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Moog Music MiniMoog Voyager XL
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Test du Moog MiniMoog Voyager XL

Clavier synthétiseur analogique de la marque Moog Music appartenant à la série Minimoog Voyager série

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Analogigantesque !
8/10
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40 ans après le Minimoog, le Voyager XL apporte plus de semi-modularité et de contrôle à la lignée des Voyager. Ne reculant devant aucun sacrifice, AF a mis ses doigts sur cet objet plus luxueux et inaccessible que jamais…

 

MiniMoog Voyager XL

Depuis sa reprise par Mike Adams il y a une dizaine d’an­nées, Moog Music semble aujour­d’hui soli­de­ment instal­lée sur le marché des instru­ments analo­giques élitistes. La gamme s’est étof­fée et struc­tu­rée : Voya­ger, Phatty, Taurus, Mooger­foo­ger, Ether­wave There­min… avec parfois quelques curio­si­tés : le capteur Piano­Bar, des guitares élec­triques et même un appli­ca­tif numé­rique pour iPad (!). L’ac­tua­lité est tout aussi riche : nouveau site inter­net, futurs nouveaux locaux… bref, le soleil brille pour Moog à Ashe­ville et c’est bien mérité ! La société vient égale­ment de fêter les 40 ans du Mini­moog et a profité de l’oc­ca­sion pour sortir une version survi­ta­mi­née du fleu­ron de la marque : c’est ainsi que le Voya­ger XL a été présenté aux musi­ciens en septembre 2010 et mis sur le marché peu avant le NAMM. Dès lors, nous n’avons cessé de traquer la nouvelle star, en véri­tables papa­razzi de la synthèse, ce qui n’a pas été de tout repos. Car depuis 6 mois, impos­sible de mettre la main sur un Voya­ger XL… Heureu­se­ment nous avons fini par en trou­ver un et ce dernier a pris pour quelques semaines la place du Synthex, avec lequel il partage d’ailleurs le poids et le gaba­rit…

Construc­tion premium

MiniMoog Voyager XL

Le Voya­ger XL est une machine élitiste, de très haut stan­ding. Chaque étape de l’ex­pé­rience avec l’ins­tru­ment est un véri­table plai­sir des sens. Au débal­lage du double carton, un immense poster à l’échelle 1 est inséré dans la première boîte, protégé par deux cartons spéci­fiques. À la seconde boîte, on découvre un instru­ment magni­fique sous cello­phane, protégé par des angles en compo­site mou. Une fois débal­lée, la machine dégage une agréable odeur de bois, comme si elle sortait de chez l’ébé­niste. Quelques gouttes perlent à notre front, non seule­ment dues à l’émo­tion, mais aussi à l’éner­gie qu’il faut pour extraire les 28 kg du Voya­ger XL de son embal­lage et le hisser sur notre stand. L’ins­pec­tion des lieux permet de juger immé­dia­te­ment de la qualité de construc­tion : superbe fini­tion de l’ébé­nis­te­rie (érable massif teinté), assem­blages parfaits des parties métal­liques, ancrage vissé des comman­des… Le luxe jusque dans les moindres détails : logo cuivré édition spéciale « 40 ans », supports multiples en caou­tchouc en sous face, câble de rete­nue du panneau mobile, pied de main­tien surdi­men­sion­né… La moindre des choses, vu le poids de la bête. A tel point qu’on peut se deman­der s’il faut emme­ner cette beauté sur scène ! Un petit carton accom­pagne la machine : pédale de Sustain textu­rée, cordons Hosa de couleur pour patches, mode d’em­ploi en papier de luxe, auto­col­lants Moog…

 

MiniMoog Voyager XL

 

La façade est très impres­sion­nante. Elle se compose, pour résu­mer, de l’équi­valent d’un Voya­ger clas­sique sur les deux tiers de droite et d’une baie de bras­sage modu­laire sur le tiers de gauche. Au total, ce panneau ne comporte pas moins de 42 potards conti­nus, 10 potards discrets, 13 inter­rup­teurs à deux posi­tions, 7 pous­soirs, 5 diodes et 65 jacks de modu­la­tions (!), sans oublier la prise casque à droite (avec son potard de volume atti­tré). Manier ces commandes est un vrai plai­sir : elles sont large­ment dimen­sion­nées, bien espa­cées et leur réponse est parfaite (clics francs pour les potards à valeurs discrètes, flui­dité excep­tion­nelle des potards conti­nus). Les jacks sont soli­de­ment ancrés et le contact des connec­teurs très ferme. Bref, le Voya­ger XL respire la qualité à tous les niveaux !

