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La Légende Arturienne
8/10
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Doit-on y voir un signe des temps ? La marque française Arturia sort cet automne sa nouvelle gamme "Mini", qui répond à un appel du marché pour les petits interfaces plug and play, nomades et peu coûteuses. Alors, qu'est-ce que ça donne le mini en version Arturia ?

Test des Minifuse 1 et 2 d'Arturia : La Légende Arturienne

Arturia MiniFuse 2 : Arturia MinifuseC’est la tendance actuelle : les inter­faces petites, simples à prendre en main, et qui répondent à la démo­cra­ti­sa­tion de l’en­re­gis­tre­ment audio aujour­d’hui. Le home-studio devient de plus en plus simple, de plus en plus nomade (moins home et moins studio, en somme), pour s’adap­ter à la nouvelle demande des podcas­ters, youtu­bers, et autres créa­teurs de contenu numé­rique.

De plus en plus de construc­teurs se vantent désor­mais de propo­ser, dans une gamme moné­tai­re­ment atti­rante, des inter­faces de qualité (d’après eux), malgré leurs limi­ta­tions au point de vue des entrées et sorties. Artu­ria saura-t-elle tirer son épingle du jeu ?

Débal­lage

Comme souvent sur ce genre inter­face, le paquet impres­sionne peu par son contenu : en ouvrant le carton on trouve la petite inter­face, très légère et un câble USB-C vers USB. Les instruc­tions de mise en service sont impri­mées direc­te­ment dans la boîte : écono­mie ou écolo­gie ? Les deux à la fois, proba­ble­ment. En tout cas, on comprend tout de suite que les mini­fuse sont tota­le­ment auto-alimen­tées. De plus, Artu­ria a eu la bonne idée de les rendre class compliant.

Arturia MiniFuse 2 : Minfuse face avantImmé­dia­te­ment on remarque égale­ment que tout ce qui faisait l’ori­gi­na­lité de l’Audio­fuse (dont on a dit beau­coup de bien sur AF) a disparu au profit d’un design beau­coup plus banal. Et plus chiche : peu d’en­trées, peu de sorties, peu de contrôles, une construc­tion moins solide. Bien sûr les mini­fuse n’ont pas pour fonc­tion de riva­li­ser avec leur grande sœur qui, au demeu­rant, reste produite par Artu­ria, mais l’on est un peu déçu de ne pas y retrou­ver l’ap­proche si origi­nale et si sédui­sante, qui avait jusqu’ici fait la signa­ture de la marque greno­bloise.

Quelle diffé­rence existe entre le modèle 1 et le modèle 2 ? Prin­ci­pa­le­ment les entrées et les sorties. En effet au niveau des préam­plis embarqués et des conver­tis­seurs, on est sur le même maté­riel. La Mini­fuse 1 propose le mini­mum vital pour enre­gis­trer des sources sonores, micro ou instru­ment : en façade une entrée combo jack 6,35 mm-XLR, avec son poten­tio­mètre de gain et son commu­ta­teur d’im­pé­dance pour en faire une entrée instru­ment. On trouve égale­ment un commu­ta­teur 48 volts. Les boutons sont tous rétro-éclai­rés lorsqu’ils sont enclen­chés. Ce n’est pas révo­lu­tion­naire, mais c’est toujours une bonne idée. Ceux des poten­tio­mètres s’al­lument lorsque ils reçoivent du signal, en bleu clair puis en orange lorsque l’en­trée sature. Là aussi on sent de la part du construc­teur une volonté de rendre la prise en main le plus instinc­tif possible. Suivent le gros bouton pour le niveau de moni­to­ring, une sortie casque avec son poten­tio­mètre et un bouton « direct moni­tor » qui permet de router l’en­trée direc­te­ment vers les moni­teurs.

