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Dave Smith Instruments Prophet 12
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Test du Dave Smith Instruments Prophet 12

Test écrit
351 réactions
Le Magnifique !

Au NAMM 2013, le Prophet 12 a volé la vedette à tous les autres synthés. Il aura fallu plus de 6 mois à DSI pour le finaliser. Voyons si le détour valait cette attente, ou le contraire…

Cela fait 35 ans que Dave Smith conçoit des synthés. Le Prophet-5 date de 1978 : poly­pho­nique 5 voix, doté d’une section Poly­mod et de mémoires, compact (pour l’époque), c’est une révo­lu­tion dans le monde de la synthèse. Pendant 20 ans, SCI va mettre sur le marché des machines tout à fait inno­vantes, de l’éli­tiste Prophet T8 à l’hy­bride Prophet-VS, avant de termi­ner sa route avec l’avant-gardiste échan­tillon­neur Prophet 3000. Puis c’est le silence radio… jusqu’en 2002 où l’unique voix de l’Evol­ver chante le retour de Dave, sous la marque DSI. La petite société cali­for­nienne va alors se montrer d’un dyna­misme redou­table. DSI est d’ailleurs aujour­d’hui la seule marque à offrir une gamme d’ins­tru­ments analo­giques ou hybrides poly­pho­niques à prix abor­dable : des synthés, des modules et même une BAR créée en asso­cia­tion avec Roger Linn. Les produits connaissent un succès mérité et la société gran­dit. Au NAMM 2013, DSI présente un nouveau synthé poly­pho­nique, son plus gros jusqu’à présent. Après plusieurs mois de fina­li­sa­tion, le Prophet 12 est enfin entre nos mains (OS 1.0.1.2). Voyons s’il peut faire oublier plusieurs décen­nies de Prophet… 

En rouge et noir

DSI Prophet 12

Avec sa robe métal­lique inté­grale noire, son rétro-éclai­rage géné­ral rouge flashy, sa séri­gra­phie blanche, ses potards chro­més et son habillage bois (flancs et dessous de clavier), le Prophet 12 est à notre sens l’un des plus beaux, si ce n’est le plus beau synthé que nous ayons eu entre les mains. Si, si… La qualité de construc­tion fait pro à tous les niveaux. Les commandes sont abon­dantes : 44 potards, 15 enco­deurs et 58 boutons (dont certains rétro-éclai­rés). Les rota­tifs ne sont pas vissés sur la façade et l’axe a un peu de souplesse, mais rien d’inquié­tant. Avec leur partie supé­rieure chro­mée et leur corps strié, les potards rappellent le Prophet-5, mais en beau­coup moins gros. La machine brille de mille feux, avec une constel­la­tion d’élé­ments rétro-éclai­rés en rouge : un tas de diodes dont certaines clignotent en rythme, 2 molettes lumi­neuses de pitch­bend / modu­la­tion, 2 rubans verti­caux à rangées de diodes (sensibles à la posi­tion et à la pres­sion avec touche de blocage de posi­tion), un gros « 12 » trans­lu­cide, des diodes asser­vies aux 12 voix qui suivent le jeu… impres­sion­nant !

DSI Prophet 12

Un écran graphique OLED trône en posi­tion centrale ; il est plutôt petit, mais parfai­te­ment lisible grâce à une excel­lente réso­lu­tion et un fort contraste. Le clavier 61 notes à touches lestées est très agréable, avec un rebond franc et une bonne dyna­mique, répon­dant parfai­te­ment à la vélo­cité et à la pres­sion.

Quant au panneau arrière, il  regroupe une connec­tique clas­sique sans fiori­ture, avec de gauche à droite : la prise IEC pour cordon secteur (alimen­ta­tion interne univer­selle, une chouette première chez DSI !), une prise USB, 3 jacks pour pédales (1 Sustain type inter­rup­teur + 2 conti­nues assi­gnables), un trio MIDI et 5 sorties audio au format jack 6,35. Les 4 premiers jacks (TS asymé­triques) sont confi­gu­rés en 2 paires de sorties stéréo niveau ligne : chaque couche d’un programme a ainsi sa propre sortie stéréo indé­pen­dante. Le dernier jack est la sortie casque (TRS). Bon point sécu­ri­sant, tous les jacks sont vissés au panneau. 

