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Bitwig Bitwig Studio 2
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On Refait Le Patch #59 : Test de Bitwig Studio 2

Test vidéo
75 réactions
The Beauty and the Bitwig
9/10
Award Innovation 2017
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Le cousin orange du séquenceur vert et gris nous revient dans une seconde version qui, si elle ne tient pas toutes les promesses tenues, n’en demeure pas moins très, très intéressante.

écran titre

Lors de sa sortie en 2014, le moins que l’on puisse dire est que Bitwig Studio était attendu comme le loup blanc. Les plus impa­tients étaient les utili­sa­teurs d’Able­ton Live, à qui les annonces de Bitwig avaient laissé espé­rer qu’ils pour­raient enfin béné­fi­cier de certaines fonc­tion­na­li­tés qu’ils n’at­ten­daient plus sur leur logi­ciel de prédi­lec­tion. Si certaines promesses telles que le travail colla­bo­ra­tif ne furent pas tenues, force est de consta­ter que la majo­rité le fut : l’af­fi­chage simul­tané et multié­cran des vues « session » (la matrice de clip) et « arran­ge­ment » (la time­line habi­tuelle des DAWs), l’édi­tion simul­ta­née des clips MIDI et audio de plusieurs pistes diffé­rentes, l’édi­tion note par note des para­mètres d’ex­pres­sion dans le piano roll, la gestion multi­projet, la richesse du système de modu­la­tion, et « last but not least » la compa­ti­bi­lité Linux, qui fit d’ailleurs de ce logi­ciel la première STAN inté­grant une matrice de clips à rejoindre la logi­thèque de ce système d’ex­ploi­ta­tion.

Trois ans plus tard, voici qu’ar­rive donc la première véri­table grosse évolu­tion de ce soft, vendue aux alen­tours de 375 € envi­ron. Voyons ensemble ce qu’elle nous propose et comment elle se situe par rapport à son prin­ci­pal concur­rent, Able­ton Live.

Vous connais­sez le prin­cipe : les youtu­bo­phages auront droit à leur vidéo…

…et les biblio­philes au texte qui suit, l’une n’ex­cluant pas l’autre.

L’in­ter­face a pris du poil

dashboard

Dès l’al­lu­mage, c’est un nouveau venu qui nous accueille : l’écran « dash­board », ou « tableau de bord » comme on dit en fran­co­pho­nie. Cet écran regroupe toutes les fonc­tion­na­li­tés liées à la gestion des fichiers de projets et des packs d’ex­ten­sion télé­char­geables, au para­mé­trage du logi­ciel et enfin à l’ac­cès à la docu­men­ta­tion (la plus complète n’étant pour l’ins­tant dispo­nible qu’en anglais) ainsi qu’aux tuto­riels vidéo maison de l’édi­teur. Il sera d’ailleurs possible de choi­sir de ne pas affi­cher cet écran au démar­rage du logi­ciel. Mais en ce qui me concerne, j’avoue avoir du mal à m’en passer. Il est en effet très bien conçu, parti­cu­liè­re­ment clair, et l’on accède de manière très simple aux diffé­rents éléments.

On appré­cie notam­ment de béné­fi­cier d’un moteur de recherche pour ses propres projets ou templates car oui, comme pour les précé­dentes mises à jour du soft, la version 2 de Bitwig Studio permet de sauve­gar­der des templates multiples, ce qu’Able­ton Live ne fait toujours pas. D’ailleurs, on notera égale­ment que cela fait pas mal de temps main­te­nant que Bitwig Studio propose un système très poussé d’af­fec­ta­tions de raccour­cis clavier et de commandes MIDI à quasi­ment l’in­té­gra­lité des fonc­tions du soft, incluant même l’af­fi­chage du fameux tableau de bord sur la dernière version, avec entre autres la possi­bi­lité d’af­fec­ter plusieurs raccour­cis à une même fonc­tion, ou encore de sauve­gar­der des templates d’af­fec­ta­tions de commande. On évoquera aussi la possi­bi­lité de confi­gu­rer à volonté la réso­lu­tion de l’écran de travail du soft, qui si elle ne repré­sente pas non plus une nouveauté dans l’uni­vers Bitwig, se trouve toujours absente de son concur­rent direct. Enfin, on notera que les contrô­leurs MIDI hard­ware sont doré­na­vant acti­vables ou désac­ti­vables à volonté via un petit bouton de démar­rage dans la page de confi­gu­ra­tion, afin de pouvoir les débran­cher et les rebran­cher tout en s’as­su­rant de leur recon­nais­sance correcte par le logi­ciel sans néces­sité de redé­mar­rage. Très bon point.

