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Test du Fender Mustang II
Mustang à l’orange

Test du Fender Mustang II
Par Red Led le 27/09/2010 Imprimer

La modélisation a le vent en poupe, et Fender l’a bien compris. C’est pourquoi la fameuse marque sort aujourd’hui deux nouveaux amplis répondant au nom de Mustang et dont le but premier est d’offrir au débutant une grande palette de sons et des fonctions modernes pour un prix défiant toute concurrence. Alors, pari réussi ?

 

Fender Mustang II

À l’opposé de ce que peut proposer un Champion 600 au passéisme déterminé, le Mustang se veut moderne, polyvalent, et a l’ambition de convenir à la plupart des guitaristes, tous styles confondus. Sa taille et son prix en font un ampli parfait pour le débutant voulant répéter chez lui. Il sera tout de même possible de répéter avec un batteur pas trop musclé avec le modèle 40 Watts que Fender a bien voulu nous prêter le temps d’un test.

 

Au déballage, on se retrouve devant un ampli aux dimensions classiques : 43,8 cm de hauteur, 46,4 cm de largeur et 22 cm de profondeur, pour 10,9 kg sur la balance. L’arrière de l’enceinte est fermé et une poignée plastique permet de transporter l’engin sans problème. Le tout renferme un haut-parleur de 31 cm «Special Design», contre un 20 cm pour la version 20 Watts. Le look de l’ampli est réussi, légèrement rétro avec le vinyle, les potards «chapeau de sorcière», la grille grise et le fameux logo. La construction a l’air solide et nous n’avons pas de reproche à faire au regard du prix de l’ampli : environ 200€.

Tous les réglages et la connectique (mise à part la prise d’alimentation située au dos de l’ampli) se trouvent sur le dessus de l’appareil. Alors penchons-nous sur la bête...

 

 

On va pas prendre une Clio...

Fender Mustang II

La partie gauche du panneau est on ne peut plus classique, avec l’entrée guitare, la prise pour le footswitch en option (31€TTC, avec un unique switch permettant de permuter entre deux presets, un peu chiche) la série de cinq potards «chapeau de sorcière» correspondant aux réglages de gain, de volume du preset, de volume master (qui est indépendant des presets) et de l’égaliseur deux bandes : graves et aigus. Il n’y a donc pas de réglage pour les moyennes fréquences, dommage. Il faudra compter sur les différentes modélisations pour changer véritablement de timbre.

 

La partie droite est quant à elle plus moderne, avec tout d’abord ses encodeurs pour sélectionner le preset. Il y a en tout huit modélisations d’ampli, avec pour chacune trois presets assignés à une couleur : vert, orange ou rouge. Cela nous donne 24 presets en tout, dont 16 modifiables. En effet, les presets orange sont d’usine et l’utilisateur ne pourra les écraser. Les modélisations ont des dénominations évocatrices : ’57 Deluxe, ’59 Bassman, ’65 Twin Reverb, British 60’s, British 80’s, American 90’s, Metal 2000 et enfin Super-Sonic. Tout cela a l’air de couvrir un large panel de sons, et nous ne tarderons pas de le vérifier un peu plus tard...

 

...Quand on peut choper une Mustang !

Fender Mustang II

Deux autres potards sont dédiés aux effets de modulation et au délai/réverbe. Les effets de modulations sont au nombre de 12 : chorus, chorus profond, flanger, trémolo bias/sinus, trémolo optique/vintage, trémolo optique/vintage rapide, vibratone lent, vibratone rapide, octaver, phaser lent et profond, phaser médium et filtre par pas. Les 12 effets sont groupés en 4 catégories (A, B, C et D) et il faudra regarder les trois LEDs situées juste au-dessus pour choisir l’un des trois effets dans chacune des catégories. Ce système n’est pas très pratique à notre goût, mais la majorité des constructeurs d’amplis à modélisations l’utilisent désormais, comme Line 6 (les Spiders) ou Marshall (les nouveaux JMD). Cela a quand même l’avantage de réduire le nombre de potards, au détriment de la praticité.

