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Guide d'achat des pianos numériques d'étude

Quel piano numérique d'étude acheter ?

En quelques décennies, la grande majorité des instruments de musique s'est trouvée samplée en banques de sons aujourd'hui directement accessibles dans n'importe quelle STAN. Mais aucun d'entre eux n'a subi la transformation que le piano est en train de vivre à l'heure du numérique.

Guide d'achat des pianos numériques d'étude : Quel piano numérique d'étude acheter ?

Pianos numériques : N1XQue vous soyez un pianiste débu­tant ou confirmé, qu’il s’agisse de votre premier instru­ment ou bien que vous soyez obligé de prendre quelque distance avec votre piano acous­tique favori sans pour autant délais­ser votre pratique musi­cale, les raisons sont nombreuses pour lesquelles vous pour­riez être tenté par l’ac­qui­si­tion d’un piano numé­rique. Le présent dossier ne visera pas à vous présen­ter un tableau exhaus­tif de l’offre exis­tante, mais plutôt une sorte de tour d’ho­ri­zon de ce qui se fait en la matière, tout en vous donnant quelques points de repères auxquels prêter atten­tion si vous souhai­tez vous porter acqué­reur d’un tel instru­ment. Nous nous inté­res­se­rons aux modèles des prin­ci­pales marques du marché, à savoir Yamaha, Casio, Roland, Kawaï et Korg. À la fin de l’ar­ticle, nous vous propo­se­rons une petite sélec­tion de modèles avec leurs carac­té­ris­tiques prin­ci­pales et leur tarif, du clavier trans­por­table jusqu’au piano hybride. On notera égale­ment que nous ne parle­rons ici que des pianos desti­nés à la pratique indi­vi­duelle. Mais avant de nous inté­res­ser aux aspects pure­ment tech­niques, je vous propose de nous rappe­ler un peu les origines des pianos numé­riques et les raisons de leur succès!

Les origines et les raisons d’être des pianos numé­riques

Les pianos numé­riques sont une gamme d’ins­tru­ments appa­rus dans le courant des années 80 à la fois en accom­pa­gne­ment et en suite logique de la vague synthé­tique initiée durant les deux décen­nies précé­dentes. Ce sont en effet les progrès consi­dé­rables en matière de luthe­rie élec­tro­nique et l’ap­pa­ri­tion notam­ment du sampling qui ont permis l’émer­gence de ces nouveaux instru­ments. Ceux-ci répondent depuis ce temps-là à de multiples besoins. Tout d’abord ils s’af­fran­chissent en effet de certaines contraintes de leurs homo­logues acous­tiques : non seule­ment ils ne subissent pas les varia­tions d’hy­gro­mé­trie et de tempé­ra­ture et ne se désac­cordent jamais, mais ils simpli­fient surtout l’am­pli­fi­ca­tion de l’ins­tru­ment. C’est vrai sur scène où il n’est plus néces­saire de recou­rir à des micros pour attaquer une sono, mais c’est aussi vrai à la maison où le musi­cien peut pratiquer son instru­ment au casque à toute heure de la jour­née ou de la nuit sans déran­ger son entou­rage. De ce fait, on distingue deux grands types de pianos numé­riques : les pianos de scène et les pianos d’étude et c’est à ces derniers et à leur usage domes­tique que nous nous inté­res­se­rons pour ce dossier, sachant que nous revien­drons dans un autre article sur les pianos de scène. 

Pianos numériques : Korg B2SPLes pianos numé­riques offrent égale­ment la possi­bi­lité de béné­fi­cier de multiples autres fonc­tions que l’on ne trouve pas sur les pianos acous­tiques, comme le fait d’ac­cé­der à diffé­rentes sono­ri­tés, de para­mé­trer ces dernières, d’ajou­ter des effets de reverb ou de chorus ou bien de s’of­frir le luxe d’une trans­po­si­tion auto­ma­tique sans avoir à chan­ger complè­te­ment son doigté. Enfin, leur compa­ti­bi­lité MIDI permet notam­ment de s’en servir de clavier-maître et d’ainsi pilo­ter des modules sonores externes ou des plugins infor­ma­tiques sans forcé­ment sacri­fier la qualité du toucher, notam­ment pour des pianistes qui peuvent juger trop souple le clavier des synthé­ti­seurs ou claviers de contrôle habi­tuels.

Si c’est Yamaha qui a connu le plus gros succès en 1984 avec sa série de claviers Clavi­nova, c’est Roland qui a le tout premier proposé un piano de ce type en 1983, le modèle HP 300. Ces deux marques ont été ensuite rejointes par d’autres fabri­cants pres­ti­gieux comme Casio, Korg ou Kawaï…

Après cette néces­saire intro­duc­tion, je vous propose d’at­taquer le vif du sujet en commençant par nous inté­res­ser à l’un des aspects fonda­men­taux de tout piano acous­tique ou numé­rique : le clavier.