Passé l’écran de démar­rage, nous nous retrou­vons dans l’en­vi­ron­ne­ment fami­lier du logi­ciel. Toute­fois, nous consta­tons qu’un certain nombre de choses ont évolué. Première diffé­rence de taille : le logo « Bitwig » en forme de combiné télé­pho­nique ne sert plus à acti­ver ou désac­ti­ver le moteur audio, mais à affi­cher ou désaf­fi­cher le tableau de bord. Pourquoi pas. Mais pour les vété­rans du soft, ça fait bizarre. D’au­tant que la fonc­tion de désac­ti­va­tion du moteur audio est main­te­nant parti­cu­liè­re­ment bien cachée : il faut effec­tuer un click droit sur l’af­fi­chage de charge CPU et choi­sir « deac­ti­vate for this project » dans le menu qui s’af­fiche. Passée la première surprise, on se rend compte que cette solu­tion n’est au final pas telle­ment plus handi­ca­pante qu’une autre et qu’elle permet même plutôt de se prému­nir plus effi­ca­ce­ment contre une extinc­tion intem­pes­tive et invo­lon­taire du moteur audio. En revanche, une fois celui-ci désac­tivé, c’est un gros bouton qui appa­raît pour lancer l’éven­tuelle réac­ti­va­tion. Bien vu.

charge CPU

Et puisque nous parlons de l’af­fi­chage de la charge CPU, cette fonc­tion­na­lité a bien évolué elle aussi. En effet, si à première vue l’af­fi­chage est le même que sur les versions précé­dentes du soft, un clic (gauche, cette fois) nous trans­porte dans une autre dimen­sion : c’est main­te­nant un graphique précis de l’ac­ti­vité du proces­seur qui s’af­fiche, avec diverses infos bien utiles comme le nombre de samples des buffers ou encore la fréquence d’échan­tillon­nage du projet. Mais l’in­for­ma­tion la plus impor­tante à mes yeux est celle inti­tu­lée « dead­line » et qui indique le temps maxi­mal néces­saire au système pour assu­rer une repro­duc­tion sonore libre de tout arte­fact. Cette infor­ma­tion permet un réglage précis de la capa­cité des buffers, et dans la majeure partie des cas, cela fonc­tionne ! Là aussi, bien vu !

Mais l’in­ter­face recèle encore d’autres surprises. Tout d’abord, l’af­fi­chage de celle-ci est main­te­nant para­mé­trable, et on peut choi­sir les boutons que l’on souhaite avoir direc­te­ment sous la main. En effet, les diffé­rents éléments des menus « File », « Play », « Add » et « Edit » béné­fi­cient d’une icône « punaise » sur laquelle il suffit de cliquer pour que l’élé­ment concerné s’af­fiche de manière perma­nente (tout du moins jusqu’au prochain dé-punai­sage) en haut de l’écran de travail. Là encore, bah, bien vu !

fades

La fenêtre d’ar­ran­ge­ment béné­fi­cie désor­mais de la possi­bi­lité de redi­men­sion­ner à volonté la hauteur de chaque piste indi­vi­duel­le­ment, ce qui rend la visua­li­sa­tion et l’édi­tion desdites pistes beau­coup plus agréable. Encore une fois… bien vu ! Oui, je sais, je me répète, mais là c’est quand même le cas de le dire, non ? Et puisque nous parlons de la fenêtre d’ar­ran­ge­ment et de l’édi­tion en géné­ral, souli­gnons au passage que l’édi­teur audio gère main­te­nant les fades et les cross­fades à l’in­té­rieur et entre les clips, halle­lujah !