 

 

Prise en main aisée

MiniMoog Voyager XL

L’er­go­no­mie est excel­lente, comme toujours chez Moog : la partie physique est parfaite, d’une logique et d’une clarté impla­cables, avec de gauche à droite : section patches, LFO et bus de modu­la­tions, VCO, mixeur, VCF et VCA final. La partie logi­cielle fonc­tionne à l’aide d’un LCD rétro éclairé 128 × 64 points, complété par des touches de mode (Panel, Edit et Master) et de navi­ga­tion (curseur, entrée avec Edit / Compare inté­gré, incré­ment / décré­ment). Dès qu’on bouge une commande, l’écran affiche son nom ainsi que ses valeurs (stockée / éditée), pour une durée à défi­nir. Dans les diffé­rentes pages menu, on peut régler beau­coup de choses, y compris des para­mètres de synthèse assez puis­sants dont nous repar­le­rons (en parti­cu­lier les pôles des filtres, certaines modu­la­tions…). On imagine la taille de l’ins­tru­ment s’il avait fallu mettre tout cela en façade : plus gros qu’un Schmidt Eight­voice !

Ques­tion contrô­leurs, nous sommes plutôt gâtés : d’abord, le pavé tactile sous le LCD qui répond à la posi­tion en « XY » et à l’aire « A » de surface couverte ; à ce sujet, si on peut s’ex­pliquer que le construc­teur ait souhaité faire des écono­mies d’échelle pour la concep­tion du Voya­ger XL, on regrette cepen­dant la posi­tion excen­trée à droite du pavé tactile. Pour­sui­vons notre visite par le ruban de contrôle de 500 mm bipo­laire, situé au-dessus du clavier ; hélas il faut l’as­si­gner à sa desti­na­tion à l’an­cienne, au cordon ; de plus, la modu­la­tion demeure en l’état quand on le relâche, il ne revient pas à zéro, ce qui en limite l’uti­li­sa­tion. Viennent ensuite les 2 molettes, opaques, l’une dédiée au Pitch­bend (avec ressort un peu trop raide) et l’autre aux modu­la­tions. Enfin, le clavier léger Fatar 61 touches lestées, sensible à la vélo­cité et à la pres­sion ; sa réponse en dyna­mique est très agréable et la pres­sion se dose parfai­te­ment, contrai­re­ment au Voya­ger origi­nel qui est plutôt abrupte en la matière.

MiniMoog Voyager XL

Le panneau avant peut s’in­cli­ner selon 5 angles, ce qui devrait conve­nir à tous. À l’ar­rière de ce panneau, on trouve le reste de la connec­tique : une paire de sorties audio stéréo, un trio Midi, 2 connec­teurs BNC pour lampes col de cygne (non four­nies), un inter­rup­teur secteur et une borne pour câble secteur (alimen­ta­tion interne univer­selle, of course !). Il y a aussi 2 jacks d’in­ser­tion d’ef­fet et d’en­trée audio pré-filtre (nous y revien­drons). Bref, c’est comme un Voya­ger clas­sique, mis à part que les jacks d’en­trée et le port de sortie 25 broches sont inté­grés dans la baie de bras­sage en façade. Tiens, il n’y a pas de prise USB, alors que les instru­ments de la série Phatty en ont une. Autre point de mécon­ten­te­ment toujours pas réglé depuis que les premiers Voya­ger sont arri­vés sur la Terre (2002), les potards fonc­tionnent unique­ment mode saut, ce qui contraint les utili­sa­tions live. Ce n’est pas faute de râler auprès du construc­teur !