Les diffé­rents types de clavier et leurs méca­niques

En ce qui concerne les instru­ments élec­tro­niques, on distingue diffé­rents formats de claviers et trois types de méca­niques diffé­rentes. Pour le nombre de touches, la grande majo­rité des instru­ments que nous vous propo­sons dans notre sélec­tion comporte 88 touches, et ce n’est pas un hasard. C’est en effet le nombre de touches d’un piano acous­tique. Si 61 touches pour­ront s’avé­rer suffi­santes pour une bonne partie des morceaux que vous serez amenés à jouer, ce n’est en effet qu’avec 88 touches que vous pour­rez réel­le­ment vous appro­prier l’in­té­gra­lité du réper­toire pianis­tique, tous styles confon­dus. Les trois diffé­rents types de méca­niques sont les suivants : le clavier dit léger ou souple, le clavier semi-lesté et le clavier dit « lourd » qui vise à repro­duire la méca­nique à marteaux des pianos acous­tiques.

Chaque type de clavier a sa raison d’être et implique un type de jeu parti­cu­lier. Les claviers légers sont appe­lés « synth action » en anglais et leur prin­cipe de fonc­tion­ne­ment repose sur des ressorts. Ils seront notam­ment adap­tés au jeu « glidé » façon synthé­ti­seur alors qu’une méca­nique à marteaux sera quand à elle beau­coup plus perti­nente pour exécu­ter des trilles et des répé­ti­tions rapides de notes. Toute­fois, je cite l’exemple des claviers légers bien plus à titre indi­ca­tif qu’autre chose, puisque si on les trouve dans le monde des synthé­ti­seurs, ils sont en revanche tota­le­ment absents de l’uni­vers des pianos numé­riques. Ici, l’en­trée de gamme se fait plutôt par le clavier semi-lesté. Ce dernier reprend en quelque sorte le prin­cipe des ressorts du clavier léger, mais en ajou­tant à son mode de fonc­tion­ne­ment des poids sur chaque touche à la manière de ce que l’on pourra trou­ver de façon plus déve­lop­pée sur les claviers lestés à marteaux qui sont ceux qui imitent le mieux la méca­nique du piano.

Pianos numériques : double échappementMais d’ailleurs, quelle est est exac­te­ment cette méca­nique que les pianos numé­riques cherchent à imiter ? Pour bien comprendre la nature de la méca­nique d’un piano acous­tique, il nous faut reve­nir aux origines. Le piano acous­tique a été créé en 1709 par l’ita­lien Barto­lo­meo Cris­to­fori et répon­dait au besoin d’avoir un instru­ment à clavier qui soit capable de repro­duire toutes les nuances d’in­ter­pré­ta­tion possibles, capa­cité obte­nue par le fait que les cordes soient frap­pées et non plus pincées comme sur le clave­cin . On peut en effet gérer la puis­sance de la frappe et donc de la vibra­tion de la corde, mais pas celle du pince­ment. Toute­fois pendant long­temps la méca­nique du piano s’est avérée moins réac­tive que celle du clave­cin en termes de rapi­dité. Pour faire simple et sans trop entrer dans les détails, le piano acous­tique produit des sons en action­nant, via une touche, un petit marteau qui va frap­per une corde. Au repos, cette corde est recou­verte d’un étouf­foir en feutre qui se soulève au moment de l’en­fon­ce­ment de la touche pour lui permettre de vibrer, et qui retombe sur la corde quand on relâche la touche pour étouf­fer les vibra­tions, et donc le son. Le méca­nisme basique dit de « simple échap­pe­ment » implique que le marteau n’est prêt à refrap­per la corde qu’après le relâ­che­ment complet de la touche. C’est en 1822 que Sébas­tien Erard inven­tera le système du « double-échap­pe­ment » qui sera ensuite perfec­tionné par son neveu Pierre. Ce système permet de ne plus attendre que la touche soit entiè­re­ment relâ­chée pour pouvoir ré-action­ner le marteau : celui-ci est prêt à être ré-utilisé alors que la touche est encore en cours de relâ­che­ment. On obtient donc ainsi une plus grande rapi­dité de répé­ti­tion sur les pianos à queue. Les pianos droits sont restés à simple échap­pe­ment mais la dispo­si­tion verti­cale des marteaux compense gran­de­ment l’ab­sence de méca­nique à double-échap­pe­ment, et l’on peut presque obte­nir la même vitesse de répé­ti­tion sur ce type d’ins­tru­ments que sur les pianos à queue. Ces derniers béné­fi­cient égale­ment de ce que l’on appelle le « clavier pondéré » ou « clavier progres­sif » : les touches aiguës sont un peu plus légères que les touches graves. Les méca­niques à marteaux de la plupart des pianos numé­riques reprennent au moins la pondé­ra­tion du clavier, voire égale­ment le double-échap­pe­ment pour certains. Voyons main­te­nant comment chaque fabri­cant de notre sélec­tion s’est appro­prié ces diffé­rents prin­cipes.