Enfin, de nombreux plug-ins internes de Bitwig se voient main­te­nant agré­men­tés d’un affi­chage dyna­mique du signal qui les traverse, comme le filtre ci-dessous :

filtre

Audio feel

Ce qui nous amène tout natu­rel­le­ment à évoquer les évolu­tions que l’équipe de Bitwig a fait subir à ses plug-ins de manière géné­rale. Si le poly­synth, le synthé prin­ci­pal de la DAW, a subi un relif­ting au niveau de ses fonc­tion­na­li­tés sans que cela soit vrai­ment révo­lu­tion­naire, c’est ailleurs qu’il faut cher­cher les véri­tables nouveau­tés de Bitwig Studio 2.

Bitwig Bitwig Studio 2 : spectrum analyzer

Tout d’abord le soft nous grati­fie d’un certain nombre de nouveaux plug-ins audio. Ainsi, nous avons le « Spec­trum Analy­zer », un outil clas­sique sur d’autres STAN et simple d’ap­pa­rence mais qui s’avère fina­le­ment plus riche que prévu puisqu’il offre notam­ment la possi­bi­lité d’af­fi­cher les courbes de fréquences pour le canal gauche, droit, mais égale­ment pour les canaux mid et side, ce qui est déjà plus rare ! Sans comp­ter que l’on peut sélec­tion­ner l’ori­gine du signal analysé sur une seule et même instance du plug, ce qui permet d’évi­ter d’avoir à navi­guer entre diffé­rentes pistes pour compa­rer leur spectre. Très bien vu et très pratique. On regret­tera juste qu’il ne soit pas en mesure de super­po­ser les courbes issues de plusieurs sources à la fois, mais ne pinaillons pas trop !

Au rayon des nouveau­tés, Bitwig nous propose égale­ment un utili­taire de double pano­ra­mique afin de placer préci­sé­ment l’en­semble du signal stéréo dans l’es­pace. Rappe­lons à cette occa­sion que les potards « simples » de pano­ra­mique que l’on trouve habi­tuel­le­ment sur les consoles hard­ware ou virtuelles ne servent qu’à gérer l’équi­libre de volume entre le canal droit et le canal gauche, mais qu’en aucun cas ils ne trans­fèrent le signal d’un canal vers l’autre, ce que permet de faire un double potard de pano­ra­mique comme celui présenté ici.

On trouve ensuite un phaser plutôt complet, avec notam­ment un filtre propo­sant une pente allant jusqu’à 32 pôles (sic), ainsi qu’un pitch shif­ter qui, s’il s’avère inté­res­sant sur le papier dans la mesure où il ne se contente pas de modi­fier le pitch d’un signal mais se propose égale­ment de mixer signal « dry » et signal « wet » afin de créer des harmo­nies, s’avère au final plutôt déce­vant dans le rendu sonore. On réser­vera son usage à de la colo­ra­tion et de l’ex­pé­ri­men­ta­tion unique­ment.

Bitwig Bitwig Studio 2 : treemonster

Mais le plug-in le plus inté­res­sant de la série est à mon sens le « Tree­mons­ter », un ring modu­la­tor très inspi­rant. En effet, les quelques réglages qu’il offre permettent d’ob­te­nir rapi­de­ment des résul­tats très grati­fiants. On peut ainsi gérer le pitch tout comme la plage de fréquence du signal traité, la vitesse, l’in­ten­sité de l’ef­fet de « ring » ainsi que l’équi­libre entre signal « sec » et signal traité. Ce dernier peut d’ailleurs, comme pour nombre de plug-ins internes de Bitwig Studio, être soumis à un ou plusieurs effets chaî­nés encap­su­lés dans le plug-in lui-même. Ce prin­cipe d’en­cap­su­lage de plug-ins les uns dans les autres est l’une des prin­ci­pales carac­té­ris­tiques de Bitwig Studio depuis ses débuts, comme nous l’avons décrit lors du précé­dent test.

