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Baloran The River
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Test du The River de Baloran

Clavier synthétiseur analogique de la marque Baloran

Prix public : 5 990 € TTC
Test écrit
687 réactions
Quand l’analo coule à flot !
9/10
Award Valeur sûre 2018
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35 ans après la sortie du Moog Source, la jeune société Baloran pousse le concept à son paroxysme. The River, bien plus qu’un synthé analogique polyphonique multitimbral, est fait de pragmatisme, modestie, talent et innovation. Un instrument hors norme !

Test du The River de Baloran : Quand l’analo coule à flot !

Le revi­val analo­gique bat son plein. À l’heure du NAMM 2018, les nouveau­tés conti­nuent à pleu­voir. DSI a présenté le Prophet Rev2 courant 2017, nous venons de tester la toute nouvelle série Prologue signée Korg et Artu­ria a annoncé une série de semi-modu­laires Mini­Brute 2… Loin du tumulte cali­for­nien, c’est quelque part dans les Hauts de France, entre deux terrils, dans une quasi confi­den­tia­lité, qu’une grosse pépite vient d’être extraite du fond du jardin. On la doit à la SAS Balo­ran, une jeune entre­prise fami­liale bicé­phale, qui nous avait grati­fiés il y a quelques temps de The Triko, un triple chorus analo­gique program­mable haut de gamme, testé dans nos colonnes. Habi­tuel­le­ment, les concep­teurs commencent petit, avec quelques synthés mono­diques simples, de petits séquen­ceurs ou des modules DIY. Là, les choix de Laurent Leca­te­lier, fonda­teur et concep­teur, par ailleurs membre d’AF, ont été dès le départ très ambi­tieux. Après trois ans de déve­lop­pe­ment, la présen­ta­tion au Synth­fest 2017 du proto­type final et la construc­tion de The Chalet au fond de The jardin de The domi­cile person­nel (histoire de ne pas assem­bler les synthés dans The garage et The salon), nous avons le plai­sir de présen­ter en exclu­si­vité le test de The River (pronon­cer Ze Riveur), le premier synthé analo­gique poly­pho­nique multi­tim­bral multi­ca­nal français !

Rivière de diamants

The River 2tof 04

Nous aurons certai­ne­ment plusieurs fois l’oc­ca­sion de souli­gner que le projet est hors norme. Cela commence au premier contact avec la machine, entiè­re­ment assem­blée à la main, mis à part les compo­sants montés en surface des cartes élec­tro­niques, puisque les compo­sants nobles sont traver­sants et câblés manuel­le­ment. The River en impose, avec ses 104 × 52 × 20 cm, ses 26 kg, ses flancs en bois finis par Tamara (Madame Balo­ran) dans The cuisine, sa tôle laquée, ses nombreuses commandes, son gros radia­teur de dissi­pa­tion et son opulente connec­tique. La construc­tion est rustique, l’ar­ti­sa­nat à l’état brut pour ce lot n°1 qui compte une ving­taine d’exem­plai­res…

À l’al­lu­mage, les pous­soirs lumi­neux et les deux écrans TFT couleur de 160×128 points s’illu­minent. On sent tout de suite qu’on va bien s’amu­ser. The River est en effet conçu pour jouer, pilo­ter, expé­ri­men­ter : pas moins de 39 poten­tio­mètres, neuf enco­deurs lisses, quatre enco­deurs pous­soirs cran­tés, 37 boutons pous­soirs lumi­neux et un pous­soir simple attendent nos mains fébriles. La qualité est là : rota­tifs vissés, capu­chons alu, Lexan milli­mé­tré, connec­tique vissée, compo­sants élec­tro­niques haut de gamme triés, clavier Fatar TP-8 61 touches (le must en clavier semi-lesté, gamme que l’on retrouve notam­ment sur le Schmidt Eight­Voice et le Sola­ris). Ce dernier est sensible à la vélo­cité (initiale + relâ­che­ment) et à la pres­sion, ce qui permet une expres­si­vité sans pareille sur un synthé analo­gique.

The River, nous l’avons dit, est conçu pour jouer ; la très grande majo­rité des fonc­tions est direc­te­ment acces­sible, soit en mani­pu­lant les commandes en façade, soit par combi­nai­son de touches clavier. Deux boutons Shift permettent d’ac­cé­der aux fonc­tions secon­daires séri­gra­phiées ; l’un est situé en façade et l’autre au-dessus des molettes de pitch bend / modu­la­tion. Un petit pense-bête magné­tique amovible rappelle les raccour­cis clavier, répé­tés à l’écran. Il est ainsi très facile d’ap­pe­ler un son, d’as­si­gner des voix de synthèse aux canaux multi­tim­braux, de modi­fier les niveaux / pano­ra­miques / trans­po­si­tions des voix indi­vi­duel­le­ment, d’en­trer dans la synthèse, d’as­si­gner des zones clavier, de confi­gu­rer le clavier de commandes, de régler les effets, de program­mer une séquence, de lancer un arpè­ge… c’est désta­bi­li­sant au départ mais ô combien effi­cace ! « Les écrans sont petits parce qu’on doit pouvoir s’en passer », nous a confié le concep­teur. Les poten­tio­mètres répondent en mode saut ou seuil, mais il n’est pas exclu qu’on voie appa­raitre des modes alter­na­tifs dans de futures mises à jour d’OS (rela­tif, jonc­tion…). Pour que l’er­go­no­mie soit parfaite, il manque une fonc­tion Compare et l’af­fi­chage des valeurs stockées (en plus de celles en temps réel) ; compte tenu de l’ar­chi­tec­ture à huit voix indé­pen­dantes, cela semble compliqué à ajou­ter, vu qu’on peut passer d’une voix à l’autre, réas­si­gner des voix à des canaux, des canaux à des zones, etc.