Arturia MiniFuse 1 : Minifuse arrièreEt la Mini­fuse 2 alors ? Elle reprend le même modèle mais ajoute une seconde entrée (tota­le­ment simi­laire à la première), un poten­tio­mètre pour régler le mix entre l’en­trée direct et le retour USB, accom­pa­gné d’un bouton « direct mono » permet­tant d’écou­ter en direct (et en mono bien évidem­ment) les entrées. À l’ar­rière, Artu­ria dispose un hub USB un peu léger (mais qui a le mérite d’exis­ter), avec une prise USB libre pour les contrô­leurs ou les clefs. Les sorties moni­teur se font sur jack TRS 6,35 mm, et la Mini­fuse 2 ajoute en plus une entrée et une sortie midi. On remarque qu’au­cune de ces fiches (jack, DIN ou USB) ne sont fixée à la façade arrière : ce n’est pas la première fois que nous faisons remarquer ce défaut sur des inter­faces d’en­trée de gamme, et cette pratique (écono­mique) a ses risques : les soli­ci­ta­tions méca­niques de ces entrées et sorties risquent de mettre à rude épreuve la soli­dité des soudures. On remarquera que sur la façade avant, au moins, les entrées combo Jack XLR sont main­te­nus par des vis.

Pour résu­mer : on est donc sur une confi­gu­ra­tion très simple, qui offre l’avan­tage d’une sépa­ra­tion évidente entre l’ar­rière (les sorties) et l’avant (les entrées). Lors de nos essais, l’in­ter­face pêche clai­re­ment par un manque de stabi­lité lorsqu’on branche ou débranche les jack ou XLR. Bref, elle a exac­te­ment les défauts typiques de sa gamme. C’est excu­sable, mais cela reste dommage.

Voyons main­te­nant si l’in­ter­face que faire la diffé­rence avec ses concur­rents au point de vue du son.

Logi­ciel et Bundle

Control Center.PNGPour la partie logi­cielle, le Mini­Fuse Control Center nous a laissé un peu dubi­ta­tif. Encorte une fois, le logi­ciel reprend le look de l’in­ter­face, ce qui fait qu’on trouve ses marques très faci­le­ment. Le point faible soulevé par Red Led pour l’Au­dio­Fuse, est toujours là, mais un peu diffé­rem­ment : la fenêtre peut être redi­men­sion­née selon des tailles précises (50%, 60%…), mais les dimen­sions les plus petites donnent des réso­lu­tions assez basses et diffi­ciles à lire. Dommage ! Toujours pas de gestion des sorties et donc pas de possi­bi­lité de gérer des mixs diffé­rents pour les sources prove­nant direc­te­ment des entrées, problème déjà signa­lée sur l’au­dio­Fuse. Bref, un control Center avec le mini­mum vital; encore une fois : prise en main facile, certes, mais on ne peut pas aller plus loin. C’est un peu frus­trant.

Du côté du bundle, Artu­ria n’est pas radin pour des inter­faces d’en­trée de gamme : en plus d’Able­ton Live Lite, Artu­ria vous offre son propre Analog Lab Intro, avec 500 presets des instru­ments de la Collec­tion 5, et les plugins Artu­ria FX, 4 émula­tions d’ef­fets de modu­la­tion vintage (chorus, réverbe à plaque…). À cela, vous pouvez ajou­ter les émula­tions de guitares, d’am­plis et de haut-parleurs de Native Instru­ments. De plus, pour une durée plus limi­tée, vous rece­vrez une inscrip­tion gratuite de 3 mois à Auto-Tune, et un abon­ne­ment de trois mois égale­ment à Splice Crea­tor.

Bench­mark

Afin de tester l’in­ter­face, nous avons fait un bench­mark avec notre fidèle APx515 d’Au­dio Preci­sion (lien). Comme d’ha­bi­tude, nous publions les résul­tats obte­nus en THD, rapport signal/bruit et dévia­tion des voies, pour les entrées et sorties analo­giques. Pour toutes les confi­gu­ra­tions, je règle le gain pour obte­nir le meilleur résul­tat possible. Dans les cas où la compa­rai­son est éclai­rante, je teste avec des gains plus faibles.

Commençons donc avec les entrées lignes :

Line levelLine THD

J’en­voie un sweep de 1 Vrms dans l’en­trée 1 et je mesure le signal aux sorties moni­teur 1 et 2, non atté­nuées.

Linéa­rité : alors là, ça commence très fort ! C’est vrai­ment bon : ±0,055 dB, très proche de ce que propose Ante­lope… et mieux que l’Apollo Twin X4. Deux desk­top à un prix tout autre ! Et c’est mieux que l’Audio­fuse.

THD : En gros 0,006% tout le long du spectre audio. C’est moins impres­sion­nant. Disons que l’on est sur un résul­tat assez peu surpre­nant dans cette gamme de prix, moins bon que l’Au­dio­fuse.

