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L’enregistrement de la batterie - Overheads et la technique ORTF
Le grand guide de l’enregistrement - 22e partie

L’enregistrement de la batterie - Overheads et la technique ORTF
Par Nantho Valentine le 09/02/2017 Imprimer

Cette semaine, nous nous intéressons à la piste la plus importante selon moi lors de l’enregistrement d’une batterie : les overheads.

Commençons par un petit rappel au cas où. Le rôle des overheads se résume souvent ainsi : capturer le son des cymbales ainsi que l’image stéréo du kit de batterie dans son ensemble. Mais cette définition est quelque peu réductrice. En effet, les overheads sont également en grande partie responsables du rendu « naturel », à défaut d’autre terme, de votre enregistrement. De plus, contrairement à la croyance populaire, ils ont une importance capitale quant à la sensation de puissance du son. Pourquoi donc ? Eh bien, pour faire simple, disons que plus un micro sera proche d’une source sonore et plus il captera l’attaque, le côté incisif du son, mais en contrepartie, le rendu paraîtra « petit ». À l’inverse, en éloignant le micro de la source, le son émis aura le temps de se développer. Le rendu ainsi obtenu sera donc non seulement plus « aérien », car, de fait, il y aura plus d’air entre l’émetteur et le récepteur, mais le son sera également plus « gras » et « puissant ». Le revers de la médaille est bien entendu une certaine perte en précision sonore à cause du manque d’attaque.

Overheads 01

Bref, pour remettre tout ça dans la cadre de l’enregistrement d’une batterie via plusieurs micros, les éléments séparés repris en « close miking » s’occuperont de la précision du son en captant essentiellement l’attaque, alors que les overheads se chargeront de donner toute l’ampleur nécessaire au niveau de la puissance et de la largeur stéréophonique. C’est donc pour cela que la piste stéréo d’overheads me semble être la plus importante, car c’est elle qui fait réellement le son de votre batterie d’une façon générale. Pour faire une analogie visuelle, disons que les overheads constituent l’esquisse globale alors que les micros en « close miking » que nous verrons plus tard s’occupent des détails. Certes, les détails sont importants, mais ils ne seraient rien une fois sortis du contexte de l’esquisse alors que cette dernière peut se suffire à elle-même.

Avant de passer à la suite, voici une petite remarque pour enfoncer encore un peu plus le clou. La semaine dernière, je vous disais que si je n’avais qu’un seul micro pour enregistrer une batterie, je le placerais en configuration Room Mono, parfois également appelé overhead mono, comme par hasard… Eh bien si je n’avais que deux micros à disposition pour la captation d’une batterie, j’opterais sans nul doute pour une configuration overhead stéréo.

ORTF

Il existe plusieurs façons d’enregistrer les overheads, et nous aborderons les principales. Cependant, lors de la session d’enregistrement des exemples sonores de ce chapitre, il a bien fallu faire un choix, car mes acolytes et moi-même n’avions pas le temps nécessaire pour tout faire. Ainsi, je vous propose de commencer par la méthode ayant eu notre préférence : la technique ORTF.

ORTF

Conçue dans les années 60 par l’Office de radiodiffusion-télévision française, justement plus connue sous le sigle ORTF, cette technique utilise un couple de microphones appairés à directivité cardioïde. Les capsules des deux micros doivent être éloignées de 17 centimètres tandis que l’angle formé par leurs corps doit être de 110 degrés, le but de la manœuvre étant de reproduire peu ou prou les oreilles d’une tête humaine adulte. Bien sûr, il s’agit là de la théorie stricto sensu, en pratique, fiez-vous à vos esgourdes. L’image stéréo obtenue grâce à cette méthode n’est peut-être pas la plus large qui soit, mais elle est de loin celle qui sonne le plus naturel à l’oreille. D’autre part, cette technique a pour avantage de ne pas présenter trop d’incompatibilité mono.

Concernant le placement de ce couple par rapport à la batterie, je vous conseille de le mettre derrière le batteur, sensiblement plus haut que sa tête et incliné vers le bord supérieur des premiers fûts. Veillez à centrer la grosse caisse entre les deux capsules. En jouant sur la hauteur, l’inclinaison et la distance avec le kit, vous pourrez doser la quantité de son d’ambiance provenant de la pièce.

Voici les résultats que nous avons obtenus en procédant de la sorte avec une paire de statiques Shure KSM 141 :

Remarquez comme l’espace semble naturel. Notez également que si la grosse caisse est bien centrée, la caisse claire est en revanche légèrement sur le côté. C’est l’un des inconvénients de cette technique lors d’une prise de batterie. Suivant le style musical, cela ne sera pas vraiment gênant, par exemple pour du Jazz ou de la chanson. Par contre, pour des productions plus « modernes » où le centrage grosse caisse/caisse claire est de mise, il conviendra d’utiliser l’une des autres techniques que nous verrons dans les prochains articles.

Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine !


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