des notes maintenues (haut, bas, alternée, comme joué, aléatoire et accord, tout cela avec une réserve de 61 notes !), la tessiture (1 à 4 octaves), le numéro de motif (63 Presets et 1 utilisateur), la résolution (division temporelle Midi), le temps de porte, le tempo, la réponse en vélocité, le maintien, la longueur de motif (1 à 32 pas) et le swing.

Pour créer un motif utilisateur, il faut passer par un éditeur externe gratuit. Le Solaris est connecté en USB (sur le canal Midi zéro !) pour une utilisation simultanée ; la version bêta de l’éditeur initialement disponible pour PC (Windows 32/64 bits) a été portée sur Mac (OSX) par un client. On y crée des motifs d’arpèges pour chaque programme, sur 1 à 32 pas (voir capture d’écran). Pour terminer ce tour d’horizon de l’arpégiateur, signalons que les notes arpégées sont transmises via Midi.

Séquenceur à pas

Le séquenceur à pas du Solaris propose 4 lignes de 16 pas, le tout étant mémorisé dans chaque programme. Chaque ligne peut avoir un point de bouclage indépendant des autres, ce qui permet des motifs / modulations complexes, peu répétitifs. Les 4 lignes sont assignables à toutes les destinations possibles du Solaris parmi la liste longue de modulations (donc à peu près tout sauf les segments d’enveloppes). Aucune ligne n’est assignée au pitch par défaut, donc on peut créer des modulations pures. En conjonction avec les 4 processeurs de Lag, on peut lisser les évolutions entre les pas.

La vitesse du séquenceur est synchronisable à l’horloge interne (tempo) ou Midi (division temporelle). On commence par définir le mode de jeu : lecture depuis le début du motif à chaque nouvelle note jouée, lecture continue en fond de tâche, lecture depuis le début sans redéclenchement des enveloppes, lecture continue sans redéclenchement des enveloppes, avance de pas à chaque nouvelle note ; comment ont-ils pensé à tout ça ? Puis viennent la division temporelle, le motif (63 Presets et 1 utilisateur), le swing, le tempo, la longueur du motif (pour chaque ligne) et la valeur des 16 pas (également pour chaque ligne). Il ne manque que des paramétrages du sens de lecture pour être parfait (à l’envers, alterné, aléatoire…).

 

Effets globaux

En plus des 4 effets d’insertion, le Solaris dispose de 4 effets globaux appliqués en bout de parcours : chorus / flanger, phaser, délai, EQ. Ces effets peuvent être placés dans 4 canaux d’effets (bus). Un effet n’existe qu’en un seul exemplaire, donc quand il est logé dans un bus, il n’est plus disponible pour un autre (dommage, on aurait aimé 8 voire 16 effets !). À l’entrée d’un bus d’effets, on peut injecter un ampli, l’une des 6 entrées audio externes ou un autre bus d’effets. Un bus peut contenir 1 à 4 effets en série. Sa sortie est ensuite envoyée vers l’une des paires de sorties physiques (4 paires analogiques et 1 paire numérique). Avec un peu d’astuce et beaucoup d’entrainement, on arrive à faire des combinaisons série / parallèle complexes.

John Bowen Solaris

Le chorus / flanger offre 8 paramètres : fréquence (0,00 à 50,00 Hz), profondeur, phase (+/- 180°), offset (décalage de la fréquence centrale balayée), gain d’entrée, feedback (0 à 100%), niveau de sortie du signal sec et niveau de sortie du signal traité. Le phaser a les mêmes paramètres que le chorus / flanger, sauf que l’offset varie de 0,00 à 20.000,00 Hz. Le délai est décliné en 2 variantes : délai stéréo et cross-délai ; dans le second cas, les 2 lignes de feedback sont croisées ; les paramètres disponibles sont les temps de délais gauche / droit (en millisecondes ou en division temporelle pour synchronisation au tempo), les feedbacks gauche / droit (en %), l’atténuation des hautes fréquences, les niveaux de sortie des signaux secs / traités et le mode de synchro (libre ou horloge interne / Midi). Enfin l’EQ est un full paramétrique 3 bandes, pour lesquelles on détermine la fréquence centrale (0,00 à 20.000,00 Hz), le gain (+ ou – 12,0 dB) et le Q (largeur de bande passante). Vue la modularité du Solaris, on aurait aimé pouvoir moduler les paramètres d’effets en temps réel ; de même, quelques algorithmes de réverbe auraient été les bienvenus, en complément aux délais. Mais c’est surtout au regard de la multitimbralité de la V2 que cette section doit sérieusement être améliorée, puisque tous les canaux y sont pour le moment traités sans distinction. Le 6ème DSP a encore de la ressource sous le pied, mais il faut que John trouve un développeur DSP Sharc disponible et lève à nouveau des fonds parmi les propriétaires de Solaris…