Testons main­te­nant les entrées micros :

Mic LevelMic THD

Ici j’en­voie un sweep de 100 mVrms et je mesure le signal aux niveau des sorties moni­teurs.

Linéa­rité : Encore meilleur, avec ±0,019 dB de dévia­tion. On est vrai­ment sur un design de préamp très droit, qui joue dans la cour des grands.

THD : Comme pour l’en­trée ligne – 0,006% – mais c’est plutôt bien de voir qu’avec la sensi­bi­lité plus élevée de l’en­trée micro, la distor­sion harmo­nique n’aug­mente pas.

Le rapport signal/bruit, mesuré à 1 kHz est de 99,591 dB. Encore une fois, pas mal pour la gamme de prix, mieux que chez M-Audio.

Pour conti­nuer le test, j’ai voulu véri­fier la réponse de la sortie casque :

HP LevelHP THD 

On reste sur les entrées Mic, mêmes condi­tions de test. Du côté de la linéa­rité, on a l’ha­bi­tuelle perte dans les aigus, typique de nos tests de sortie casque, en revanche, le THD est assez fort, avec une augmen­ta­tion signi­fi­ca­tive à partir de 800 Hz et qui atteint 0,1% à 20 kHz.

Pour finir, voyons l’en­trée instru­ment, sur sorties moni­to­ring (signal de 200 mVrms en entrée) :

Inst Level Inst THD

Linéa­rité toujours irré­pro­chable, ±0,029 dB. On se rend progres­si­ve­ment compte que c’est vrai­ment là le point de fort de cette inter­face : ne flan­cher dans aucune partie du spectre audible.

THD : Un peu plus forte, avec des oscil­la­tions au dessus de 0,006 %, jusqu’à atteindre 0,01 %. Cela reste très correct.

Conclu­sion

Au final que penser des inter­faces Mini­fuse d’Ar­tu­ria ? On se pose la ques­tion, tant on est partagé entre un senti­ment de légère décep­tion et une impres­sion de grande qualité à la lecture des résul­tats du bench­mark. Décep­tion parce que, connais­sant l’ori­gi­na­lité et la géné­ro­sité des inter­faces déjà propo­sées jusqqu’ici par le construc­teur greno­blois, on pouvait s’at­tendre à plus : plus origi­nal, plus d’E/S, plus robus­te… La simple idée d’une inter­face porta­tive avec un couvercle était brillante (parfait pour garder des réglages en place lors de dépla­ce­ment). Pourquoi s’en débar­ras­ser ? On trouve donc le design de l’en­semble un peu banal, avec seule­ment le mini­mum vital pour une pratique home-studio. La Mini­fuse 4 sortira au premier trimestre 2022, et elle propo­sera plus d’op­tions E/S et un port USB de plus dans le hub. Elle consti­tura proba­ble­ment la meilleure option dans cette série. Quid du prix ? On le décou­vrira alors. Mais peut-on vrai­ment râler lorsqu’on voit de tels résul­tats lors du bench­mark ? En linéa­rité, c’est abso­lu­ment irré­pro­chable, et la THD est plus que correcte. On en vient même à se deman­der si, dans cette gamme de prix, pour cet encom­bre­ment, et en auto alimen­ta­tion en plus, on ne tien­drait pas là les meilleurs résul­tats que l’on n’ait vus chez AF. Alors, si vous recher­chez une inter­face très plug and play, et que vos besoins d’en­trées et de sortie sont limi­tés, vous pour­rez certai­ne­ment faire confiance aux Mini­fuse d’Ar­tu­ria pour leurs résul­tats sonores. En revanche, si vous êtes un prati­cien plus chevronné du home-studio, ces inter­faces pour­raient vous paraître un peu limi­tées. Chacun fera son choix…

8/10
Points forts
  • Excellente linéarité
  • Bundle généreux
  • Entrée et sorties MIDI (sur Minifuse 2)
  • Prise en main simple
  • Hub USB
  • Deux couleurs dont le blanc, pas si courant...
Points faibles
  • Construction légère
  • Trop légere pour des câbles lourds
  • Look un peu banal
  • Un Control Center trop limité
Auteur de l'article Pr. Soudure de La Feuille

Venu à la musique par le bruit, j'y retournerai un jour. J'aime les beaux circuits bien propres, les musiques sales et moches. Technicien de jour, la nuit je dors.


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