She’s a MIDI-ac on the floor

Bitwig Studio 2 propose égale­ment une nouvelle batte­rie d’ef­fets MIDI plutôt inté­res­sante.On trouve ainsi notam­ment trois utili­taires, « note  length », « note latch » et « note echo ».

Bitwig Bitwig Studio 2 : note echo

Le premier permet de défi­nir la durée d’une note, quel que soit le moment où on la relâche. Sur un synthé mono­dique, cet effet permet une sorte de quan­ti­za­tion dans le jeu lui-même, dans la mesure où la note suivante ne se déclenche qu’après la durée prévue pour la note précé­dente, quel que soit le moment où l’on a enfoncé la touche. Sur les instru­ments poly­pho­niques, on obtient une sorte d’ému­la­tion de pédale de sustain. Le second effet gère le compor­te­ment d’un géné­ra­teur de son par rapport aux commandes de notes qui lui sont envoyées. On peut ainsi choi­sir que chaque note soit main­te­nue indé­fi­ni­ment jusqu’au déclen­che­ment de la prochaine, ou que seules sont jouées les notes au-dessus d’un certain seuil(mais pas en dessous d’un certain plafond, dommage!). Le troi­sième, « note echo », permet quant à lui de défi­nir des répé­ti­tions de note en agis­sant sur leur nombre, leur niveau de vélo­cité et de facteur aléa­toire, leur écart de hauteur par rapport à la note d’ori­gi­ne… Bref, un petit outil qui s’avère parti­cu­liè­re­ment riche de possi­bi­li­tés à l’uti­li­sa­tion.

Bitwig Bitwig Studio 2 : multinote

On trou­vera égale­ment « velo­city », un outil assez rudi­men­taire mais suffi­sant de gestion de la vélo­cité. Je termi­ne­rai cette partie comme la précé­dente avec ceux qui me semblent être les plus inté­res­sants parmi les nouveaux effets MIDI, à savoir le « note harmo­ni­zer » et le « multi-note ». Le premier permet d’adap­ter en temps réel la tona­lité d’une séquence midi aux accords joués sur une autre piste. Il fonc­tionne plutôt bien, mais il est parfois néces­saire de déca­ler d’un micro poil les notes à modu­ler par rapport aux accords pour que la piste MIDI cible prenne correc­te­ment en compte les chan­ge­ments d’ac­cords.

Enfin, le « multi-note » permet de défi­nir jusqu’à 7 notes en fonc­tion de l’écart de hauteur et de vélo­cité par rapport à celle jouée initia­le­ment. En choi­sis­sant un écart de hauteur autre que zéro pour toutes les notes, on supprime de fait la note fonda­men­tale. On peut par exemple ne program­mer que des accords sans note fonda­men­tale, réser­vant celle-ci à une ligne de basse par exemple. C’est bien pensé, et même s’il n’existe pas de presets d’ac­cords prééta­blis, rien n’em­pê­chera l’uti­li­sa­teur de sauve­gar­der les siens. 

Du mouve­ment naît … la modu­la­tion

Mais il est temps main­te­nant d’abor­der ce qui fait réel­le­ment tout le sel de cette nouvelle mouture de Bitwig Studio, en commençant par… les modu­la­teurs, et la complète réor­ga­ni­sa­tion de l’Uni­ted Modu­la­tion System qui les régit (cf test précé­dent).

