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Test de la réverbe logicielle LiquidSonics Reverberate 2
Reverberate entre en fusion

Test de la réverbe logicielle LiquidSonics Reverberate 2
Par Nantho Valentine le 04/02/2016 Imprimer

Dans le monde de la réverbération logicielle, il y a clairement deux écoles : celle du tout algorithmique et celle de la convolution.

Si la première est largement représentée chez la plupart des éditeurs de plug-ins, la seconde est en revanche beaucoup moins peuplée ; j’en veux pour preuve les deux sondages réalisés sur votre site préféré (ici et ). Pourquoi donc ? Peut-être parce qu’après l’engouement/effet de mode des débuts, la majorité des utilisateurs se sont laissé croire que le plus important était la réponse impulsionnelle (R.I. ou I.R. dans la langue de Shakespeare) et pas le plug-in qui l’hébergeait. D’où le succès des produits livrés avec des banques d’I.R. bien dodues et la désaffection de certains éditeurs car, mine de rien, produire de telles banques a un coût non négligeable. Alors que nous voyons fleurir chaque année des réverbérations algorithmiques par paquets de douze, les nouveautés en matière de convolution se font plutôt rares. Du coup, lorsqu’un spécialiste du genre comme LiquidSonics annonce la sortie d’une mise à jour majeure de son produit phare, il est bien évident que la chose a de quoi attiser notre curiosité. Voyons donc ce que Reverberate deuxième du nom a dans le ventre…

Point technique

Avant toute chose, commençons par les questions pratiques. Reverberate 2 est un plug-in disponible pour Mac et PC (32 et 64-bit) aux formats VST, AU et AAX. Il est vendu £80 H.T. (environ 115 € H.T.), mais les utilisateurs enregistrés de la première mouture peuvent l’obtenir pour £35 (environ 50 €), ce qui nous semble raisonnable pour une mise à niveau.

Concernant l’installation, il y a deux choses à considérer, d’une part celle du plug-in en soi, et d’autre part, celle des banques de réponses impulsionnelles. Avec un poids proche des 370 Mo, le programme d’installation du plug-in se récupère relativement vite et l’installation/autorisation n’est qu’une simple formalité (keyfile envoyée par email suite à l’achat). Après ça, nous nous retrouvons avec Reverberate 2 et une banque d’I.R. de base de 400 Mo.

LiquidSonics Reverberate 2 : Presets

Et puis, il y a les deux banques additionnelles (gratuites), FS-1 et Bricasti M7 Fusion-IRs, d’un poids respectif de 7,53 Go et 4,51 Go (9.4 Go et 10 Go une fois décompressées) pour les versions 96 kHz — des versions 44.1 kHz étant également disponibles. Autant vous dire que même avec une très bonne connexion internet, la récupération de ces deux banques prend du temps. Largement de quoi user les nerfs des plus impatients d’entre vous, d’autant que ces I.R. font en grande partie tout l’intérêt de cette nouvelle version, mais nous y reviendrons… Une fois téléchargées, un programme permet de choisir relativement facilement un emplacement pour ces gigantesques banques. Notez qu’à la sortie, il n’y avait pas de programme et la procédure manuelle était pour le moins acrobatique. Heureusement, suite aux remarques des utilisateurs, l’éditeur a très vite remédié à cela, merci LiquidSonics !

Pour finir le chapitre le moins "funky" de ce banc d’essai, un point en regard de la consommation en ressources. Sur notre machine de guerre (Mac Pro fin 2013 Hexacœur Xeon 3,5 GHz - 32 Go DDR3), une instance consomme environ 0.9 % de CPU en utilisation basique, c’est à dire en chargeant juste des réponses impulsionnelles quelles qu’elles soient. C’est relativement raisonnable, surtout si l’on considère que Reverberate est alors utilisé en mode zéro latence. En revanche, lorsque l’on utilise les possibilités de modification des I.R. offertes par le plug-in, cela peut monter jusqu’à 2 %… Les configurations les plus modestes auront donc certainement du mal à faire tourner plusieurs instances en même temps. Heureusement, il est possible de rajouter de la latence pour légèrement soulager le processeur. Notez également que les nouvelles I.R. sont plus lourdes que des I.R. ordinaires, certaines font plus de 50 Mo ! Le coût en RAM n’est donc pas forcément négligeable.

Bien, passons maintenant à des choses plus joyeuses !

Previously on Reverberate…

Si certains d’entre vous ne sont pas particulièrement familiers avec le concept de la convolution, nous vous conseillons de jeter un œil à l’excellent article de notre ami Wolfen. Pour en revenir au sujet du jour, Reverberate est donc un plug-in de réverbération à convolution. Ce dernier permet d’utiliser vos propres I.R. ou celles fournies, qu’elles soient "simples", "True Stereo", voire plus comme nous le verrons plus tard.