Ergo­no­mie exem­plaire

DSI Prophet 12

Les programmes comportent une ou deux couches sonores, la première ayant la prio­rité à l’édi­tion. On peut toute­fois éditer l’une, l’autre ou les deux en même temps ; on peut aussi très faci­le­ment copier une couche vers une autre, échan­ger les deux couches, ajus­ter le volume, modi­fier le point de split, chan­ger un des deux program­mes… Certains modules du Prophet 12 partagent leurs commandes : oscil­la­teurs, LFO, enve­loppes auxi­liai­res… cela ne pose pas trop de souci, pour plusieurs raisons : d’abord parce qu’on a souvent affaire à des enco­deurs pour ce type de commandes, ce qui évite les sauts ; ensuite parce qu’il existe des astuces d’édi­tion bien vues : par exemple, en main­te­nant l’un des 4 sélec­teurs d’os­cil­la­teur, on peut éditer les 4 oscil­la­teurs en même temps ; dès qu’on mani­pule un rota­tif, l’écran affiche le même para­mètre pour les 4 oscil­la­teurs que l’on peut alors éditer avec les 4 enco­deurs logi­ciels situés au-dessus de l’écran ; ça marche aussi pour les LFO, en appuyant simul­ta­né­ment sur les 4 sélec­teurs de LFO. Une fonc­tion « Show » permet de lire les valeurs des para­mètres, lorsqu’on bouge une commande, sans modi­fier le son, bien vu. Une fonc­tion « Revert » permet quant à elle de reve­nir à la valeur stockée d’un para­mètre, en appuyant sur le bouton éponyme et en tour­nant le potard souhaité. Les potards fonc­tionnent d’ailleurs suivant l’un des 3 modes habi­tuels : saut, rela­tif, seuil.

DSI Prophet 12

Il existe d’autres fonc­tions pour faci­li­ter la vie. L’écran affiche la courbe des enve­loppes en temps réel dès qu’on bouge un potard ; idem pour les formes d’onde dès qu’on joue sur le para­mètre Shape. Pour sélec­tion­ner les 792 programmes internes, il y a un pavé numé­rique en plus des 4 touches de banques. Les plus coura­geux pour­ront les faire défi­ler un par an, mais arri­vés au bout (n°99), ils se cogne­ront la tête contre un mur numé­rique infran­chis­sable : les programmes ne bouclent pas et les banques ne s’en­chaînent pas, aïe ! Pour les adeptes de la scène, DSI a prévu 4 Play­lists de 40 programmes, eux-mêmes orga­ni­sés par 4 paquets de 10 : on appelle alors les programmes d’une liste avec les 4 touches de banques, les 10 touches du pavé numé­rique et les 4 touches logi­cielles situées sous l’écran. Enfin, on trouve en façade 2 touches de trans­po­si­tion d’oc­tave, mais pas de touche de trans­po­si­tion par demi-ton. La seconde semblait pour­tant plus pratique sur un clavier qui comprend déjà 5 octa­ves…

Essais sonores

DSI Prophet 12

Le Prophet 12 est livré avec 4 banques de 99 programmes non réins­crip­tibles et 4 banques de 99 programmes pour l’uti­li­sa­teur. Premier constat, les niveaux audio sont très élevés ! Les sons d’usines ne sont ni très utiles, ni parti­cu­liè­re­ment démons­tra­tifs ; dommage qu’on ne puisse les écra­ser. Après les avoir fait défi­ler, nous avons tenté de créer ce qui n’existe pas d’ori­gine : des sons chaud et gras, un poil analo quoi ! Pas si simple… le grain est plus froid que les précé­dents DSI. Vrai­ment rien à voir avec un Prophet-5 ou même un Prophet-VS que nous avons à portée de main. Le Prophet 12 sonne aussi de manière très diffé­rente des précé­dents synthés DSI. Il excelle dans les textures hybrides froides, les sons évolu­tifs, les attaques chirur­gi­cales, les basses FM… mais pas trop dans les cordes, les cuivres ou les tapis tout doux.

