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Schecter, c’est si pro ?
8/10
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S’il y a bien une forme qui a subi moult transformations, c’est bien la Stratocaster. De l’interprétation fidèle à cette glorieuse grand-mère des 50's aux itérations les plus farfelues, tout a été fait ou presque… Le domaine des superstrats est donc vaste, alors faisons le point sur le modèle qui nous intéresse aujourd’hui, à savoir la Schecter C-6 Pro charcoal Burst.

IMG_20201216_154520De points communs avec la Strat cette Schec­ter n’en a que de loin. Son créneau de prédi­lec­tion est clai­re­ment métal avec un look assumé, à la fois classe et agres­sif comme son prix situé sous la barre des 700 €. Propo­sée en trois colo­ris aqua burst, aurora burst et char­coal burst, elle est aussi décli­née en version 7 cordes et version 6 cordes avec Floyd Rose flot­tant (un Floyd Rose Special, quel domma­ge…). C’est un beau char­coal burst qu’af­fiche notre exem­plaire, figuré par une épaisse table en ronce de peuplier déli­ca­te­ment sunburst. Il ne s’agit pas d’une image ou d’un photo flame, la table bien réelle propose des motifs aléa­toires variant bien sûr d’un modèle à l’autre. À vous la sensa­tion d’avoir une guitare un peu unique ! La tête est assor­tie et se marie bien au reste de la guitare, alors que parfois les manches donnent l’im­pres­sion d’avoir été ajou­tés sans réelle concor­dance. Le corps en acajou est consti­tué de trois pièces de bois aux beaux motifs natu­rels. Le vernis n’est pas trop épais comme énor­mé­ment d’ins­tru­ments enfer­més dans une couche de poly­uré­thane gigan­tesque.

IMG_20201216_154650Le manche en érable renforcé au carbone est lui aussi assem­blé en trois pièces et vissé en cinq points, chose assez rare pour être souli­gnée. Le poids géné­ral est léger, cette guitare ne fera pas souf­frir votre dos et présente une belle finesse, pas aussi pronon­cée qu’une Ibanez Sabre mais tout à fait élan­cée et confor­table. La touche en wengé est une alter­na­tive au palis­sandre main­te­nant protégé et montre une couleur se situant un peu entre ce dernier et l’ébène. Sertie de 24 cases aux frettes correc­te­ment finies, elle se termine par un sillet Graph Tech XL Black Tusq auto­lu­bri­fié garan­tis­sant le moins de fric­tions possible. Même sans vibrato, les cordes bougent dans les gorges du sillet lors des bends, aucun souci à ce niveau. Des méca­niques en ligne Schec­ter à bain d’huile ornent la tête reverse présen­tant un joli chan­frein cosmé­tique. De l’autre côté, les cordes traversent le corps en acajou via un cheva­let maison très stable et qui inspire confiance. Le sélec­teur de micros trois posi­tions semble un peu cheap mais rempli son rôle sans sour­ciller. Les autres de contrôles de volume et tona­lité proposent ce que l’on attend d’eux : peu de fric­tion pour le volume et une meilleure résis­tance pour la tona­lité. Un split qui divise les bobines des micros est présent en push-pull sur le potard de volume. L’ac­cès aux aigus est excellent, les solistes seront ravis de pouvoir évoluer dans cette zone critique du manche. Les micros Schec­ter double bobi­nage intriguent, les guitares actuelles propo­sant au fil du temps des micros maison encore meilleurs. Véri­fions cela en bran­chant la bestiole.

Aile d’avion

Condi­tions du test : ampli PRS MT15, enceinte KelT custom 2×12 Celes­tion V30 et Eminence Gover­nor, micros Shure SM57 et Senn­hei­ser MD421, carte son Scar­lett Focus­rite 18i8, Cubase 10.5, aucune EQ, aucun trai­te­ment en post, delay, reverb et chorus via HX Effects