Les méca­niques selon les fabri­cants

Les méca­niques de clavier de Casio qui vont nous inté­res­ser en premier lieu sont les dénom­mées Scaled Hammer Action 2 et le Smart Scaled Hammer Action. Cette tech­no­lo­gie est basée sur une méca­nique à trois capteurs. Les touches repro­duisent les sensa­tions de l’ivoire et de l’ébène, et la réponse des capteurs peut être ajus­tée de manière précise pour répondre au jeu du pianiste. Le Smart scaled Hammer Action propose les mêmes carac­té­ris­tiques sur un format de touches plus réduit. Les deux méca­niques reprennent la pondé­ra­tion du clavier (ou clavier progres­sif), mais aucune en revanche ne béné­fi­cie du double échap­pe­ment.

Pianos numériques : avantgrand_n3xLes méca­niques utili­sées par les claviers Yamaha de notre sélec­tion sont prin­ci­pa­le­ment la dénom­mée Graded Hammer Stan­dard (GHS) et la Graded Hammer 3 (GH3). Toutes les deux proposent le clavier progres­sif. La Graded Hammer Stan­dard est comme son nom l’in­dique la version de base des claviers à marteaux de chez Yamaha. La méca­nique GH3 intègre en plus le double-échap­pe­ment. Le piano hybride Yamaha Avant­Grand N3X que nous présen­tons dans notre sélec­tion en fin d’ar­ticle dispose quand à lui d’un clavier dédié avec des capteurs optiques qui mesurent préci­sé­ment le degré d’en­fon­ce­ment de chaque touche.

Les méca­niques utili­sées sur les claviers Roland s’ap­pellent la PHA 4 et la PHA 50. Toutes deux proposent le clavier progres­sif et le double-échap­pe­ment mais se diffé­ren­cient essen­tiel­le­ment sur la nature des touches qui sont exclu­si­ve­ment en plas­tique pour la PHA 4 avec un revê­te­ment imitant l’ivoire pour les touches blanches, et dans un mélange bois et plas­tique pour la PHA 50 avec un revê­te­ment repro­dui­sant l’ivoire pour les touches blanches et l’ébène pour les touches noires.

Chez Kawaï, on trouve les tech­no­lo­gies RHIII, RHC et Mille­nium 3. La tech­no­lo­gie RHIII propose des touches en plas­tique avec un revê­te­ment rappe­lant l’ivoire et l’ébène tout comme chez Roland, et surtout le clavier progres­sif ainsi que le prin­cipe de double-échap­pe­ment. Et à l’image de ce que nous offre Casio, Kawaï propose avec le RHC une version plus compacte du RHIII. La tech­no­lo­gie Mille­nium 3 concerne quand à elle le très haut de gamme des pianos numé­riques de la marque, à savoir le piano hybride Novus NV10. Le clavier est alors en fibres de carbone et les capteurs sont optiques comme pour son équi­valent chez Yamaha.

On trouve enfin chez Korg la tech­no­lo­gie Natu­ral weigh­ted Hammer action (NH) qui propose le clavier progres­sif mais pas de double-échap­pe­ment.

Ce petit tout des des méca­niques de claviers opéré, voyons selon les marques quelles tech­no­lo­gies elles emploient pour géné­rer les sons.

Les tech­no­lo­gies de géné­ra­tion sonore

Dans le domaine de la musique élec­tro­nique, les tech­no­lo­gies de géné­ra­tion sonore sont pléthore et ceux qui souhaitent creu­ser le sujet peuvent se réfé­rer à notre dossier sur la synthèse audio. Mais en ce qui concerne les pianos numé­riques, il faut bien recon­naître que d’une marque à l’autre, la recette reste globa­le­ment la même : des banques de samples PCM comme ingré­dient prin­ci­pal, et de la modé­li­sa­tion physique comme condi­ment pour lier et homo­gé­néi­ser tout ça. Sur tous les pianos actuels de notre sélec­tion, les notes sont samplées une à une sur l’en­semble des clavier et en plusieurs couches de vélo­cité pour repro­duire le plus fidè­le­ment possible les diffé­rents niveaux d’in­ten­sité de jeu. Essayons à présente de décryp­ter plus en détail ce que cachent les déno­mi­na­tions marke­ting des diffé­rents fabri­cants, ce qui je dois le dire n’est pas toujours très évident.

