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< Tous les avis Roland SPV-355
kosmix kosmix

« Fat bass »

Publié le 18/01/16 à 19:37
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Les utilisateurs avertis
Pour quels styles de musique et dans quel contexte (studio, concert, etc.) utilisez-vous ce synthétiseur ?
Musiques électro, on peut difficilement faire autre chose avec. Il reste dans mon studio, c'est un gros rack assez lourd, construit comme un tank, si on a le courage de le trimballer pas de souci c'est du solide.
Au niveau de l'utilisation il faut savoir que cet appareil a été conçu comme un convertisseur audio/synthé ("pitch to CV"). On peut donc y brancher un micro ou un instrument, le son sera converti en CV (control voltage) pour activer l'oscillateur. Attention il ne s'agit pas d'un vocoder mais bien d'un synthé (monophonique) pouvant être contrôlé depuis une entrée analogique. On peut donc faire quelque chose de similaire, dans l'idée, à du guitar/bass synthé, du vocal synthé voire du synthé/synthé ! Je dis "dans l'idée" car au final le résultat est assez peu probant : difficulté à mettre en œuvre (trouver le bon réglage qui va plus ou moins fonctionner n'est pas évident et loin d'être parfait au final) et quant aux sons obtenus ils sont pour le moins étranges et peu fonctionnels sauf pour les amateurs de sons qui sortent de l'ordinaire, ce qui ne veut pas dire nécessairement que les sons produits seront intéressants...
Du coup si vous n'êtes pas portés sur les bidouillages sonores étranges, approximatifs et expérimentaux dont les résultats seront tout relatifs (et peu convaincants, j'insiste) alors vous utiliserez cette machine comme un vrai synthé analogique monophonique en le pilotant via son interface CV/gate. Et vous ne serez pas déçu car si la bête est limitée en termes sonores elle sonne bien analo, grasse et puissante.

Vous semble-t-il solide et bien fini ? Sa prise en main et son ergonomie sont-elles simples ?
Comme dit précédemment c'est une machine très bien construite et solide. A l'époque (1979) cet appareil était destiné aux professionnels (studios), c'était donc du matériel haut de gamme et très onéreux. Toute l'électronique est faite de composants discrets montés sur une unique carte. Toutes les commandes sont accessibles en face avant, de-même que la connectique : entrée/sortie audio et prises pour pédales de contrôle. A l'arrière se trouvent les entrées/sorties CV/gate ainsi qu'une boucle d'effets (mono).
Pour une utilisation "pitch to CV" la prise en main et l'ergonomie sont loin d'être évidentes (soyons clairs c'est même laborieux, il faut vraiment de la volonté et de l'abnégation pour réussir à en sortir quelque chose) en revanche piloté par CV/gate (5 octaves au total en volts/octave) ce synthé est le plus simple qui soit. Pour ma part j'utilise un convertisseur MIDI to CV et ça fonctionne nickel, le pitchbender fonctionne également. Bien-sûr vous pouvez oublier le contrôle numérique des commandes du synthé, tout cela n'existait pas dans les années 70 (de même que l'USB, soyons sérieux) !

Pour résumer la machine (et c'est vite fait) on a :

- 1 oscillateur double (dual VCO) avec ondes saw, square et pulse (largeur fixe) + 1 sub osccillator. Cela signifie qu'il y a 2 oscillateurs + 1 sub se partageant une même forme d'onde. L'oscillo 2 peut être detuné ce qui rend le son encore plus "fat" (2 réglages d'accord différents et sélectionnables par commutateur sur une entrée jack). On peut régler le range global (4', 8', 16') ainsi que l'accord général de la machine. Petite remarque en passant : les VCO sont très stables et ne se désaccordent pas, c'est vraiment du bon matos (le master tuning reste toujours en position centrale).

- Un portamento qui ne s'applique qu'à l'entrée audio (instrument), ce qui ma fois est fort dommage.