Avant de pour­suivre, rappe­lons rapi­de­ment ce qu’est un modu­la­teur. Il s’agit d’un élément permet­tant, comme son nom l’in­dique, de modu­ler un ou plusieurs para­mètres auxquels il est affecté. Il peut s’agir d’un potard, d’un pous­soir, d’un LFO, etc. Si l’on avait déjà la possi­bi­lité d’en utili­ser autant que l’on voulait, les modu­la­teurs n’étaient que de quatre natures diffé­rentes, et ils ne pouvaient modu­ler que les plug-ins ou d’autres modu­la­teurs encap­su­lés en eux-mêmes, ce qui impliquait de défi­nir une certaine hiérar­chie dans l’en­cap­su­lage. Avec la nouvelle version de Bitwig, cette notion d’en­cap­su­lage est aban­don­née en ce qui concerne les modu­la­teurs : tous ceux affec­tés à un plug-in sont hiérar­chique­ment à égalité et peuvent donc se modu­ler mutuel­le­ment à volonté.

Surtout, le nombre de modu­la­teurs diffé­rents est passé à 25. On y trouve non seule­ment des pous­soirs, des LFOs, des side­chain pour modu­ler un para­mètre à partir d’une source audio ou MIDI, des pads X/Y dont chaque côté et chaque coin peut être affecté à un para­mètre diffé­rent, des enve­loppes bien sûr et j’en passe, mais aussi des macros et… un modu­la­teur permet­tant de capter un signal CV entrant ! Oui, vous avez bien lu, CV ! Mais nous y revien­drons plus tard.

modulateurs

Sachez qu’avec tous les modu­la­teurs que Bitwig propose, on peut carré­ment se fabriquer son propre synthé­ti­seur modu­laire virtuel, ce qui est abso­lu­ment énorme ! Et je n’ose imagi­ner le résul­tat si Bitwig déci­dait d’éta­blir un parte­na­riat avec un fabri­cant de hard­ware afin de propo­ser une solu­tion hybride à la Live+­Pu­sh… Cela pour­rait débou­cher sur de grandes choses. Pour l’ins­tant il existe bien un script pour l’uti­li­sa­tion de Push avec Bitwig, mais il est soumis à trop de limi­ta­tions pour être vrai­ment perti­nent.

Mais reve­nons un peu au fonc­tion­ne­ment du logi­ciel. Peut-être avez-vous été surpris en lisant « macro » parmi les modu­la­teurs. En fait, les macros telles que les vété­rans de Bitwig (ainsi que les habi­tués d’Able­ton Live…) les connais­saient, c’est-à-dire sous forme de huit potards affec­tés à chaque plug-in interne ou tiers géré par la STAN, sont effec­ti­ve­ment clas­sées main­te­nant dans la caté­go­rie « modu­la­tors ». Ceci n’est pas si surpre­nant que cela quand on y réflé­chit bien, lesdits potards n’ayant fina­le­ment jamais été autre chose que des modu­la­tors dégui­sés.

Mais c’est sans comp­ter deux choses. Premiè­re­ment, on peut désor­mais en affec­ter autant que l’on veut aux para­mètres d’un plug-in. Et deuxiè­me­ment, à la place des huit uniques potards d’an­tan, on trouve main­te­nant huit « remote controls » qui peuvent être muti­pliés par autant de banques que l’on souhaite, ce qui devrait résoudre pas mal de casse-têtes d’af­fec­ta­tions (mais qui n’est pas sans poser de problème non plus comme nous allons le voir). Voyons cela de plus près.

Take control, beauty

Les remote controls, comme leur nom l’in­dique, sont des commandes qui permettent de pilo­ter les para­mètres auxquels elles sont affec­tées via la souris ou un contrô­leur MIDI, de manière dyna­mique. C’est-à-dire que l’on peut passer du pilo­tage des remote controls d’un plug-in au pilo­tage de ceux d’un autre plug-in sans avoir à effec­tuer aucune réaf­fec­ta­tion manuelle de commandes hard­ware.

remote controls

Les plug-ins internes de Bitwig ainsi que certains masto­dontes du marché des VST tiers tels que les outils de Native Instru­ments ont leurs « remote controls » déjà affec­tés par défaut. Mais on peut bien entendu modi­fier tout cela via leur fenêtre de para­mé­trage. Grâce à cette fenêtre, on affecte des contrô­leurs aux para­mètres que l’on souhaite. Lesdits contrô­leurs changent de forme en fonc­tion du type de para­mètre qu’ils auront à pilo­ter : rota­tif, bouton ou menu. Comme je le mention­nais plus haut, on peut créer autant de banques de remote controls que l’on souhaite. Et les affec­ta­tions peuvent être diffé­rentes selon que l’on souhaite qu’elles concernent toutes les instances d’un même plug-in ou bien unique­ment un preset parti­cu­lier du plug-in. Là aussi, très très bien vu !