 

Sound of Moog

MiniMoog Voyager XL

Le Voya­ger XL est un synthé analo­gique mono­pho­nique à mémoires basé sur des compo­sants discrets. Les VCO, VCF, VCA et modu­la­tions sont tous analo­giques. Les tensions de commandes des para­mètres sont conver­ties en valeurs numé­riques pour le stockage (et réci­proque­ment pour la relec­ture des banques). Toutes les commandes cruciales sont codées en 14 bits (16384 valeurs), ce qui évite tout effet de palier audible. Par exemple, la réponse des 3 VCO (hauteur, forme d’onde, niveau), des 2 VCF (tous les para­mètres conti­nus), du VCA et des 2 enve­loppes est abso­lu­ment limpide. Il en est de même pour la molette de modu­la­tion. Ces para­mètres utilisent 2 CC Midi simul­ta­nés, sachant que l’on peu débrayer la molette sur 1 CC (7 bits) pour la rendre compa­tible avec tout appa­reil externe qu’elle serait amenée à pilo­ter en Midi. La partie modu­laire de gauche, elle, n’est pas mémo­ri­sable : les puristes appré­cie­ront. Le géné­ra­teur sonore est mono­pho­nique, mais le clavier est poly­pho­nique, ce qui permet, entre autres, de pilo­ter des instru­ments Midi externes et de réinjec­ter le signal dans l’en­trée audio pour trai­te­ments globaux ulté­rieurs.

L’ins­tru­ment renferme une mémoire de 8 banques de 128 programmes, dont 7 sont entiè­re­ment repro­gram­mables. Toutes les banques sont déjà remplies, avec tous les sons de la saga Voya­ger : Signa­ture Edition, Elec­tric Blue, Anni­ver­sary, Select, Rack Mount… la liste des contri­bu­teurs est impres­sion­nante (Herbie Hancock, Rick Wake­man, Brian Kehew… pour n’en citer que trois). Navi­guer dans un millier de programmes sans pavé numé­rique peut s’avé­rer très galère. Heureu­se­ment, lorsque l’in­ter­rup­teur dédié à l’en­trée audio est sur arrêt, le potard « Exter­nal » permet de faire défi­ler les programmes très rapi­de­ment, bien vu ! Un éditeur externe est prévu, mais il est payant, pfff ! Bon alors comment ça sonne ? Du pur Moog, avec une qualité sonore excep­tion­nelle et une variété de timbres hallu­ci­nante. On retrouve avec pur bonheur les basses filtrées rondes avec cette réso­nance si musi­cale, les basses satu­rées grasses avec filtre ouvert, les leads subtils si purs. Signa­ture maison, la patate incroyable qui coupe bien net dans un mix. Là où le Voya­ger XL va bien plus loin que le Mini­moog et le Voya­ger « clas­sique », c’est dans les possi­bi­li­tés de modu­la­tions induites par la baie de bras­sage : à nous les effets spéciaux, drones et autres sons évolu­tifs impro­bables. Cette qualité sonore est subli­mée par les contrô­leurs addi­tion­nels et le grand clavier qui rendent le Voya­ger XL plus expres­sif que jamais.

 

 

Bass Aaaargh
00:0000:30
  • Bass Aaaargh00:30
  • Bass Res & fluide00:32
  • Bass NW00:12
  • Bass Mabuse00:17
  • Bass Space Freq00:30
  • Bass Sweep00:21
  • Bass Attack00:35
  • Bass Acid00:16
  • Bass Fat00:16
  • Lead Sync00:28
  • Lead Yazoo00:10
  • Lead Voice00:46
  • Lead Res00:16
  • Lead Smooth00:39