Casio propose deux tech­no­lo­gies, Multi­di­men­sio­nal morphing AIR (Acous­tic Intel­li­gent Reso­na­tor) et AHL (Acous­tic Highly compres­sed Large wave form). Cette dernière se propose de repro­duire prin­ci­pa­le­ment les sono­ri­tés de piano de la manière la plus réaliste possible. Quand à la tech­no­lo­gie AIR, il s’agit d’une version plus « haut de gamme » qui entend traduire parti­cu­liè­re­ment bien les arti­cu­la­tions de jeu et les tran­si­tions entre les diffé­rents niveaux d’in­ten­sité.

Yamaha de son côté nous grati­fie de la tech­no­lo­gie AWM pour Advan­ced Wave Memory. Sur les modèles de piano numé­rique des gammes supé­rieures, ce sont les pianos de concert modèle CFX (le haut de gamme sous la marque Yamaha) et Impe­rial (le haut de gamme sous la marque Bösen­dor­fer, rache­tée par Yamaha en 2007) qui servent de maté­riau de base au sampling. Le moteur de géné­ra­tion sonore AWM est celui que l’on retrouve sur le Motif, la célèbre works­ta­tion de la marque.

Chez Kawaï, la tech­no­lo­gie de repro­duc­tion sonore basique se nomme l’Har­mo­nic Imaging et mèle le sampling et la modé­li­sa­tion comme chez ses concur­rents. Pour les claviers haut de gamme, la marque confie la géné­ra­tion sonore aux bons soins de la tech­no­lo­gie SK-EX – du même nom que leur modèle phare de piano acous­tique dont l’en­re­gis­tre­ment sert de base à leur sampling. L’en­re­gis­tre­ment des samples y est fait en multi-canal : le son est capté simul­ta­né­ment à plusieurs endroits de l’ins­tru­ment pour en retra­duire toute la richesse.

En ce qui concerne Roland, c’est la tech­no­lo­gie Super­Na­tu­ral qui couvre l’en­semble de sa gamme de pianos numé­riques. La marque met en avant le soin apporté à repro­duire chaque micro-modi­fi­ca­tion tonale et chaque arti­cu­la­tion de jeu.

Pianos numériques : pxs3000Enfin, chez Korg, on ne s’est pas donné de mal pour trou­ver un nom « marke­ting » qui claque : ils ont simple­ment et sobre­ment appelé leur tech­no­lo­gie maison « Sample PCM ». Et concrè­te­ment elle ne se distingue pas de ses petites cama­rades de manière vrai­ment fonda­men­tale.

Creu­sons à présent encore plus profon­dé­ment notre sujet pour nous inté­res­ser à la nature même des sono­ri­tés que l’on peut nous offrir les pianos numé­riques.

Les sono­ri­tés

Si dans leur prin­cipe de fonc­tion­ne­ment, les tech­no­lo­gies de géné­ra­tion sonore ne diffèrent fina­le­ment qu’as­sez peu d’une marque à l’autre, le rendu sonore ne sera toute­fois pas le même, et cette diffé­rence sera d’au­tant plus marquée d’une classe de prix à l’autre. Pas de mystère, le son et les sensa­tions de jeu seront bien souvent meilleurs sur un piano plus cher. Mais comme dans beau­coup d’autres domaines, rien ne remplace l’es­sai person­nel, car c’est fina­le­ment à vous que revien­dra la respon­sa­bi­lité de bien tester chaque instru­ment pour trou­ver celui qui vous convient le mieux.

Pianos numériques : nv10Au vu du tableau que nous vous propo­sons en fin de dossier, certains pour­ront s’éton­ner que des claviers propo­sant davan­tage de timbres sonores diffé­rents soient moins chers que d’autres propo­sant moins de sono­ri­tés. Le nombre dispo­nible de sons propo­sés n’est pas un véri­table critère de qualité pour ce type d’ins­tru­ment dont la fina­lité première reste avant tout l’imi­ta­tion la plus fidèle possible des sensa­tions de jeu pianis­tique.

Or, un élément déter­mi­nant dans le réalisme de la repro­duc­tion sonore réside dans la poly­pho­nie auto­ri­sée par l’ins­tru­ment.

