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La Maschine infernale
8/10
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Le moins que l'on puisse dire, c'est que Native Instruments frappe un grand coup en cette rentrée en présentant simultanément ses deux « monstres », j'ai nommé les nouvelles moutures respectives des claviers-maîtres Komplete Kontrol et, et, et... du contrôleur phare du constructeur : la Maschine !

Test de la Native Instruments Maschine mk3 : La Maschine infernale

Cela fait main­te­nant plus de huit ans déjà que la marque berli­noise jusque-là prin­ci­pa­le­ment spécia­li­sée dans l’édi­tion d’ins­tru­ments virtuels et de banques de samples a lancé son pavé dans la mare en propo­sant, pour la première fois, un système de produc­tion musi­cale basé sur un ensemble hybride composé d’un logi­ciel et d’un contrô­leur dédié. On ne rappel­lera pas une énième fois le succès rencon­tré par la formule, ni l’ef­fet produit sur les autres fabri­cants et éditeurs du secteur.

La gamme des Maschine s’est étof­fée au cours des années et propose aujour­d’hui des produits adap­tés à diffé­rents types d’usage, de la Mikro à la Studio, en passant par la version plutôt alter­na­tive Jam sortie l’an­née dernière. Celle que nous testons aujour­d’hui, la mk3 (Mark 3), est la troi­sième mouture de ce que nous pour­rions appe­ler la version stan­dard de la gamme.

Qu’a donc cette fameuse mk3 à nous propo­ser pour 589 € ? Saura-t-elle s’op­po­ser à une concur­rence qui se montre de plus en plus agres­sive et auda­cieuse (on pensera notam­ment à sa prin­ci­pale rivale, la MPC Touch d’Akai) ? C’est ce que nous allons immé­dia­te­ment tenter de défi­nir ensemble. Suivez-moi !

Débal­lage

Native Instruments Maschine mk3 : vue générale

Dès le débal­lage on se retrouve devant une belle bête de 320 × 301 × 41 mm pour 2,2 kg, qui inspire confiance ; une tradi­tion chez Native il faut le recon­naître. Le design épuré et « flat » rappelle forte­ment celui du Push d’Able­ton comme le souligne Los Teignos dans son test sur le Komplete Kontrol. Ce qui frappe d’em­blée se sont les deux grands écrans emprun­tés à la Maschine Studio, tout comme une bonne partie des boutons-pous­soirs situés à gauche. D’ailleurs en parlant de boutons-pous­soirs, on peut consta­ter qu’ils sont beau­coup plus nombreux que sur la version précé­dente de la Maschine, ce qui laisse augu­rer un accès plus aisé aux diffé­rentes fonc­tions de la Maschine. Nous verrons cela plus en détail.

Deux autres choses sautent aux yeux : les pads habi­tuels ont d’abord sérieu­se­ment pris un bon petit coup d’hor­mones de crois­sance. Nous verrons quelles sont les consé­quences sur le jeu. Ensuite nous avons droit à un magni­fique touch-strip direc­te­ment hérité de la Maschine Jam : joie !

C’est à peu près tout pour la face prin­ci­pale où l’on retrouve le bloc de trans­port sur lequel est apparu un bouton Stop et un bouton Follow, ainsi que la mollette rota­tive et cran­tée de la Maschine 2.. ah non ! Pas tout à fait, celle-ci s’avé­rant être égale­ment orien­table sur les axes hori­zon­tal et verti­cal à la manière d’un joys­tick ! Voilà qui est inté­res­sant…

Native Instruments Maschine mk3 : vue arrière

Mais c’est la face arrière qui va révé­ler la plus grosse surprise : outre les tradi­tion­nelles prise USB et prise MIDI DIN, on trou­ve… deux entrées ligne stéréo, une entrée micro, deux sorties stéréo et une prise casque, le tout au format jack 6,35 mm et assorti de contrôles de gain idoines ! Qu’est-ce à dire ? Tout simple­ment que cette version-là de la Maschine est équi­pée d’une carte audio : oui oui oui messieurs-dames !

