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Deep Impact
7/10
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À une époque où les synthés analogiques connaissent un retour en grâce, Behringer lance sa première création, avec pour objectif d’inonder le marché de ses douze douces voix…

En 2017, le musi­cien qui recherche un synthé analo­gique poly­pho­nique a de plus en plus d’al­ter­na­tives : en tout premier lieu, la gamme complèteDSI, qui ne cesse de s’étof­fer depuis dix ans, couvrant plutôt le haut de gamme. Puis les produits Elek­tron et leur concep­tion si parti­cu­lière, en milieu de gamme. En entrée de gamme, on trouve le Mini­logue de Korg, une belle petite bombe. Élitistes, les produits Studio Elec­tro­nics et Modal se font plutôt rares en France. Quant au Schmidt Eight Voice, il flotte bien au-delà de la stra­to­sphè­re… en atten­dant The River de l’ami Balo­ran, qui fait de plus en plus chauf­fer ses voix. Behrin­ger était la dernière marque atten­due dans ce domaine, créant la surprise avec, comme premier instru­ment, rien de moins qu’un synthé analo­gique poly­pho­nique : teasers succes­sifs savam­ment orches­trés entre­cou­pés d’ono­ma­to­pées en tout genre d’ar­tistes payés pour s’ex­ta­sier, puis période de silen­ce… on commençait à se deman­der si la machine fini­rait par arri­ver dans nos boutiques préfé­rées. C’est désor­mais chose faite, et comme Behrin­ger aime bien maîtri­ser ses rela­tions avec la presse, Audio­fan­zine a décidé d’en ache­ter un en maga­sin pour avoir la paix. Merci patron !

Panneau compact

Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (83117)

Le Deep­Mind 12 est bien emballé, avec ses pains en mousse véri­table dans une boîte en carton noire elle-même dans une autre boîte en carton noire, ce qui nous fait trois boîtes vu que ledit maga­sin rajoute un carton pour l’ex­pé­di­tion. La machine est très compacte, avec un panneau moins profond que les touches stan­dard du clavier. Du coup, elle ne dépasse pas les 26 cm pour 82 cm de large. Ques­tion poids, on atteint 8,4 kg, avec une coque robuste inté­gra­le­ment en métal couleur anthra­cite et des flancs en bois épais rouge vermillon.

Les commandes couvrent la façade, avec 26 curseurs de 35 mm offrant une bonne résis­tance (pouvant agir en modes saut ou seuil), 33 boutons lumi­neux, 2 poten­tio­mètres (volume et porta­mento), un enco­deur de données et 2 molettes rétro-éclai­rées pour le pitch bend et les modu­la­tions. Tout cela engage à tripo­ter les sons sans rete­nue. La qualité de construc­tion est très bonne, nous irons même jusqu’à écrire quasi irré­pro­chable ; d’ailleurs Behrin­ger garan­tit son synthé trois ans en Europe.

Les diffé­rentes sections de synthèse sont répar­ties sur toute la façade, avec de gauche à droite, l’ar­pé­gia­teur, les LFO, les oscil­la­teurs, le VCF, le VCA et les enve­loppes. Les 3 enve­loppes se partagent leurs commandes, avec 4 curseurs et 4 boutons pour éditer leurs points et leurs courbes ; dans les autres sections, on trouve une touche EDIT pour accé­der à l’en­semble des para­mètres dispo­nibles via une ou deux pages de menu ; on doit alors utili­ser les commandes d’édi­tion, compo­sées de quatre boutons (navi­ga­tion, incré­men­ta­tion/décré­men­ta­tion), un enco­deur et un curseur de données. Même si l’ac­cès aux para­mètres est rapide, on aurait préféré dispo­ser de toutes les commandes en direct, car on se retrouve souvent dans l’édi­teur. Dès que l’on change un para­mètre, l’écran rétro-éclairé mono­chrome affiche la valeur éditée et la valeur stockée, avec une repré­sen­ta­tion graphique du para­mètre édité (courbe, onde, curseur, poten­tio­mètre, routa­ge…). Il n’est pas de la dernière géné­ra­tion, mais s’avère fort utile, avec son contraste et sa lumi­no­sité ajus­tables. Pour faci­li­ter la program­ma­tion, une touche COMPARE permet non seule­ment de compa­rer un programme en cours, mais aussi de bascu­ler en mode manuel ou d’ini­tia­li­ser les réglages ; les valeurs initiales, compa­rées et/ou rappe­lées sont affi­chées simul­ta­né­ment. Sympa !

Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (55970)

Le clavier de 49 touches stan­dard est sensible à la vélo­cité initiale et de relâ­che­ment, ainsi qu’à la pres­sion (sensi­bi­li­tés ajus­tables, par ailleurs sources de modu­la­tions). Semi-lesté avec des petites masse­lottes, il est bien agréable au toucher ; il a toute­fois tendance à claquer dès qu’on frappe fort. Quatre octaves, cela fait un peu court pour un synthé poly­pho­nique, mais cela semble à la mode ces derniers temps (on pense notam­ment aux derniers DSI ou Roland, qui ont emboité le pas à Clavia/Nord…). Heureu­se­ment, on peut trans­po­ser à la volée sur plus ou moins deux octaves grâce à deux boutons dédiés. À gauche du clavier, on trouve deux molettes de pitch bend et de modu­la­tion dont la lumi­no­sité varie suivant l’ac­tion.

À l’al­lu­mage, on se rend compte que le Deep­Mind 12 est équipé de deux venti­la­teurs pour se refroi­dir. On peut les ralen­tir pour limi­ter leur bruit, voire les arrê­ter ; mais s’ils sont là, c’est bien pour quelque chose, donc prudence ! Toute la connec­tique est située à l’ar­rière : sorties audio stéréo (jacks 6,35 symé­triques), sortie casque, prises pour deux pédales (sustain et conti­nue/CV), trio MIDI et prise USB (données MIDI unique­ment). L’ali­men­ta­tion interne est univer­selle et on trouve une borne IEC 3 broches dotée d’un gros inter­rup­teur, appré­ciable dans cette gamme de prix !

Grain spéci­fique

Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (87977)

Le Deep­Mind 12 est un synthé­ti­seur analo­gique poly­pho­nique de 12 voix, chaque voix dispo­sant de sa petite LED de contrôle en façade. La machine est mono­tim­brale, un peu dommage compte tenu du nombre de voix dispo­nibles. Elle est livrée avec 1 024 programmes réins­crip­tibles, sélec­tion­nables par banque (A à H), par caté­go­rie (16 types dont 4 à défi­nir) et par incré­men­ta­tion/décré­men­ta­tion (via deux boutons ou le curseur de données, pour aller vite).

Disons-le tout de suite, la plupart des sons d’usine sont gavés d’ef­fets tape-à-l’œil, de modu­la­tions complexes et d’autres trucs qui bougent pas évidents à réuti­li­ser. Ils couvrent certes un large spectre, mais ne mettent pas telle­ment en valeur le côté analo­gique de la machine. Nous avons donc programmé quelques sons clas­siques afin d’ex­plo­rer ces aspects. Pour obte­nir une certaine épais­seur, il faut limi­ter les niveaux, jouer fine­ment du filtre, bien doser les effets et au moins doubler les voix. On se retrouve souvent avec 2 ou 3 voix par note pour trou­ver cette ampleur analo­gique. Le VCF offre une couleur inté­res­sante, pleine de promesses ; mais à la base, les DCO sont fins. Ce n’est pas un défaut, mais celui qui recherche un son analo­gique vintage ne trou­vera pas son bonheur ici. En revanche, le Deep­Mind 12 est très à l’aise dans les textures évolu­tives et planantes, les percus­sions analo­giques (les enve­loppes savent claquer !) ou les effets spéciaux. Tout compte fait, il sonne un peu comme un synthé hybride à oscil­la­teurs numé­riques et filtre analo­gique.

Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (91601)

Pour recréer l’in­sta­bi­lité des synthés d’an­tan, les construc­teurs s’éver­tuent à program­mer des algo­rithmes qui simulent des varia­tions plus ou moins subtiles dans le son : cela peut concer­ner l’ac­cor­dage des oscil­la­teurs, la symé­trie des formes d’ondes, le cali­brage des filtres, le niveau des VCA, les temps d’en­ve­lop­pes… le Deep­Mind 12 est assez complet en la matière, puisqu’on peut défi­nir sépa­ré­ment l’in­sta­bi­lité des oscil­la­teurs et globa­le­ment celle des autres compo­sants. Et c’est réussi, beau­coup de compo­santes sonores évoluent ainsi aléa­toi­re­ment. D’ailleurs, nous avons rencon­tré un curieux bug lorsque le para­mètre DRIFT des oscil­la­teurs est réglé sur zéro : certaines voix se mettent à jouer à l’oc­tave. Nous avons laissé chauf­fer la machine et lancé un cali­brage de tous les para­mètres analo­giques (et il y en a un paquet, cela prend une bonne heure !), mais rien n’y a fait ! Cepen­dant, il suffit de mettre un poil de Drift pour que cela cesse (l’ef­fet reste suffi­sam­ment faible pour passer inaperçu). Il arrive aussi qu’en chan­geant de programme, le son joue seul, sans raison. L’OS 1.0.3 testé reste donc à amélio­rer…

00 Bass SwSq
00:0000:38
  • 00 Bass SwSq 00:38
  • 01 Bass Var 00:23
  • 02 Bass Hard Res 00:23
  • 03 Pad 4P 00:18
  • 04 Pad 2P 00:19
  • 05 Strings 00:29
  • 06 Poly­synth 00:24
  • 07 Poly Drift 00:32
  • 08 Hybrid 00:40
  • 09 EP 00:27
  • 10 Arp1 00:26
  • 11 Arp2 00:36
  • 12 Sq Attack 00:20
  • 13 Saw Solo 00:36
  • 14 Sync 00:32
  • 15 SFX 00:36

DCO en duo

Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (70209)

Chaque voix du Deep­Mind 12 est consti­tuée de 2 DCO (discrets), 1 VCF, 1 VCA stéréo pour ce qui est de la partie analo­gique, les modu­la­tions étant toutes numé­riques. Le DCO1 offre deux ondes cumu­lables : dent de scie et impul­sion à largeur variable. Son pitch est réglable sur 16–8–4 pieds et direc­te­ment modu­lable par une source assi­gnable : l’un des 2 LFO (modu­la­tion bi- ou unipo­laire) ou l’une des 3 enve­loppes. On peut influer sur la modu­la­tion du pitch avec la pres­sion et la molette de modu­la­tion. Comme les LFO peuvent oscil­ler à des niveaux audio, la FM est possible. La largeur d’im­pul­sion peut être contrô­lée manuel­le­ment ou direc­te­ment via une source de modu­la­tion (un LFO ou une enve­loppe), de 50% (onde carrée) à 99% (largeur d’im­pul­sion mini­male, mais pas nulle).

Le DCO2 ne dispose que d’une onde carrée à contenu harmo­nique variable (impul­sion posi­tive/néga­tive symé­trique), passant progres­si­ve­ment d’un son doux à un son métal­lique, très diffé­rent d’une impul­sion modu­lée. Son pitch est réglable sur 16–8–4 pieds et peut être décalé sur plus ou moins une octave (réglages par demi-ton, avec zone fine au centre par centième de demi-ton). Contrai­re­ment au DCO1, il dispose d’un réglage direct de niveau. Le pitch et le contenu harmo­nique du DCO2 disposent des mêmes sources de modu­la­tion directe que le DCO1. Le DCO2 peut être synchro­nisé au DCO1. En revanche, on ne trouve pas de modu­la­tion en anneau. Enfin, on trouve un géné­ra­teur de bruit rose analo­gique global, avec contrôle de niveau.

Filtre de carac­tère

Les signaux des DCO et du géné­ra­teur de bruit entrent ensuite dans le filtre. Ce dernier, conçu par Midas, est « inspiré » du circuit inté­gré Roland IR3109, qui a fait les beaux jours des synthés de la marque, de la fin des 70’s au début des 80’s, notam­ment les Jupi­ter-4 (Rev2), Jupi­ter-8, Juno-6/60, JX-3P. Il s’agit d’un filtre passe-bas réso­nant 2 ou 4 pôles capable de dépas­ser l’auto-oscil­la­tion. Nous lui trou­vons beau­coup de carac­tère, avec une belle colo­ra­tion, mais la réso­nance peut deve­nir très chao­tique quand le filtre auto-oscille, bien plus que sur les synthés dont il s’ins­pire (tous, d’ailleurs, n’étant pas cali­brés pour auto-oscil­ler, comme le JP-8 et le JX-3P). Au-delà d’un certain seuil très sensible, l’onde sinus ainsi géné­rée laisse la place à des hurle­ments instables pas toujours très musi­caux. Notons que la fréquence de coupure est parfai­te­ment lisse quand on bouge le curseur dédié, sur une plage de 50 Hz à 20 kHz. Elle est direc­te­ment modu­lable par une enve­loppe dédiée (avec inver­seur), le suivi de clavier (0 à 100 %), un LFO (contrôlé par la pres­sion et la molette de modu­la­tion), la vélo­cité et le pitch bend (!). La réso­nance, pour sa part, est une desti­na­tion de la matrice de modu­la­tion, bien vu !