Malgré la fonc­tion Slop qui recrée des fluc­tua­tions de pitch, on est à des années-lumière d’un OB-X ou d’un Memo­ry­moog. Dès qu’on commence à modu­ler à haute fréquence, on génère des  arte­facts numé­riques pas toujours agréa­bles… en tout cas pas autant que nos PPG Wave 2.3 et Prophet VS. Le son est plus agres­sif qu’un Micro­wave XT (pour­tant 100% numé­rique), qui béné­fi­cie d’al­go­rithmes de réduc­tion d’alia­sing. Et comparé au Sola­ris qui utilise aussi (et unique­ment) des DSP Sharc pour produire le signal, le Prophet 12 sonne beau­coup moins large et moins profond ; sur le Sola­ris, il n’y a aucun alia­sing (même en modu­lant les oscil­la­teurs aux niveaux audio) et la réponse en fréquence est consis­tante sur tout le spectre audio. Sur le Prophet 12, il y a un haut médium prononcé, des basses en retrait et des aigus agres­sifs…

Prophet 12 1audio Arpeg
00:0000:21
  • Prophet 12 1audio Arpeg 00:21
  • Prophet 12 1audio Bass PPG 00:36
  • Prophet 12 1audio Digi­de­cim 00:54
  • Prophet 12 1audio Drums ana1 00:31
  • Prophet 12 1audio Drums ana2 00:47
  • Prophet 12 1audio Hybrid1 00:46
  • Prophet 12 1audio Hybrid2 00:51
  • Prophet 12 1audio Pad w slope 00:25
  • Prophet 12 1audio Poly 2P 00:23
  • Prophet 12 1audio Poly 4P 00:23
  • Prophet 12 1audio RnB split 00:33
  • Prophet 12 1audio Sync alia­sing 00:17
  • Prophet 12 1audio Waves 00:26
  • Prophet 12 1audio ZFor­mant 00:19

Sharc attack

DSI Prophet 12

Comme son nom le laisse entendre, le Prophet 12 est poly­pho­nique 12 voix. Il opère indif­fé­rem­ment en mode simple (12 voix), Split (2 programmes sépa­rés A|B de 6 voix, de part et d’autre d’un point program­mable) ou Stack (2 programmes empi­lés A+B de 6 voix, sur toute la tessi­ture). Tout cela est mémo­risé en mode programme. Les voix peuvent être jouées en poly­pho­nie ou à l’unis­son avec désac­cor­dage ; dans ce dernier cas, il existe diffé­rentes prio­ri­tés de jeu : note basse, note haute, avec ou sans redé­clen­che­ment des enve­loppes. Comme déjà évoqué, le Prophet 12 utilise des DSP Sharc pour géné­rer le son. Contrai­re­ment aux précé­dentes machines DSI, les DCO du circuit analo­gique DSI-120 déve­loppé avec Curtis ne sont pas du tout utili­sés (le VCF passe-bas et le VCA le sont en revanche, nous le verrons après). Autre nouveauté, le parcours du signal s’est pas mal complexi­fié : 4 oscil­la­teurs + 1 Sub tous numé­riques sont mélan­gés puis envoyés dans des effets numé­riques « Charac­ter ». La résul­tante est conver­tie en analo­gique pour attaquer deux filtres en série passe-bas vers passe-haut, puis un VCA stéréo. En sortie de VCA, une partie du signal est direc­te­ment envoyée aux sorties stéréo ; une autre est recon­ver­tie en numé­rique, puis envoyée dans 4 lignes à retard et une boucle de feed­back ; les lignes à retard sont re-recon­ver­ties en analo­gique pour se diri­ger vers les sorties stéréo, alors que le feed­back est réinjecté en numé­rique avant les effets « Charac­ter ». Le schéma joint illustre le parcours du signal (sans les conver­sions succes­sives).

DSI Prophet 12

Les 4 oscil­la­teurs sont iden­tiques : ils s’ac­cordent sur 10 octaves (8 Hz – 8 kHz) par demi-ton et centième de ton. Le suivi de clavier peut être désac­tivé, idéal pour certaines inter­mo­du­la­tions (FM, synchro). La phase du cycle de l’os­cil­la­teur peut être libre ou liée à l’en­fon­ce­ment de touche. Chaque oscil­la­teur offre 4 ondes clas­siques (dent de scie, impul­sion, triangle, sinus), 12 tables d’onde (Tines, Mellow, Church, Muted, Nasal, Boing, Gothic, Ahhh, Shrill, Ohhhh, Buzzzz, Meh) et 3 bruits (rouge, blanc, violet). Toutes ces ondes sont variables, grâce à un para­mètre Shape modu­lable qui agit sur le contenu harmo­nique ou balaie la table. Mieux, les tables d’onde peuvent fonc­tion­ner par 3 (une à gauche, une au centre, une à droite), le para­mètre Shape permet­tant de passer progres­si­ve­ment de l’une à l’autre. Idem pour les bruits, sauf que les ondes de gauche et droite sont fixées. Le premier oscil­la­teur dispose d’un sub-oscil­la­teur basique : sinus à une octave plus bas, juste de quoi renfor­cer les basses, sans plus… Chaque oscil­la­teur et sub offre un niveau de sortie program­mable et modu­lable, pour un dosage fin du mix. 

