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L’enregistrement de la batterie - La caisse claire
Le grand guide de l’enregistrement — 26e partie

L’enregistrement de la batterie - La caisse claire
Par Nantho Valentine le 09/03/2017 Imprimer

Après avoir vu la Room Mono et les Overheads, il est grand temps pour nous d’attaquer l’enregistrement des éléments séparés du kit de batterie en « close miking », ou prise de proximité en « bon français ». Et nous commencerons cette semaine par la caisse claire.
Prise de Son & Mixage : 01

Comme nous l’avons déjà vu précédemment, le rôle de l’enregistrement en « close miking » des éléments d’une batterie consiste essentiellement à capter l’attaque des frappes, les Overheads s’occupant du reste. Dans le cas de la caisse claire, je vous propose une approche de cette prise de proximité on ne peut plus classique, mais qui a fait ses preuves : un bête sm57 placé en position « Snare Top », c’est-à-dire à seulement quelques centimètres au-dessus de la caisse claire (voir photos). Cela peut paraître simple, pourtant je vous assure que la majorité des titres que vous écoutez tous les jours utilise cette technique. D’ailleurs, des ingénieurs du son aussi célèbres que Bob Clearmountain, John Leckie ou bien encore Tony Visconti ne jurent que par elle. Écoutez donc ce que cela donne :

 

 

Prise de Son & Mixage : 02

Pris de façon isolé, le son semble beaucoup trop axé sur les médiums. Ça manque d’air, de brillance. Mais n’oubliez pas l’objectif de cette prise : l’attaque. Ici, l’impact des frappes est bien présent et les « ghosts notes » seront également bien retranscrites, c’est là le principal car la brillance et l’air viendront d’ailleurs.

Malgré la simplicité apparente de cette méthode, il existe tout de même quelques subtilités à prendre en compte lors du placement. Tout d’abord l’éloignement du micro. Afin de trouver la distance optimale, il faut considérer le jeu du batteur en regard du morceau à enregistrer. Un jeu tout en souplesse sera propice à un placement proche afin de capter toutes les subtilités alors qu’un jeu en force appellera une certaine prise de distance pour ne pas surcharger la capsule du micro et capter toute l’ampleur de la frappe. De plus, en jouant sur l’angle de la capsule, vous pourrez doser la balance entre la précision et « l’épaisseur » de l’impact. En pointant plus vers le point de contact entre les baguettes et la peau, vous obtiendrez quelque chose de plus précis. Visez entre le centre de la peau et le cerclage pour un son plus épais. Enfin, s’orienter vers le cerclage peut être intéressant pour les techniques de jeu s’y rapportant.

The bottom line

Prise de Son & Mixage : 03

Si d’aventure vous trouviez que le micro « Snare Top » n’était pas suffisant, il est possible de redorer le blason de votre caisse claire grâce à une prise tout aussi simple à réaliser et que l’on appelle couramment « Snare Bottom ». Comme le nom le laisse supposer, il s’agit de capter la caisse claire via un micro placé juste au-dessous de cette dernière. Pour l’exemple audio, nous avons une nouvelle fois fait appel au micro tout-terrain par excellence, ce bon vieux sm57 :

À l’écoute, le rendu est beaucoup plus « fin » qu’avec la position « Snare Top ». Mais nous récupérons ici un son plus clinquant et claquant. En mélangeant cette prise avec la précédente, la caisse claire gagnera en brillance et récupèrera un surplus de timbre. Mais attention ! Pour que la manœuvre se passe sans anicroche, il vous faudra impérativement faire attention aux problèmes de phase. En effet, 99 fois sur 100 les micros « Snare Top » et « Snare Bottom » captent des signaux en quasi totale opposition de phase. En les mélangeant sans vous en soucier, vous risquez de vous retrouver avec un résultat comme ça :

Alors qu’en inversant la polarité de l’un des micros, vous obtenez cela :

Prise de Son & Mixage : 04

Avouez qu’il serait dommage de noyer le corps de votre caisse claire à cause d’une négligence pareille, non ?