Ondes variables en continu

Moog MiniMoog Voyager XL

Tradi­tion Mini­moog oblige, le Voya­ger XL offre 3 VCO analo­giques capables de travailler sur 8,5 octaves, avec une parfaite stabi­lité en tempé­ra­ture. Le VCO3 peut égale­ment être commuté à basse fréquence, sous les 20 Hz, pour servir de modu­la­teur vibra­toire (sous les niveaux audio). Le VCO1 est l’os­cil­la­teur maître sur lequel sont accor­dés plus ou moins fine­ment les 2 autres VCO, en posi­tif comme néga­tif. Chacun possède des formes d’ondes conti­nuel­le­ment variables et modu­lables, contrai­re­ment au Mini­moog. Elles passent toute­fois par les valeurs remarquables de l’an­cêtre, parmi lesquelles, triangle, dent de scie, carré et rectangle. La modu­la­tion de largeur d’im­pul­sion est possible (entre carré et rectangle, jusqu’au silence). Par contre, pas d’em­pi­lage de formes d’ondes au sein d’un même oscil­la­teur ni de Sub-VCO, ce qui ne pose à vrai dire aucun problème de richesse sonore.

Les VCO peuvent inter­agir : synchro­ni­sa­tion du VCO2 sur le VCO1, FM linéaire du VCO1 par le VCO3 (comme sur les synthés FM), le suivi de clavier de ce dernier pouvant être décon­necté pour créer des effets de réso­nance interne (formants). En revanche, il n’y a pas de modu­la­tion en anneau, un peu domma­ge… Il existe un porta­mento avec bouton de marche / arrêt direct situé juste au-dessus des molettes et potard de vitesse en façade. Enfin, un potard est dédié à l’ac­cor­dage fin de la machine, qui néces­site quelques minutes de chauffe, mais devient parfai­te­ment stable ensuite comme nous l’avons dit (on n’est pas sur un Mini­moog). Aux VCO s’ajoutent un géné­ra­teur de bruit (mélange blanc et rose, non éditable) et une entrée audio pour trai­ter des sources externes (niveau instru­ment / ligne) via les filtres.

Mélange déto­nant

Moog MiniMoog Voyager XL

Les 5 sources audio sont mixées très fine­ment (bouton marche / arrêt et potard de volume pour chaque source) avant d’être envoyées dans les filtres. Les niveaux audio sont très élevés et permettent une légère satu­ra­tion carac­té­ris­tique du Mini­moog, produi­sant un son gras et chaud. Voici une petite astuce que nous utili­sons couram­ment sur notre propre Voya­ger pour accen­tuer cet effet de feed­back avant filtrage : en fabri­cant un câble jack TRS stéréo avec TR ponté – câble mono – jack mono TS, on peut renfor­cer sérieu­se­ment la satu­ra­tion analo­gique dans la section mixage pré-filtre. Le jack TRS ponté en TR, une fois connecté sur la borne « Mixer Out / Filter In », permet de préle­ver la sortie du mixeur avant filtrage tout en assu­rant la conti­nuité du signal. Le jack TS, connecté sur la prise « Exter­nal Audio In », permet d’injec­ter le signal de sortie du mixeur en entrée audio pré-mixeur. Avec l’in­ter­rup­teur de la section mixage « Exter­nal », on active l’ef­fet et avec le potard de niveau, on crée un gain addi­tion­nel et ainsi de la satu­ra­tion. La diode asso­ciée permet d’en contrô­ler l’ac­tion. Le mieux, c’est que c’est program­mable ! À nous les basses bien grasses ou les leads qui coupent dans le mix.

Ce n’est toute­fois pas équi­valent à un véri­table feed­back, qu’il faut obte­nir diffé­rem­ment. Pour ne pas endom­ma­ger les circuits, il convient de travailler avec des niveaux instru­ment / ligne. Donc il faut éviter à tout prix d’uti­li­ser la sortie casque, sauf à bas niveau, contrai­re­ment à ce qu’on voit parfois chez certains utili­sa­teurs de Voya­ger. Au pire, mieux vaut préle­ver le signal audio sur l’une des sorties lignes stéréo. On regrette vrai­ment que le Voya­ger XL n’offre pas une connec­tique addi­tion­nelle pour cet usage, qui nous aurait permis de refaire les effets si prisés de feed­back façon Mini­moog sans faire d’acro­ba­ties dans le câblage !