Destruc­tion immi­nente

DSI Prophet 12

Les oscil­la­teurs peuvent inter­agir : synchro dure, FM et AM. L’ordre de modu­la­tion est prédé­fini : l’os­cil­la­teur 2 agit sur le 1, le 3 sur le 2, le 4 sur le 3 et le 1 sur le 4. A force d’em­pi­ler les modu­la­tions, les résul­tats peuvent deve­nir surpre­nants ; ceci explique en partie la richesse des textures dont est capable le Prophet 12, d’au­tant que les para­mètres FM et AM sont eux-mêmes modu­lables. Les timbres sont toute­fois métal­liques, avec pas mal d’alia­sing dans les aigus, comme nous l’avons déjà décrit. C’est à ce niveau que se règlent le Glide (porta­mento poly­pho­nique à temps ou inter­valle constant) et le Slop (simu­la­tion d’in­sta­bi­lité des VCO vintage).

Pour aller plus loin dans le carnage, le Prophet 12 propose 5 armes de destruc­tion massive : Girth (boos­ter de basses fréquences), Air (boos­ter de hautes fréquences), Hack (réduc­teur de bits), Deci­ma­tion (réduc­teur de fréquence d’échan­tillon­nage) et Drive (simu­la­teur de satu­ra­tion de bande). Chaque effet n’a qu’un seul para­mètre éditable et modu­lable : son niveau d’ac­tion. Renfor­cer, salir ou distordre le son, ces effets agissent de manière plus ou moins subtile, tout en restant très numé­riques à l’oreille. Dans les aigus, ça peut être très agres­sif, surtout si les oscil­la­teurs inter­agissent à niveau élevé. Cela aurait été bien d’avoir une entrée audio pour en faire béné­fi­cier un signal externe, avant de l’en­voyer dans les filtres, dont nous allons parler sans tran­si­tion.

Curtis & Co

Pour chacune de ses voix, le Prophet 12 comporte un filtre passe-bas réso­nant envoyé en série vers un filtre passe-haut réso­nant, sans autre mode de routage.

DSI Prophet 12

Comme nous l’avons dit, les filtres ou la manière dont le signal y est envoyé ne révo­lu­tionnent pas le genre. Sur le filtre passe-bas, bien que le compo­sant analo­gique utilisé soit le même que sur les précé­dents instru­ments DSI (DSI-120), on n’en retrouve pas tout à fait la couleur. Le mode 4 pôles est réso­nant jusqu’à l’auto-oscil­la­tion, mais le mode 2 pôles reste en deçà et apporte une colo­ra­tion trop neutre pour se démarquer. Le filtre passe-haut réso­nant est consti­tué de compo­sants discrets : AO, VCA, capa et résis­tances. Il est hélas globa­le­ment assez fade ; il permet toute­fois des attaques inté­res­santes lorsqu’on module la ferme­ture de la fréquence de coupure avec une enve­loppe. Là encore, la réso­nance colore légè­re­ment, ce n’est pas le HPF du MS20, même en boos­tant la réso­nance jusqu’à l’auto-oscil­la­tion avec le para­mètre DC de la matrice de modu­la­tions ! En coupant toutes les fréquences, les oscil­la­teurs repissent, à notre souve­nir de manière plus pronon­cée que sur les précé­dents DSI.

DSI Prophet 12

La coupure du filtre passe-bas répond de manière assez fluide sur 13 octaves (165 valeurs). Elle est direc­te­ment modu­lable par une enve­loppe DADSR dédiée, le suivi de clavier et la vélo­cité de frappe. La coupure du filtre passe-haut est direc­te­ment modu­lable par le suivi de clavier. Les autres para­mètres des deux filtres (tels que la réso­nance) sont égale­ment modu­lables, via une matrice idoine (voir ci-après). En sortie du filtre passe-haut, le signal entre dans un VCA stéréo. Il y trouve une enve­loppe DADSR dédiée direc­te­ment modu­lable par la vélo­cité. L’en­semble des voix peut être dispersé dans l’es­pace stéréo et modulé. À la sortie du VCA, une partie du signal rejoint les sorties audio, tandis qu’une autre est conver­tie en numé­rique pour d’une part aller vers les lignes à retard (cf. ci-après), d’autre part vers le circuit de feed­back. La quan­tité de feed­back est réglable de manière bipo­laire, un réglage néga­tif corres­pon­dant à un signal inversé. La boucle de feed­back est accor­dable par demi-ton sur 4 octaves (C0 – C4), la fréquence suivant le clavier en fonc­tion de la fréquence de coupure du filtre passe-bas et du nombre de pôles.