Et bien entendu, les remote controls peuvent être pilo­tés par les modu­la­teurs dont nous avons parlé ci-dessus !

Is there anybody outside ?

CV

Jusqu’à présent je vous ai décrit les inter­ac­tions qui ont lieu à l’in­té­rieur de Bitwig, mais l’on peut égale­ment commu­niquer avec l’ex­té­rieur, c’est-à-dire avec le maté­riel. Et si Bitwig permet­tait déjà par le passé les inter­ac­tions avec du maté­riel MIDI grâce au plug-in « hard­ware instru­ment », les possi­bi­li­tés ont été éten­dues aux instru­ments dotés de connec­tiques CV, grâce aux nouveaux plug-ins « HW (pour hard­ware) CV Instru­ment » et « HW CV Out », ainsi que le modu­la­teur « CV In » dont je vous ai parlé plus haut. Cela signi­fie entre autres que l’on peut affec­ter des modu­la­teurs à des commandes MIDI ou CV qui seront trans­mises à nos synthés hard­ware.

On peut donc se créer grâce aux modu­la­teurs et aux « remote controls » de véri­tables télé­com­mandes person­na­li­sées pour nos synthés, au même titre que pour nos plug-ins virtuels. Et donc…

Elle n’est pas belle la vie ?

Eh bien juste­ment, c’est là qu’il est temps de parler des choses un peu moins plai­santes. Tout d’abord, contrai­re­ment aux macros, les remote controls ne peuvent pilo­ter qu’un seul para­mètre à la fois. Pas grave, me direz-vous, il suffit d’af­fec­ter un modu­la­teur « macro » à plusieurs para­mètres, puis de faire pilo­ter ce même modu­la­teur par un « remote control ». Bah oui… sauf que pour une raison incon­nue, il est impos­sible d’af­fec­ter un remote control à un modu­la­teur de type « macro ». C’est ballot, hein ? J’es­père forte­ment que cela sera corrigé dans une prochaine mise à jour.

Autre chose concer­nant les remote controls : sur une piste instru­men­tale, on peut grâce au script dédié de notre surface de contrôle hard­ware passer aisé­ment du pilo­tage des « remote controls » du géné­ra­teur de son prin­ci­pal de la piste à celui des remote controls des effets asso­ciés ; pas de problème. Il en va tout autre­ment sur les pistes audio, d’où les géné­ra­teurs de sons sont par nature absents : impos­sible de pilo­ter les « « remote controls » des effets éven­tuel­le­ment présents sur la piste en ques­tion, sans passer par le subter­fuge suivant. Il faut conver­tir la piste audio concer­née en piste hybride, y placer un géné­ra­teur de son (synthé ou autre), le désac­ti­ver… et là, miracle on accède au pilo­tage des remote controls des effets via une surface de contrôle hard­ware. J’es­père que ce bug fera lui aussi l’objet d’une correc­tion rapi­de­ment !

Tant qu’on y est, préci­sons qu’on aurait aussi appré­cié un bouton d’ac­cès direct à l’ac­ti­va­tion/désac­ti­va­tion des modu­la­teurs. Il est toute­fois possible de tricher en affec­tant un modu­la­teur de type pous­soir au para­mètre « depth » du modu­la­teur que l’on souhaite pouvoir acti­ver/désac­ti­ver.

