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Dave Smith Instruments Prophet 12
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Dave Smith Instruments Prophet 12
revega revega

« DARK SIDE OF THE PROPHETS! »

Publié le 11/07/17 à 11:51
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Tout public
A peine sorti le P12 a fait couler beaucoup d'encre car une fois de plus (Prophet 8 syndrome) ceux qui s'attendaient à une resucée du Prophet 5 en ont eu pour leur compte en déception. Pourtant on est bien loin de pouvoir négliger les pouvoirs de ce synthétiseur très intéressant et souvent critiqué.
Le Prophet 12 est un bien curieux appareil dans la gamme qu'il incarne. Loin de prendre exemple sur ses ancêtres 'analog', il se permet d'officier dans un registre hybride numérique/analog succédant ainsi au PolyEvolver mais avec un son différent et une approche plus démocratique.

On ne va pas revenir dessus mais le Prophet 12 est dignement construit et embarque un panneau large et des finitions de bon standing. Sur ce point c'est parfait. Evidemment la parenté avec le Pro2 n'est pas anodine mais les deux appareils ont tout de même suffisamment de personnalité pour ne pas faire de doublons.
Les banks de sons "FACTORY" d'origine ne sont pas extraordinaires et sont même très ennuyeuses. A quelques exceptions près on ne sent pas les possibilités remarquables de l'appareil loin de là. Le mieux est de faire votre tambouille par vous même sans vous retenir sur les ingrédients: GLOBAL+27 Basic Patch et c'est parti: OSC+ FM+ LFO+ ROUTING,+EFFECT etc etc etc… surprise garantie tant dans la qualité du son que dans l'aisance de sa programmation.
Justement le son:
Au démarrage pas de surprise le son nous parait familier avec le fameux Curtis en passe bas. Magré des presets ratés on se rend vite compte que l'appareil n'a pas tout à fait le velours des précédents et semble plus apte à l'expérimentation et à l'ouverture de nouvelles textures. Bingo, on va faire un voyage dans de nouvelles contrés.
4 DCO et 19 formes d'ondes forment le premier maillon de son architecture et ça commence plutôt bien. Cette diversité apporte un vrai plus en terme d'originalité et d'identité sonore.
Le Sub Osc fait très bien le job et apporte la lourdeur attendue, pas mal du tout.
En plus chaque OSC bénéficie de la fonction Fine Tune et ça c'est très pertinent pour avoir un son vivant avec 4 forme d'onde similaire.
Le filtre (seul apport analogique) passe haut et passe bas donne toute la 'chaleur' de l'appareil et on retrouve le fameux Curtis sur le Low Pass si cher à DSI (quoi que les derniers P6 et Pro2 en sont exempt) . A cela il faut compter les 4 LFO au 8 formes d'ondes paramètrable, super efficace et diablement précis. La matrice de modulation est extrêmement simple et vous embarque vers un univers modulaire digne de ce nom, on peut alors tordre, moduler assigner plus de 100 points de sorties! Même le Delay paramètrable en 4 bloque distinct peut se trouver moduler distinctement via la matrice, les interactions sont alors incroyable.
Le bloque CHARACTER avec ses 5 modules apporte un plus en terme d'identité sonore, on aime ou pas. Clairement ça oriente la programmation sur un registre plus numérique mais dosé finement c'est pas mal du tout et très original.
Certaines autres fonctions améliorent les capacités créatrices du P12.
Unisson: ça densifie le son très nettement avec le cumul dosable jusqu'à 12 voix! Evidemment on passe en mono mais pour les basses c'est un vrai plus.
Hold: ça parait bête mais pas mal de synthés n'en sont pas pourvu et ça change tout quand on paufine un réglage en mode 'drone' ou 'nappe'.
Feedback: je n'aime pas ça en règle générale mais sur le Prophet 12 ça se révèle positif sur les textures complexes et inquiétantes.
Tuning: intéressant mais attention on sent des paliers lorsque les valeurs sont modifiées. Dommage.
Stack/Layer: Comme chez les Nordiste de chez Clavia, on empile deux programmes et on les doses à sa sauce, les résultats sont surprenants sur des sons complexes. Attention à l'overdose, les sons ne sont pas évident à mixer.
Envelope 3 et 4: Un plus pour sculpter des sons précis.
Modulation: Le coeur de la machine lorsque l'on veut s'éloigner de la synthèse classique. Une floppé de points d'entrée, de sortie et de possibilités d'inter moduler les paramètres. Comme le Pro2 c'est un outil de haute précision, chirurgicale même.
Split: Pas une nouveauté loin de là mais pas systématiquement intégré sur les appareils DSI. Ici c'est très intéressant surtout pour le live.
Arpégiateur: Très intéressant puisqu'il est programmable mais en contrepartie d'un séquenceur absent! Un peu frustrant quant même...