Une prise pour pédale de sustain et/ou d’ex­pres­sion, une pour l’ali­men­ta­tion et un bouton de mise sous tension viennent complé­ter le tout. On remarquera juste l’ab­sence de fente de sécu­rité Kensing­ton : à chacun de veiller à la sécu­rité de son maté­riel !

Voyons ce que tout cela donne sur le terrain.

Démar­rage

Évacuons la ques­tion tout de suite : il n’y a pas grand chose à dire de la carte son inté­grée, elle est au niveau des autres produits du genre chez Native Instru­ments, c’est-à-dire tout à fait correcte. Sachez juste qu’elle ne dispose pas d’ali­men­ta­tion fantôme, ce qui fait qu’on ne pourra pas utili­ser de micros statiques avec (NDRC : à moins d’uti­li­ser de l’élec­tret alimenté par pile). Je l’ai utili­sée pendant toute la durée du test sans décro­chage parti­cu­lier en situa­tion musi­cale. En termes de qualité, on est proba­ble­ment sur quelque chose de l’ordre de la petite Trak­tor Audio mk2, ce que confir­me­ront proba­ble­ment nos bench­marks prochai­ne­ment.

Native Instruments Maschine mk3 : pads

Entrons main­te­nant dans le vif du sujet. On ne va pas se mentir : depuis ses débuts, la Maschine a su impo­ser une ergo­no­mie parti­cu­lière à laquelle j’ai person­nel­le­ment très vite adhéré. J’ai toujours éprouvé un vif plai­sir à construire un beat grâce au concours de la belle. On appré­cie notam­ment le fait de pouvoir baigner dans le son non-stop, auto­ri­sant la fabri­ca­tion d’un morceau entier sans jamais inter­rompre le signal audio, méthode qui s’avère redou­ta­ble­ment effi­cace en live. J’avais d’ailleurs repro­ché aux MPC Touch et Live de ne pas permettre cette même conti­nuité sonore alors qu’avec Maschine, c’est rapide, c’est effi­cace, on se concentre sur la musique et l’on aurait presque l’im­pres­sion de mani­pu­ler un instru­ment auto­nome, à quelques détails près. Ces quelques détails se sont encore « détailli­fiés » avec le temps et les évolu­tions des modèles de la gamme, mais il subsiste encore des scories dont nous parle­rons plus bas.

En commençant à jouer, ce que l’on remarque immé­dia­te­ment, ce sont bien entendu les pads plus grands et les deux beaux et grands écrans couleur déjà présen­tés. Les nouveaux pads sont clai­re­ment l’un des points forts les plus marquants de cette nouvelle mouture de la Maschine. Je les adore, voilà ! Leur surface un poil élar­gie par rapport aux précé­dents modèles permet notam­ment de jouer plus faci­le­ment des deux mains sur un même pad, pratique pour les roule­ments de caisse claire par exemple, alors que leur écart plus réduit permet à l’in­verse de jouer plus aisé­ment de deux pads à la fois d’une même main. Ils s’avèrent enfin parti­cu­liè­re­ment sensibles et réac­tifs. Un simple effleu­re­ment à peine appuyé suffit à les déclen­cher : à nous tous les plai­sirs des nuances musi­cales !

Fonc­tion-déter­rage

Mais si les nuances ne sont pas votre fort ou que vous avez simple­ment besoin d’un niveau sonore constant, pas de souci, la fonc­tion Fixed Velo­city s’est extir­pée des tréfonds des sous-menus des Maschine précé­dentes pour s’in­car­ner dans un fier bouton physique qu’il vous suffit d’ac­ti­ver d’un doigt lorsque l’en­vie vous prend. Et elle est loin d’être la seule fonc­tion à avoir suivi ce chemin-là !