IMG_20201216_154733Attaquons un ampli PRS MT15 excel­len­tis­sime pour faire chan­ter cette métal­leuse qui n’en demande pas moins. À la prise en main, le manche est vrai­ment très très fin, presque plus fin que les fameux manches Wizard de chez Ibanez. En grosse satu­ra­tion (parce qu’il n’y a pas de raison, en avant !), la défi­ni­tion est direc­te­ment satis­fai­sante. L’im­pres­sion géné­rale est bonne, le grain est bien présent et le sustain plutôt correct. Bien réglée d’usine, on observe juste une toute petite frisette sur les cases graves, très faci­le­ment réglable. Les accords plaqués sonnent de flat­teuse manière, la main droite ne rencontre aucun souci lors des palm mutes avec un cheva­let très bien réalisé et ergo­no­mique (le souve­nir de certains cheva­lets Ibanez Gibral­tar traver­sants hante encore mes cauche­mars…). Le radius de 14 pouces est un bon compro­mis entre la stabi­lité ryth­mique et les envo­lées solo endia­blées. Au fur et à mesure du jeu, on finit tout de même par entendre les réso­nances des cordes derrière le sillet, la tête reverse étant respon­sable de l’al­lon­ge­ment des cordes filées et donc des grands bruits para­sites. Un morceau de mousse ou un « string dampe­ner » résou­dra le souci sans délai. La tenue d’ac­cord est excel­lente, le sillet Graph Tech montre toutes ses quali­tés avec des bends sans heurt ni accroc. Les frettes méritent un petit polis­sage pour parfaire les sensa­tions très bonnes déli­vrées par cette C-6. La Super­strat qui aime la vitesse pour sûr ! Le jeu solo est aisé, les contrôles sont idéa­le­ment placés pour atteindre l’objec­tif ultime : oublier la guitare et jouer sans penser à rien d’autre. Pour ceux qui cherchent un instru­ment sans prise de tête, c’est idéal ! On se prend à « solo­ter » libre­ment, à faire fuser les harmo­niques arti­fi­cielles avec plai­sir. Réel­le­ment taillée pour le métal, on décon­seillera sans mal cet instru­ment aux amateurs de blues ou de jazz, raison pour laquelle il n’est même pas perti­nent de l’es­sayer en son crunch. Le manche vrai­ment fin est un pousse au crime shred auquel il est bien diffi­cile de résis­ter.

IMG_20201216_154712Les micros sonnent de façon très honnête. Sans toute­fois atteindre les célèbres réfé­rences que sont Seymour Duncan ou DiMar­zio, ils délivrent des sono­ri­tés utili­sables en toute circons­tance, sans larsen ni buzz exagéré même en split. Les sons clairs sont juste­ment magni­fiés par ces splits, aussi effi­cace en posi­tion manche que cheva­let. Un peu moins audibles en son saturé, ils restent néan­moins une bonne solu­tion pour des arpèges en son clair quand le besoin se fait sentir sans pour autant chan­ger de guitare. Il est évident par contre que l’ins­tru­ment se verrait upgradé sans commune mesure avec un kit de micros comme les SH4 et SH1N de Seymour Duncan, parfaits pour une telle luthe­rie acajou/érable. Mais en l’état, ils sont satis­fai­sants, les chan­ge­ments de posi­tion appor­tant les varia­tions atten­dues. Le poten­tio­mètre de volume éclair­cit joli­ment le son avec une course linéaire agréable même si à nouveau cette guitare n’est pas conçue pour la nuance.

IMG_20201216_154904La guitare bien blin­dée ne semble pas être trop sensible aux para­sites sauf en posi­tion split­tée et en son saturé, cela est normal. Malgré les cordes traver­santes et le cheva­let fixe soli­de­ment ancré dans le bois, le sustain n’est pour­tant pas incroyable et les notes voient leur volume dimi­nuer assez rapi­de­ment lorsque les accords résonnent. Étrange, d’au­tant que le son pure­ment acous­tique est bon. La touche en wengé offre une sensa­tion de jeu et des sono­ri­tés voisines au palis­sandre, l’équi­libre sur toutes les fréquences étant au programme.

Le jeu debout est favo­risé par un bon équi­libre, elle reste bien en place lorsqu’on ne la touche pas. Le poids est un vrai avan­tage, équi­pez-la de strap locks et vous pour­rez cava­ler sur scène sans avoir le senti­ment de trans­por­ter un coffre-fort autour de votre cou. Le manche renforcé carbone ne semble pas bouger outre mesure malgré sa finesse, garan­tie d’une tenue d’ac­cord stable. Vous pour­rez l’em­por­ter en tour­née dans des lieux humides sans trop d’in­fluence sur le bois, ceci étant bien entendu impos­sible à garan­tir dans un cadre de test normal. Toute­fois, l’ex­pé­rience permet d’af­fir­mer certaines choses et pour résu­mer, la guitare paraît très stable, avec des bois correc­te­ment séchés.

 

Super super­strat

IMG_20201216_154741La Schec­ter C-6 Pro char­coal burst est une belle et bonne guitare. Tota­le­ment dévouée à la musique qu’elle sert, il ne faut rien en attendre de plus que la bran­cher, l’ac­cor­der et envoyer la sauce. Blues­men et jazz­men, passez poli­ment votre chemin, ce n’est pas ici que vous trou­ve­rez votre bonheur ! Point de tour­ments ni de mauvaise surprise dans cet inves­tis­se­ment sans risque, le tarif placé sous la barre des 700 € est parfai­te­ment justi­fié. On regret­tera bien peu de choses dans cette propo­si­tion en mode super­strat aux hormones. Ajou­tez-lui une paire de micros de l’en­fer et elle peut tota­le­ment deve­nir votre guitare prin­ci­pale tant elle est facile à jouer. Fabriquée en Indo­né­sie, elle ne trahit pas ce qu’on attend d’une super­strat métal : branche et joue.

8/10
Points forts
  • Look terrible
  • Véritable table
  • Micros Schecter très honnêtes
  • Stabilité
  • Finition générale
  • Aucune prise de tête : on branche, on joue
Points faibles
  • Sustain un peu léger
  • Sélecteur cheap

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