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Test écrit
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I believe I can fly
8/10
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Les amplis de guitare portables pululent depuis quelques années, avec des modèles plus ou moins réussis. Blackstar propose à son tour un modèle de poche avec le Fly 3. Mais quid du son ?

– Comment ça Il n’y a pas de prise casque ? Tu rapportes immé­dia­te­ment ce P % $ & d’am­pli au maga­sin !

– Mais… papa… il est 21h et il fait 20 kg !

– M’en fous, tu discutes pas et tu le rapportes ! Vous allez me tuer avec votre bruit !

Telle fût la rouge colère pater­nelle suite à l’achat de mon premier « vrai » ampli (un Peavey Bandit 112 à tran­sis­tors, assez sympa d’ailleurs). Dans les 90’s, un ampli d’ap­par­te­ment c’était soit rela­ti­ve­ment puis­sant et impo­sant, soit un jouet au son ridi­cule, surtout en disto. Les quelques tenta­tives, il y en eût, pour tenter de résoudre ce problème ne sont pas vrai­ment restées dans les annales. Heureu­se­ment, grâce à la modé­li­sa­tion arri­vée 10 ans plus tard, les produits se sont multi­pliés tant et si bien que chacun peut aujour­d’hui trou­ver un combo corres­pon­dant à ses besoins en termes de puis­sance, de format et de son (avec prise casque bien enten­du…). Malheu­reu­se­ment, le rapport puis­sance/taille/prix est souvent inégal et les sono­ri­tés encore trop souvent cari­ca­tu­rales. À moins qu’on ne jette une oreille au Fly 3, ampli rikiki de chez Blacks­tar, sorti un peu avant Noël de l’an denier, et dont voici le test.

Fuse­lage

À première vue, on dirait que ce combo est un jouet pour enfant, en plas­toc, version minia­ture (170 mm x 126 mm x 102 mm pour 0,9 kg, beau bébé tout de même) d’un ampli à lampes 20 fois plus grand, avec des détails amusants comme l’imi­ta­tion des protec­tions sur les coins de vrais HP.

Blackstar Amplification Fly 3

Autre­ment, simpli­cité et sobriété sont au rendez-vous avec une grille ornée du logo Blacks­tar pour cacher l’en­ceinte de 3 pouces sur la face avant, des petits patins anti­dé­ra­pants en dessous et les entrées/sorties indis­pen­sables sur la face haute : entrée jack en métal, entrée mini-jack MP3/Line In pour bran­cher des auxi­liaires et une sortie casque (ouf !) au format mini-jack toujours, aussi appe­lée Em. Out (Emula­tion Out) afin, par exemple, de bran­cher notre ampli sur une inter­face audio. Sur la face haute se trouve encore un bouton pour allu­mer l’ap­pa­reil (avec une diode rouge pour indiquer l’état de marche) et un autre pour chan­ger de canal (clair ou saturé quand on appuie dessus, appelé OD). 

Sur la face arrière nous remarque­rons une sortie « Exten­sion Spea­ker », type câble Ether­net, pour y relier un deuxième HP (le Fly 103 qui coûte une tren­taine d’eu­ros), notre combo passant ainsi de 3 à 6 Watts et de mono en stéréo (rensei­gne­ments pris auprès du distri­bu­teur, la stéréo s’ap­plique aussi au delay. Oui, parce qu’il y a un delay inté­gré, nous verrons ça plus loin). Le Blacks­tar ne couvrira peut-être pas un batteur, mais les 3 Watts sont suffi­sants. Avec le deuxième HP, il aidera le jeune à sono­ri­ser ses soirées et pour­rir le salon de ses parents. Le Fly 3 me fait penser à une mini version de l’AM­PLIFi que j’ai testé aupa­ra­vant avec sa double fonc­tion ampli guitare/enceinte Hi-Fi. S’il y avait eu aussi une connexion Blue­tooth comme sur le Line 6, nous aurions été comblés. Mais le Blue­tooth aurait certai­ne­ment pas mal usé les piles qui alimentent le combo.