Native Instruments Maschine mk3 : layout maschine studio

En effet, ses copines Arran­ger et Mixer ont fait de même ainsi que Keyboard et Chords qui sont allées retrou­ver Pad Mode, toutes les trois rejointes fort oppor­tu­né­ment par Step. Ah oui, j’ou­bliais : Macro a elle aussi fait surface sous forme d’un bouton, accom­pa­gnée d’une sous-fonc­tion Set sur laquelle nous revien­drons, Arp qui vient épau­ler Note Repeat déjà présent, ainsi que Follow, qui permet enfin d’ac­tion­ner en direct le suivi de lecture. Ah, le direct !

C’est un vrai bonheur de pouvoir enfin accé­der à toutes ces fonc­tions sans aller les cher­cher équipé de sa pelle et de sa pioche (et surtout de sa touche Shift, les habi­tués savent…) au fond des menus. Person­nel­le­ment mes préfé­rées sont Keyboard, Arran­ger et Mixer, mais chacun ses goûts, n’est-ce pas ?

D’ailleurs, soyons justes, la mk3 s’est ici conten­tée par certains aspects de reprendre le layout des boutons situés en haut à gauche de la Studio. Studio à laquelle elle a d’ailleurs emprunté égale­ment le troi­sième élément visuel­le­ment frap­pant après les pads et les boutons, j’ai nommé les deux beaux et grands écrans couleur.

S’ils sont de même taille que ceux de la Maschine Studio, ils réus­sissent le pari d’être à la fois plus contras­tés et moins gour­mands en élec­tri­cité que ces derniers, Native Instru­ments parlant même d’une réduc­tion de deux tiers de la consom­ma­tion élec­trique. On veut bien les croire sur parole, le fait étant que la mk3 ne néces­site plus d’ali­men­ta­tion externe contrai­re­ment à la Studio. Quoi qu’il en soit, les écrans en ques­tion sont parti­cu­liè­re­ment agréables et on observe la même qualité d’af­fi­chage quel que soit l’angle sous lequel on les contemple : un excellent point !

Jam-héri­tage

Si la Maschine mk3 a emprunté en les amélio­rant ses écrans à sa grande sœur la Studio ainsi qu’une partie de sa dispo­si­tion bouto­nesque, elle s’est aussi inso­lem­ment servie auprès d’un autre membre de la famille, la Jam, en lui ravis­sant non seule­ment un de ses touch-strips, mais égale­ment deux-trois petites fonc­tions pas piquées des vers sur lesquelles nous revien­drons.

Native Instruments Maschine mk3 : touch strip

Les touch-strips, cela fait main­te­nant quelques années que Native s’y inté­resse, et ils avaient fait leur première appa­ri­tion sur les claviers Komplete Kontrol en rempla­ce­ment des molettes (qui sont d’ailleurs reve­nues sur les nouveaux modèles en « chas­sant » l’un des strips en ques­tion, cf l’ex­cellent test de Los Teignos). Mais c’est surtout sur la Machine Jam qu’ils sont réel­le­ment appa­rus dans toute leur gloire.

Et j’adore ces trucs-là. Je ne le répé­te­rai jamais assez : c’est un vrai plai­sir que de pouvoir béné­fi­cier sur un seul contrô­leur soit d’une modu­la­tion progres­sive, soit de l’ac­cès direct à une valeur bien défi­nie selon que l’on fasse glis­ser son doigt sur la surface ou bien qu’on la touche à un endroit précis. Le bonheur.

Ici, le strip en ques­tion permet d’ac­com­plir 4 fonc­tions : pilo­ter le pitch bend, servir de molette de modu­la­tion, jouer des notes (oui madame !) ou pilo­ter l’un des huit Perform FX four­nis. Je rappelle rapi­de­ment ce que sont les Perform FX que nous avions déjà rencon­trés lors du banc d’es­sai de la Jam. Il s’agit d’ef­fets dont l’er­go­no­mie a été spécia­le­ment étudiée pour corres­pondre à une mani­pu­la­tion via touch-strip, et en consé­quence basés sur un mini­mum de para­mètres. Ils visent donc l’ef­fi­ca­cité et la simpli­cité d’uti­li­sa­tion avant tout.