La poly­pho­nie

Tout d’abord, un petit rappel s’im­pose. La poly­pho­nie dont il est ques­tion ici repré­sente le nombre total de notes qu’un instru­ment élec­tro­nique ou virtuel est capable de produire simul­ta­né­ment. Comme nous pouvons le voir dans le tableau de notre sélec­tion, les modèles les moins onéreux offrent une poly­pho­nie de 64 voix qui peut sembler suffi­sante à première lecture. Or il ne faut pas oublier deux choses. Premiè­re­ment cette poly­pho­nie inclut le temps de réso­nance de chaque note, c’est-à-dire qu’une note que l’on vient de relâ­cher mais qui résonne encore est comp­tée parmi les notes encore actives de la poly­pho­nie. Ce temps bien entendu sera le plus souvent très court, mais c’est là qu’in­ter­vient la seconde chose qu’il faut garder à l’es­prit : la pédale forte, qui fait partie inté­grante du jeu pianis­tique ! Et comme son nom l’in­dique, cette pédale a pour effet de main­te­nir la réso­nance de chaque note.

Elle est appe­lée aussi pédale de « sustain » ou encore « damper pedal » en faisant réfé­rence aux « dampers », le mot anglais pour « étouf­foirs ». En effet, lors de l’uti­li­sa­tion de cette pédale, les étouf­foirs d’un piano acous­tique ne retombent pas sur les cordes lorsque la touche est relâ­chée, de telle manière que la vibra­tion des cordes – et donc le son – s’at­té­nuent progres­si­ve­ment jusqu’à s’éteindre natu­rel­le­ment. Les pédales fortes des pianos numé­riques émulent le compor­te­ment de leurs homo­logues acous­tiques. Les notes tenues par la pédale forte viennent alors occu­per des voix de poly­pho­nie.Dans les parties pianis­tiques un peu char­gées de certaines parti­tions, ou lors d’une envo­lée impro­vi­sée, vous aurez vite fait d’at­teindre la limite des 64 notes actives simul­ta­né­ment sur les claviers premiers prix. Et cette limite se fera sentir dans le champ sonore par la dispa­ri­tion subite et préma­tu­rée des notes les plus « anciennes ».

Cela nous amène à consi­dé­rer un autre aspect dans la repro­duc­tion de l’ex­pé­rience du jeu pianis­tique : la gestion des « reso­nances sympa­thiques » auxquelles nous allons nous inté­res­ser main­te­nant.

La réso­nance sympa­thique

La réso­nance sympa­thique est un phéno­mène que l’on trouve chez tous les instru­ments à cordes. Une corde vibre à une certaine fréquence mais produit égale­ment des harmo­niques qui vont mettre en réso­nance les cordes corres­pon­dantes. L’har­mo­nique la plus impor­tante est la deuxième harmo­nique, soit la quinte située une octave au-dessus de la fonda­men­tale. Et de fait, sur un piano, une réso­nance sympa­thique parti­cu­liè­re­ment audible se situe entre le Do central (C4) et le Sol situé plus d’une octave au-dessus (G5). Pour la déclen­cher sur un piano acous­tique, on enfonce douce­ment le Sol pour libé­rer la corde sans déclen­cher l’ac­tion du marteau, et on joue le Do central. Quand on relâche ce dernier tout en main­te­nant la touche du Sol enfon­cée, on entend réson­ner le Sol. On est d’ac­cord que cet aspect de la repro­duc­tion sonore par un clavier numé­rique sera moins impor­tant que celui de la poly­pho­nie par exemple, mais il aura de la valeur si vous souhai­tez réel­le­ment éduquer votre oreille ou vous appro­cher encore davan­tage de l’ex­pé­rience audi­tive vécue avec un piano acous­tique. Enfin pour termi­ner le tour des fonc­tion­na­li­tés typiques des pianos acous­tiques poten­tiel­le­ment émulées par leurs homo­logues numé­riques, il est temps de parler des pédales.

Les pédales

Pianos numériques : pédalesTous les pianos numé­riques – et même ceux qui ne figurent pas dans notre sélec­tion – offrent la possi­bi­lité de bran­cher une pédale « forte » que nous avons évoquée précé­dem­ment. S’il s’agit de la pédale la plus couram­ment usitée, elle n’est pour­tant pas la seule présente sur un piano. Selon les modèles, les pianos acous­tiques proposent soit deux, soit trois pédales en tout. La deuxième pédale est toujours une pédale d’at­té­nua­tion qui permet comme son nom l’in­dique d’ap­pliquer une (légère) sour­dine pour les passages les plus doux. La troi­sième pédale qui se place au milieu peut avoir deux fonc­tions diffé­rentes selon les pianos : soit servir de véri­table sour­dine qui étouffe réel­le­ment le son pour permettre la pratique discrète de son instru­ment à l’époque où les pianos numé­riques n’exis­taient pas, soit de fonc­tion­ner comme la pédale forte mais en ne conser­vant que le son de la première note jouée, ce qui s’avère très pratique notam­ment pour conser­ver une note en voix de basse pendant que l’on joue libre­ment par-dessus. Lors du choix de votre piano numé­rique, il sera donc égale­ment impor­tant de véri­fier l’offre qui vous est propo­sée en termes de pédales, et dans quelle mesure cela corres­pond à vos besoins. Pour finir, on notera que si la plupart des pédales fortes de piano numé­rique agissent comme des inter­rup­teurs « on/off », certaines permettent de nuan­cer l’ac­tion de votre pied et de jouer en « demi-pédale ».

Après les claviers et les sons, il convient de nous inté­res­ser aux fonc­tion­na­li­tés des pianos numé­riques qui ne cherchent plus à unique­ment imiter les carac­té­ris­tiques des pianos acous­tiques, mais bien à en étendre le champ des possi­bi­li­tés.

Les fonc­tions Duo, Layer, Split et les effets inté­grés

Les fonc­tions duo, split et layer se rapportent à la gestion des sono­ri­tés et prin­ci­pa­le­ment à leur répar­ti­tion sur le clavier lorsque plus d’une sono­rité est char­gée. La fonc­tion duo divise le clavier en deux parties égales avec la même tessi­ture, ce qui est parti­cu­liè­re­ment pratique pour l’ap­pren­tis­sage en auto­ri­sant l’élève et le profes­seur à avoir chacun leur partie du clavier avec les mêmes notes à leur dispo­si­tion. La fonc­tion split est très proche dans l’es­prit mais permet de défi­nir la note de sépa­ra­tion du clavier. La fonc­tion layer enfin permet de char­ger deux sono­ri­tés l’une sur l’autre pour les jouer simul­ta­né­ment. Mais la majo­rité des pianos numé­riques ne se limi­tera pas à ces fonc­tion­na­li­tés-là et vous offrira une gamme d’ef­fets plus ou moins éten­due pour agré­men­ter votre son initial.

Les effets les plus souvent propo­sés seront la reverb et le chorus. Encore une fois, ce sera à vous de juger de la perti­nence ou non de ces derniers : si vous recher­chez le réalisme d’une repro­duc­tion sonore pianis­tique, ils ne seront pas forcé­ment d’un grand inté­rêt pour vous. En revanche, ils pour­ront repré­sen­ter un premier pas inté­res­sant dans le domaine de l’ex­pé­ri­men­ta­tion sonore numé­rique.

Mais tout ce dont nous avons parlé jusqu’à présent dans ce dossier n’au­rait stric­te­ment aucun inté­rêt, si la mise en oeuvre de tous ces éléments ne pouvait abou­tir à un signal, direc­te­ment audible ou du moins trans­mis­sible vers des éléments externes tels qu’en­ceintes, table de mixage, ordi­na­teur, etc. C’est donc vers ce point que nous allons à présent nous orien­ter…

La diffu­sion du son et des autres signaux

Un autre élément des pianos numé­riques qui les singu­la­rise vis-à-vis des pianos acous­tiques, c’est la nature des signaux diffu­sés et la manière dont ils le sont. Les signaux en ques­tion sont aussi bien audio que MIDI. La possi­bi­lité de jouer au casque étant l’un des moteurs d’achat prin­ci­paux de ce type d’ins­tru­ment, on trouve sur chacun d’eux au moins une prise dédiée. Si vous souhai­tez pouvoir travailler à deux en béné­fi­ciant plei­ne­ment de la fonc­tion duo citée plus haut – ou tout simple­ment faire écou­ter votre pres­ta­tion à une autre personne sans déran­ger tout le reste de la maison­née – une deuxième prise casque sera présente sur certains modèles. Toute­fois, si vous ne souhai­tez béné­fi­cier que de cette dernière fonc­tion, un simple doubleur au format Jack fera tout aussi bien l’af­faire pour bran­cher deux casques.

Tous les pianos présen­tés dans notre sélec­tion proposent une ampli­fi­ca­tion inté­grée, mais peut-être aurez-vous besoin de sorties externes supplé­men­taires pour bran­cher votre piano à une sono, une table de mixage ou les entrées de votre inter­face audio­nu­mé­rique. Tous les pianos numé­riques gèrent le MIDI mais un nombre gran­dis­sant d’entre eux aban­donne le format MIDI/DIN tradi­tion­nel pour favo­ri­ser le format MIDI/USB. Ceci se fait au moyen d’une prise « USB host », mais si vous souhai­tez échan­ger des fichiers MIDI ou audio (enre­gis­tre­ments de vos pres­ta­tions, morceaux par-dessus lesquels vous souhai­tez jouer etc.) avec le monde exté­rieur, peut-être aurez-vous besoin d’une prise USB supplé­men­taire pour y bran­cher clés et disques durs. Ce qui à son tour impliquera la néces­sité (ou non) d’avoir un enre­gis­treur MIDI et/ou audio inté­gré.

Et puisqu’on parle de MIDI, lais­sons derrière nous l’uni­vers pure­ment acous­tique dont nous étions partis pour nous appro­cher de plus en plus des aspects pure­ment infor­ma­tiques de l’uti­li­sa­tion des pianos numé­riques.

Les appli­ca­tions dédiées

En effet, à l’heure de l’im­por­tance gran­dis­sante de l’in­for­ma­tique et du virtuel, il aurait été surpre­nant et même contre-nature que les pianos « numé­riques » ne tirent pas plei­ne­ment partie des évolu­tions dans le domaine. C’est ainsi que toutes les marques de notre sélec­tion accom­pagnent leurs produits d’ap­pli­ca­tions pour smart­phones et tablettes aux fonc­tion­na­li­tés plus ou moins déve­lop­pées, et dont je vous propose ici un petit tour d’ho­ri­zon.

Parmi toutes les marques auxquelles nous nous inté­res­sons dans ce dossier, c’est Yamaha qui propose le plus grand nombre de logi­ciels en rapport avec ses pianos numé­riques. Nous n’al­lons pas tous les passer en revue, mais évoquer les deux qui sont compa­tibles avec les modèles de piano de la marque conte­nus dans notre petite sélec­tion. La première appli­ca­tion est Smart pianist, qui offre toute une gamme de possi­bi­li­tés. Tout d’abord elle permet de choi­sir les sons que vous souhai­tez jouer ainsi que de régler les para­mètres et effets internes de l’ins­tru­ment. Mais ce n’est pas tout, car elle propose égale­ment un large choix de parti­tions musi­cales corres­pon­dant aux morceaux stockés dans les pianos, avec égale­ment la possi­bi­lité d’en rajou­ter d’autres à partir de la boutique Yamaha dédiée. Pour les claviers qui auto­risent la super­po­si­tion de diffé­rents timbres, elle permet d’en­ri­chir la pres­ta­tion pianis­tique d’un accom­pa­gne­ment instru­men­tal adapté. Enfin, elle propose aux utili­sa­teurs d’iTunes une fonc­tion de recon­nais­sance harmo­nique qui lui permet de géné­rer des grilles d’ac­cords à partir des morceaux présents dans leur biblio­thèque ! Sa petite sœur est Digi­tal Piano Control­ler qui offre la gestion des para­mètres internes du piano numé­rique, mais ne propose ni la lecture de parti­tion et encore moins la recon­nais­sance d’ac­cords. On notera que les deux appli­ca­tions sont des exclu­si­vi­tés iOS.

Roland propose égale­ment de nombreuses appli­ca­tions, mais celle qui nous inté­resse au regard de notre sélec­tion de claviers est Piano Part­ner 2, compa­tible iOS et Android. Tout comme l’ap­pli­ca­tion de Yamaha, elle permet de contrô­ler les para­mètres du clavier et d’af­fi­cher les morceaux de musique de celui-ci sous forme de parti­tions. Elle offre égale­ment une gamme d’exer­cices pianis­tiques que l’on peut asso­cier à un agenda pour mieux évaluer les progrès effec­tués. Il est enfin possible de sauve­gar­der des profils diffé­rents en fonc­tion de chaque utili­sa­teur.

Pianos numériques : chordanaChez Casio, l’ap­pli­ca­tion dédiée se nomme Chor­dana play, compa­tible iOS et Android. Elle permet d’af­fi­cher les morceaux de musique conte­nus dans votre clavier sous forme de parti­tions comme le font ses petites cama­rades d’autres fabri­cants. Mais dans ce domaine elle se distingue de celles-ci en appor­tant égale­ment des infor­ma­tions péda­go­giques autour du morceau concerné, telles que son compo­si­teur, son style, etc. Elle offre égale­ment des modes d’ap­pren­tis­sage et de perfec­tion­ne­ment pianis­tique, notam­ment via un affi­chage « piano roll » tel qu’on peut le trou­ver chez d’autres appli­ca­tions mobiles pianis­tiques. Enfin, elle est capable de géné­rer des parties d’ac­com­pa­gne­ment et des grilles d’ac­cords à partir de fichiers MIDI.

L’offre est un peu plus « pauvre » chez Kawaï car les deux appli­ca­tions que propose le fabri­cant– Virtual Tech­ni­cian et Sound Museum – n’offrent pas la possi­bi­lité d’af­fi­cher des parti­tions. On peut égale­ment regret­ter que leurs fonc­tion­na­li­tés ne soient pas réunies en un seul et même logi­ciel.
Virtual tech­ni­cian (iOS) se propose comme son nom l’in­dique de faire office d’ac­cor­deur et de prépa­ra­teur de votre piano numé­rique en vous permet­tant d’ac­cé­der au réglage des para­mètres internes de votre instru­ment, notam­ment au niveau de la simu­la­tion des bruits de jeu, de pédale, de la courbe de vélo­cité ou de la gestion des réso­nances sympa­thiques. Et Sound Museum (iOS) gère des sono­ri­tés conte­nues dans le piano numé­rique en permet­tant de les sélec­tion­ner et de les combi­ner entre elles. Elle distille au-delà de ça quelques petites infor­ma­tions sur les instru­ments dont les sono­ri­tés sont repro­duites.

Pianos numériques : Korg ModulEnfin en ce qui concerne Korg, la situa­tion est diffé­rente des autres fabri­cants dans la mesure où les appli­ca­tions propo­sées ne sont pas direc­te­ment asso­ciées aux pianos numé­riques de la marque et peuvent tout aussi bien être employées de manière tota­le­ment indé­pen­dante. Korg Module est un expan­deur compa­tible iOS qui permet d’ac­cé­der à toutes sortes de banques de sons (prin­ci­pa­le­ment de claviers et de pianos mais pas unique­ment), issues pour beau­coup des works­ta­tions de la marque. Toute­fois, à l’ex­cep­tion d’une banque de piano livrée gratui­te­ment avec le logi­ciel, il faudra ache­ter toutes les autres indi­vi­duel­le­ment sur le site du fabri­cant. L’autre appli­ca­tion propo­sée par Korg est Gadget 2. Il s’agit d’une véri­table petite STAN compa­tible iOS, Mac et PC (mais pas Android) qu’il serait trop long de décrire ici en détail, mais qui propose entre autres un nombre illi­mité de pistes, 40 plugins internes d’ins­tru­ments virtuels et d’ef­fets, et la possi­bi­lité très inté­res­sante d’ex­por­ter vos projets entre autres direc­te­ment vers itunes mais aussi – et c’est beau­coup plus rare - au format « Able­ton Project » !

Nous arri­vons lente­ment à la fin de notre dossier, mais avant de vous propo­ser le détail de la sélec­tion que nous avons rete­nue pour vous, il me faut vous parler rapi­de­ment des acces­soires dont vous pour­rez avoir besoin.

Les acces­soires

Pianos numériques : posture-dos-jouer-du-pianoLes acces­soires néces­saires pour jouer du piano numé­rique ne sont pas diffé­rents de ceux employés avec votre piano acous­tique. Certains de ces acces­soires seront d’ailleurs livrés avec tous les modèles. Ce sera le cas de la pédale forte mention­née plus haut, mais égale­ment du pupitre. Pour le reste, ce sera souvent à vous de vous les procu­rer sépa­ré­ment. Ainsi, selon les modèles, il se pourra que vous ayez besoin soit d’un pied en X, soit d’un meuble. Pour les pieds en X, je conseille­rais globa­le­ment les pieds doubles, bien plus stables que les pieds simples davan­tage réser­vés au claviers légers. Pour ce qui est des meubles, ceux-ci seront en géné­ral spéci­fiques au modèle de piano choisi.

Enfin, il ne faudra jamais négli­ger l’as­sise ! Ce sera un achat crucial car il en va non seule­ment de votre confort mais égale­ment et surtout de la santé de votre dos ! Plutôt qu’une simple chaise toujours un peu étroite et à hauteur fixe, préfé­rez un banc qui vous permet­tra de vous pencher aisé­ment d’un côté ou de l’autre pour atteindre les extré­mi­tés du piano sans vous casser la figure. Il faudra impé­ra­ti­ve­ment que cette assise soit réglable en hauteur pour que vos avant-bras forment un angle droit avec votre corps et que vos poignets ne soient « cassés » ni vers le haut ni vers le bas, avec le dos de votre main dans l’ali­gne­ment de votre avant-bras.

La sélec­tion

Voilà, j’es­père que ce dossier vous aura aidé à y voir plus clair ! Vous trou­ve­rez dans le tableau ci-dessous notre sélec­tion d’ins­tru­ments avec leurs carac­té­ris­tiques prin­ci­pales :

Pianos numériques : La sélection


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