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Test de Spitfire Symphonic Strings Library
Spitfire rajoute des cordes à son arc

Test de Spitfire Symphonic Strings Library
Par Early Reflexions le 22/02/2017 Imprimer

La réorganisation du catalogue de Spitfire se poursuit et elle passe nécessairement par les cordes symphoniques. À vos archets ! Prêts ? Jouez !

Il est devenu impossible de parler de banques orchestrales haut de gamme sans évoquer Spitfire. Depuis 2007, la société anglaise d’édition de banques de samples, fondée par Paul Thomson et Christian Henson, s’est taillé une des réputations les plus solides dans le monde des compositeurs, en partie grâce à une approche saine et toujours à propos dans la fabrication de ses bibliothèques, en impliquant des instrumentistes qui touchent des royalties, mais aussi en choisissant une salle et un rig d’enregistrement les plus pertinents possible, et tant qu’à faire… exceptionnels.

Spitfire Audio Symphonic Strings : Spitfire Audio Symphonic Strings (3375)

De fait, les bibliothèques Spitfire ont rejoint un très grand nombre de templates de compositeurs à travers le monde. Mais ce n’est pas que pour leur élégante morale. Quand certains éditeurs proposent des banques où de nombreux samples n’ont pas le même niveau de bruit d’une note à l’autre, voire sont parfois d’une justesse douteuse, les gars de Spitfire sont quant à eux irréprochables. On sent qu’ils utilisent leurs banques, qu’il y a des compositeurs derrière la fabrication de leurs interfaces et des choix judicieux offerts aux utilisateurs. Si vous discutez d’ailleurs avec des ingénieurs du son en musique de film, vous pourrez régulièrement entendre : “Ah ouais, du Spitfire, des fois, on laisse au mix final”.

Bien sûr, il n’est pas question de remettre en question la qualité, la pertinence et la nécessité d’un enregistrement en orchestre à Abbey Road avec le London Symphonic Orchestra ou même plus modestement avec de nombreuses solutions de sessions partagées comme le FAME’S project ou le Scoring Orchestra (of Paris) pour ne citer qu’eux. Force est toutefois de constater que dans une industrie musicale de plus en plus tendue, les banques de samples de très haute qualité sont nécessaires tant à l’étape de maquettage qu’à celle de la production parfois. Et quand la barrière du “ça sonne un peu synthé, là” tombe, c’est en toute logique que l’éditeur se fait une place parmi les Goliaths du secteur et se retrouve adopté par les utilisateurs.

Du coup, lorsque Spitfire propose pour 799 € TTC une nouvelle collection intitulée SPITFIRE SYMPHONIC STRINGS LIBRARY (SSS pour les intimes), ça mérite qu’on aille s’amuser avec !

 

(Re)packaging

Comme il est toujours bienvenu, quand on raconte une histoire, de commencer par une grosse déception, disons-le tout net : il n'y a rien de nouveau côté samples !

En effet, tous les échantillons ont été enregistrés il y a des années maintenant, et le contenu de la SSS est disponible depuis 3 ans à travers les différentes banques BML. Pourquoi donc s'intéresser à un plat qui sent le réchauffé ?

En premier lieu parce que la granularité de l'offre de Spitfire était une calamité. Il y a encore quelques semaines, la page qui présentait leur différentes solutions faisait cinq bras de long, avec des couleurs et des croix partout, des chiffres et des euros à faire tourner la tête. Rien que “Mural”, la bibliothèque de cordes “grand ensemble” (60 instrumentistes) se déclinait en 4 packs, 1, 2, 3 et… ensembles, avec pour chaque pack des techniques de jeu différentes. Du coup, si on voulait certaines expressivités, il fallait quand même acheter le pack entier, et l'on se retrouvait avec une ribambelle de keyswitchs dans tous les sens, et la nécessité d'utiliser 4 instances de Kontakt au moins si on voulait jouer avec tout le monde. Si l'on en croit les développeurs, la maintenance de ces banques commençait en outre à être un sac de noeuds.

Avec SSS, Spitfire a donc fait le ménage et le pack propose de base toutes les articulations. L'éditeur a également nettoyé ses banques de bois et de cuivres, avec la même idée, et propose depuis peu le pack SYMPHONY ORCHESTRA (SSO), fleuron de leur gamme qui comprend le SSS, SSW, SSB et Masse.

Jusque dans les dossiers de la bibliothèque de Kontakt, tout a été réorganisé et assaini, de manière à rendre SSS plus lisible, plus maintenable et mieux optimisé que les anciennes banques. L'éditeur en a en outre profité pour rafraîchir les interfaces et les scripts et, comme nous allons le voir, c’est assez bien fichu.