« Et c’est quoi cette histoire de notes jouées avec un strip ? » me direz-vous. Eh bien c’est très simple : dans le mode Notes, le touch-strip permet de jouer toutes les notes corres­pon­dant soit à l’in­té­gra­lité des 16 notes d’une banque de pads, soit aux notes corres­pon­dant aux pads enfon­cés de l’autre main.

Et les emprunts à la Maschine Jam ne s’ar­rêtent pas là, loin s’en faut ! En effet, on retrouve sur la Maschine mk3 deux fonc­tion­na­li­tés très appré­ciées lors de leur appa­ri­tion sur la Jam, j’ai nommé Varia­tion et Lock. Je rappelle que Varia­tion permet d’ap­pliquer des éléments aléa­toires à une perfor­mance, que ce soit au niveau de la hauteur des notes, de leur vélo­cité, de la régu­la­rité ryth­mique, de la durée des notes etc. alors que Lock vous propose ni plus ni moins de sauve­gar­der instan­ta­né­ment tous les éléments de para­mé­trage de votre projet à l’ins­tant T, et ce dans 64 empla­ce­ments dispo­nibles, empla­ce­ments avec lesquels vous pouvez jouer de la même manière que vous le feriez avec les scènes et donc alter­ner entre eux en temps réel. Pour plus d’info, je vous invite à consul­ter le banc d’es­sai de la Jam.

Bouton-touchage

Et je vais termi­ner main­te­nant de parler d’er­go­no­mie maté­rielle avec les 8 enco­deurs tous nouveaux tous beaux, et sensibles au toucher ainsi que la fameuse roue cran­tée-joys­tick qui fait la fierté de Native Instru­ments. En ce qui concerne les potards non cran­tés, il n’y a pas grand chose à dire d’autre que la sensi­bi­lité au toucher simpli­fie bien des choses. Notam­ment dans la navi­ga­tion au sein du brow­ser : on touche un bouton en parti­cu­lier et là s’af­fichent immé­dia­te­ment tous les tags par exemple.

Puisqu’on parle du brow­ser, je me permets une aparté pour dire que je partage abso­lu­ment — pour Maschine — l’avis que mon cama­rade Los Teignos avait exprimé pour Komplete Kontrol concer­nant la gestion des tags. Il serait souhai­table, Native Instru­ments, que vous envi­sa­giez d’adap­ter défi­ni­ti­ve­ment à vos contrô­leurs maté­riels la fonc­tion­na­lité pour­tant présente aussi bien dans Komplete Kontrol que dans Maschine, j’ai nommé la possi­bi­lité d’ef­fec­tuer un filtrage selon plusieurs tags, et non un seul, voire de propo­ser carré­ment une option de filtrage par suppres­sion de tag. En revanche, je m’as­so­cie toujours à Los Teignos pour saluer l’ini­tia­tive de four­nir enfin des exemples audio pour tous les produits NI et plus large­ment pour tous les instru­ments virtuels compa­tibles NKS, la norme édic­tée par Native à la sortie du Komplete Kontrol premier du nom. Toute­fois, on pour­rait dans certains cas préfé­rer conti­nuer à opérer selon l’an­cienne méthode toujours dispo­nible, qui consiste à char­ger réel­le­ment le plug-in au lieu d’un simple fichier d’exemple afin de se faire une meilleure idée de la manière dont le plug se compor­tera réel­le­ment au final.

Pour finir avec cet aparté ainsi qu’avec les huit boutons sensibles au toucher, sachez que cette carac­té­ris­tique leur permet d’ac­ti­ver dans cette dernière version de Maschine une fonc­tion tout à fait géniale : on peut main­te­nant défi­nir les macros de contrôles direc­te­ment depuis la Maschine, simple­ment en effleu­rant le bouton physique corres­pon­dant à l’ins­tant T à un para­mètre donné que l’on souhaite « macro-ïfier ».