The River 2tof 14

Côté connec­tique, c’est le feu d’ar­ti­fice : la prise casque est située à l’avant et dispose de son propre poten­tio­mètre de volume. Tout le reste se passe sur le panneau arrière ; et avec ses 20 cm de haut, on peut en mettre un sacré paquet ! Commençons par la partie supé­rieure : deux ensembles de sorties stéréo XLR et jack TRS, huit sorties sépa­rées jack TS, deux entrées stéréo jack TRS, deux prises pédales inter­rup­teurs, un trio MIDI, une prise pédale CV et trois prises USB. Ces dernières permettent de mettre à jour les OS des diffé­rents organes vitaux (nous verrons plus tard que The River est composé d’élé­ments distincts qui commu­niquent), l’une d’entre elles prenant les fonc­tions MIDI globales (Dump mémoires, émis­sion/récep­tion des CC/NRPN pour toutes les commandes de synthèse) et l’autre les fonc­tions MIDI de commande (notes, contrô­leurs physiques) ; un peu dérou­tant au début de ne pas tout avoir sur la même prise USB, cela néces­site une certaine gymnas­tique dans les confi­gu­ra­tions…

En partie droite, on trouve un impres­sion­nant pavé de trois rangées de huit prises : deux rangées de sorties CV et une rangée de Gate (à la commande de la machine, vendue en direct par Balo­ran, on peut choi­sir le type de connec­tique entre jack 6,35 et jack 3,5 avec des combi­nai­sons possibles pour coller à son système modu­laire). Les CV peuvent travailler en V/Octave ou Hertz/Volt (il est possible qu’une mise à jour d’OS permette de régler les pentes pour les synthés qui ne seraient pas cali­brés). Les Gate travaillent aussi bien en posi­tif ou néga­tif. Du coup, The River est une puis­sante inter­face MIDI/USB to CV/Gate, capable de pilo­ter des synthés mono, poly ou para­pho­niques, quel que soit leur mode de commu­ni­ca­tion. Hors norme ! Enfin, on trouve une fiche IEC trois bornes pour cordon secteur (alimen­ta­tion interne 120 VA, plus qu’un Memo­ry­moog !). La séri­gra­phie est inscrite à l’en­droit et à l’en­vers pour faci­li­ter les bran­che­ments depuis le devant de la machine. Futé !

Rivière sauvage

The River 2tof 24

La banque sons de The River a été program­mée par des amou­reux de la synthèse : Laurent lui-même, grand amateur de synthés analo­giques d’hier et d’aujour­d’hui ; on trouve dans son studio un Moog The Source, un Mini­moog, un Matrix­Brute, un Micro­Brute, un Poly61, un Crumar Multi­man S, un Farfisa Synthor­ches­tra, des Vermona et un clone maison de Synthi A… sans parler des machines numé­riques, synthés et samplers, démon­trant un véri­table éclec­tisme. Il a égale­ment fait appel aux talents de l’équipe Barb&Co, à savoir Stéphane « Barben­zinc » Garga­nigo et Laurent « Coyo­te14 » Pelle­tier. On leur doit une magni­fique banque d’usine (Single, FX et Multi) qui démontre les possi­bi­li­tés éten­dues de la machine. Un fois n’est pas coutume, ce sont des sons direc­te­ment exploi­tables, faits par des musi­ciens amou­reux de la synthèse, pas un remplis­sage de trucs agres­sifs et satu­rés (il y en a aussi). Laurent et Stéphane nous ont fait parve­nir des démos de leur banque en cours de construc­tion, que nous avons joints à nos propres sons, pour un total de plus de 70 exemples sonores dans ce test. On peut écrire par-dessus les programmes d’usine et les restau­rer plus tard, direc­te­ment depuis The River pour les Single & FX et via Sysex pour les Multi.

The River 00 LP Multi 7
00:0001:27
  • The River 00 LP Multi 7 01:27
  • The River 00 SG Multi 1 01:13
  • The River 00 SG Multi 2 00:56
  • The River 00 SG Multi 3 00:41
  • The River 01 Poly­syn­th2 00:16
  • The River 02 Gior­gio 01:19
  • The River 03 Bellair 00:30
  • The River 04 Analo­piano 00:37
  • The River 06 Percor­gan 00:42
  • The River 07 Unis­son 00:42
  • The River 08 Open­bass 00:30
  • The River 09 Ober­brass 00:35
  • The River 10 Brass2 00:27
  • The River 11 Sweep 00:32
  • The River 12 Solo­sync 00:34
  • The River 13 Strings1 00:43
  • The River 14 Strings2 00:40
  • The River 15 Soft­sync 00:27
  • The River 16 Memory 00:31
  • The River 17 Poly­synth 00:34
  • The River 18 Padi­fier 00:41
  • The River 19 Blip­bass 00:22
  • The River 20 Chorale 00:42
  • The River LP Multi 3 00:30
  • The River LP Multi 4 00:14
  • The River LP Multi 6 00:18
  • The River LP Single 1 00:22
  • The River LP Single 2 00:40
  • The River LP Single 3 00:10
  • The River LP Single 4 00:30
  • The River LP Single 5 00:33
  • The River LP Single 6 00:18
  • The River LP Single 7 00:50
  • The River LP Single 8 00:24
  • The River LP Single 9 00:17
  • The River LP Single 10 00:21
  • The River LP Single 11 00:39
  • The River LP Single 12 00:22
  • The River LP Single 13 00:28
  • The River LP Single 14 00:17
  • The River LP Single 15 00:24
  • The River LP Single 16 00:34
  • The River LP Single 17 00:28
  • The River LP Single 18 00:44
  • The River LP Single 19 00:46
  • The River LP Single 20 00:38
  • The River SG Single 1 00:14
  • The River SG Single 2 00:18
  • The River SG Single 3 00:12
  • The River SG Single 4 00:11
  • The River SG Single 5 00:14
  • The River SG Single 6 00:17
  • The River SG Single 7 00:20
  • The River SG Single 8 00:18
  • The River SG Single 9 00:23
  • The River SG Single 10 00:25
  • The River SG Single 11 00:22
  • The River SG Single 12 00:24
  • The River SG Single 13 00:14
  • The River SG Single 14 00:13
  • The River SG Single 15 00:17
  • The River SG Single 16 00:50
  • The River SG Single 17 00:32
  • The River SG Single 18 00:54
  • The River SG Single 19 00:30
  • The River SG Single 20 00:23
  • The River SG Single 21 00:27
  • The River SG Single 22 00:22
  • The River SG Single 23 00:17
  • The River SG Single 24 00:42
  • The River SG Single 25 00:18