Belle paire de filtres

Moog MiniMoog Voyager XL

Le Voya­ger XL offre 2 filtres Moog réso­nants à échelle pouvant travailler sur 1–2–3–4 pôles. Le nombre de pôles se règle via le menu pour chacun des 2 filtres et est mémo­risé par programme. Ces filtres peuvent être asso­ciés de 2 façons : double passe-bas ou passe-bas + passe-haut. En mode double passe-bas, les 2 filtres sont placés en paral­lèle ; le « Cutoff » agit sur la fréquence de coupure des 2 filtres simul­ta­né­ment alors que le « Spacing » joue sur la largeur de sépa­ra­tion des fréquences ; on crée alors une réponse à double crête, comme si on jouait 2 synthés en même temps ; la sortie de chaque filtre est routée vers l’une des sorties audio ; comme le « Spacing » est bipo­laire, on peut inver­ser les signaux gauche et droit (moins filtré – plus filtré), bien vu ! Cela donne des résul­tats de dédou­ble­ment parti­cu­liè­re­ment inté­res­sants sur tout type de son. En mode passe-bas + passe-haut, les 2 filtres sont placés en série, créant ainsi un filtre passe-bande dont le « Cutoff » règle la fréquence centrale et le « Spacing » la largeur de bande ; dans ce mode, le signal est indif­fé­rem­ment envoyé aux 2 sorties audio. On règle ensuite la réso­nance, qui n’agit que sur les filtres passe-bas, quel que soit le mode retenu ; cette dernière pousse le filtre en auto-oscil­la­tion à envi­ron 80% de sa course. Dommage qu’il n’y ait pas 2 filtres tota­le­ment sépa­rés (fréquence et réso­nance), avec possi­bi­lité de routage des sources audio avant filtrage et mixage en sortie des deux filtres. On reste sur la concep­tion du Voya­ger origi­nel, le modèle XL n’a pas évolué dans ce domaine.

La qualité audio de ces filtres est de tout premier ordre, surtout en mode double passe-bas, avec une musi­ca­lité tout en rondeur à fréquence basse et un grain très gras lorsqu’on ouvre le filtre. Quand on fait varier la réso­nance, il n’y a pas d’ef­fet d’ef­fon­dre­ment des niveaux, et ce jusqu’à l’auto-oscil­la­tion. De même, on ne note pas le moindre effet de palier quand on tourne le potard de coupure. Lorsque le Voya­ger origi­nel était sorti, nous l’avions testé côte à côte avec un Mini­moog en aveugle ; il nous avait été alors impos­sible de dépar­ta­ger la réponse du filtre de chaque machine. La fréquence du filtre dispose d’une enve­loppe ADSR dédiée avec modu­la­tion bipo­laire et d’un suivi de clavier. Vient ensuite le VCA stéréo final, avec sa propre enve­loppe ADSR.

Modu­la­tions program­mables

Comme nous venons de la voir, le Voya­ger XL offre 2 enve­loppes ADSR pré-routées vers le filtre et le volume. Les temps varient de 1 milli­se­conde à 10 secondes. On retrouve la patate des enve­loppes de Mini­moog, qui enterrent à peu près toutes les enve­loppes connues. Au studio, seul l’OB1 (en plus du Voya­ger SE) arrive à riva­li­ser avec ses enve­loppes entiè­re­ment discrètes. Un inter­rup­teur situé au-dessus des molettes permet de neutra­li­ser le temps de Release, si on le souhaite. On trouve aussi un LFO prin­ci­pal pure­ment analo­gique, produi­sant simul­ta­né­ment 2 formes d’ondes : triangle et carré ; il est couplé à un circuit Sample & Hold, qui utilise l’onde carrée et le géné­ra­teur de bruit pour produire des modu­la­tions aléa­toires. La fréquence d’os­cil­la­tion est ajus­table de 0,2 à 50 Hz, c’est-à-dire le bas du spectre audio. Le cycle du LFO peut fonc­tion­ner libre­ment ou être déclen­ché par diffé­rentes sources : clavier, entrée Gate des enve­loppes ou synchro Midi ; dans ce dernier cas, comme le LFO est pure­ment analo­gique, il s’agit du cycle qui est redé­clen­ché en synchro­ni­sa­tion, quelle que soit la vitesse, et non pas la vitesse qui est synchro­ni­sée. Une diode dédiée s’al­lume d’ailleurs suivant la fréquence du LFO.