Modu­la­tions matri­cielles

Comme tous les produits DSI, le Prophet 12 excelle au rayon modu­la­tions. On commence par 4 LFO par voix. Leur oscil­la­tion est libre ou déclen­chée par le clavier, avec synchro­ni­sa­tion de la fréquence à l’hor­loge interne / MIDI. Les formes d’onde sont clas­siques : triangle bipo­laire, rampe, dent de scie, carrée, impul­sions (3 largeurs diffé­rentes) et aléa­toire. On peut aussi régler la phase et la desti­na­tion (ce qui évite de consom­mer un cordon dans la matrice). Enfin, un para­mètre Slew permet d’adou­cir la forme d’onde en arron­dis­sant les angles les plus raides. Côté enve­loppes, le Prophet 12 en possède 4, de type DADSR. Les 2 premières enve­loppes sont pré-assi­gnées au filtre passe-bas et au VCA, mais toutes ont une desti­na­tion direc­te­ment assi­gnable (sans consom­mer de cordon dans la matrice, merci encore !). Les segments de temps sont suffi­sam­ment nerveux pour créer des sons claquants, telles que des percus­sions analo­giques. Les enve­loppes peuvent être direc­te­ment modu­lées par la vélo­cité. Il est aussi possible d’en boucler les segments DAD à volonté.

DSI Prophet 12

Enfin, le Prophet 12 ne serait pas un DSI sans sa puis­sante matrice de modu­la­tions à 16 cordons program­mables, avec quan­tité de modu­la­tion bipo­laire. Elle met en jeu 26 sources et 97 desti­na­tions. Parmi les sources : les oscil­la­teurs, les LFO, les enve­loppes, les contrô­leurs physiques, la vélo­cité, la pres­sion, le suivi de clavier, les pédales, un géné­ra­teur aléa­toire, un DC (valeur fixe)… parmi les desti­na­tions : les fréquences, volumes, posi­tion d’onde, FM, AM de chaque oscil­la­teur ou de tous, les 5 effets « Charac­ter » avant filtrage, les coupures et réso­nances des 2 filtres, le VCA, le pano­ra­mique, la largeur stéréo, le feed­back, les 4 délais, les 4 LFO, les 4 DADSR et les 16 modu­la­tions. Dans ce dernier cas, on créée des modu­la­tions de modu­la­tion. L’édi­tion est faci­li­tée par l’écran, sur lequel appa­raît la liste dérou­lante des cordons, avec pour chacun la source, la quan­tité de modu­la­tion et la desti­na­tion. Le défi­le­ment et les valeurs s’éditent avec les 4 potards logi­ciels situés au-dessus de l’écran. On peut même trier chacun des para­mètres par ordre crois­sant / décrois­sant grâce aux touches logi­cielles situées sous l’écran. Super pratique pour voir rapi­de­ment quelles sources sont assi­gnées à une même desti­na­tion ou quelles desti­na­tions sont modu­lées par une même source !

Retards program­més

DSI Prophet 12

En sortie de VCA, une partie du signal analo­gique est déri­vée et conver­tie en numé­rique pour attaquer 4 lignes à retard stéréo. Chacune travaille de 1 milli­se­conde à 1 seconde. Les temps sont synchro­ni­sables à l’hor­loge interne / MIDI (4 temps à 1/16 de temps). On peut régler la quan­tité de signal traité et le feed­back. Le pano­ra­mique ne possède pas de réglage direct à ce stade, mais est para­mé­trable ou modu­lable via la matrice (source DC fixe ou para­mètre variable), pour des effets ping-pong par exemple.

En utili­sa­tion conjointe, les 4 lignes de délai peuvent simu­ler diffé­rents effets d’en­semble. Par exemple des réverbes courtes (pièces, ressorts, plaques). Ou encore des chorus ou flan­ger, en modu­lant les temps de délai. Le mode d’em­ploi donne des exemples de réglages des diffé­rents para­mètres pour diffé­rentes appli­ca­tions. En sortie des 4 lignes à retard, le signal est recon­verti en analo­gique pour rejoindre les sorties audio physiques. Au bout du bout de la chaîne, le signal est fina­le­ment envoyé dans une distor­sion analo­gique contrô­lée par un potard. Il y a un circuit de distor­sion par couche sonore, permet­tant des trai­te­ments indé­pen­dants en modes Split / Stack.