Traitements externes

Le Solaris dispose de 4 entrées analogiques (jacks 1 à 4) et 2 entrées numériques (S/PDIF gauche ou droite) pour traiter des signaux externes ou les utiliser comme sources de modulation, puisqu’ils font partie de la liste longue de sources. Il faut déclencher les enveloppes pour entendre un signal externe traité (par appui sur une touche, fonction Hold, séquenceur, arpégiateur…). On peut donc filtrer ces signaux (en série, en parallèle ou tout autre combinaison), les traiter avec un effet d’insertion, les envoyer dans les rotors, les mélanger avec les vecteurs, les tordre avec les modulateurs d’amplitude…

John Bowen Solaris

Il est même possible d’en extraire la courbe d’enveloppe pour créer une modulation, grâce au suiveur d’enveloppe. Ce dernier analyse l’amplitude du signal externe en temps réel, suivant des niveaux d’attaque / déclin paramétrables, afin de lisser plus ou moins d’éventuelles variations abruptes dans le signal lors de la recréation de l’enveloppe de modulation. Les gains d’entrée et de sortie sont également réglables. Autres utilisations sur un signal externe : un processeur de Lag comme filtre passe-bas 1 pôle fait minute ou encore un rotor boosté dans les niveaux audio, pour pitcher les signaux sources en temps réel et les jouer en polyphonie ; à expérimenter !

Enfin, voici une dernière utilisation des entrées audio, donnée ici à titre informatif, faute de modulaire analogique sous la main pour la tester : le mode d’emploi décrit la possibilité d’injecter des contrôles externes à la place de signaux audio. Par exemple, entrer un LFO analogique issu d’un système modulaire dans le Solaris via l’une des 4 entrées analogiques. Ce signal serait alors converti en numérique en temps réel pour être utilisé comme source externe de modulation, réunissant ainsi les deux mondes modulaires. À vérifier…

Minute Midi

Un petit mot sur les capacités Midi de la bête avant de conclure. Grâce à la V2, le Solaris se transforme en puissant clavier de commande sur 4 canaux Midi simultanés, avec zonage par canal et pilotage interne/externe. On peut enfin profiter de la qualité du clavier Fatar TP/8 dans des configurations complexes. On peut filtrer un certain nombre de paramètres : changements de programme, émission des notes arpégées, mode Omni, mode local, transmission des NRPN, réception des NRPN, signaux Midi, horloge Midi, volume Midi… On peut aussi définir les 5 numéros de CC à utiliser dans la liste longue (tous les 5) et la liste courte (les 4 premiers CC uniquement) de sources de modulation, utile par exemple si on veut piloter le Solaris avec un contrôleur externe. Comme les CC Midi n’ont que 128 valeurs, contrairement aux NRPN, ils peuvent créer des effets de pas audibles : la solution, un petit tour dans un processeur de Lag réglé sur quelques millisecondes. 

A star is born

Nous voici arrivés au terme de ce test détaillé. Le Solaris nous a enchantés, au point de l’acquérir après l’avoir écouté au Musikmesse. C’est encore plus vrai avec la V2 qui le rend multitimbral et lui ajoute des oscillateurs à modulation de phase. Ce qui nous a frappés dans la machine, c’est cette qualité quasi irréprochable à tous les niveaux : aucun compromis dans le son, aucun compromis dans la construction, aucun compromis dans l’ergonomie. Évidemment, la machine n’est pas exempte de tout défaut : l’alimentation externe sans fixation sécurisée, l’impossibilité de changer l’angle de vue des écrans (sauf à passer en OLED), les effets limités et l’USB réduit au Midi. La polyphonie de 10 voix pourra paraître juste à certains, 15 aurait été le chiffre idéal. Au-delà de toutes ses qualités, le Solaris se montre capable d’imiter, voire remplacer, un certain nombre de synthés d’hier et aujourd’hui, y compris des polyphoniques mythiques : meilleure dynamique, meilleure profondeur, meilleure présence, meilleure polyvalence, meilleure fiabilité… plus qu’il n’en faut pour devenir une légende. Un instrument unique à mettre entre les mains de ceux qui recherchent la qualité sans compromis, au studio comme sur scène...

Interview de John Bowen (réalisée en 2013 pour la version 1.2 – non mise à jour)

John Bowen

La gentillesse et la modestie de John Bowen n’ont d’égal que son talent. C’est en toute simplicité et décontraction qu’il a donc accepté de répondre à nos questions.