Moog MiniMoog Voyager XL

Côté modu­la­tion matri­cielle, le Voya­ger XL possède 2 bus analo­giques program­mables. Leur archi­tec­ture est assez complexe, alors c’est le moment de s’ac­cro­cher un peu. Pour chaque bus, on choi­sit d’abord une première source de modu­la­tion : LFO triangle, LFO carré, VCO3, S&H, On / Entrée modu­la­tion 1 ou 2, bruit / programme ; par « On / entrées modu­la­tions », il faut comprendre que la modu­la­tion est contrô­lée par 2 entrées CV / Gate externes (Mod 1 et Mod 2) ou acti­vée plein pot si rien n’est connecté à ces entrées ; par « programme », il faut entendre une desti­na­tion program­mable que l’on peut affec­ter via le menu en plus du bruit : enve­loppe de filtre, enve­loppe de volume, S&H, VCO1, VCO2, posi­tion X de la surface tactile et posi­tion Y. Ensuite, on défi­nit un modu­la­teur de signal (enve­loppe de filtre, vélo­cité, pres­sion, On / programme) ; pour la posi­tion « On / programme », le choix du modu­la­teur se fait dans le menu, parmi 43 valeurs : en gros, tous les contrô­leurs physiques et tous les potards mémo­ri­sables du Voya­ger XL ! Puis vient le réglage de la quan­tité de modu­la­tion (posi­tive unique­ment) et le choix de la desti­na­tion (pitch, VCO2 seul, VCO3 seul, filtre, toutes les ondes des VCO, vitesse du LFO / programme) ; là encore, le choix « programme » se fait dans le menu : niveau du VCO1, niveau du VCO2, niveau du VCO3, niveau du bruit, coupure du filtre, Spacing et pano­ra­mique. Mais ce n’est pas fini, puisque la modu­la­tion finale est comman­dée par un contrô­leur physique : sur le premier bus, c’est la quan­tité de modu­la­tion produite par la molette qui vient se multi­plier à la modu­la­tion créée, alors que sur le second bus, c’est la modu­la­tion produite par une pédale (ou une valeur fixe si rien n’est connecté) qui module le signal. C’est un peu compliqué à expliquer, mais bigre­ment puis­sant et tota­le­ment mémo­ri­sable.