Bouton-pous­sage

Il est main­te­nant l’heure de parler du « gros bouton », le mélange de rota­tif et de joys­tick, le rota-stick… le joy-tif… non plus… bon bref restons-en au « gros bouton ». J’ai dit plus haut que Native tirait une certaine fierté de ce bouton. Il faut recon­naître que l’idée est plutôt origi­nale et que l’on peut se féli­ci­ter de pouvoir regrou­per en une seule commande les dépla­ce­ments hori­zon­taux et verti­caux via la partie « joys­tick », et le défi­le­ment de données, le juste réglage de para­mètre ainsi que la sélec­tion/vali­da­tion d’élé­ments via la roue cran­tée cliquable. Seule­ment voilà… le concept n’est à mon sens pas encore tota­le­ment abouti comme nous allons le voir.

Native Instruments Maschine mk3 : forme d'ondes

L’exemple le plus frap­pant concerne la navi­ga­tion au sein du piano-roll et la sélec­tion et l’édi­tion d’évé­ne­ments MIDI. En effet, le dépla­ce­ment au sein d’un pattern se fait par mouve­ments du joys­tick sur l’axe hori­zon­tal, événe­ment MIDI par événe­ment MIDI. Sauf que le moindre mouve­ment sur l’axe verti­cal vous fait immé­dia­te­ment sauter du pattern que vous étiez en train d’édi­ter vers celui du sound suivant ou précé­dent au sein du même groupe. Alors on finit certes par s’y faire et trou­ver le bon coup de main, mais ce n’est pas parti­cu­liè­re­ment ergo­no­mique.

De même, toujours dans le piano roll, s’il existe un moyen via les potards de dépla­cer et de zoomer rapi­de­ment la vue, la sélec­tion des événe­ments MIDI ne se fait toujours que par les mouve­ments laté­raux du joys­tick, d’un événe­ment à l’autre. Rien ne permet pour l’ins­tant en tous cas d’ac­cé­lé­rer le mouve­ment. Sur des patterns de quatre mesures, c’est déjà pénible alors je vous laisse imagi­ner ce qu’il en est pour la navi­ga­tion dans des sections plus grandes. Pourquoi ne pas avoir plutôt utilisé l’axe rota­tif du bouton pour faire défi­ler rapi­de­ment les événe­ments à grands coups de roulette, par exemple ? J’en profite pour signa­ler qu’en plus, les notes MIDI ne sont sélec­tion­nables simul­ta­né­ment que si elles sont conti­guës, faisant partie du même accord ou alors situées sur la même ligne. Hors ça, point de salut !

L’uti­li­sa­tion du joys­tick manque enfin de cohé­rence géné­rale. Ainsi, dans le brow­ser, quand les deux écrans affichent l’in­ter­face globale dudit brow­ser, un certain nombre de potards non-cran­tés se trouvent affec­tés à une tâche parti­cu­lière, mais à tout moment dans ce mode-là, on peut se dépla­cer via le joys­tick vers le para­mètre souhaité et le modi­fier au lieu d’uti­li­ser l’un des petits boutons pour cela. 