Après une période de chauffe de 15 minutes, The River est tota­le­ment stabi­lisé. La machine fonc­tionne à envi­ron 33–37°, sur le prin­cipe du four, qui la rend très peu sensible aux varia­tions de tempé­ra­ture externe une fois cette four­chette atteinte. Les plus pres­sés peuvent lancer un Auto­tune plus tôt, la machine fera l’in­ter­po­la­tion pour compen­ser la montée en tempé­ra­ture.

The River 2tof 16

La grosse claque ne se fait pas attendre : on note immé­dia­te­ment la puis­sance des niveaux audio pour un poly­pho­nique analo­gique. Mais ce qui frappe, c’est le côté orga­nique et vintage du son ; vivant, chaud, musi­cal, avec un accor­dage qui laisse une certaine liberté aux oscil­la­teurs. Sur certains synthés analo­giques récents, on doit empi­ler deux ou trois voix pour espé­rer un peu d’épais­seur ; sur The River, on en a déjà avec un seul VCO ! Ce qui impres­sionne égale­ment, c’est la grande poly­va­lence : capable de beaux ensembles poly­pho­niques (cordes, cuivres, nappes), il est aussi à l’aise dans les pianos élec­triques, les orgues, les basses rondes ou grasses, les leads (ah, ce lead flûté à la sauce Mini­moog), les percus­sions, les tables d’onde et même les effets spéciaux, grâce à des possi­bi­li­tés de modu­la­tion bien pensées sur lesquelles nous revien­drons. Une diver­sité d’au­tant plus surpre­nante qu’il n’y a que trois formes d’ondes dans les VCO et un seul type de VCF.

Les attaques d’en­ve­loppe sont franches quand on le souhaite, avec ce clic carac­té­ris­tique. Certes, on n’est pas au niveau de claque­ment d’un Pro One ou d’un Mini­moog, il faut bien en lais­ser un peu aux mono… Tout ce beau monde est embelli par le triple chorus analo­gique inté­gré et sa réverbe/écho numé­rique.

Le clavier, très expres­sif, permet de contrô­ler certains para­mètres en vélo­cité initiale et au relâ­che­ment, tels que les segments AR des enve­loppes ; la pres­sion est égale­ment mise à l’hon­neur pour créer des modu­la­tions supplé­men­taires (cycles ou enve­loppes AR du DLFO) ; d’ailleurs, une astuce permet de n’en­voyer l’af­ter­touch qu’aux nouvelles notes jouées sans affec­ter les notes main­te­nues, très utile pour faire un solo expres­sif au-dessus d’une nappe. Abusons enfin de la multi­tim­bra­lité, des quatre couches Split / Layer, avec leurs arpèges ou séquences indé­pen­dants, sans oublier le pilo­tage de machines externes, qu’elles soient pure­ment analo­giques, MIDI ou USB. Bref, entre le son et les commandes directes, nous sommes en présence d’un véri­table instru­ment de musique.

Confluents & affluents

The River 2tof 22

The River a une orga­ni­sa­tion un peu atypique par rapport à ses congé­nères. C’est un synthé poly­pho­nique et multi­tim­bral huit voix. Il y a donc huit canaux sonores auxquels on assigne une à huit voix compre­nant chacune un programme Single (par exemple, une basse à une voix sur le canal 1, une nappe à cinq voix sur le canal 2 et un Lead à deux voix sur le canal 3). Les huit voix passent ensuite dans un effet de type The Triko, où elles sont routées direc­te­ment vers des sorties indi­vi­duelles ou trai­tées par les effets puis envoyées à la sortie stéréo prin­ci­pale. Tout cela consti­tue un Multi, qui est le mode de fonc­tion­ne­ment de la machine.

En édition, c’est le canal sélec­tionné qui répond aux commandes en façade ; on peut ainsi bascu­ler immé­dia­te­ment sur n’im­porte quel canal. Des raccour­cis (Shift) permettent d’édi­ter certaines fonc­tions pour toutes les voix du canal corres­pon­dant sélec­tionné (trans­po­si­tion, niveau d’en­trée et pano­ra­mique dans la section de mixage avant les effets), bien vu !