Carbu­rant

Blackstar Amplification Fly 3

En effet, derrière l’am­pli se trouve une cavité pour loger 6 piles AA (alca­lines ou rechar­geables), four­nies. J’avoue ne pas trop être fan des alimen­ta­tions par piles, surtout des AA de moins en moins utili­sées et pas si bon marché. À une époque où presque tous nos appa­reils sont équi­pés de batte­ries internes rechar­geables, on aurait préféré éviter d’ou­vrir (et sans doute, au bout d’un moment, de casser ou perdre) la fragile trappe en plas­tique. Et puis je n’aime pas m’inquié­ter du moment où il faut chan­ger les piles (même sur une wah-wah… c’est dire comme ça me stresse !). Blacks­tar n’a pas pu nous four­nir de données exactes concer­nant l’au­to­no­mie de l’en­gin, mais en gros, il marche plusieurs semaines à volume modéré, au moins quatre heures tout à fond. Les plus anxieux d’entre nous pour­ront toujours bran­cher une alimen­ta­tion (6,5 V) dans la prise DC IN située à droite de la trappe. 

Tableau de bord 

Comme nous l’évoquions précé­dem­ment, malgré sa taille ridi­cule, le Fly 3 est un non seule­ment un ampli bica­nal, mais il est aussi muni d’un Delay.

Blackstar Amplification Fly 3

Nous retrou­ve­rons sur la face haute 4 potards de réglage de son : GAIN, VOLUME, EQ et DELAY. Le premier augmente ou dimi­nue la satu­ra­tion, le second règle le volume, et le troi­sième l’éga­li­sa­tion, aussi dénommé ISF (Infi­nite Shape Feature, système déve­loppé dès leurs débuts par les anglais de Blacks­tar) qui permet d’ob­te­nir un son « US » (plus aigu et défini) quand le potard est à gauche et « British » (plus sombre) quand il est à droite, avec toutes les nuances possibles entre les deux. Le quatrième poten­tio­mètre réglera le temps entre les répé­ti­tions du Delay, numé­rique bien entendu, mais aux sono­ri­tés analo­giques. Un mini-potard situé juste au-dessus nous permet­tra d’en fixer le niveau (il est inac­tif à 0), les répé­ti­tions n’étant en revanche pas ajus­tables (elles sont liées au temps, j’en ai compté trois au maxi­mum).  

Mach 3 

Il est temps main­te­nant de prendre en main les commandes de l’ap­pa­reil.

Blackstar Amplification Fly 3

Voici la chaîne audio utili­sée pour le test : Guitare > Blacks­tar Fly 3 > micro Shure SM57 > Carte son RME Fire­face 802. Pour les guitares, j’ai alterné diffé­rents modèles et confi­gu­ra­tions de micros (S = simple, H = Humbu­cker). Le volume de l’am­pli est à fond pour tous les extraits, sauf l’avant-dernier.

Nous débu­te­rons sur le canal clair avec un thème de jazz (sur une Gibson ES-175T, H/manche). Je n’ai pas touché au potard de tona­lité sur la guitare et pour obte­nir ce son mat, j’ai simple­ment mis l’ISF sur la posi­tion BRITISH (tout à fait à droite), le GAIN est au 1/4. Au-dessus, ça crunche vite. Du coup, il est diffi­cile d’avoir un vrai son clair avec un volume assez fort. Les utili­sa­teurs de Twin Reverb seront proba­ble­ment déçus… J’ai cher­ché pour l’exemple suivant un son à l’op­posé, très funky (sur une Fender Tele­cas­ter Deluxe S/manche), GAIN toujours au 1/4, mais avec l’ISF au milieu. Le Fly 3 ne s’en sort pas trop mal dans les deux cas :