À la sortie du VCF, le signal (de chaque voix) entre dans un VCA stéréo, direc­te­ment modu­lable par une enve­loppe dédiée, la vélo­cité et le curseur idoine (offset). On peut modu­ler le pano­ra­mique via la matrice ou régler l’es­pa­ce­ment des voix dans le champ stéréo­pho­nique (para­mètre SPREAD ajus­table et aussi modu­lable via la matrice). Les 12 voix sont ensuite mélan­gées en stéréo puis entrent dans un filtre global passe-haut 6 dB/octave (1 pôle) non réso­nant. On pour­rait encore repro­cher à Behrin­ger d’avoir pompé (enfin, de s’être inspiré de) la concep­tion des synthés vintage Roland, à ceci près qu’on peut ici modu­ler la fréquence de coupure via la matrice. Ce HPF est couplé à un boos­ter de basses analo­gique ajou­tant +12 dB à 100 Hz ; il est bien utile, car le Deep­Mind 12 serait un peu léger dans les graves sans cet élément.

Modu­la­tions matri­cielles

Le porta­mento est capable de fonc­tion­ner suivant 14 modes distincts : à temps constant, vitesse constante, expo­nen­tiel, Auto­bend, tout cela avec ou sans chevau­che­ment de notes et balance de l’ac­tion entre les deux DCO… il manque toute­fois des fonc­tions de Glide, avec glis­se­ments discrets. Passons aux deux LFO, iden­tiques. Ils offrent 7 formes d’onde : sinus, triangle, carré, rampe, dent de scie, S&H et Sample&Glide (S&H glissé). La vitesse initiale peut être réglée entre 0,04 Hz et 65 Hz (début du niveau audio) ; avec la matrice de modu­la­tion, on peut pous­ser jusqu’à 1 280 Hz et ainsi créer des effets audio tels que la cross-modu­la­tion d’os­cil­la­teurs (il suffit d’as­si­gner le numéro de note à la vitesse du LFO) ou la FM. On peut aussi synchro­ni­ser la vitesse des LFO à l’hor­loge interne ou MIDI, par divi­sion tempo­relle (de 4 mesures à 1/64e de mesure). Les autres para­mètres concernent le délai (0 à 6 secondes), le temps de fondu, la synchro de cycle à la note/le cycle libre, le lissage et la phase (un LFO commun à toutes les voix, un LFO par voix ou des LFO dépha­sés entre les voix suivant un para­mètre SPREAD).

Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (30053)

On trouve ensuite trois enve­loppes ADSR préas­si­gnées respec­ti­ve­ment au VCF, au VCA et à une modu­la­tion défi­nie dans la matrice. Origi­na­lité, les courbes d’en­ve­loppes sont réglables en continu, à l’aide des curseurs parta­gés ; cela permet de passer en douceur de courbes expo­nen­tielles à loga­rith­miques pour les temps et de chan­ger la pente du sustain. Excellent pour créer des enve­loppes complexes en très peu de temps ! Les enve­loppes peuvent être déclen­chées par les notes, les LFO, le séquen­ceur de contrôle ou jouées en boucle. Enfin, le Deep­Mind 12 offre une matrice de modu­la­tion à 8 cordons, permet­tant de relier 22 sources à 129 desti­na­tions, y compris les para­mètres d’ef­fets. Les connexions se font dans une page de menu dans laquelle les 8 cordons virtuels sont acces­sibles en même temps ; il suffit alors de choi­sir la source, la quan­tité de modu­la­tion bipo­laire puis la desti­na­tion. Parmi les sources, citons les contrô­leurs physiques (molettes, pédales, clavier dyna­mique), les LFO, les enve­loppes, le numéro de note et trois CC MIDI. Parmi les desti­na­tions, citons la quasi-inté­gra­lité des para­mètres des LFO, des enve­loppes (y compris les types de courbes), des DCO, du VCF, du VCA, du HPF, du Drift, des effets et des 8 modu­la­tions matri­cielles (modu­la­tions de modu­la­tions). De l’ex­cellent travail !