Reste maintenant à voir ce que vaut cette SSS face aux myriades de bibliothèques disponibles actuellement sur le marché pour faire des cordes.

Un beau bébé

Comme beaucoup d’éditeurs, Spitfire propose l’accès à ses banques directement en téléchargement depuis leurs serveurs. On se crée un compte, on "checkout" et une poignée de mails plus tard, la banque est ajoutée à notre compte de sorte qu'on peut lancer le téléchargement.

Comme chez d'autres éditeurs, la chose passe par un gestionnaire qui fonctionne bien pour ce qu’on lui demande. On donne son login/pass à la petite application, elle détecte les banques disponibles dans notre compte et propose le téléchargement. On peut mettre en pause le download et le reprendre. En fibre optique, comptez 8H pour rapatrier les 95Go (Note de Los Teignos : autant dire que les serveurs de Spitfire se traînent), sachant que l’éditeur propose également une livraison sur disque dur pour 70 € TTC.

Une fois sur le disque, il ne reste plus qu'à autoriser la bibliothèque dans Kontakt pour commencer le tour du propriétaire.

En bref…

Si vous lisez toujours les introductions des tests en diagonale et que vous voulez directement accéder aux infos utiles, voici en résumé ce que cette banque propose :

Ensemble de 60 musiciens (16/14/12/10/8 - en disposition philharmonique)
Enregistrement avec des micros à ruban et à lampe dans du Montserrat avec une Neve 88R en 96KHz sur un Studer à bandes de 2”. (propre)
3 positions de micro mixables (Decca Tree, Close mic et Ambiance)
Enregistrement in situ. (C’est à dire que c’est dans une vraie disposition que chaque pupitre a été enregistré. Et petit bonus : Ils ont fait de même pour les bois et les cuivres, permettant aux 3 familles d’instruments d’être placées naturellement les unes par rapport aux autres, directement en sortie de banque)
NKS ready (pour les claviers Native Instruments, les keyswitchs et les contrôleurs sont automatiquement implémentés)
Et le meilleur pour la fin : 175 articulations (45 en legato, 94 en notes tenues et 59 en notes courtes)... Bon… Ils disent 175 articulations et c’est vrai… Mais il faut compter qu’il y a 5 pupitres + des patchs d’ensemble… Donc en réalité ça fait 30-40 articulations en fonction du pupitre, ce qui est déjà impressionnant.

Comme il n’y a rien de tel qu’un beau tableau, voici à quoi ça ressemble…

Spitfire Audio Symphonic Strings : Spitfire Audio Symphonic Strings (87892)

En long…

La répartition dans les dossiers de la bibliothèque est assez bien pensée pour différentes utilisations, de l’effet ponctuel à l’intégration dans un template de travail.

Grâce à tout ce petit monde, on pourra faire le setup qu’on désire en fonction de ses ressources et de ses besoins. Par ailleurs, et même s’il ne s’agit pas du sujet du test, une petite précision à propos des expansion packs : En plus d’autres configurations de micro très prisées en mixage orchestral, ils proposent 3 “premix” stéréos traités par l’équipe de Spitfire. Ils ont été conçus pour un rendu large, medium et serré, au choix. Si vous n’avez pas la nécessité de travailler l’équilibre entre le Decca, les ambiances et les micros de proximité, cette solution sera moins coûteuse en RAM puisqu’elle ne charge plus qu’un “micro” à la fois et permet d’utiliser le rig de prémixage de très bonne qualité.

Dans le cadre de notre test, voici à quoi ressemblent les patchs de violons 1 & 2, dans Kontakt :

Spitfire Audio Symphonic Strings : Spitfire Audio Symphonic Strings (24365)
Spitfire Audio Symphonic Strings : Spitfire Audio Symphonic Strings (48075)

Avec cette configuration chargée en template, on accède donc à 38 articulations en keyswitches. Vous avez bien lu, ça fait 3 octaves entières. Pour gérer tout ça, on pourra passer par MIDI Designer pour iPad (il en existe d’autres, mais c’est celui que j’utilise personnellement. [pour windows, il nécessite rtpMIDI qui s’occupera de faire le serveur MIDI]). Pour éviter de monopoliser 3 octaves de clavier maître pour les keyswitchs, cet utilitaire permet de créer des faders, potards et pad et d’y assigner une information MIDI. En l'occurrence, des note-on pour les keyswitches. Lié à cela, pour les utilisateurs de Cubase, voici l’EXPRESSION MAP, cadeau de la maison

Plus qu’un petit tour d’horizon du côté de l’interface et on va pouvoir commencer à faire de la musique !