Après les huit voix assi­gnables aux huit canaux, passons aux couches (Layer). Il s’agit d’un routeur sophis­tiqué, baptisé The River­Key, déve­loppé à l’ori­gine indé­pen­dam­ment de The River, tout comme l’ef­fet The Triko. Nous détaille­rons les fonc­tions plus tard, mais le prin­cipe est grosso modo d’ar­ran­ger quatre couches indé­pen­dantes qui ont leur source (clavier interne, MIDI IN, USB IN), leur zone d’ac­ti­va­tion (tessi­ture), leur séquen­ceur / arpé­gia­teur et leur desti­na­tion (module sonore interne, MIDI OUT, USB OUT, CV/Gate OUT).

The River 2tof 23

Dans un Multi, on peut par exemple assi­gner les deux premières couches aux deux premiers canaux internes, tout en pilo­tant un synthé analo­gique externe en CV/Gate avec la 3e couche et un synthé MIDI avec la 4e couche. Pour faci­li­ter la vie, la fonc­tion Mode permet de choi­sir si on entend unique­ment le canal sélec­tionné sur tout le clavier (mode Select), les huit canaux en même temps sur tout le clavier (mode All) ou la confi­gu­ra­tion The River­Key avec ses Split/Layer ainsi consti­tués répar­tis sur le clavier (mode MIDI). La mémoire interne renferme 160 programmes Single (compre­nant les réglages d’ef­fets), 40 programmes d’ef­fets indé­pen­dants, 40 programmes Multi et 10 confi­gu­ra­tions de couches River­Key. Les Multi mémo­risent tous les para­mètres de programmes (indé­pen­dam­ment des 160 mémoires Single), les réglages d’ef­fets (impo­sés par le dernier programme Single chargé) et la confi­gu­ra­tion River­Key active (les couches sonores internes/externes avec leur zonage, les arpèges et les séquences). Chose inédite sur les synthés maté­riels, The River est équipé d’une fonc­tion Auto Save qui mémo­rise les réglages en cours de l’en­semble des para­mètres, en tâche de fond et à inter­valles régu­liers. Super pratique ! 

The Source

The River 2tof 28

Au commen­ce­ment était la voix et The River en comporte huit, inspi­rées du Moog The Source. L’idée de départ est de conser­ver le son de l’an­cêtre tout en amélio­rant ses carac­té­ris­tiques. C’est déjà mission accom­plie au plan ergo­no­mique grâce aux commandes directes, alors que The Source était équipé d’une (fragile) membrane avec sélec­tion du para­mètre et chan­ge­ment de valeur à l’en­co­deur optique. C’est égale­ment le cas au plan des fonc­tion­na­li­tés, puisque The River ajoute des possi­bi­li­tés de modu­la­tions audio et basses fréquences inédites sur l’an­cêtre.

Mais remon­tons à la source du signal, l’ori­gine (la véri­table traduc­tion de l’an­glais pour The Source) : on commence par deux VCO capables chacun de produire alter­na­ti­ve­ment une onde dent de scie, triangle et impul­sion à largeur variable. La largeur d’im­pul­sion peut être réglée manuel­le­ment et être modu­lée par le LFO ; s’y ajoute l’en­ve­loppe de filtre pour le VCO2. Les VCO ont un métrage de 32, 16, 8 ou 4 pieds. Le VCO2 peut être désac­cordé du premier par demi-ton sur une octave, ou plus fine­ment par 200e de demi-ton (comme sur The Source). On peut même le décon­nec­ter du suivi de clavier, utile pour la synchro. Il manque toute­fois une fonc­tion d’al­té­ra­tion de tempé­ra­ment du clavier pour jouer dans des gammes exotiques.

Le pitch de chaque VCO peut être modulé par le LFO analo­gique et le LFO numé­rique (nous y revien­drons). Les VCO peuvent être synchro­ni­sés : Hard Sync lorsque les fréquences sont proches et d’in­ter­ac­tion double quand elles sont éloi­gnées, géné­rant des décro­chages chao­tiques ; le VCO2 peut modu­ler la fréquence de coupure du filtre. Les deux VCO et le géné­ra­teur de bruit analo­gique (couleur crème, c’est-à-dire blanc un peu filtré) passent dans une section de mixage avant de rejoindre le VCF. Leurs volumes pré-filtrage peuvent être modu­lés par le DLFO, bien vu !

The River 2tof 30

Le VCF est la clas­sique échelle en tran­sis­tors de Moog à quatre pôles ; elle tient son nom du dessin de ses circuits, où quatre ensembles de tran­sis­tors sont appai­rés, dessi­nant ainsi des barreaux d’échelle. Il s’agit d’un filtre réso­nant capable d’auto-oscil­ler lorsque la réso­nance atteint 70 à 80% de sa course. Saluons ici la repro­duc­tion très précise du filtre de The Source. D’abord, la fréquence de coupure se règle sur 400 valeurs, comme à l’ori­gine, ce qui évite tout effet de pas ; ensuite, le filtre possède cette parti­cu­la­rité d’os­cil­ler avec une pure sinu­soï­dale très douce, pas du tout criarde ou agres­sive, très diffé­rente du filtre du Mini­moog ou des synthés analo­giques contem­po­rains. C’est inté­res­sant de consta­ter à quel point ce filtre se prête parfai­te­ment au jeu poly­pho­nique (en plus du jeu mono). Il est d’une très belle musi­ca­lité et est capable de satu­rer légè­re­ment quand on pousse les niveaux d’en­trée de la section de mixage (mais moins que le filtre du Mini­moog avec sa possi­bi­lité de réinjec­ter le signal sortant en entrée).