LiquidSonics Reverberate 2 : EQ

Bien souvent, le principal reproche fait à ce type de réverbe, c’est le côté "statique" du rendu. Afin de maquiller cela, les développeurs utilisent souvent des astuces à base de chorus et/ou delay avec une bonne dose de modulation. Or, dès la première version, Reverberate n’était pas avare en la matière. De fait, cette nouvelle mouture intègre plus que jamais de quoi insuffler un supplément de vie aux réponses impulsionnelles les plus statiques. Tout d’abord, il permet de charger deux I.R. et de moduler le mixage entre les deux ainsi que leur panoramique. Chaque I.R. peut être modifiée à loisir via des options de stretching, un pré-delay, un modificateur d’enveloppe ADSHR, une gestion de la largeur stéréo, etc.

Il y a ensuite un égaliseur pour chaque I.R. ainsi qu’en sortie, tous pouvant être modulés. Ces trois EQs sont puissants et peuvent servir à simuler un "damping" ou à sortir des sentiers battus comme dans l’exemple suivant : d’abord le son source, puis avec une simple I.R. de la famille Room, et enfin avec un balayage d’EQ.

Il est également possible de moduler le pitch du début et / ou de la queue des I.R. comme ici : d’abord un préset de type "Ambience", puis avec modulation du pitch.

Il y a bien sûr un chorus et un delay… enfin plusieurs : pour chaque I.R. mais également en sortie ! Et avec modulation bien sûr. Pour les extraits suivants, nous partons d’un préset de la famille "Chamber", puis nous ajoutons du chorus, et enfin des delays :

Nous avons bien entendu forcé le trait pour les besoins de cet article, mais appliquées avec discernement, Reverberate a vraiment de quoi réveiller les I.R. les plus rigides. D’autre part, en poussant les réglages, vous arriverez facilement à créer des paysages sonores surréalistes luxuriants, comme sur cet exemple réalisé en cinq secondes chrono :

LiquidSonics Reverberate 2 : Delay

Afin d’offrir toutes ces possibilités, il faut bien avouer que Reverberate arbore une interface graphique touffue qui a de quoi faire peur de prime abord. Cependant, la prise en main est beaucoup plus facile qu’il n’y paraît. La division en onglets se révèle très fonctionnelle, d’autant que de petites lignes colorées indiquent au premier coup d’œil les onglets actifs. De plus, la présence d’un synoptique dans les onglets Chorus, Delay et Mixer permet de mieux appréhender le routing du signal tout en donnant directement accès à l’activation/désactivation des différents modules. Enfin, cette version 2 comprend 5 "skins" dont certaines sont beaucoup plus confortables que la robe blanche et verte originale, mention spéciale pour la "Deep Purple". Bref, à défaut d’être simple, Reverberate est des plus efficaces et son utilisation au quotidien très agréable… à quelques détails près. En effet, nous avons tout de même certaines choses à lui reprocher.

Tout d’abord, il n’est pas redimensionnable. Si l’explorateur de presets escamotable facilite la vie sur un petit écran, il aurait été judicieux de permettre un agrandissement de l’interface pour les grands écrans afin de faciliter la lisibilité parfois limite. D’autre part, face à l’abondance des réglages disponibles, une fonction de comparaison A/B ne serait pas du luxe pour simplifier la prise de décision. Enfin, si la bête intègre beaucoup de possibilités de modulation, nous trouvons dommage qu’au niveau automation, certains paramètres ne soient pas réellement accessibles car cela implique de recalculer l’I.R., et induit donc une coupure du son.

Il y aurait encore beaucoup de choses à dire sur les possibilités "de bases" de Reverberate, mais nous venons de faire le tour de l’essentiel et il est grand temps de passer aux réelles nouveautés de ce millésime…

Fusion impulsive

LiquidSonics Reverberate 2 : SplitMod

Le principal argument de Reverberate 2 réside dans l’emploi d’une nouvelle technologie baptisée Fusion-IR. D’après le manuel, cette dernière permet d’obtenir des réverbérations plus organiques hors de portée de la convolution traditionnelle. Fusion-IR capturerait le caractère évolutif d’une réverbe en combinant de multiples réponses impulsionnelles True-Stereo, d’où le poids de certaines I.R. des deux banques additionnelles que nous évoquions plus haut. Outre le gain en qualité, cette technologie donne accès au dosage entre les premières réflexions et le champ diffus, chose rarissime dans le monde de la convolution. Pour mieux nous rendre compte de la chose, voici quelques extraits sonores employant uniquement le moteur à convolution du plug-in, aucun artifice de modulation n’a été ajouté :

Le premier se résume au signal source. Les deux suivants utilisent des I.R. "classiques", prêtez tout particulièrement attention aux aigus de la queue de réverbe. Le quatrième utilise une Fusion-IR de la banque FS-1. Le son réverbéré semble effectivement faire plus corps avec l’instrument et l’évolution des hautes fréquences en queue de réverbération paraît plus naturelle. Les deux derniers illustrent respectivement les premières réflexions et le champ diffus de cette Fusion-IR. Pas mal, n’est-ce pas ? D’autant qu’il est évidemment possible de doser finement ce mélange. Et avec ces 9.4 Go, cette banque FS-1 offre largement de quoi vous occuper pour un bon moment.