Le bon manche qui fait le bon outil

Spitfire Audio Symphonic Strings : Spitfire Audio Symphonic Strings (99880)

L’interface de base ou simplifiée a été refondue, et elle est très lisible, d’autant que des petites bulles d’aides sur les (i) rappellent désormais à quoi servent les boutons.

À côté de ça, on ne notera toutefois rien d’extravagant. En bas, on trouve les boutons d’articulations dont le nom s’affiche à gauche avec les paramètres disponibles de dynamique (pp, mf, ff ), du vibrato (non vibrato, vibrato, molto vibrato) ou encore le type d’attaque du son.

On dispose aussi d’une partie “Easy Mix” qui joue sur la balance entre les micros : plus on va vers le close, plus on sera sur les micros d’appoint, plus on va vers le far, plus on aura d’ambiance. Au milieu c’est l’arbre Decca. Suivent les 4 contrôleurs de base : la dynamique, le vibrato, le release des samples et l’expression. A noter que mes patchs “Core” ont un contrôle du “tigthness” permettant de régler le mordant des notes courtes.

Viennent s’ajouter à ça les contrôles de speed (vitesse du legato), de portamento et d’intensité de l’effet de liaison sur les patchs legato. Quand on clique sur la petite clé à molette, on ouvre un peu plus le capot pour y découvrir l’interface avancée :

Spitfire Audio Symphonic Strings : Spitfire Audio Symphonic Strings (63107)
Spitfire Audio Symphonic Strings : Spitfire Audio Symphonic Strings (70033)

Dans cette dernière, on dispose les petites cases noires en dessous de chaque articulation et chaque micro. Elles permettent de désactiver - et ainsi décharger en mémoire - les samples concernés. Du coup, si vraiment vous avez une aversion totale pour le “sul tasto”, vous pouvez facilement le désactiver et ainsi faire souffler votre RAM. Il en est de même pour les micros C(lose) (decca)T(ree) et A(mbiance), qui, comble du bon goût, se désactivent automatiquement lorsque vous descendez le fader à 0. Petite bizarrerie : il y a sur le png de l’interface une grille de vumètre qui... ne sert à rien.

Spitfire Audio Symphonic Strings : Spitfire Audio Symphonic Strings (39996)

Parmi les autres petites choses qui donnent vite envie de faire des claquettes sous la lune, les paramètres des 3 faders du “Mic Mix” peuvent être copiés dans le presse-papier et collés sur tous les patches SSS, permettant ainsi d’avoir le même réglage à travers toutes les instances. C’est tout bête, mais tellement précieux qu’on sent que le développeur a pensé à son utilisateur final.

Spitfire Audio Symphonic Strings : Spitfire Audio Symphonic Strings (24753)

Outre un paramètre qui oriente et augmente ou restreint la panoramique et la possibilité d’ajuster la courbe de réponse du contrôle de dynamique, précisons qu’on dispose aussi d’un bouton pour déterminer si les paramètres de mix sont global au patch Kontakt ou uniquement pour l’articulation sélectionnée, permettant par exemple d’éloigner ou de rapprocher les pizz par rapport aux sourdines. L’assignation des articulations est également paramétrable à l’aide d’un cltr/pomme+clic sur le bouton de celles-ci, à l’instar de ce que propose VSL dans ses patchs Instrument Pro, avec la possibilité d’activer une expressivité grâce à la note-on, vélocité, control change, et également la vitesse de jeu.

Spitfire Audio Symphonic Strings : Spitfire Audio Symphonic Strings (64386)

Enfin, la page Ostinatum, disponible sur les articulations courtes permet de programmer un petit séquenceur sommaire pour faire… des ostinati. Les paramètres sont peu nombreux mais tous à propos.

Reste à écouter tout cela.

Le sanglot long des violons de l'automne... et plus si affinités !

Pour commencer, allons faire un rapide tour du côté des micros :

Jouée au clavier et molette de modulation, le plus simplement du monde, sur un patch “ensemble”, la même séquence MIDI à la fin :

En ayant la main sur le mixage des 3 sources différentes, on a accès à une palette de rendu de l’intime (avec quand même 60 zikos) au grandiloquent.

Une fois une Bricasti ou une 480 posée sur le bus des cordes et on est prêts à faire le rendu. La salle - les échantillons ont été enregistrés aux studios AIR, fondés par Sir George Martin - répond très bien et la prise in situ rend la sortie de Kontakt prête à l’emploi.