Reve­nons à notre Cutoff, modu­lable par le DLFO, le LFO analo­gique, le suivi de clavier continu et une enve­loppe ADSR analo­gique avec inver­seur. La réso­nance est modu­lable par le DLFO, excellent ! En sortie, le signal passe par un VCA, qui possède sa propre enve­loppe ADSR analo­gique (plus de détails juste après). Les voix sont alors envoyées dans l’en­trée pré-mixage du proces­seur d’ef­fet, où elles sont routées sèches vers les sorties indi­vi­duelles, ou mélan­gées avant d’en­trer dans les étages de chorus (plus de détail juste après l’après). Il est possible de passer en mode unis­son, avec Detune des voix (poten­tio­mètre d’écar­te­ment par rapport au pitch) et place­ment stéréo indi­vi­duel. Il existe aussi un mode gérant la prio­rité de note (dernière note jouée ou suivant l’in­ter­valle, ce qui permet sur un même son de conser­ver un accord à une extré­mité du clavier et jouer une basse ou un lead à l’autre bout, sans vol inat­tendu de voix).

Torrents bouillon­nants

The River 2tof 13

Chaque voix de The River offre des possi­bi­li­tés de modu­la­tion plus avan­cées que The Source, qui pêchait pas mal sur ce plan. La molette de modu­la­tion peut agir sur l’ac­tion des LFO et DLFO. Le premier est pure­ment analo­gique et dispo­nible pour chaque voix. La phase de son cycle est toujours libre, ce qui permet des effets de dépha­sage inté­res­sants en poly­pho­nie, contrai­re­ment à la plupart des synthés analo­giques qui ont un LFO global pour toutes les voix. Il offre les ondes triangle et carré, un para­mètre de délai et une fréquence qui peut atteindre l’au­dio. Pour chaque voix, il peut affec­ter le pitch et la PWM de chaque VCO, puis la fréquence de coupure du filtre.

Passons main­te­nant aux deux enve­loppes ADSR pure­ment analo­giques, ce qui est rare sur un synthé contem­po­rain, surtout multi­tim­bral ; la première est assi­gnée au filtre et peut aussi modu­ler le pitch, la largeur d’im­pul­sion du VCO2, utile pour faire varier le contenu harmo­nique de l’onde en temps réel. La seconde est assi­gnée au VCA. Les temps peuvent être très courts (clic sur les attaques) et monter jusqu’à 15 secondes. Les segments A et R sont respec­ti­ve­ment modu­lables par la vélo­cité initiale et de relâ­che­ment, ce qui rend la machine très expres­sive. Le niveau d’ac­tion des enve­loppes est égale­ment modu­lable par la vélo­cité et l’éven­tuelle pédale conti­nue raccor­dée à l’en­trée CV. Chaque voix dispose égale­ment de son propre Glide, à temps réglable.

Là où The River enfonce le clou, c’est dans son petit séquen­ceur de mouve­ment (Motion Seq), lequel permet d’en­re­gis­trer la posi­tion de certains para­mètres, sur 1 à 16 pas. Pour cela, on se met en mode Record, on main­tient une touche du clavier, on fait ses réglages et quand on est satis­fait, on relâche la touche ; on recom­mence l’opé­ra­tion à concur­rence des 16 pas et dès qu’on a fini, on appuie sur Play. Les para­mètres modi­fiables (unique­ment par offset dans l’OS testé) sont le métrage des VCO (rigolo pour créer des pseudo-arpèges), l’in­ter­valle du VCO2, le niveau de chaque VCO, le niveau du bruit, la coupure du filtre et la réso­nance du filtre : de quoi créer des tables d’ondes basiques ou des effets plus déli­rants… la vitesse du séquen­ceur se règle avec la fréquence du DLFO. Point à régler dans un futur OS, empê­cher que le mouve­ment des deux poten­tio­mètres de désac­cor­dage du VCO2 ne fasse varier le tempo. Il manque aussi des fonc­tions de lissage entre les pas, mais cela n’est pas prévu.

The River 2tof 15

Venons-en enfin au DLFO. Il s’agit d’un géné­ra­teur numé­rique de cycles et d’en­ve­loppes, qui cette fois fonc­tionne non plus par voix, mais par canal. L’in­té­rêt est d’avoir des effets communs à toutes les voix d’un même canal, comme sur les synthés analo­giques poly­pho­niques vintage équi­pés d’un seul LFO. On commence par choi­sir la forme d’onde / de profil : modu­la­tion, sinus, triangle, carré, rampe, dent de scie, S&H, aléa­toire, écho à bande, AR Up, AR Down. La valeur « modu­la­tion » crée un niveau de modu­la­tion fonc­tion de la posi­tion de la molette ; c’est donc une sorte d’en­ve­loppe manuelle ; AR Up et Down sont des enve­loppes dont on peut régler les temps d’at­taque et de déclin, ainsi que la symé­trie. Le cycle du DLFO peut être libre, ou redé­clen­ché à chaque enfon­ce­ment de touche ; en revanche, on ne peut le synchro­ni­ser au tempo, ce qui est dommage pour un LFO numé­rique. Une fonc­tion Loop permet de redé­clen­cher les enve­loppes à chaque cycle du DLFO ; enfin, un dernier choix combine redé­clen­che­ment de cycle et d’en­ve­loppe. La vitesse maxi­male du DLFO reste dans le Sub-audio, autour de 16 Hz. Une petite matrice permet de doser sépa­ré­ment l’ac­tion de quatre contrô­leurs vers l’am­pli­tude ou la vitesse du DFLO, suivant un réglage de balance entre ces deux desti­na­tions internes. Le DLFO peut modu­ler sépa­ré­ment le pitch de chaque VCO, le niveau de chaque VCO, le niveau du bruit et la réso­nance du filtre. Un module très origi­nal et parfait complé­ment au LFO analo­gique !