Effets bien inspi­rés

Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (74483)

La section d’ef­fets du Deep­Mind 12 est un modèle du genre. On dispose de 4 multief­fets assi­gnables suivant 10 combi­nai­sons, à savoir diffé­rents routages combi­nant série/paral­lèle/feed­back. Ce dernier comprend un HPF à 30 Hz sur le retour de boucle pour éviter d’ex­plo­ser les membranes de ses enceintes ou de ses oreilles. Les effets peuvent être utili­sés en inser­tion, en auxi­liaire ou contour­nés ; dans ce dernier cas, un circuit permet de conser­ver un signal 100 % analo­gique. Chaque multief­fet compte 34 algo­rithmes : réverbes, EQ/compres­seurs/distor­sions/Gate, délais, ensem­bles… certains comptent 12 para­mètres éditables, la plupart étant modu­lables via la matrice. Outre cette puis­sance remarquable dans cette gamme de prix et inha­bi­tuelle sur un synthé analo­gique, la qualité est excel­lente en tout point : réverbes soignées, chorus amples, compres­seurs effi­caces, délais malléables à souhait…

Certains algo­rithmes sont signés TC Elec­tro­nic, Midas ou encore Klark Teknik, des marques de Music Group, créé par Behrin­ger. D’autres effets sont « inspi­rés » de légendes n’ap­par­te­nant pas au groupe, le construc­teur n’hé­si­tant pas à citer les marques et les produits imités, ce qui est léga­le­ment accep­table, mais déon­to­lo­gique­ment contes­table : on lit dans les pages du manuel (par ailleurs excellent !) et du site inter­net les noms d’EMT 250, Lexi­con 300480L/PCM70, SPL Vita­li­zer, Tech21 SansAmp, Edison EX1+, Tel-Ray Delay, Fair­child 670… sans oublier les allu­sions aux marques qui ne sont pas expli­ci­te­ment nommées, par exemple le « Dimen­sio­nal Chorus » avec un graphisme qui ne prête pas à confu­sion ! Pour nous faci­li­ter la tâche dans la program­ma­tion des effets, on trouve les fonc­tions copier/coller/dépla­cer. Une très belle section qui tire bien parti des déve­lop­pe­ments et acqui­si­tions maison…

Dites trente-deux

Pas toujours présente, la fonc­tion de mémoire d’ac­cords rend parfois des services bien utiles. Ici, elle est décli­née en deux modes, capables de gérer jusqu’à 12 notes : le premier permet de mémo­ri­ser un accord et de le trans­po­ser sur tout le clavier (Mono Chord) ; le second permet de placer diffé­rents accords sur chaque touche (Poly Chord).

Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (51450)

Le Deep­Mind 12 est aussi doté d’un arpé­gia­teur program­mable. Il peut agir de 1 à 6 octaves, suivant 11 motifs (haut, bas, alterné, avec inver­sion, aléa­toire, suivant l’ordre joué, en accord…), avec une divi­sion tempo­relle lui permet­tant d’être synchro­nisé à l’hor­loge interne ou MIDI (de 1/2 à 1/48e de mesure, y compris les trio­lets et notes poin­tées). On peut aussi régler le temps de Gate, mettre un peu de swing et acti­ver une fonc­tion Hold. Mieux, on peut créer un motif de modu­la­tion, permet­tant de faire varier le temps de Gate et la vélo­cité sur 32 pas. On trouve ainsi 32 motifs presets et 32 program­mables. Les notes arpé­gées peuvent être trans­mises en MIDI si on le souhaite, tout cela étant para­mé­trable.