D’ailleurs, c’est une chose à noter. Si on part sur les SSS, la meilleure chose à faire est certainement de partir sur SSB et SSW. En effet, la salle étant relativement marquée, il peut être compliqué d’intégrer parfaitement la banque avec celles d’autres éditeurs, sans perdre la cohérence de l’espace sonore. L’utilisation seule des micros d’appoint est une solution viable, mais l’atout de la salle présente dans les samples SSS est alors perdu…

Une chose est par ailleurs remarquable en plus des micros : c’est la relative cohérence des patchs d’ensemble. Même si dans cet exemple, l’arrangement “clavier” répartit les notes un peu au petit bonheur la chance, voilà en comparaison la même séquence, répartie par pupitres en legato :

Le son est naturellement plus fin par voix et plus réaliste, mais le patch d’ensemble reste honorable, surtout pour coucher une idée au clavier rapidement, en particulier quand on le compare à d’autres patchs “ensemble” chez la concurrence.

Legato au chocolat

Comme on a pu l’entendre dans l’exemple précédent, les patchs legato sont très réussis et particulièrement les contrebasses qui rentrent à la fin de l’exemple et dont la rondeur et la définition donnent à l’accord un rendu saisissant.

Plus en détail maintenant, encore une fois joué au clavier par un piètre violo-pianiste, sans aucune programmation a posteriori :

Les liés sont musicaux et faciles à sentir sous le clavier.
Le gros point noir en revanche, c’est le vibrato qui arrive comme un “BZOINGBLRVLVLVLVL” lorsqu’on passe en mv, et sur la vitesse duquel on ne peut pas agir. Là où la plupart des banques de cordes jouent sur des filtres de modulation paramétrables, Spitfire a le parti pris d’avoir enregistré en non vibrato, vibrato et molto vibrato. Le molto vibrato est intéressant comme effet à un moment donné, mais il est à utiliser avec parcimonie le reste du temps. Le vibrato quant à lui semble légèrement trop discret pour des jolies tenues et n’assure pas vraiment la transition pas vraiment avec le mv. Dommage.

Voici ce que ça donne en jouant à l’extrême sur la vitesse du legato et du portamento, avec une “intensité” au maximum. (speed max, porta 0 / speed min, porta 0 / speed max, porta max / speed min, porta max).

Avec une palette de liants assez vaste et relativement facile à programmer, le patch “Legato Performance Palette” passe du lié archet au lié doigté puis au portamento en fonction de la vélocité de la note.

Avec un peu de programmation, voilà ce qu’on peut extraire sans trop s’arracher les cheveux :

C’est élégant et typé… Peut-être élégant “mais typé”.

Même si le legato est tout à fait exploitable et musical, d’autres banques se sont illustrées dans ce domaine et ce n’est pas le point fort absolu de SSS. (Peut-être la raison pour laquelle les patchs legato sont dans un sous-dossier “legacy”)

A ce sujet, on pourrait s’attrister de l’absence de mode legato pour les con sord, les trem et autres expressivités dont on aurait pu profiter des notes liées. Compte tenu de la quantité d’articulations, c’est compréhensible, mais regrettable. Dans le même genre, on peut noter l’absence d’un vrai mode glissando très lent.

C’est peut-être couper les cheveux en quatre, mais on aurait bien aimé également avoir la possibilité de couper en divisi comme ce que propose LASS chez AudioBro ou la série Dimension de VSL. Un minimum de 2 serait le bienvenu : plutôt que d’avoir 16 v1, avoir 2x8 v1 permettrait d’écrire plusieurs notes par voix sans avoir l’impression de faire jouer 64 violonistes et, par la même occasion, de jouer avec un orchestre plus petit, sans avoir à acheter une autre banque en petite formation...

AR-TI-CU-LEZ !

C’est ici qu’on en prend plein les esgourdes. La quantité et la qualité des articulations sont indéniablement le point fort de cette bibliothèque. D’abord parce que certaines techniques de jeu ne sont - à ma connaissance - disponibles qu’ici, ensuite parce que si certaines bibliothèques proposent des articulations “exotiques”, il est impensable au sein d’une même phrase musicale de passer de l’une à l’autre, tant les différences sont marquées. Ici, aucun souci. Faire une mesure en Flautando, celle d’après en sul tasto et finir en crescendo sul pont, et même si le rendu aura besoin de justification musicale, c’est possible !

Devant l’immensité des articulations disponibles, on ne va passer en revue que les articulations en ensembles, jouées au clavier pour montrer ce que ça donne sans programmation :

Les longues :

Avec dans l'ordre :

Dans l’ensemble on peut remarquer l’élégance permanente des articulations. En programmant des crescendi à la molette, certains passages de samples (mf/ff) se font entendre avec un léger accoup. Ce n’est pas bien méchant et il n’y a rien qu’une micro passe d’automation maîtrisée ne puisse corriger.