Les rivières pourpres

The River 2tof 32

The River intègre une carte élec­tro­nique The Triko, compo­sée d’un triple chorus analo­gique et d’une unité de réver­bé­ra­tion/délai numé­rique. Par rapport au module The Triko, la carte a été revue et compac­tée, par l’ajout de CMS pour les parties n’en­trant pas dans le son. Ont été conser­vés en traver­sants les compo­sants vitaux qui n’ont pas d’équi­va­lents de qualité iden­tique en CMS, telles que les capa­ci­tés plas­tiques ou céra­miques. Nous allons conden­ser ici en grande partie le test de The Triko. Les trois chorus sont placés en paral­lèle et disposent des mêmes para­mètres, à quelques excep­tions-près. Ils reçoivent le mixage mono de toutes les voix et de l’en­trée audio stéréo (les signaux non trai­tés étant mixés en niveaux et pano­ra­miques vers le bus stéréo « Dry »). Pour chacun des trois chorus, on peut régler la forme d’onde (aucune, sinus, triangle, carré, S&H, aléa­toire, Tape ou Chorus 2), le retard (2 à 25 ms), la profon­deur de modu­la­tion, le niveau de sortie (atté­nua­tion) et le pano­ra­mique. L’onde « Tape » corres­pond à la modé­li­sa­tion d’un écho à bande. La posi­tion « Chorus 2 » permet de synchro­ni­ser la vitesse des chorus 1 et/ou 3 à celle du chorus 2 ; le para­mètre « Rate » du (ou des) chorus synchro­nisé(s) devient alors un réglage de dépha­sage (en degrés). En réglant les phases respec­tives des chorus 1 et 3 sur 120 et 240° et en choi­sis­sant le sinus comme onde du chorus 2, on se rapproche de tri-chorus de fameuses string machines. Sans oublier d’écar­ter les posi­tions stéréo des chorus extrêmes pour encore plus d’am­pleur. Déci­dé­ment bien spéci­fié, le chorus 2 dispose d’un circuit de feed­back addi­tion­nel, permet­tant de le trans­for­mer en flan­ger. Excellent ! Un LFO global ajoute un signal sinu­soï­dal aux modu­la­tions des chorus, avec profon­deur et vitesse program­mables. On peut aussi créer une modu­la­tion dyna­mique avec un contrô­leur physique au choix (molette de modu­la­tion, vélo­cité, pres­sion, CC MIDI 4–7–11) ou l’en­ve­loppe du signal d’en­trée, à assi­gner à une desti­na­tion d’ef­fet, avec quan­tité de modu­la­tion para­mé­trable (unique­ment posi­tive). La liste des desti­na­tions englobe la profon­deur de modu­la­tion des chorus, leur vitesse de modu­la­tion, les profon­deurs et vitesses, le niveau FX global, le niveau Dry global et les 7 para­mètres d’ef­fets de la carte numé­rique FX. 

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Les sorties stéréo des chorus sont alors mélan­gées vers le bus de sortie stéréo ou injec­tées dans l’ef­fet numé­rique final « FX ». Il s’agit d’un DSP capable de produire 8 algo­rithmes : écho à bande, délai ping­pong, écho clean, réverbe Gate, réverbe Plate, réverbe Small Hall, réverbe Hall et réverbe « Balo­ran ». On peut atté­nuer les hautes fréquences grâce à un filtre passe-bas, régler le temps de délai/réver­bé­ra­tion, le nombre de répé­ti­tions, la forme d’onde de modu­la­tion, la vitesse de modu­la­tion, la profon­deur de modu­la­tion et un para­mètre spéci­fique à l’ef­fet : niveau de la seconde tête de lecture pour les échos et pré-délai pour les réver­bé­ra­tions. Le nombre de répé­ti­tions permet d’al­ler jusqu’à l’auto-oscil­la­tion et même de la dépas­ser, un effet bien connu des chambres d’écho à bande ; il agit même sur les algo­rithmes de réverbe. La modu­la­tion dispose des mêmes formes d’onde que les chorus ; les modu­la­tions rapides ne sont pas audibles lorsque l’al­go­rithme est une réverbe. Sur un délai, on obtient des effets de pleu­rage très réalistes. La qualité est de mise, avec goût, variété et musi­ca­lité. On ne note pas de bouclage intem­pes­tif (sauf quand c’est inten­tion­nel) ou d’agres­si­vité. Même sans filtre passe-bas, la colo­ra­tion reste belle, pas du tout métal­lique. Balo­ran a vrai­ment bien bossé sur cette partie numé­rique (autant que sur les parties analo­giques), sans tomber dans la démons­tra­tion tape à l’œil ou la complexité. Chaque effet chorus et FX dispose de son signal de sortie, avec niveaux et pano­ra­miques indé­pen­dants. L’in­té­gra­tion à The River est on ne peut plus réus­sie, d’au­tant que les réglages d’ef­fet se mémo­risent avec le programme Single ou dans une petite banque sépa­rée. En mode Multi, c’est l’ef­fet du dernier programme chargé qui est retenu, toutes les voix y étant envoyées. Ce qui aurait été idéal, c’est de pouvoir isoler des voix des entrées des effets, tout en les routant vers le signal Dry. Si on veut utili­ser certaines voix non trai­tées, il faudra utili­ser les sorties indi­vi­duelles, juste­ment faites pour cela. 