Une fois que vous avez bien vérifié la cohérence de phase entre ces deux micros, vous verrez que vous obtiendrez une jolie marge de manœuvre qui sera bien utile lors du mixage. Le mélange « Snare Top » et « Snare Bottom » offre effectivement une large palette sonore sans que vous ayez à sortir le moindre égaliseur ou compresseur. Pour illustrer ce propos, voici un extrait sonore sur lequel j’ai automatisé le volume du micro « Snare Bottom » :

Intéressant, n’est-ce pas ? Mais il est possible d’aller plus loin…

Claire et nette

Commençons par discuter du choix des micros. Bien que le célèbre SM57 soit la référence en la matière, il peut être avantageusement remplacé par d’autres microphones, surtout si vous n’êtes pas en quête d’un son brut de décoffrage sauce « Rock ». Par exemple, un statique à petit diaphragme en position « bottom » permet bien souvent d’obtenir un rendu plus fin et naturel. Attention toutefois, une directivité cardioïde est obligatoire si vous ne voulez pas vous retrouver avec trop de « repisse » des autres éléments du kit. Les modèles habituellement plébiscités pour cette tâche sont l’excellent AKG C451 B et le Neumann KM 84. Ceci étant, des solutions plus économiques se trouvent assez facilement de nos jours, par exemple le très efficace Oktave MK-012. Notez que ces statiques sont également à leur aise en position « top ». Mais pour conserver la puissance de l’impact, je vous conseille tout de même d’y adjoindre les services de ce bon vieux SM57. Le mélange entre le statique et le dynamique vous permettra alors de doser finement la part de « définition » avec la part de « patate ». Faites cependant très attention aux problèmes de phase qui ne manqueront pas de se glisser dans ce type de prise « Snare Top » à deux micros.

Voyons à présent une vieille technique de sioux qui pourra vous sauver la mise si d’aventure vous n’aviez pas la possibilité d’effectuer un enregistrement en configuration « Snare Top »/« Snare Bottom », soit par manque de micros, soit par manque de voies sur votre interface audio. Dans ce cas, si vous souhaitez tout de même pouvoir jouer sur la balance entre l’attaque de la frappe et la brillance du timbre de votre caisse claire, vous pouvez utiliser un seul micro placé sur le côté et visant directement le fût. En jouant sur la hauteur de ce micro, il vous est alors possible de doser l’équilibre « top »/« bottom ». Bien sûr, cette méthode donne un résultat moins précis et elle ne permet pas de modifier le mélange a posteriori lors du mixage. Mais elle a tout de même un avantage, l’utilisation d’un seul et unique micro limite les soucis de phase.

Moongel on snare

Dernière astuce du jour : le Moongel. Cet accessoire devrait être disponible dans toutes les boîtes à outils des ingénieurs du son qui se respectent tant il est d’une efficacité diabolique ! Mais à quoi peut-il donc bien servir ? Tout simplement à atténuer les harmoniques et/ou le sustain de vos fûts. Et ce n’est vraiment pas un luxe tant cet aspect peut varier d’un kit de batterie à un autre. Or, suivant les styles musicaux, il est primordial d’avoir la main sur ce genre de choses. Par exemple, le mixage d’une batterie dans un style Rock tendance « Metal » peut être un véritable cauchemar si la caisse claire est trop généreuse en harmoniques. Ou bien encore, n’importe quel morceau à un tempo élevé et un jeu de caisse claire dense peut s’avérer ingérable au mix si le sustain est trop long. L’utilisation de Moongel est donc du pain béni car cela permet de juguler tous ces problèmes directement à la source. Étant donné le tarif plus que raisonnable du joujou, pourquoi donc s’en priver ?

La semaine prochaine, nous continuerons ce chapitre consacré à l’enregistrement de la batterie en nous attaquant à la grosse caisse.


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