AF : John, quels sont les moments forts de ta vie ?

JB : 1) Devenir père. 2) Rencontrer la femme de ma vie et nous marier à Yosemite (NDLR : magnifique parc national de la Sierra Nevada, Californie). 3) Avoir eu la chance de connaître et travailler avec certains des plus grands de l’histoire du synthé : Bob Moog, Tom Oberheim, Dave Smith et toute la famille Korg. 4) Rencontrer mes idoles de la musique, le Mahavishnu Orchestra et depuis, l’opportunité de travailler avec Billy Cobham (j’ai commencé comme batteur, tu vois !). 5) Travailler pour atteindre mon but d’enregistrer des albums, en faisant partie d’un grand groupe musical, le Nielsen Pearson Band. 6) Prendre la décision courageuse de quitter Korg pour travailler chez Creamware... même si cela n’a duré qu’un an, cela m’a conduit à construire une belle amitié avec Hans Zimmer, l’un des premiers clients de mes plug-ins pour Scope, avant de m’associer finalement avec mes collègues de l’ex-société Creamware, ce qui a conduit au développement du Solaris, qui est l’apogée de mon expérience à travers les années.

AF : Justement, comment est né le projet Solaris ?

JB : Je te la fais courte ? Deux anciens collègues des années Creamware ont découvert qu’ils pouvaient lever des fonds gouvernementaux pour monter un projet technologique. Nous avions souvent discuté sur le sujet du hardware, après toutes ces années consacrées uniquement au soft, et quand cette opportunité est arrivée, ils ont fait une proposition qui a été retenue. Ce que nous allions alors concevoir n’était pas encore bien défini à cet instant.

AF : Qu’est-ce qui t’a conduit à définir ces spécifications et ce type d’ergonomie ?

JB : J’avais décidé d’utiliser mon plug-in Solaris comme base de travail pour le projet hardware, puisque c’était le mieux vendu de mes plugs, et aussi le plus ambitieux ! Je savais déjà que je voulais des écrans multiples représentant les différentes sections, alors j’ai recherché les plus longs écrans textes disponibles dans le commerce (pour éviter d’en concevoir sur-mesure). Ce que nous avons finalement trouvé nous a permis de faire tenir 5 paramètres confortablement ; du coup il fallait que je regroupe toutes les fonctionnalités du plug-in par paquets de 5 (il y en avait 8 sur le software, ce qui représentait un premier challenge !).

AF : En quoi le Solaris est-il unique ?

JB : Pendant toutes les années où j’ai travaillé pour des grosses sociétés, j’avais souvent vu à quel point beaucoup de compromis étaient faits en matière de spécifications, de qualité sonore, etc. Être capable de faire quelque chose en m’affranchissant de toutes ces limites me permettrait de créer un instrument unique dans ses fonctionnalités, son interface utilisateur, avec une qualité audio sans compromis.

AF : Quelles ont été les principales difficultés et comment les as-tu surmontées ?

JB : D’abord les fonds.... ça, plus le fait de trouver des personnes avec la même quête de l’excellence sans compromis que moi, ont été les deux principaux challenges. Pour les fonds, cela est toujours une bataille très dure, mais nous avons été capables de rassembler une équipe qui est parvenue à accomplir ce que j’avais espéré. 

AF : Quels ont été les grands moments de bonheur pendant le projet ?

JB : En tant que concepteur d’instrument, tu espères toujours faire quelque chose qui apporte l’inspiration créative. Tu souhaites aussi qu’il y ait des gens qui « captent » ce que tu essaies d’obtenir. Du coup, je dirais que les meilleurs moments ont été quand les clients m’ont dit dans les yeux, ou par e-mail, à quel point ils aimaient le Solaris, à quel point ils étaient heureux que je me sois défoncé pour aller au bout, etc. Ce type de retour m’apporte des sensations extraordinaires.

AF : Comment sont répartis les rôles entre SC et toi ?

JB : Il y a eu différentes formules. Au départ, j’étais totalement dépendant d’eux pour faire émerger le projet, puisqu’ils avaient eu par le passé l’expérience des produits matériels (bien qu’aucun n’ait eu la dimension du Solaris !). Mon rôle était de définir les fonctionnalités et l’interface utilisateur ; le leur était de créer les circuits correspondants et de monter l’équipe capable de développer la partie logicielle. Au final, je suis davantage devenu associé aux choix matériels, en même temps que j’apprenais les moindres petits détails requis (et que je n’avais jamais approché dans mes précédentes sociétés). Inutile de dire que c’était un projet bien plus complexe que je l’avais imaginé. Depuis 2 ans, je me suis beaucoup plus impliqué dans la gestion de production, mais je suis toujours limité par mon fonds de roulement pour pouvoir faire tourner les choses de manière aussi fluide que j’aimerais. 