 

Pour choisir l’un de 12 effets de réverbération et délai, on se tournera vers le second potard. Au programme : Délai à bande 150 ms / 1 répétition, Délai à bande stéréo 300 ms / 3 répétitions, Délai mono 700 ms / 4 répétitions, Réverbération Small Room, Réverbération à plaque, Réverbération Large Hall, Réverbération à ressorts Fender de 1965, Réverbération à ressorts Fender de 1963, Délai à bande / Room, Délai à bande / Réverbération Large Hall, Délai dynamique / Réverbération Small Hall, Filtre d'écho.

 

Fender Mustang II

 

 

 

On termine avec les boutons save et exit permettant de sauver ses réglages ou d’annuler la sauvegarde au dernier moment, et enfin le bouton de tap tempo qui servira à caler les effets temporels sur votre tempo, ou encore d’enclencher l’accordeur qui dispose de trois LEDs pour afficher la hauteur des notes. Ce dernier n’est pas un exemple de précision, mais sa présence est tout de même très appréciable.

 

Niveau connectique, on retrouve une entrée auxiliaire au format mini-jack vous permettant de shredder sur le dernier single de Frank Michael et une sortie casque afin de garder ça pour vous. Comme quoi, l’ampli est bien pensé. On termine par la prise mini USB qui ne manquera pas d’éveiller la curiosité de nos lecteurs. Alors cette prise, à quoi elle sert ?

 

 

 

Ça fuse

Fender Mustang II Fuse

À l’instar de ce qu’on a pu voir avec le récent G-Dec de la marque, le Mustang est un ampli moderne. Et qui dit moderne, dit ordinateur voire carrément internet !  Le Mustang est donc compatible avec le logiciel Fender Fuse, que l’on a vu naître avec le petit G-Dec. Ce petit logiciel ouvre donc les portes de la communauté Fender à l’acquéreur du petit ampli. Il pourra gérer ses presets (fichiers .fuse) et ses fichiers sons (mp3 ou wav), les modifier, les sauver sur son disque dur, les importer, les partager, en télécharger... Il y a déjà pas mal de presets et de playbacks disponibles au sein de la communauté, et les télécharger est d’une simplicité enfantine. Tout cela apporte un vrai plus à l’ampli, et injecte une dose de ludisme sympathique quand on veut travailler son instrument. L’accordeur disponible dans l’interface de Fuse est en revanche peu réactif et s’accorder avec lui devient vite un supplice. Gageons que Fender mette à jour le logiciel afin de corriger ces petits désagréments. On retiendra aussi que les playbacks sont, contrairement au G-Dec, joués sur l’ordinateur et non sur l’ampli.

 

 

Fender Mustang II Fuse

On apprécie aussi l’éditeur de presets, très pratique grâce à sa jolie interface. On modifiera plus volontiers ses sons via l’interface graphique de l’ordinateur, qui permet aussi d’accéder à des paramètres inédits comme le bias (de - à + 50%), les réglages du noise gate, le modèle de l’enceinte, le master volume ou encore le «SAG» de l’étage d’amplification, qui permet de simuler la compression naturelle d’un ampli à lampes poussé à fond les ballons. On retrouve aussi quelques effets supplémentaires : bien !

 

Sachez enfin que la connexion USB servira aussi à enregistrer directement le son de votre ampli sur votre ordinateur, avec pourquoi pas le logiciel Ableton Live Lite 8 fourni avec la bête. Cette sortie USB, tout comme la sortie casque, possède un simulateur de haut-parleur. Il faut savoir en revanche que l’ampli sera reconnu par votre séquenceur comme une carte son ayant deux entrées, mais pas de sortie. Il sera donc impossible d’entendre un playback ou un clic via le casque branché sur l’ampli. Cela limite alors pas mal l’utilisation en USB et on préfèrera utiliser la sortie casque reliée à votre carte son pour enregistrer silencieusement. Il sera alors possible d’entendre sa guitare, le playback et le clic dans le casque.