1 jazzy clean gibson es175t
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  • 1 jazzy clean gibson es175t 00:22
  • 2 funky clean fender tele­cas­ter deluxe 00:17

Attaquons-nous ensuite au crunch, sur le canal clair toujours (tous les exemples sont joués sur la Tele­cas­ter). Une petite ryth­mique rockab’ (GAIN à 7, ISF à midi, DELAY à fond, mais avec un temps à 0) et juste derrière, une impro solo avec un jeu plus ou moins dyna­mique (GAIN à 7, ISF US, DELAY vers midi). Enfin, deux derniers exemples pour compa­rer le crunch du canal clean et le crunch du canal OD. Pour cela j’ai mis le GAIN à fond sur celui du canal clean (ISF à midi, DELAY à 4) et je l’ai mis au 1/4 seule­ment sur le canal OD (le reste des réglages étant iden­tique).

3 rockab crunch delay fender tele­cas­ter deluxe
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  • 3 rockab crunch delay fender tele­cas­ter deluxe 00:31
  • 4 crunch bluesy fender tele­cas­ter deluxe 00:36
  • 5 crunch clean fender tele­cas­ter deluxe 00:17
  • 6 crunch od fender tele­cas­ter deluxe 00:18
Blackstar Amplification Fly 3

Nous remarque­rons que l’am­pli répond bien aux coups de média­tor et que le crunch du canal OD est plus creusé et plus aigu que le celui du canal clair (que je préfère pour cette appli­ca­tion). Nous remarque­rons qu’avec un temps nul, le DELAY sonne comme une « room reverb » ou un très léger slap­back. 

Profi­tons-en pour exami­ner l’ef­fet. Voici un exemple avec le niveau de DELAY à fond et le réglage du temps d’abord à 0 (room), puis au 1/4 (slap­back), ensuite à midi (delay rapide), ensuite aux 3/4 (plus lent) et pour finir à fond (lent). Ce petit delay, bien pensé, mouillera notre son de manière agréable. Il n’est certes pas aussi complet qu’une vraie pédale d’écho, mais c’est quand même un vrai plus pour notre ampli. 

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Passons à présent au canal OD avec trois exemples joués sur une Music­man Luke (micros actifs, S/manche) qui nous permet­tront d’en­tendre l’im­pact du potard ISF (GAIN à fond) d’abord avec le son US (potard à gauche), puis le son BRITISH (potard à droite), puis entre les deux :

8 od us music­man luke
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  • 8 od us music­man luke 00:26
  • 9 od british music­man luke 00:26
  • 10 od isf midi music­man luke 00:26

La diffé­rence est assez flagrante entre le son aigu « US » et celui plus étouffé « BRITISH ». La posi­tion idéale semble être celle à midi. Bais­sons le GAIN à midi et écou­tons encore la diffé­rence entre le son US et BRITISH à l’aide d’une Gibson Les Paul Boneyard Joe Perry Signa­ture (H/cheva­let). Avec l’ISF à droite et le GAIN toujours à fond, nous allons ensuite tenter d’ob­te­nir un son métal en passant sur le humbu­cker de la Music­man. Pour finir, nous mettrons tous les potards à fond, y compris ceux du DELAY, toujours sur la Music­man :

11 rock us gibson boneyard
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  • 11 rock us gibson boneyard 00:23
  • 12 rock british gibson boneyard 00:18
  • 13 metal music­man luke 00:11
  • 14 afond­les­bal­lons music­man luke 00:51

On recon­nait bien là le son Blacks­tar, des anciens de chez Marshall, surtout sur la posi­tion BRITISH. Selon moi, le meilleur son saturé qu’on puisse obte­nir de notre petit ampli se trouve sur la posi­tion « midi » de tous les potards. Il réagit aussi très bien au volume de notre guitare en éclair­cis­sant correc­te­ment le son quand on le baisse. 