AF : Comptes-tu augmenter la polyphonie, apporter la multitimbralité ?

JB : Nous avons récemment eu une réunion d’ingénierie concernant les futures améliorations et aussi tout ce que nous avions prévu au départ (les choses que nous avons dû laisser de côté pour pouvoir espérer sortir quelque chose un jour !). Je pensais qu’on pourrait augmenter la polyphonie en optimisant le code, mais cela ne me parait plus possible aujourd’hui. Le multimode, lui, est toujours prévu au catalogue.

AF : sur quelles autres améliorations importantes travailles-tu pour le Solaris ?

JB : Il y a un paquet de choses – mais si j’en parle maintenant, je pense que ça va apporter de la frustration chez certains, qui se mettraient alors à attendre chaque jour une nouvelle amélioration, puis à poster des trucs sur les forums… les développements d’OS ont toujours tendance à paraître plus longs que ce qu’on souhaite ;-) 

AF : Que fais-tu dans la vie en dehors de tes développements ?

JB : Eh bien, j’adore jouer en live avec mon groupe Ventura Highway Revisited (VHR pour les intimes). Je joue de la basse, qui est mon instrument de prédilection, parce qu’il se marie parfaitement avec la rythmique de la batterie et les accords + la mélodie du piano ; et puis ça nécessite en général de ne s’occuper que d’une seule note à la fois !

AF : Des choses à ajouter ?

JB : Comme je l’ai dit, je me suis attaché à deux quêtes majeures lors de la conception du Solaris : 1) une haute qualité sonore, qui manquait à mon sens à la plupart des produits commerciaux populaires et 2) une approche de l’interface utilisateur qui associe la manière de travailler avec les synthés, la sophistication et l’ergonomie que le numérique nous permet de créer. Si j’en crois les retours que j’ai eus, il semble que nous ayons réussi ces deux paris, ce qui est très satisfaisant pour moi en tant que concepteur. Et je dois remercier tous ceux qui sont devenus mes clients directs, parce qu’ils ont été co-investisseurs à mes côtés et ont contribué à faire exister ce synthé. Leur patience, leur confiance et leur solidarité envers moi ont été extraordinaires et je leur en suis extrêmement reconnaissant !

Solaris design story

Avec John, nous avons remonté le temps pour évoquer les différents prototypes de Solaris, avec quelques anecdotes croustillantes… le premier proto lui a été révélé dans la maison de Holger, le boss de Sonic Core. Lui et son associé Juergen sont arrivés avec le proto soigneusement caché sous une couverture, puis se sont approchés de lui avec cérémonie, avant de lui dévoiler d’un seul coup, tada ! À la vue de la chose, John fut littéralement médusé, on le comprend ! Du coup Holger & Juergen n’ont jamais osé avouer que c’était leur design. Seul hic, c’était 3 semaines avant la Musikmesse, hors de question pour John de présenter ce modèle !

Il a donc fait appel à Axel Hartmann, en le suppliant de faire un travail en rush pour la Musikmesse (ce qu’il fit gentiment pour un petit extra, bien sûr…). Cela fut contraignant, car John avait déjà décidé où tout devait être positionné (les écrans, les boutons…). Mais le résultat fut bien meilleur qu’auparavant.

Proto 1 - design initial Proto 2 – design Axel Hartmann

 

Le troisième prototype a été développé par l’associé financier de John, Goffe Torgerson. On constate que le nombre d’encodeurs a été réduit de 40 à 35 (il y avait à l’origine la possibilité d’éditer les 6 enveloppes 2 par 2, mais ça s’est révélé à l’usage plus confus que pratique).

Proto 3 – design foncé Proto 3 – design clair

 

De même, un joystick (oublié depuis le départ) et un petit ruban ont fait leur apparition. John a ensuite étudié la possibilité de livrer la version claire avec des capuchons clairs ; cela peut être proposé en option.

Dans le modèle final de production, le joystick a été abaissé juste au-dessus des molettes, pour une meilleure ergonomie. Aujourd’hui, John propose des flancs en alu en option pour 99 €. On peut aussi acquérir un Solaris équipé d’écrans alphanumériques OLED et un écran central LED à fond noir (pas de modèle OLED compatible à ce jour) ; un kit d’installation est aussi disponible pour les propriétaires d’anciens Solaris. Nous avons fait cette transformation assez simple.

Proto 3 – design clair avec boutons clairs Design final – option flancs en alu

 Téléchargez les fichiers sonores (format FLAC) et la liste des banques de sons (format PDF)


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