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Pédago
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Pourquoi et comment utiliser des simulateurs d’enregistreurs à bande/consoles ?

Le guide du mixage — 96e partie

Cette semaine, continuons notre voyage en territoire légèrement saturé en discutant des plug-ins simulant des enregistreurs à bande et des consoles de mixage de légende…

Pourquoi et comment utiliser des simulateurs d’enregistreurs à bande/consoles ? : Le guide du mixage — 96e partie
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Comme nous le verrons, ce genre de plug-ins s’uti­lise en tout début de mixage, en géné­ral en guise de premier insert sur chacune des pistes. Pour­tant, je n’évoque le sujet que main­te­nant… Erreur de ma part ? Que nenni ! J’aborde cette ques­tion seule­ment aujour­d’hui à dessein. Pourquoi donc ? Eh bien tout simple­ment parce que j’es­time que ce genre de trai­te­ment n’est abso­lu­ment pas indis­pen­sable pour obte­nir un bon mix !

Waves Kramer MPX Master Tape : kramer master tape

Atten­tion, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Certains de ces plug-ins sont vrai­ment très bons dans leur domaine et il m’ar­rive fréquem­ment d’y avoir recours lorsque j’es­time la chose utile pour le morceau sur lequel je travaille. Cepen­dant, je consi­dère que pour votre appren­tis­sage de l’art déli­cat du mixage, il vaut mieux que vous sachiez d’abord vous débrouiller sans ce type d’ou­tils pour mieux les appré­cier plus tard et les utili­ser à bon escient le cas échéant. D’au­tant que ces armes peuvent faci­le­ment être à double tran­chant ! En effet, si elles peuvent d’une certaine façon faci­li­ter le mixage grâce à la colo­ra­tion tonale ainsi qu’à l’im­pact dyna­mique qu’elles induisent, elles peuvent égale­ment gros­siè­re­ment masquer certains problèmes à l’oreille non aver­tie, ce qui ne manquera pas de compliquer la donne. Pour prendre un exemple visuel, imagi­nez un montage vidéo avec des plans n’ayant pas les mêmes balances de blanc, les mêmes niveaux de contraste, etc. Si l’on applique à cet assem­blage maladroit un filtre sépia, le tout paraî­tra légè­re­ment plus cohé­rent, mais les problèmes ne seront pas réglés pour autant et le monteur amateur aura beau­coup de mal à les résoudre, aveu­glé qu’il sera par le pseudo-vernis de la sépia.

Bref, tout ça pour dire que je vous conseille forte­ment de vous passer de ce genre d’ou­tils tant que vous n’ar­ri­vez pas à sortir un mix conve­nable sans. À bon enten­deur…

Pour quoi faire ?

Mais alors, quel est l’in­té­rêt de ces plug-ins ? Outre la patine « vintage » et/ou « analo­gique » qu’ils peuvent appor­ter, ces joujoux ajoutent au signal traité une certaine dose de distor­sion harmo­nique. Ainsi, ils impliquent une certaine forme de cohé­sion sonore lorsqu’ils sont utili­sés avec parci­mo­nie sur chacune des pistes du mix. Cette sensa­tion de cohé­rence est égale­ment la résul­tante de l’ajout d’un léger bruit de fond.

D’autre part, la colo­ra­tion tonale et le massage de la dyna­mique décou­lant de l’usage de ce genre de plug-ins permet­tront d’uti­li­ser des égali­sa­tions et/ou des trai­te­ments dyna­miques moins dras­tiques en cours de mixage, ce qui est plutôt une bonne chose. Mais pour cela, il faut bien évidem­ment que l’in­gé­nieur du son choi­sisse des émula­tions dont les carac­té­ris­tiques tonales et dyna­miques collent avec la vision qu’il a du mix…

Enfin, les compo­santes non linéaires inhé­rentes à ces outils peuvent produire une impres­sion de « mouve­ment » discret ainsi qu’une sensa­tion d’es­pace 3D plus réaliste, ce qui ne manquera pas de rendre le morceau plus « vivant », à défaut d’autres termes.

Comment utili­ser des simu­la­teurs d’en­re­gis­treurs à bande/consoles ?