Blackstar Amplification Fly 3

Pour finir ce test, j’ai bran­ché un vieil iPod dans l’en­trée MP3 de l’am­pli et j’ai impro­visé sur une backing track (avec une Fender Custom Shop 69 NOS, S/manche, GAIN à 7, VOLUME aussi, ISF à midi, DELAY à fond, TIME à midi). Le rendu est plutôt bon sauf pour les basses, le petit boîtier arrive à les encais­ser, mais on sent qu’il atteint ses limites quand les volumes de l’am­pli et de l’iPod sont très élevés. Et puis comme je n’étais pas satis­fait du son métal que j’ai obtenu tout à l’heure, j’ai mis l’ISF à midi et j’ai recom­mencé, mais via la sortie « Em. Out » direc­te­ment dans la carte son (sur la Music­man, H/cheva­let). On notera que le résul­tat est vrai­ment inté­res­sant, on pourra ainsi expé­ri­men­ter et enre­gis­trer nos prochaines compos avec. D’ailleurs, contrai­re­ment à certains amplis, le son au casque n’est pas désa­gréable et nous pour­rons travailler confor­ta­ble­ment dans n’im­porte quelle condi­tion.

15 backing track mp3 fender custom­shop 69
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  • 15 backing track mp3 fender custom­shop 69 00:21
  • 16 metal emula­tion music­man luke 00:25

J’ai pu consta­ter au cours du test que l’ap­pa­reil souf­flait quand tous les potards étaient à fond (avec un très très léger « hiss »), même avec des humbu­ckers. Rien de trop grave, d’au­tant que réglé avec plus de nuance, l’am­pli reste globa­le­ment silen­cieux. Après l’avoir fait voler et main­te­nant que nous avons à nouveau les pieds sur terre, quel juge­ment portons-nous sur cet appa­reil ? 

Top Gun

Loin des cari­ca­tures de certains combos « cheap », le Blacks­tar Fly 3 est un ampli poly­va­lent déli­vrant des sons remarquables, notam­ment grâce au petit delay inté­gré pas du tout super­flu, eu égard à sa taille et à son prix, une soixan­taine d’eu­ros. Les profs de guitare ou leurs élèves pour­ront l’em­por­ter au cours (il rentre dans certaines housses), il fera aussi un excellent ampli d’en­trai­ne­ment, de voyage et d’ap­par­te­ment (vu le peu de place qu’il prend et son double usage). Le guita­riste, du débu­tant au profes­sion­nel, peut y aller les yeux fermés. Le Fly 3 a frôlé de peu l’award Audio­fan­zine, et s’il ne l’a pas atteint, c’est à cause de l’ali­men­ta­tion par piles qui nous rebute. Quand les ingé­nieurs de Blacks­tar le mettront à jour avec une batte­rie rechar­geable (voire du Blue­tooth et une reverb), il leur sera acquis. Si seule­ment j’avais connu ce type d’am­pli, avec prise casque, à l’âge de 15 ans ! Ça m’au­rait évité de devoir user de toute mon ingé­nio­sité, mon éner­gie et ma malice pour cacher le Bandit 112. Ceci dit, il n’a jamais revu le maga­sin, je l’ai toujours…

  • Blackstar Amplification Fly 3
  • Blackstar Amplification Fly 3
  • Blackstar Amplification Fly 3
  • Blackstar Amplification Fly 3
  • Blackstar Amplification Fly 3
  • Blackstar Amplification Fly 3
  • Blackstar Amplification Fly 3

 

8/10
Points forts
  • Excellent rapport prix/format/sons
  • Polyvalence
  • Delay intégré
  • Prise casque/émulation
  • Simplicité
  • Double usage (ampli guitare/enceinte hi-fi)
  • Deuxième HP (stéréo) en option
Points faibles
  • Alimentation par piles AA (pas de batterie rechargeable)
  • son clair = faible volume

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