Le fait d’avoir deux, voire trois moyens d’ob­te­nir un même résul­tat est parti­cu­liè­re­ment pratique (cf test MPC Live). Et dans le cas présent, se dire qu’on a le choix entre tout faire d’une main, ou bien répar­tir la navi­ga­tion entre d’une part le gros rota­tif d’une main et les petits rota­tifs de l’autre, est une très bonne chose. Sauf que dans un mode sur deux, on perd la possi­bi­lité de se dépla­cer d’un para­mètre vers l’autre avec le joys­tick. Et je ne parle pas non plus de la carac­té­ris­tique cliquable du bouton qui n’est que très peu mise à contri­bu­tion. Ainsi, on aurait pu imagi­ner que certaines fonc­tions qui néces­sitent l’usage d’un bouton on/off auraient pu profi­ter d’être acti­vées via ce moyen-là. Manque de chance, c’est dans ces cas-là que l’en­vi­ron­ne­ment est l’un de ceux où l’on ne peut pas se dépla­cer vers ladite fonc­tion avec le joys­tick, et que cette dernière se trouve affec­tée à l’un des petits rota­tifs non-cliquables qu’il faudra alors tour­ner pour acti­ver ou désac­ti­ver la fonc­tion en ques­tion.

À l’ho­ri­zon, les nuages ?

Native Instruments Maschine mk3 : browser

L’uti­li­sa­tion des écrans révèle un autre type d’in­co­hé­rences. Si ces derniers sont vrai­ment de bonne qualité, leur mise en appli­ca­tion reste encore très perfec­tible dans bien des cas. On se retrouve ainsi bien souvent avec une toute petite partie de l’écran réel­le­ment utili­sée, soit que le reste de l’écran soit vide, soit qu’il soit occupé par des infor­ma­tions redon­dantes ou inutiles.

L’exemple le plus flagrant de ce cas de figure est celui du brow­ser. L’écran de droite sur lequel s’af­fichent les résul­tats du brow­sing est pour moitié inuti­le­ment occupé par un visuel corres­pon­dant au nom du plug utilisé, ne lais­sant que l’autre moitié de l’écran pour les noms des presets dont certains se trouvent alors tronqués. Or, certains de ces noms peuvent être porteurs d’in­for­ma­tions précieuses, comme par exemple lorsqu’ils présentent les arti­cu­la­tions de jeu repro­duites par le preset en ques­tion. Et cette occu­pa­tion de la moitié de l’écran d’af­fi­chage des presets par le nom du plug-in chargé est d’au­tant plus inutile que ledit plug-in est affi­ché en surbrillance dans le premier écran.

Et puisque l’on parle d’écran, je recon­nais que je me suis plusieurs fois durant ce test posé la ques­tion de la perti­nence du choix de Native de ne pas avoir sauté le pas du tactile. Combien de fois ai-je failli tapo­ter l’écran pour acti­ver telle ou telle fonc­tion. Je dois dire qu’Akai a fait un bond tech­no­lo­gique avec ses MPC touch et Live, bond tech­no­lo­gique que Native n’a visi­ble­ment pas encore rattrapé. Mais pour­sui­vons.

Les remarques que je m’ap­prête à faire main­te­nant concernent essen­tiel­le­ment le soft Maschine 2 et beau­coup moins le contrô­leur. Et je tiens à ce que l’on soit bien d’ac­cord : j’ap­pré­cie beau­coup la Maschine mk 3. Mais on aurait pu juste­ment imagi­ner que la sortie d’un nouveau contrô­leur eût pu aller de pair avec celle d’une nouvelle mouture du soft qui aurait pu inclure un certain nombre de choses que la commu­nauté des utili­sa­teurs réclame depuis un certain temps. Or ce n’est pas le cas. Ainsi, on n’a toujours pas d’al­go­rithme de time-stretch en temps réel. Les samples ne suivent pas auto­ma­tique­ment les modi­fi­ca­tions du tempo géné­ral du morceau, il faut conti­nuer à les modi­fier à la main. Rappe­lons tout de même qu’Able­ton gère ça depuis 18 ans main­te­nant… On ne dispose toujours pas non plus d’ou­tils d’au­to­ma­tion par ligne ou par courbes de Gauss au sein du soft, le dessin des auto­ma­tions ne se faisant que selon les contraintes de la grille, ou en mode tota­le­ment « main libre ».

 Et l’on atten­dra encore avant l’ar­ri­vée d’un outil d’ana­lyse du spectre, qui serait pour­tant bien utile dans cet envi­ron­ne­ment dont le prin­cipe créa­tif incite à l’em­pi­le­ment de sons.