Enfin, il existe un séquen­ceur de contrôle, qui n’est autre qu’une source de modu­la­tion cyclique program­mable sur 32 pas et assi­gnable via la matrice. Pour chaque pas, on défi­nit la valeur de modu­la­tion bipo­laire, ce qui permet de tracer une courbe en esca­lier. On peut globa­le­ment choi­sir la divi­sion tempo­relle (4 mesures à 1/64e de mesure), la longueur de la séquence, le swing et le facteur de lissage (passage d’une modu­la­tion en esca­lier à une modu­la­tion douce). Une bonne idée, même si ce séquen­ceur reste moins puis­sant que ce que l’on trouve chez certains concur­rents, avec la gestion des notes et plusieurs lignes de modu­la­tions en paral­lèle, même sur les petits Korg. Un dernier mot pour signa­ler que tout ce qui tourne dans le Deep­Mind 12 (arpèges, LFO, enve­loppes, effets tempo­rels…) peut être synchro­nisé à l’hor­loge interne ou MIDI, suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles.

Liai­sons exté­rieures

Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (64900)

Le Deep­Mind 12 offre diffé­rents moyens de commu­ni­ca­tion pour les données MIDI : DIN, USB (« Class Compliant »), mais aussi un origi­nal Wifi 802.11 b/g à 2,4 GHz (RTP-MIDI). Cela lui permet de dialo­guer avec des PC, tablettes ou smart­phones tour­nant sous Windows/iOS/Android. Le construc­teur propose d’ailleurs un éditeur gratuit sur PC/Mac/iPad (Windows 7/8/10 et OSX). Il s’agit d’un exécu­table auto­nome qui prend en compte l’édi­tion de tous les para­mètres, la gestion d’une biblio­thèque de programmes et la géné­ra­tion d’un programme origi­nal par morphing entre quatre autres. La machine émet et reçoit les CC/NRPN pour les commandes en temps réel, ainsi que les Sysex pour les dumps des programmes.

Fonc­tion origi­nale à signa­ler, les deux prises pour pédales peuvent être utili­sées comme entrées CV/Gate pour pilo­ter le Deep­Mind 12 à partir d’un synthé pure­ment analo­gique, par exemple un modu­laire. On peut défi­nir comment les notes et/ou les arpèges et/ou le séquen­ceur de contrôle sont déclen­chés. Pas mal…


Conclu­sion

En synthèse, le Deep­Mind 12 est un synthé analo­gique avec une poly­pho­nie confor­table, de nombreuses possi­bi­li­tés de modu­la­tion et une remarquable section d’ef­fets. Il en donne beau­coup pour un tarif serré, sans sacri­fier la qualité de construc­tion ni l’er­go­no­mie, qui est correcte au vu du nombre de para­mètres dispo­nibles. C’est sur le plan sonore que nous en rete­nons une impres­sion plus contras­tée, sans doute parce que nous atten­dions des sons analo­giques clas­siques, alors que le synthé se place dans un autre registre. Nous avons appré­cié le grain des filtres, mais les DCO sonnent un peu fins à nos oreilles. Du coup, on peine à créer des sons gras et chauds, aux béné­fices d’une vaste pano­plie de textures hybrides, de percus­sions et d’ef­fets spéciaux. L’ac­qui­si­tion d’un Deep­Mind 12 doit donc être envi­sagé en connais­sance de cause, en évitant de loucher unique­ment sur l’étiquette analo­gique.

Télé­char­gez les extraits sonores (format FLAC)

  • Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (50150)
  • Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (18490)
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  • Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (55970)
  • Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (66447)
  • Behringer DeepMind12 : Behringer DeepMind12 (29730)

 

7/10
Points forts
  • Prix serré
  • Polyvalence sonore
  • Caractère du filtre
  • Qualité des effets
  • Modulations puissantes
  • Arpégiateur bien pensé
  • Prise en main aisée
  • Bonne construction
  • Mémoire très généreuse
  • Gestion des CC/NRPN/Sysex MIDI
  • USB et Wifi intégrés
  • Alimentation interne universelle
  • Clavier semi-lesté très agréable
  • Réponse fluide des commandes
Points faibles
  • DCO un peu fins
  • Pas de dent de scie sur le DCO2
  • Passage obligé par les menus
  • Commandes partagées des enveloppes
  • Pas de séquenceur de notes
  • Générateur monotimbral
  • Pas d’entrée audio externe
  • Des bugs à corriger
  • Déontologie dans « l’inspiration »
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.