Je tiens égale­ment à signa­ler que la qualité de l’al­go­rithme de time-stretch n’est pas encore opti­male, et que même en « HD » on est encore loin de la qualité obte­nue grâce à l’algo d’Able­ton Live. Et puisque l’on évoque les capa­ci­tés de trai­te­ment audio du grand concur­rent : à quand la présence dans Bitwig d’un équi­valent à l’au­dio2­midi ? On regret­tera égale­ment de ne toujours pas pouvoir char­ger des pistes à la volée via le brow­ser (d’ailleurs encore assez brouillon, malgré la possi­bi­lité de tout tagger), ou encore l’in­di­gence des options de split et laye­ring dans le cadre des « layer instru­ments », la version Bitwig des « instru­ment racks » d’Able­ton Live.

Toujours au chapitre des regrets, on notera le peu d’in­for­ma­tions déli­vrées par le mode d’em­ploi sur les nouveaux plug-ins, ou encore sur certains prin­cipes géné­raux de MAO ou de mixage. On est très loin de l’ex­haus­ti­vité du manuel d’Able­ton Live qui par certains aspects pour­rait quasi­ment faire office de support de cours en école d’au­dio­vi­suel ! Quant à la promesse initiale d’un mode colla­bo­ra­tif, elle semble défi­ni­ti­ve­ment enter­rée.

Mais ce qui pour­rait s’avé­rer le plus ennuyeux, c’est que certains plugs VST3 ne sont toujours pas tota­le­ment suppor­tés : Zeta 2 a ainsi forte­ment tendance à bugger chez moi.

Conclu­sion

Bitwig Studio avait marqué les esprits lors de sa sortie en se posi­tion­nant clai­re­ment en concur­rent de Live – rien de très éton­nant si l’on se souvient que l’équipe est essen­tiel­le­ment consti­tuée d’an­ciens d’Able­ton – et propo­sait déjà à l’époque un certain nombre de carac­té­ris­tiques plus qu’in­té­res­santes, entre autres celle d’être la première et à l’heure actuelle toujours la seule STAN de ce genre qui soit cross-plate­formes Windows, MacOS, Linux.

Avec cette seconde version, l’équipe de Bitwig enfonce encore le clou et propose un logi­ciel dont on peut dire qu’il arrive douce­ment mais sûre­ment à matu­rité malgré quelques bugs et un trai­te­ment de l’au­dio encore perfec­tible. On notera surtout que sa person­na­lité qui s’af­firme de plus en plus. En effet, en choi­sis­sant d’axer le déve­lop­pe­ment sur la modu­la­tion et le contrôle MIDI et CV, l’équipe de Bitwig semble vouloir accen­tuer l’as­pect synthé­ti­seur/sampleur/séquen­ceur modu­laire de leur soft, ce qui le distingue de plus en plus de son prin­ci­pal concur­rent, Able­ton Live, qui conserve quant à lui peut-être davan­tage d’ADN « DJing » et perfor­mance live.

Peut-on alors se risquer à espé­rer voir naître un jour un véri­table parte­na­riat de Bitwig avec un fabri­cant de hard­ware pour nous propo­ser un véri­table outil modu­laire hybride ? L’ave­nir nous le dira.

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9/10
Award Innovation 2017
Points forts
  • Toutes les qualités déjà soulignées de Bitwig premier du nom
  • Toujours la seule STAN de ce genre cross-plateformes Windows, MacOS, Linux
  • La refonte totale du système de modulations
  • L'ouverture sur le hardware CV
  • La gestion des fades dans l'édition audio (enfin!)
  • Les améliorations de l'interface graphique
  • Le dashboard
  • Le bouton d'activation/désactivation des contrôleurs MIDI hardware
  • Les remote controls...
Points faibles
  • … qui ne sont pas exempts de défauts
  • Les plug-ins VST3 qui buggent parfois encore
  • L'algorithme de time stretch qui n'est pas à la hauteur de celui de Live
  • Pas d'algorithme de transfert de l'audio vers le MIDI
  • Un mode d'emploi un peu chiche sur l'emploi des plug-ins

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