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Pédago
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De l'art du dialogue - 3e partie

Le guide de l’enregistrement - 85e partie

Troisième et dernière partie de notre interlude consacré au dialogue dans le milieu de la production phonographique. Aujourd'hui, je vous propose de revenir au coeur même de notre série en abordant cette problématique dans le cadre de la pratique du home studio en solitaire…

De l'art du dialogue - 3e partie : Le guide de l’enregistrement - 85e partie
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Auto-psy

Ce n’est pas en scoop : bon nombre de « home studistes » travaillent seuls et endossent donc de fait les rôles d’au­teur, compo­si­teur, arran­geur, inter­prète, ingé­nieur du son, etc. Cela fait beau­coup à porter pour une seule paire d’épaules ! Et que cela soit par choix ou non, les diffi­cul­tés qu’il faut surmon­ter n’en demeurent pas moins les mêmes : aucun de ces rôles ne doit prendre le pas sur un ou plusieurs autres car le but se résume toujours à obte­nir le meilleur rendu possible du titre en cours de produc­tion et cet enjeu doit être placé au-dessus de tous ces ego multiples. Bonjour la crise interne ! Vous pour­riez bien sûr enta­mer un dialogue avec vous-même pour régler ces crises d’ego mais ne vous éton­nez pas si un jour de gentils messieurs tout de blanc vêtus s’ap­prochent de vous avec des petites pilules bleues… Alors, comment faire pour gérer la situa­tion au mieux sans tomber dans la schi­zo­phré­nie ? Comme souvent, le plus simple reste encore de faire appel à une personne exté­rieure. J’en vois déjà certains s’écrier : « D’ac­cord mais qui ? Je n’ai personne dans mon entou­rage avec les connais­sances suffi­santes pour pouvoir m’ap­por­ter l’aide néces­sai­re… » Eh bien tant mieux car, comme nous allons le voir, les capa­ci­tés dans le domaine de l’au­dio de votre inter­lo­cu­teur n’ont abso­lu­ment rien à voir avec le schmil­blick.

Enregistrement 85Le prin­cipe de la méthode que je vous propose est somme toute simple : il vous suffit de discu­ter de vos diffi­cul­tés de choix avec une personne de confiance tota­le­ment exté­rieure au monde de l’au­dio. Cette bonne âme n’ayant pas le bagage néces­saire à la compré­hen­sion du voca­bu­laire spéci­fique au milieu de la produc­tion phono­gra­phique, il vous faudra forcé­ment en passer par de la vulga­ri­sa­tion au sens noble du terme afin d’ex­pliquer le pourquoi du comment de vos inter­ro­ga­tions. C’est alors que la magie opérera ! En effet, ce proces­sus de vulga­ri­sa­tion s’ac­com­pagne obli­ga­toi­re­ment d’une prise de recul de façon à envi­sa­ger les choses d’un point de vue compré­hen­sible pour l’autre. Ainsi, vous retrou­ve­rez donc une certaine objec­ti­vité, ce qui devrait vous permettre de résoudre tous vos soucis. C’est quelque part le même prin­cipe que celui de la psycha­na­lyse qui inter­vient ici. La solu­tion vient de vous et non pas des répliques de votre inter­lo­cu­teur qui n’est ici que pour vous forcer à prendre de la hauteur par rapport à la situa­tion. Cerise sur le gâteau, il se trouve que votre « faire-valoir » peut égale­ment vous appor­ter quelques réponses pas piquées des vers de par sa candeur. De fait, son igno­rance salva­trice de la complexité du proces­sus de produc­tion audio le fera bien souvent opter pour des solu­tions directes, simples et recen­trées sur l’es­sen­tiel. Bref, que demande le Peuple ?

Au cas où vous n’au­riez pas encore bien saisi mon propos du jour, voici un exemple concret. Il y a quelques mois, je travaillais sur un morceau et j’avais un souci concer­nant un choix de pâte sonore pour la guitare ryth­mique. En rentrant chez moi le soir, j’en ai parlé à ma compagne qui, pour le coup, n’y entend vrai­ment rien à ce genre de chose mais qui est toujours partante pour écou­ter mes diva­ga­tions – et je l’en remer­cie énor­mé­ment au passage ! Bref, de mémoire, je lui ai expliqué ma problé­ma­tique ainsi : « Voilà, aujour­d’hui j’ai trouvé un son pour ma guitare ryth­mique qui me plaît beau­coup : il est plein et tran­chant à la fois, ce qui colle pas mal à l’es­prit du morceau. Le truc, c’est qu’il inter­fère avec le groove basse / batte­rie. Ça rend le tout fouillis à souhait et mine de rien le coeur du titre c’est ce groove. Après tout, c’est de lui que le morceau est né… » Et voilà, bingo ! Je venais de trou­ver la réponse moi-même : ce son de gratte plai­sait à mon ego mais ce n’était pas lui qui était impor­tant pour le morceau. Son tour vien­dra certai­ne­ment un jour pour une autre créa­tion mais ce ne sera pas pour celle-ci. Simple, effi­cace. Circu­lez messieurs-dames, il n’y a rien à voir !

Voilà, c’est tout pour aujour­d’hui. La semaine prochaine, nous nous attaque­rons à un nouveau chapitre impor­tant de ce guide : l’en­re­gis­tre­ment de la voix.

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