En cascade

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Nous voici arri­vés à la partie la plus ardue de The River : The River­Key. Il s’agit, ni plus ni moins, d’un puis­sant système permet­tant de gérer quatre couches indé­pen­dantes, avec leurs entrées (sources) et leurs sorties (desti­na­tions). Pour chaque couche on défi­nit la zone clavier, l’ar­pé­gia­teur, le séquen­ceur ; s’y ajoute un CV LFO global… Une partie des commandes est direc­te­ment program­mable à partir de The River et d’une combi­nai­son de touches du clavier. Le para­mé­trage inté­gral se fait avec un logi­ciel dédié (unique­ment Windows 7/10 pour le moment), puis les profils ainsi créés sont envoyés à la machine via USB (10 mémoires, ce qui est suffi­sant pour gérer ses confi­gu­ra­tions studio ou live). En interne, le profil en cours d’édi­tion est stocké avec le Multi, ce qui permet de retrou­ver rapi­de­ment la confi­gu­ra­tion inté­grale de The River en char­geant un Multi.

Voyons dès à présent les para­mètres éditables depuis The River. Commençons par les para­mètres acces­sibles par couche : acti­va­tion, tessi­ture (note basse/ note haute), octave, trans­po­si­tion, canal (interne/MIDI/USB), envoi d’hor­loge et chan­ge­ment de programme MIDI. S’y ajoutent un arpé­gia­teur et un séquen­ceur. Sur l’ar­pé­gia­teur, on peut régler le tempo (avec touche Tap), la divi­sion tempo­relle, le motif (11 types mono et poly­pho­niques), l’oc­tave d’évo­lu­tion (1 à 5), l’ordre de jeu (haut, bas, aléa­toire), le mode Latch et le temps de Gate. Un mode spécial permet de trans­po­ser l’ar­pé­gia­teur en temps réel en ne jouant qu’une note (qui ne sera pas arpé­gée).

Sur le séquen­ceur, on peut régler le tempo, la divi­sion tempo­relle, l’ordre de jeu et le temps de Gate ; doté de 48 pas, il se programme en mode pas à pas ou en temps réel. On peut enre­gis­trer d’une à quatre notes par pas, ainsi que des silences (mais pas de liai­sons ou Auto­bend, domma­ge…) ; en temps réel, la quan­ti­fi­ca­tion se fait auto­ma­tique­ment suivant le temps de Gate. Une fois la séquence mémo­ri­sée, on ne peut plus l’édi­ter ; il faudrait que Balo­ran trouve une solu­tion pour navi­guer dans les pas et les éditer (a minima hauteur / silence / suppres­sion / inser­tion). La séquence est trans­po­sable en temps réel au clavier ou via la source externe. Tout cela est sauve­gardé avec le profil en cours, lui-même mémo­risé dans le Multi.

Passons main­te­nant aux prin­ci­paux para­mètres globaux du profil : courbe de vélo­cité, courbe de pres­sion, Play/Stop (si des arpèges ou séquences sont actives), tempo (avec touche Tap), Swing et CV LFO. Ce dernier permet d’en­voyer un LFO aux sorties CV pour attaquer un module analo­gique externe ; on peut choi­sir l’ac­ti­va­tion, le tempo, la forme d’onde, le niveau de modu­la­tion, le déca­lage verti­cal de l’onde et le mode de synchro­ni­sa­tion de phase (libre ou redé­clen­ché à chaque note). 

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Les autres para­mètres sont unique­ment éditables via le logi­ciel. Voyons-en les prin­ci­paux, car la liste est longue. On commence par défi­nir la source qui pilote la couche sonore : clavier interne, entrée MIDI ou USB. Puis vient la desti­na­tion : canaux sonores internes, sortie MIDI, USB ou CV/Gate. Vu qu’on a huit canaux multi­tim­braux pour quatre couches, nous avons suggéré à Balo­ran d’in­ver­ser l’as­si­gna­tion des desti­na­tions internes : choi­sir dans le canal par quelle couche il doit être piloté, ce qui permet­trait d’em­pi­ler plusieurs canaux dans une même couche en ne consom­mant qu’une couche. Ce n’est pas trivial, mais c’est à l’étu­de… Dans l’édi­teur, on défi­nit ensuite le nombre de voix assi­gnées, les filtres MIDI (contrô­leurs physiques, CC) et dans le cas des desti­na­tions CV/Gate, le mode d’en­voi aux jacks de sortie (mono, poly­pho­nique (autant de CV que de Gate) ou para­pho­nique (plusieurs CV pour une seule Gate), la norme du CV (V/octave ou Hz/V), la pola­rité du Gate…) L’édi­teur affiche en temps réel l’as­si­gna­tion auto­ma­tique des couches et sources de modu­la­tion aux CV/Gate dispo­nibles, pour les quatre couches en même temps, chose qui serait compliquée à faire sur les tout petits écrans de The River. On peut bien sûr modi­fier les assi­gna­tions propo­sées. Enfin, l’édi­teur permet de gérer les profils de quatre couches : nom, orga­ni­sa­tion au sein de confi­gu­ra­tions (1 à 10 profils), commu­ni­ca­tion avec la mémoire interne de The River. Bref, c’est très puis­sant !