Semi-modu­la­rité

Moog MiniMoog Voyager XL

Le Voya­ger XL se distingue des « petits » Voya­ger par sa baie de bras­sage modu­laire embarquée dans son tiers gauche qui vient complé­ter les 2 bus évoqués juste avant. Elle ne renferme pas moins de 65 points de patch et 12 poten­tio­mètres, une béné­dic­tion pour ceux qui pensent que la musique se fait obli­ga­toi­re­ment avec des spaghet­tis. Les modu­la­tions sont entiè­re­ment analo­giques, ce qui signi­fie que les commandes passent physique­ment par tous les potards et jacks reliant les points de patch. Il n’y a pas de conver­sion numé­rique des tensions de commande et points de patch, donc pas de mémo­ri­sa­tion des patches, contrai­re­ment à ce qu’on peut trou­ver sur certains Buchla. Vu rapi­de­ment, on pour­rait presque assi­mi­ler cette section à un mélange de VX-351 pour les sorties CV / Gate, à la reprise en façade des entrées CV / Gate du Voya­ger clavier (ou à un-demi VX-352) et à un proces­seur de signal type CP-251, à quelques atté­nua­teurs près. Tout ce beau monde fonc­tionne en CV / Gate pour véhi­cu­ler des modu­la­tions, mais rien n’est prévu pour patcher l’au­dio. Bien évidem­ment, le Voya­ger XL peut s’in­ter­fa­cer en CV / Gate avec un système modu­laire exté­rieur compa­tible. Les jacks cerclés de blanc délivrent de la puis­sance pour fonc­tion­ner avec des pédales d’ex­pres­sion en plus des CV. Détaillons un peu la partie supé­rieure de cette baie de bras­sage : parmi les sorties de modu­la­tion, on trouve la surface de contrôle (X, Y, A et Gate), le géné­ra­teur de bruit, le clavier (hauteur, vélo­cité, pres­sion et Gate), les 2 molettes, les 2 modu­la­tions de pédales, les 2 formes d’onde du LFO1, les 2 bus, les 2 enve­loppes et le S&H (signaux brut et adouci). Parmi les entrées, on retrouve l’en­semble des jacks présents sur le Voya­ger clavier clas­sique : enve­loppe (Gate, Release et vitesse des temps), oscil­la­teurs simul­ta­nés (hauteur et varia­tion d’onde), coupure du VCF (mais pas la réso­nance, acces­sible via les 2 bus program­mables), VCA (volume et pano­ra­mique), LFO (vitesse et synchro de cycle), 2 modu­la­tions et le S&H (entrée et Gate). Il y a aussi 4 multi­pli­ca­teurs de signal, chacun capable de router 1 entrée CV vers 3 sorties (et surtout pas l’in­verse !). Enfin, le ruban dispose d’une sortie CV et d’une sortie Gate sépa­rées.

Moog MiniMoog Voyager XL

En partie infé­rieure de la baie de bras­sage, on commence par 2 atté­nua­teurs, avec offset et quan­tité réglables ; LFO2 et ruban se substi­tuent, respec­ti­ve­ment, à l’une des deux entrées, si rien n’est connecté aux jacks ; chaque atté­nua­teur a sa propre sortie CV. Pour mélan­ger les modu­la­tions en CV, il faut utili­ser le mixeur 4 canaux (dont 2 avec niveau réglable), qui offre un offset, un niveau global et 2 sorties de modu­la­tion (une posi­tive et une néga­tive). Vient ensuite un géné­ra­teur de Lag avec adou­cis­se­ment séparé vers le haut et vers le bas (plage de 1 milli­se­conde à 1 seconde). Enfin, un second LFO à 6 formes d’ondes vient clôtu­rer la section, avec entrées synchro / horloge, sorties posi­tive / néga­tive et réglage de vitesse. Il est à contrôle numé­rique et est opti­misé pour répondre à une plage de 0,02 à 20 Hz en se synchro­ni­sant à l’hor­loge Midi ; il est égale­ment capable de monter à 500 Hz (niveaux audio) lorsqu’on envoie les CV adap­tés (+5V). Via des CC Midi, on peut accé­der à des réglages supplé­men­taires : formes d’onde addi­tion­nelles, formes d’ondes distinctes pour les modu­la­tions posi­tives et néga­tives ; les quan­ti­tés de modu­la­tion et les divi­sions d’hor­loge de synchro­ni­sa­tion sont égale­ment distinctes pour chaque pola­rité de modu­la­tion. Atten­tion toute­fois, chan­ge­ment par CC Midi ne signi­fie toute­fois pas mémo­ri­sa­tion des para­mètres modi­fiés à l’ex­tinc­tion. Et pour finir, signa­lons qu’il n’y a pas d’ar­pé­gia­teur ni de séquen­ceur, dommage !

Place au numé­rique !