Les courtes :
Une petite idée ergonomique sympathique à propos des notes courtes : Il y a une option dans les patchs pour “CC mapped velocity” qu’on peut cocher ou décocher à loisir. Certains préfèrent écrire les notes courtes en vélocité, d’autres préfèrent utiliser la modulation comme le reste des articulations. Grâce à cette petite option, il est possible de choisir.

 

Avec dans l'ordre :

Il pleut des cordes...

Histoire d’écouter le rendu dans un contexte musical, le moment est venu d’ouvrir le template et de s’amuser avec un petit paquet d’articulations.

D’un point de vue de l’expérience, les articulations les plus communes ne présentent aucun défaut apparent, on a simplement à les choisir et commencer à jouer. Un bon nombre, quant à elles, ne vont servir que sur une mesure, sur une note, pour faire un effet, mais elles sont disponibles… Et ça, c’est un plaisir et une source d’inspiration sans borne.

Seul petit point faible à relever : le manque de corps des legato. C’est joli, mais ça manque un peu d’un peu de gras et le manque de paramétrage du vibrato fait souvent défaut.

Ceci étant, un autre aspect particulièrement plaisant tient au fait qu’à modulation et expression max, ça ne sature pas et la dynamique est toujours cohérente. Et même si on peut se permettre certaines fripouilleries d’équilibrage qui ne rendraient pas avec un véritable orchestre, on peut programmer ses séquences le plus naturellement du monde. Ca peut paraître anecdotique, mais ça rejoint la grande quantité de petites attentions qui rendent la banque aussi plaisante à travailler.

Conclusion

Vers le début du test, j’ai fait comme si de rien n’était à propos des 800 € pour une banque de samples qui ne fait que des sons de “crincrins”... Ce n’est effectivement pas donné. Pour cette banque, il faut ouvrir la case pro du portefeuille : le protefeuille. Si vous souhaitez “des cordes” pour ajouter à un hook ou une intro de temps en temps, des alternatives moins onéreuses et moins gourmandes en ressources sont à votre disposition, elles rentreront dans le mix tout aussi bien et feront office de “violons”.

Spitfire Audio Symphonic Strings : Spitfire Audio Symphonic Strings (55399)

L’immense force de SSS, c’est la quantité de techniques de jeu qui sont toutes cohérentes et avec lesquelles on peut littéralement jouer. Passer d’un sul tasto à un trémolo dans la même phrase musicale ne donnera pas l’impression que c’est un autre instrument ou pire qu’il a changé de place, c’est juste une manière différente d’interpréter la note. Par ailleurs, lorsqu’on fait de la musique tous les jours, tout est prétexte à avoir des sources d’inspiration : du cadre de travail, jusqu’aux petites banques pratiques pour “donner des idées”. Et c’est ce qu’offre SSS : un cadre immense, une grande quantité de techniques situationnelles qui donnent des idées et reposent sur une base solide pour gérer la plupart des types d’interprétation possibles.

En tant que compositeur, je suis tiraillé entre mon désir, mon respect et mon admiration de l’orchestre et les réalités de l’industrie dans laquelle j’évolue. D’un côté, j’ai envie de hurler qu’il faut aller enregistrer “avec des vrais”, parce que c’est un autre niveau de précision et de rendu, que ça fait vivre les artistes et que c’est une expérience absolument magique - que vous avez peut-être connue si vous avez déjà écouté en live un grand orchestre dans une belle salle. De l’autre… Quand il faut faire un devis et qu’enregistrer 60 cordes coûterait “trop cher”, ou encore qu’il y a 2’30 de musique à rendre pour demain matin et qu’il faudrait booker l’orchestre, la salle, l’ingé, le chef, faire les copies, préparer la session, enregistrer, monter et mixer, la solution du virtuel est devenue une évidence.

Si vous êtes dans ces considérations-là… SSS est simplement parmi ce qui se fait de mieux aujourd’hui en grand ensemble. Sa polyvalence et son efficacité “sortie d’usine” lui assurent une place de banque de cordes “principale” dans bien des templates. Si on l’adjoint aux SSB et SSW, Spitfire offre là une solution orchestrale complète qui, sans aucun traitement, tient vraiment la route.

Alors non, on ne va pas tomber amoureux comme on a pu le faire lorsqu’on a entendu le LSO pour la première fois. Il n’y aura ni la sensibilité ni l’humanité de l’orchestre… Mais oui : on peut vraiment faire de la musique avec !


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