C’est une ques­tion récur­rente sur la toile : dans quel ordre doit-on utili­ser les plug-ins de ce type ? La réponse à cette ques­tion n’est pour­tant pas très compliquée si l’on prend la peine d’ana­ly­ser un peu la situa­tion. Que cherche-t-on à faire avec ces outils ? Repro­duire la chaîne de trai­te­ment du signal qui était la norme avant l’avè­ne­ment du tout numé­rique, non ? Du coup, il suffit de répliquer cette chaîne à l’iden­tique. En situa­tion de mixage, cette dernière se résu­mait aux enre­gis­tre­ments prove­nant d’un magnéto multi­piste dont chacune des pistes était envoyée dans une tranche de la console. Là, il y avait égali­sa­tion et/ou compres­sion via les modules internes ou externes à la console, envoi éven­tuel vers les bus auxi­liaires, puis somma­tion du tout via le bus master qui nour­ris­sait l’en­re­gis­treur à bande stéréo chargé de recueillir le rendu final.

Mora­lité, en suivant ce raison­ne­ment, la chaîne de trai­te­ment virtuelle devrait être comme suit :

  • Simu­la­tion d’en­re­gis­treur à bande multi­piste en premier insert de chaque piste 
  • Émula­tion d’une tranche de console analo­gique placée juste après 
  • Vos trai­te­ments habi­tuels (EQ, compres­seur, etc. ) 
  • Simu­la­tion du bus master de la console analo­gique choisi aupa­ra­vant placée en premier insert de votre bus master virtuel 
  • Les éven­tuels trai­te­ments sur le bus master 
  • Et enfin, une modé­li­sa­tion d’un enre­gis­treur à bande stéréo en dernier insert du bus master
Universal Audio Oxide Tape Recorder : oxide gui sq

Atten­tion ! Comme vous navi­guez ici dans le monde de la simu­la­tion analo­gique, il est impé­ra­tif de respec­ter les niveaux de fonc­tion­ne­ment opti­mums recom­man­dés pour les émula­tions choi­sies. Par consé­quent, l’étape de Gain Staging est plus que jamais capi­tale et doit bien entendu avoir lieu avant que vos signaux n’at­taquent cette chaîne. De plus, il vous faudra égale­ment veiller à respec­ter la struc­ture de gain entre chaque plug-in si vous ne voulez pas vous retrou­ver avec un surplus de colo­ra­tion/distor­sion qui peut s’avé­rer plus destruc­teur qu’autre chose. N’ou­bliez pas que les bien­faits de la distor­sion harmo­nique proviennent essen­tiel­le­ment de la super­po­si­tion de plusieurs petites couches succes­sives, et non pas d’un seul plug-in poussé à bloc…

Pour finir, sachez qu’il est possible de pous­ser le mimé­tisme un cran au-dessus lors de l’uti­li­sa­tion de ce genre de plug-ins. En effet, dans le monde analo­gique, le nombre de pistes dispo­nibles est limité par les entrées/sorties physique­ment présentes. Évidem­ment, il existe des « combines » afin de palier à ce problème, comme la synchro­ni­sa­tion de plusieurs multi­pistes à bande ou bien encore la réali­sa­tion de sous-mixes stéréo de certains groupes de pistes. Du coup, suivant l’époque de la produc­tion que vous cher­chez à repro­duire, il convien­dra de respec­ter les règles suivantes :

  • Plus la produc­tion est vintage, moins il y a de pistes et plus les émula­tions choi­sies sont colo­rées 
  • Plus la produc­tion se rapproche des années 90, plus il y a de pistes et moins les émula­tions sont colo­rées 
  • Au-delà de 24 pistes, vous pouvez faire des sous-mixes de groupes de pistes (batte­rie, guitares, etc. ), ou combi­ner plusieurs types d’en­re­gis­treurs multi­pistes pour simu­ler la synchro

Voilà, avec tout ceci, vous devriez être en mesure de mettre à profit toute la palette sonore offerte par les plug-ins modé­li­sant les appa­reils analo­giques de légende.

Sur ce, rendez-vous dans le prochain épisode pour un bref tour d’ho­ri­zon des joujoux produi­sant de la distor­sion harmo­nique qui trouvent grâce à mes yeux.

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