LiquidSonics a également réalisé avec l’accord de Bricasti Design une banque de Fusion-IR entièrement dédiée à la sublime M7. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce beau joujou, sachez que la M7 de Bricasti est une réverbération numérique en rack ayant su se faire une place parmi les plus grands noms du genre malgré son relativement jeune âge. Nous avons utilisé cette banque pour traiter une batterie virtuelle.

LiquidSonics Reverberate 2 : ADSHR

Comme d’habitude, le premier exemple est le signal source. Sur le deuxième, une Plate est utilisée sur la caisse claire. Le troisième ajoute une Room sur l’ensemble, alors que le dernier lui préfère une Hall. Les résultats sont vraiment plaisants. Cependant, même si nous avons déjà eu l’occasion d’utiliser de véritables M7 lors de sessions studio, nous n’avons pas la chance d’en posséder une nous-mêmes. Du coup, difficile de dire si cette banque est fidèle à son modèle. Néanmoins, il existe sur la toile plusieurs collections de réponses impulsionnelles issues de ce bel engin. Du coup, nous avons eu l’idée de comparer les Fusion-IR avec deux de ces collections, celle de SignalToNoize ainsi que celle de Samplicity. Comparons d’abord sur une partie de guitare électrique. L’algorithme à l’origine des I.R. utilisées se nomme "CD Plate A", et les suffixes des samples désignent la provenance de l’I.R. (Fu pour Fusion-IR, STN pour SignalToNoize, SMP pour Samplicity). Notez que ces I.R. induisaient toutes des volumes de réverbération différents, nous nous sommes donc efforcés de les niveler afin d’obtenir des sensations de volume perçu similaires.

Ce qui est sûr, c’est que les trois I.R. proviennent bien du même algorithme de la M7 tant ils sont à bien des égards semblables. Cependant, le champ diffus de la Fusion-IR a un je-ne-sais-quoi de plus "naturel", à défaut d’autre mot. Effet de notre imagination ? Pour en avoir le cœur net, nous avons repris les mêmes I.R., mais cette fois-ci avec un coup de caisse claire de notre LinnDrum en guise d’excitant.

Ici, la différence est effectivement plus nette. La queue de réverbe de l’I.R. Samplicity semble bien terne en regard de la version Fusion-IR. Quant à celle de SignalToNoize, elle est carrément aux fraises, passez-moi l’expression.

LiquidSonics Reverberate 2 : Mixer

Bref, cette banque Bricasti M7 Fusion-IR est vraiment très séduisante et offre encore de quoi faire mumuse de longues heures avec Reverberate 2, comme si la FS-1 ne suffisait pas déjà !

À l’issue de cette session d’écoute, il faut reconnaître que la nouvelle technologie Fusion-IR est diablement efficace. Cette dernière semble être une excellente réponse au problème "d’immobilisme" souvent évoqué lorsqu’il s’agit de réverbération à convolution. Si l’on ajoute à cela les possibilités de modulation de Reverberate, nul doute que le mot statique ne viendra plus coller aux basques de ce plug-in. Cependant, cette technologie est pour l’instant uniquement réservée aux réponses impulsionnelles produites par l’éditeur… Y aura-t-il une ouverture de ce format dans un avenir proche ? Nous n’avons pour l’instant aucune information à ce sujet.

Conclusion

Si la première version de Reverberate était déjà fort sympathique, elle avait tout de même un gros défaut : une banque d’I.R. somme toute assez maigre. LiquiSonics semble en avoir pris pleinement conscience puisque cette seconde version comble allègrement ce manque avec deux gigantesques banques extrêmement plaisantes. Ajoutez à cela les nombreuses possibilités de modification des réponses impulsionnelles et surtout la nouvelle technologie Fusion-IR, et vous obtenez un excellent millésime qui devrait faire la joie des aficionados de la convolution. Nous pensons même que les fanboys du tout algorithmique devraient, ne serait-ce que par curiosité, y jeter une oreille attentive tant Reverberate 2 est convaincant. Exception faite des problèmes intimement liés au principe même de la convolution (consommation en ressources, automation, etc.), la plupart des points noirs évoqués pourront certainement être résolus à la faveur d’une mise à jour, et comme l’éditeur semble être à l’écoute des utilisateurs, nous avons bon espoir.

Reste tout de même une question en suspens : quid de la création de nouvelles Fusion-IR ? Pour l’instant, seul LiquidSonics peut en sortir… Offrira-t-il un jour la possibilité à d’autres éditeurs et/ou aux utilisateurs d’en concevoir ou gardera-t-il jalousement le secret de cette technologie afin de se réserver l’exclusivité ? C’est la grande inconnue… En attendant, il y a déjà largement de quoi faire et Reverberate 2 se place réellement comme un incontournable de la réverbération à convolution à nos yeux.

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