Il faut bien le souligner, le P12 est un appareil capable de nappes complexes, évolutives, sombres, dissonantes d'orgues spatiaux (Interstellar ambiance), de claviers lunaires et galactique, de basses dissonantes, de drones hypnotiques et... En fait tout ce que vous voulez avec beaucoup de simplicité et de rapidité. J'ai souvent lu que ses ambiances étaient 'froides', c'est pas tout à fait faux (même si bien exagéré par ses détracteurs qui n'ont, souvent, pas mis les mains dessus), en même temps il semble taillé pour ça et sa musicalité rattrape ce sentiment avec brio.On peut également lui faire jouer toute une panoplie de sons 'rétro' (avec les formes d'ondes de base c'est particulièrement simple) mais ce sera à votre bon coeur et votre sagacité créatrice, la bank de sons étant fort peu fournie en la matière.
Pour ce qui est des basses, il s'en sort plutôt pas mal mais je lui préfère son frérot le Pro2 dont le filtrage le situe un niveau au dessus à ce sujet (la comparaison entre les deux demanderai une étude plus approfondie mais ils se complètent très très bien).
L'édition est ultra simple (bouton 'write') et le choix du titre de votre patch se fait avec la même aisance que sur le Pro2, donc parfait.
En fait il faut être claire le Prophet 12 ne brillera que par ce que vous en ferez et sera le digne témoin de votre fibre créatrice. Pour ceux qui ont oublié qu'un synthétiseur n'existe que par ce que vous en faites, c'est clairement pas pour vous.

Alors si vous cherchez une machine intuitive pour sculpter des sons planants, industrielles, ambiantes, progressifs et hypnotiques le P12 est pour vous sans aucun doute. De Trent Reznor (la BO de Gone Girl en est truffée) à Alessandro Cortini (NIN keyboard) en passant par Robert Rich (qui ne tari pas d'éloge à son sujet), les amateurs de complexités sonores en auront pour leur compte assurément. En regardant le Blade Runner 2049 je me suis surpris à y déceler des timbres que le P12 peut faire sans difficulté et bingo, il y arrive et avec beaucoup d'aisance.

Les +
Couverture sonore
Modulations
Ergonomie
Taille
Modulations complexes
Programmation facile
Solidité
Finitions
Alimentation


Le -
Manque un VRAI sequenceur :(


En résumé le Prophet 12 est un instrument remarquable, parfaitement autonome (même si j'aurai préféré un vrai séquenceur) et unique en son genre. Avec une prise en main exemplaire et un son hybride de très bonne qualité (bien meilleur définition que les cousins de chez Clavia à mon goût) mais qui ne ravira pas tout le monde par son empreinte analog/numérique assumé. Pour moi qui ai déjà une flopée d'appareils divers et variés (dont un paquet de DSI) il m'apporte des sonorités que j'aurai bien du mal à reproduire avec un autre arsenal (à moins de passer au full modulaire avec les contraintes de ce type de system…). Le prix en neuf est à considérer, celui en occas (+ou- 2000 €) en fait une affaire . De toutes les façons vous avez peu de chance d'en faire le tour un jour sauf si, comme je l'ai mentionné, vous vous arrêtez aux presets.
Donc pour les oreilles ouvertes sur le présent, le futur, les dimensions parallèles et l'univers sans limite, c'est bien ici. Enjoy!!

Edit au 14/03/2021: C'est seulement aujourd'hui que certains musiciens reconnaissent le très grand potentiel de ce Prophet. Maintenant qu'il est hors catalogue on en voit plus beaucoup d'occasion et les vidéos Youtube montrent clairement le potentiel énorme de ce synthé mal accueilli. Je m'étonnes juste que personne n'ai, pour le moment, joué les bandes sons de Blade Runner 1&2 car il en est capable le bougre et bien plus. Ce jour là le P12 deviendra instrument de convoitise comme tous ses ancêtres.

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