 

Il est maintenant temps de sortir les pelles, le micro et de voir ce que cette petite boîte a dans le ventre.

Yo Dawg, we put a Tele in your Mustang

Fender Mustang II

Afin de tester cette bête, nous avons sorti notre Telecaster Deluxe munie de micro P-Rails de Seymour Duncan qui sera utilisée en position «double bobinage» pour les sons saturés et en position «rail» pour les sons clairs. Nous avons fait les prises avec un micro BeyerDynamic M88 placé devant la gamelle et avec la sortie USB possédant un simulateur de haut-parleur.

 

La version 40 Watts qui nous a été confiée possède un haut-parleur de 12 pouces, et ça se ressent dès l’allumage. Les sons clairs sont pleins et brillants pour les trois premières modélisations mimant exclusivement des amplis de la marque (un Deluxe, un Bassman et un Twin Reverb). On n’est jamais mieux servi que par soi-même ?

 

En revanche, pour les sons crunchs et saturés, on aperçoit des modélisations d’amplis se rapprochant de modèles Marshall ou Mesa Boogie. Dans ce registre, on retrouve néanmoins le Fender Super-Sonic testé il y a peu sur AudioFanzine.

 

Dans l’ensemble, les modélisations nous ont convaincus, avec des sons clairs de qualité, des crunchs possédant la bonne dose d’agressivité et des sons saturés loin d’être ridicules, comme cela peut être le cas avec des amplis voulant tout faire à pas cher. Les trois modélisations de Deluxe, Bassman et Twin sont les meilleures et le haut-parleur délivre un son chargé en graves. La modélisation Brit 80s nous a le plus déçus, avec son grain un peu trop synthétique pour convaincre. En revanche, les plus grosses saturations sont très satisfaisantes avec les modélisations Brit 90s, American 90s, Metal et Super-Sonic. Chacune a son propre caractère et elles sont finalement assez complémentaires, de quoi palier l’absence de potard médium sur l’égaliseur. Les effets s’en sortent aussi très bien, que ce soit les modulations ou les délais et réverbes. Voici quelques exemples audio, afin de vous faire votre propre idée sur le sujet :

 

 

 

Le simulateur de haut-parleur de la sortie casque et de la sortie USB nous a en revanche un peu déçus, le son est loin d’être aussi bon qu’avec un micro placé devant la gamelle. Les sons clairs s’en sortent à peu près, mais les sons crunchs et saturés sonnent très artificiels. On n’en tiendra cependant pas trop rigueur vu le prix annoncé de l’ampli...

 

Voici trois exemples audio réalisés avec la sortie USB :

 

 

 

 

 

Conclusion

Pour environ 200€, Fender nous livre un ampli de 40 Watts à modélisations doté d’un haut-parleur de 31 cm, qui veut tout faire et qui le fait plutôt bien ! Sa puissance lui permet de se faire entendre en répète si vous ne jouez pas avec une bande de barbares, et son look «néo-rétro» fait mouche. Ses huit modélisations permettent de couvrir tous les styles musicaux, avec des sons clairs emprunts des modèles prestigieux de la marque, et des sons saturés allant jusqu’au métal extrême. Les effets sont nombreux et leur réglage est rapide et sans prise de tête. Pour les tweakers, il sera possible de plonger dans les méandres de la bête via le logiciel Fender Fuse et la prise mini USB de l’ampli. Cette dernière vous permettra aussi de vous enregistrer directement sur votre ordinateur personnel, grâce au simulateur de haut-parleur, qui n’égalera pas le son d’un micro placé devant la gamelle, mais qui a au moins le mérite d’exister. C’est d’ailleurs le seul reproche que l’on peut faire à cet ampli qui, pour le prix, frise le sans-faute.


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