Arpèges mini­ma­listes

Chacune des deux couches d’un programme possède un petit arpé­gia­teur dédié. Rien de trans­cen­dant comme nous allons le voir, par rapport à l’ar­pé­gia­teur 32 pas program­mable annoncé un peu vite au NAMM ! Dans la version actuelle (DSI igno­rait au moment du test si cela chan­ge­rait un jour), l’ar­pé­gia­teur se contente d’un tempo (avec fonc­tion Tap et synchro interne / Midi), de 5 direc­tions de jeu (haut, bas, alterné, joué, aléa­toire), d’une tessi­ture (1 à 3 octaves), d’un para­mètre répé­ti­tions (0 à 3 notes) et d’un Latch avancé (main­tien des notes jouées avec rempla­ce­ment ou ajout). Depuis l’OS 1.4.1, les notes arpé­gées sont enfin trans­mises en Midi Out, merci ! Hélas, l’ha­bi­tuel séquen­ceur à pas est passé à la trappe, zou ! 

Liai­sons exté­rieures

DSI Prophet 12

Le Prophet 12 commu­nique avec le monde exté­rieur en MIDI / USB. Les potards et boutons en façade trans­mettent en CC ou NRPN, ce dernier format permet­tant une réso­lu­tion supé­rieure à 128 valeurs. En récep­tion, le Prophet 12 peut égale­ment opérer en CC ou NRPN. En CC, on commande à distance les prin­ci­paux para­mètres de la couche en cours d’édi­tion (A par défaut). En NRPN, on accède à tous les para­mètres des 2 couches sur le même canal MIDI ; c’est d’ailleurs le seul moyen de comman­der les 2 couches, le Prophet 12 étant à ce stade inca­pable de travailler en bica­nal MIDI. Les Sysex sont recon­nus, utile pour dumper les programmes ; ces derniers ne sont pas compa­tibles avec les autres instru­ments de la marque, c’est logique.

L’USB 2 est là pour répé­ter ce qui entre et sort par les prises MIDI, pas pour jouer d’in­ter­face entre un ordi­na­teur et d’autres instru­ments MIDI. D’ailleurs le construc­teur recom­mande de ne pas utili­ser simul­ta­né­ment le MIDI In et l’USB, cela risque­rait de plan­ter la machine. En revanche, aucun souci pour le MIDI Out. Pour clore ce chapitre, signa­lons l’exis­tence d’un éditeur PC / Mac déve­loppé par la société Sound­to­wer

Le meilleur Prophet ?

Le Prophet 12 ne laisse pas indif­fé­rent. Le design est vrai­ment fantas­tique, que ce soit le look ou l’er­go­no­mie. C’est à notre goût le plus bel instru­ment que nous ayons eu à tester. Il est aussi fort bien construit et tout y est conçu pour faci­li­ter la recherche sonore. C’est d’au­tant plus impor­tant que les sons d’usine ne sont pas du meilleur cru ; de même, en dehors des belles nappes complexes, des percus­sions ou des basses numé­riques où le Prophet 12 excelle, il n’est pas facile de sortir des sons gras et chauds comme savent le faire les synthés (partiel­le­ment) analo­giques. Bref, d’au­cuns pense­raient que le ramage n’est pas tout à fait à la hauteur du plumage. Il en ressort une impres­sion contras­tée d’un instru­ment haut de gamme mais pas aussi poly­va­lent qu’on pouvait l’es­pé­rer, en tout cas certai­ne­ment pas un remplaçant du Prophet’08. Après tout, peut-être somme-nous deve­nus trop exigeants ou blasés avec l’âge.

Télé­char­gez les fichiers sonores (format WAV)

 

Points forts
  • Belles textures sonores complexes
  • Polyphonie généreuse
  • Synthèse profonde
  • Oscillateurs musclés
  • Effets pré- et post-filtre
  • Capacités de modulation
  • Multiples synchronisations
  • Emission / réception de CC / NRPN
  • Commandes généreuses
  • Ergonomie réussie
  • Qualité de construction
  • Enfin une alimentation interne !
  • Très belle gueule
Points faibles
  • Basses en retrait
  • Peu enclin aux sons gras et chauds
  • Filtre passe-haut trop neutre
  • Un seul canal MIDI par programme
  • Arpégiateur trop basique
  • Pas de séquenceur
  • Pas d’entrée audio
  • USB limité au MIDI
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.