On peut égale­ment regret­ter que Maschine soit toujours un peu enfermé dans sa struc­ture basée sur la scène et qui ne permet pas d’avoir par exemple une séquence qui traver­se­rait le morceau sans être affec­tée par les chan­ge­ments de scène des autres parties. Typique­ment : une voix qui trace­rait son chemin sans être touchée par les chan­ge­ments de scène de la musique qui l’ac­com­pagne. Sans doute les déve­lop­peurs de chez Native se penche­ront-ils sur la ques­tion le jour où l’au­dio fera réel­le­ment son entrée dans le monde de Maschi­ne…

Conclu­sage (salut ORLP…)

Comme je l’ai dit, j’ai toujours appré­cié le travail avec les diffé­rentes Maschine et le work­flow qui en découle. Non seule­ment la Mark 3 ne déroge pas à la règle, mais qui plus est elle améliore encore gran­de­ment la produc­ti­vité grâce notam­ment à sa nouvelle confi­gu­ra­tion de boutons qui donnent enfin un accès direct à certaines des fonc­tions les plus impor­tantes. On saluera égale­ment les fonc­tion­na­li­tés qu’elle emprunte à la Maschine Jam telles que le touch-strip ou les géniales fonc­tions Varia­tion et Lock.

On saluera égale­ment les enco­deurs rota­tifs sensibles au toucher qui permettent notam­ment la créa­tion de macros direc­te­ment à partir du contrô­leur, ainsi que les deux grands écrans emprun­tés, tout comme une partie du layout des boutons, à la Maschine Studio, et qui proposent un affi­chage de grande qualité. Et puis il y a une carte audio, une vraie carte audio !

Je reste toute­fois beau­coup plus dubi­ta­tif quant à la perti­nence des choix d’af­fi­chage qui peuvent être faits parfois, tout comme je n’ai que très moyen­ne­ment adhéré au bouton rota­tif joys­tick, dont j’ai trouvé qu’il était globa­le­ment assez mal exploité. Espé­rons que cela se règle prochai­ne­ment par une MAJ qui en profi­tera peut-être égale­ment pour combler les vieilles lacunes du logi­ciel, comme par exemple l’ab­sence de Time-stretch en temps réel. Parce qu’en face, il ne faut pas oublier qu’on a, pour un tarif appro­chant, la MPC Touch dotée elle-aussi d’une carte audio, mais surtout d’un écran tactile qui permet de faire beau­coup de choses…

Alors même si Maschine conserve à mon sens un work­flow plus fluide (et surtout sans inter­rup­tion audio)… hmmm… mesdames et messieurs de chez Native, c’est pour quand le tactile ?

  • Native Instruments Maschine mk3 : vue générale
  • Native Instruments Maschine mk3 : vue arrière
  • Native Instruments Maschine mk3 : pads
  • Native Instruments Maschine mk3 : touch strip
  • Native Instruments Maschine mk3 : layout maschine studio
  • Native Instruments Maschine mk3 : forme d'ondes
  • Native Instruments Maschine mk3 : browser

 

8/10
Points forts
  • Le design
  • La qualité de fabrication
  • Toujours le workflow Maschine, mais amélioré ...
  • ... par les pads encore plus agréables qu’auparavant
  • ... par les boutons d’accès direct aux fonctions
  • ... par les encodeurs rotatifs
  • ... par les deux grands écrans
  • Avec une interface audio en prime !
  • Utilisable avec de l'USB only
  • Le bundle Komplete Select
Points faibles
  • Capacités d’affichage encore sous-exploitées pour l’instant
  • L’encodeur-joystick, pas très bien implémenté
  • Des lourdeurs ergonomiques au niveau de l’édition du piano-roll notamment
  • Toujours pas de Time-stretch temps réel
  • Attention à l’avancée technologique de la concurrence !

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