Moog MiniMoog Voyager XL

Le Voya­ger XL renferme un proces­seur lui permet­tant non seule­ment de sauve­gar­der ses banques, mais égale­ment de régler un tas de para­mètres supplé­men­taires via les menus. On trouve en tout 24 para­mètres supplé­men­taires par programme, dont certains ont déjà été abor­dés plus haut (pôles des filtres, routages addi­tion­nels des modu­la­tions). Nous n’avons en revanche pas encore cité la quan­tité de Pitch­bend (vers le bas et vers le haut), le mode de réponse du clavier (prio­rité note haute / basse / dernière / première), le déclen­che­ment des enve­loppes et LFO (simple ou multiple), le déclen­che­ment du Glide (8 posi­tions, avec ou sans notes liées), les desti­na­tions de la surface de contrôle (4 sources X-Y-Aire-Gate vers 32 desti­na­tions possibles) ou encore le choix de la caté­go­rie du programme pour un triage plus effi­ca­ce…

On y trouve aussi certains réglages globaux astu­cieux qui aident au jeu ou à la program­ma­tion : par exemple, on peut déci­der du mode de défi­le­ment des programmes avec le bouton « Exter­nal » : chan­ge­ment de son immé­diat ou prévi­sua­li­sa­tion + sélec­tion avec la touche « Enter » ; autre exemple, les volumes maître et casque peuvent être globa­li­sés ou mémo­ri­sés par programme ; la posi­tion physique actuelle de toutes les commandes peut être char­gée instan­ta­né­ment en mémoire. Comme toute machine moderne, toutes les commandes émettent des CC Midi et offrent 4 mémoires de Mapping. En retour, le Voya­ger XL répond aux CC Midi, ce qui permet une auto­ma­tion quasi complète. Il est enfin capable de dumper un programme ou une banque complète via Midi et mettre à jour son OS (nous en avons d’ailleurs testé la version 3.6, il était temps de le dire !).

 

 

Fifth
00:0000:11
  • Fifth00:11
  • Descente00:23
  • Pulse­Seq01:05
  • Modu­lar 100:31
  • Modu­lar 200:12
  • Modu­lar 300:30

Conclu­sion

Au final, le Voya­ger XL est un instru­ment impres­sion­nant et réso­lu­ment élitiste. C’est un plai­sir pour les sens, du débal­lage à l’ex­tinc­tion. L’uti­li­sa­tion est jouis­sive, accen­tuée par cette immense façade, l’ébé­nis­te­rie de luxe, les commandes abon­dantes et la qualité de fabri­ca­tion. Quant aux quali­tés sonores, elles sont, là encore, excep­tion­nelles. Le son Moog est bien là, avec sa présence constante, sa satu­ra­tion colo­rante, son grain épais, sa pêche légen­daire et son tran­chant déci­sif. L’ex­pé­rience va bien au-delà des Voya­ger tradi­tion­nels, avec la puis­sance des patches de modu­la­tion, le grand clavier et le long ruban. La perfec­tion n’étant pas de ce monde, on regret­tera que le concept n’ait pas été plus loin, en inté­grant mieux les nouvelles modu­la­tions aux programmes (comme le second LFO), ou encore en ouvrant la baie de bras­sage aux signaux audio (modu­la­rité totale, ajout de VCO), ou enfin en ajou­tant un arpé­gia­teur / séquen­ceur et des effets analo­giques. De même, il est dommage que certains défauts du Voya­ger n’aient pas été corri­gés, comme l’unique mode saut des potards, le routage des filtres, le feed­back direct sur le filtre ou l’ab­sence de prise USB. En tout état de cause, le niveau de gamme réserve la machine aux studios élitistes ou aux riches musi­ciens. Combi­nant l’hé­ri­tage du passé et les tech­no­lo­gies actuelles, à la fois accueillant et inti­mi­dant, le Voya­ger XL est incon­tes­ta­ble­ment la Rolls des synthés analo­giques mono­pho­niques.

8/10
Points forts
  • Excellente qualité sonore
  • Construction remarquable
  • Look magnifique
  • Prise en main immédiate
  • Dimension des commandes
  • Logique fonctionnelle
  • Contrôleurs physiques
  • 3 VCO à ondes variables
  • Son et variété des 2 VCF
  • Rapidité des enveloppes
  • Modularité étendue
  • Taille mémoire très confortable
Points faibles
  • Pas de patches audio
  • Oubli du feedback direct sur le filtre
  • Absence de prise USB
  • Ni arpégiateur ni séquenceur
  • Aucun effet intégré
  • Réponse des potards uniquement en mode saut
  • Editeur externe payant
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.