- Une section mixer : osc 1, osc 2 et sub osc.

- Une enveloppe d'amplification à 3 segments : attack, decay et sustain (pas de release...)

- Un filtre résonnant qui sonne vraiment bien ; dommage que la résonance entraîne une baisse de volume quant on baisse la fréquence de coupure... Le filtre peut être asservi au pitch (suivi de clavier donc) et à l'enveloppe (normale et inversée).

- Un second mixer pour régler le volume du synthé et celui du son direct (celui de l'instrument branché en entrée). A noter que l'appareil dispose d'une boucle d'effet qui peut être bypassée mais uniquement pour l'entrée (les effets s'appliquent systématiquement à la partie synthé), alors qu'elle s'applique aussi au synthé.

Enfin le SPV-355 dispose d'entrées jacks pour pédales de contrôle (type Boss FS-5L) pour commuter le portamento, le detune de l'osc 2 (réglage A ou B), le CV/gate hold pour l'entrée audio et les effets pour l'entrée audio également. Enfin une pédale d'expression (Roland FV-2) peut être branchée afin de piloter la sensibilité du VCO et du VCF (pour l'entrée audio uniquement).


Quel est votre avis sur le son de manière globale ? Que pensez-vous des sons d’usine ?
Le son est très bon. Super grain, chargé dans toutes les plages de fréquences. Avec le sub on a vraiment un gros son, idéal pour les basses électro. Le detune permet encore d'épaissir et d'obtenir un effet chorus vraiment énorme. Bref, le gros son analo c'est l'argument de la machine. Le filtre est aussi très bon, dommage que la résonance ne permette pas l'auto-oscillation (le volume baisse à mesure que l'on ferme le filtre).
Les sons d'usine : ben y'a pas de mémoire !

Que pensez-vous des possibilités d’édition et de traitement ?
Les possibilités d'édition sont assez limitées : en fait on n'a que 3 sons qui correspondent aux trois ondes basiques du double oscillo. Pour le reste on peut jouer avec le filtre et l'enveloppe mais on restera dans du son très basique (pas de LFO...)
En revanche étant donné que la machine fonctionne à un niveau sonore peu élevé (l'utilisation d'un préampli est conseillée) on peut y bancher toutes les pédales d'effet qu'on veut (guitare, basse, synthé). Pour ma part d'y ai adjoint un filtre analogique WASP (avec LFO et saturation) ainsi qu'un phaser et un delay ce qui en fait un synthé basique mais redoutable.

Quelles sont les choses que vous appréciez le plus et le moins ?

Les + :

- L'interface CV/gate sans laquelle cette machine aurait une utilisation plus que limitée...
- Le son et le grain 100% analogique
- Le sub
- Le detune de l'oscillateur 2
- La possibilité de brancher des pédales de guitare

Les - :

- Le concept de conversion audio/synthé "pitch to CV" peu convaincante et limitée à du bricolage/expérimental
- L'oscillateur unique très limité (pas de PWM)
- La résonance du filtre peu exploitable
- Pas de LFO

En conclusion :

J'ai fait ce choix en remplacement d'un Moog Minitaur parce que je cherchais un synthé mono pour faire de grosses basses velues. Le Minitaur ne m'avait vraiment pas convaincu et je l'ai revendu. Le SPV-355 je l'ai encore et je le garde. Malgré son architecture ultra simpliste et ses possibilités ultra limitées (on reste dans du son analo hyper basique) il envoie du bois avec un gros grain analo bien vintage (ça y est je l'ai dit ! :-D)

Je ne regrette pas mon choix même si aujourd'hui je serais tenté d'essayer un Dreadbox Hadès qui semble très adapté pour le même usage : de la grosse basse analo qui tabasse. Notez quand-même qu'avec 5 octaves vous pouvez également l'utiliser pour des leads et des séquences, il sonnera tout aussi bien et tout aussi basique mais toujours aussi puissant :bravo: