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Pédago
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L’enregistrement de la flûte traversière

Le grand guide de l’enregistrement - 8e partie

Aujourd'hui, intéressons-nous à la captation d'une flûte traversière.

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Instru­ment à vent de la famille des bois, la flûte traver­sière est parti­cu­liè­re­ment diffi­cile à enre­gis­trer, d’au­tant plus en situa­tion de home studio, et cela pour plusieurs raisons. La première vient du couple musi­cien/flûte. La posi­tion de jeu ainsi que la légè­reté de l’ins­tru­ment n’in­vitent pas l’in­ter­prète à l’im­mo­bi­lité, ce qui ne manquera pas de poser problème lors de la capta­tion puisque les varia­tions de distance avec le micro engen­dre­ront inévi­ta­ble­ment des chan­ge­ments de timbre. Deman­der au musi­cien de rester complè­te­ment stoïque n’est cepen­dant pas une bonne solu­tion, car cela grèvera à coup sûr la qualité de son inter­pré­ta­tion. D’autre part, ces varia­tions de timbre peuvent appor­ter un supplé­ment de vie dans la mesure où elles restent de l’ordre du raison­nable. Bref, la consigne est : le musi­cien peut bouger, mais pas trop ! Mais nous redis­cu­te­rons de la chose à l’oc­ca­sion d’un futur arti­cle…

Deuxième diffi­culté : l’émis­sion sonore ne provient pas d’un point fixe faci­le­ment iden­ti­fiable comme c’était le cas lors de l’en­re­gis­tre­ment du trom­bone. En effet, ici le son sort de l’ins­tru­ment non seule­ment par l’em­bou­chure, mais égale­ment par les trous jalon­nant le corps de la flûte. Mora­lité, le place­ment du micro s’an­nonce pour le moins « funky »…

Mais trêve de bavar­dage, passons aux choses sérieuses !

En piste

SM57 01

Nous allons voir 4 cas pratiques. Concer­nant le place­ment, il ne variera quasi­ment pas d’un cas à l’autre : distance comprise entre 20 et 40 cm au-dessus de l’ins­tru­ment, mais légè­re­ment devant et corps du micro situé approxi­ma­ti­ve­ment à la moitié du corps de la flûte (voir photos).

La subti­lité vient de l’angle entre la capsule du micro et l’ins­tru­ment. Lorsque vous poin­tez vers l’em­bou­chure, vous récu­pé­rez plus de souffle du musi­cien, mais égale­ment des bruits de bouche ainsi qu’un son plus brillant/agres­sif ; alors qu’en visant plus vers la patte (queue de la flûte) vous capte­rez plus le bruit des clés et obtien­drez un son plus doux/mou. Il vous faudra donc trou­ver le compro­mis idéal entre ces extrêmes en regard du son que vous cher­chez à atteindre. Notez que plus la distance micro/instru­ment sera grande, plus le son sera aéré, moins vous aurez de bruits para­sites, mais vous perdrez alors en corps tout en captant plus le son du lieu d’en­re­gis­tre­ment.

Pour le premier exemple, j’uti­lise un micro statique C414 en mode omni­di­rec­tion­nel.

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Si cette méthode s’avère souvent payante lorsque l’en­re­gis­tre­ment se déroule dans un studio à l’acous­tique étudiée, le résul­tat ici n’est clai­re­ment pas satis­fai­sant tant le son de mon home studio vient polluer la prise…

Pour le deuxième extrait, j’ai passé le C414 en mode cardioïde tout en acti­vant le coupe-bas inté­gré à 75 Hz, car ici, rien d’utile ne se passe dans le bas du spectre.

C414
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Le rendu est tout de suite plus inté­res­sant avec un gain en corps et une pollu­tion due à la pièce accep­table. Pour du Jazz, cela ferait parfai­te­ment l’af­faire. Néan­moins, pour quelque chose de plus « clas­sique » dans l’es­prit, le haut du spectre me semble un poil trop « dur », à défaut d’autre mot.

Passons main­te­nant à un micro à ruban (Sontro­nics Sigma).

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Sigma

Le résul­tat plus feutré pour­rait éven­tuel­le­ment mieux conve­nir à un arran­ge­ment clas­sique. Malheu­reu­se­ment, la nature bidi­rec­tion­nelle de ce type de micro pose ici problème, car le son de la pièce est une fois de plus trop présent à mon goût. Et les panneaux acous­tiques dont je dispose ne me seront d’au­cune aide dans ce cas précis, car la posi­tion du micro fait poin­ter l’une des faces du Sigma vers mon plafond qui n’est pas trai­té… La solu­tion pour­rait être de posi­tion­ner ce dernier bien en face du musi­cien, mais je n’ai jamais aimé le rendu de ce genre de confi­gu­ra­tion sur une flûte traver­sière.

Dernier cas de figure, l’en­re­gis­tre­ment avec un bon vieux SM57, micro dyna­mique cardioïde trop souvent sous-estimé pour ce genre de prise selon moi.

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SM57 02

Le rendu n’est certes pas d’une préci­sion chirur­gi­cale, mais le grain dans le haut médium ne manquera pas de faci­li­ter le place­ment lors du mixage. Quant au son de la pièce, l’in­sen­si­bi­lité et/ou le manque de finesse qu’on peut souvent repro­cher à ce clas­sique signé Shure se trans­forme en un atout non négli­geable. Pour de la pop, du rock, du funk, ou du R&B, ce micro fera mouche à coup sûr !

Pour conclure cet article, je vous rappelle comme toujours que ces méthodes sont à consi­dé­rer comme des pistes de travail. À vous de voir ce qui convien­dra le mieux au chef-d’oeuvre sur lequel vous travaillez !

Remer­cie­ments

J’ai connu Garance alors qu’elle n’avait à peine plus de 3 ans. Qui aurait cru que, 13 années plus tard, cette magni­fique jeune fille vien­drait me prêter main-forte sur l’un de mes articles ? Elle sans doute, puisque dès notre première rencontre, cette petite tornade s’est litté­ra­le­ment agrip­pée à ma jambe pendant toute la soirée ! Il est des choses qui ne s’ex­pliquent pas, et c’est tant mieux.

Merci ma Puce, faire de la musique avec toi est toujours magique et je suis certain que cela conti­nuera encore de nombreuses années !

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