Les petits ruis­seaux…

On manque de super­la­tifs pour saluer The River. L’en­ga­ge­ment de son concep­teur est à la hauteur de sa réali­sa­tion : un son vintage comme on l’aime, une puis­sance de feu indé­niable, des fonc­tion­na­li­tés très origi­nales, une concep­tion invi­tant irré­sis­ti­ble­ment au jeu et une qualité de réali­sa­tion haut de gamme. Sans oublier la modes­tie et la gentillesse du person­nage pour qui le déve­lop­pe­ment n’a pas toujours dû être un long fleuve tranquille. Les quelques reproches adres­sables à The River ne sont pas rédhi­bi­toires et bon nombre relèvent du domaine logi­ciel ; on aurait aussi aimé un second filtre mais la poly­va­lence est toute­fois surpre­nante ; de même, certains regret­te­ront l’ab­sence de routage des entrées audio vers le filtre, ce qui n’est pas évident à gérer en multi­tim­bra­lité. En souhai­tant bonne route à son premier gros bébé avec émotion, Balo­ran nous a confié avoir voulu conce­voir un véri­table instru­ment de musique élec­tro­nique. Bien plus qu’un instru­ment de musique, The River est un instru­ment de plai­sir auquel nous décer­nons un Award Valeur Sûre !

À l’eau Lolo !

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Inter­view de Laurent Leca­te­lier, fonda­teur de la SAS Balo­ran et concep­teur de The River

Lors du test de The Triko, Laurent nous avait dit que son rêve était d’avan­cer sur son projet The River, voire le termi­ner. C’est main­te­nant chose faite ; alors faisons le point… 

Quand as-tu commencé à réflé­chir à The River ?

Les premières réflexions et commu­ni­ca­tions ont commencé en mars 2014. L’achat d’un Moog Source quelques mois aupa­ra­vant, un énorme coup de foudre pour ce son et l’in­dis­pen­sable main­te­nance qui accom­pagne cet instru­ment m’ont collé le nez dans le manuel de service et m’ont donné l’idée de le rendre poly­pho­nique.

Quelles ont été les grandes étapes du projet ?

D’abord la construc­tion de trois cartes voix et d’un panneau sur des plaques de proto­ty­page, ce qui m’a permis de vali­der le projet et de publier les premières vidéos et sons sur Sound­Cloud. Cette phase a été très rapide, à peine trois mois. Un an plus tard, les prin­ci­pales parties étaient vali­dées. Puis ça a été la période The Triko / The River­key ; la commer­cia­li­sa­tion de The Triko a mis en standby The River mais m’a permis de créer la struc­ture Balo­ran SAS et de finan­cer (un peu) la suite des travaux. Les deux années suivantes ont permis la fina­li­sa­tion du panneau et du premier boitier blanc et rouge, puis la moder­ni­sa­tion complète des cartes voix (passage en CMS à l’ex­cep­tion des compo­sants nobles, aban­don des CA3080, nouveaux routa­ges… et les mêmes trans­for­ma­tions pour The River­key et The Triko). L’in­vi­ta­tion au Synth­Fest 2017 m’a plongé dans une période folle dès fin 2016 : nouveau boitier, nouvelle séri­gra­phie, fina­li­sa­tion de l’ar­chi­tec­ture, vali­da­tion des proto­types. Dans la foulée, la commer­cia­li­sa­tion du premier batch m’a plongé dans une période de folie depuis mi 2017, qui n’a toujours pas ralenti.

Quels synthés t’ont le plus influencé ?

Je ne peux pas dire qu’un synthé m’ait influencé en dehors du Moog Source. Les machines que j’ai gardées le plus long­temps sont le JD800 et l’Enso­niq ESQ 1. C’est plutôt mon inca­pa­cité à sortir du rock progres­sif, psyché­dé­lique et élec­tro­nique des ancêtres qui m’a motivé à recher­cher ces sons.

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Quelles ont été les prin­ci­pales diffi­cul­tés à surmon­ter ?

L’op­ti­mi­sa­tion du pilo­tage numé­rique des cartes voix a été un vrai chal­lenge, tout comme la capa­cité de faire chan­ter juste huit voix 100% analo­giques… La construc­tion du Chalet et sa lasure ont aussi été un grand moment… [NDLR : il s’agit du local d’as­sem­blage au fond du jardin, cf. photo]

Quelles sont tes grandes satis­fac­tions sur ce projet ?

Le son ! Je reste encore des heures à jouer avec The River ! J’ai aussi été très touché par l’ac­cueil du projet dans les commu­nau­tés fran­co­phones, la bien­veillance dont j’ai pu béné­fi­cier et bien sûr, les trois jours du Synth­Fest 2017 durant lesquels je n’ai pas touché terre. Aujour­d’hui, même si l’épreuve n’est pas termi­née, c’est aussi une réelle fierté de voir les petits pains se multi­plier dans le Chalet et d’ob­ser­ver la réac­tion des visi­teurs face à l’ins­tru­ment ;)

Quels conseils donne­rais-tu à ceux qui veulent se lancer dans la construc­tion de machines ?

Diffi­cile de donner des conseils. Il faut juste être prêt écono­mique­ment et fami­lia­le­ment à affron­ter cette merveilleuse galère.

On te met souvent en boite pour ton accent anglais… un message à tes fans ?

Il y a déjà 30 ans on se moquait de mon accent, quand je pestais sur le « Note énougue mémo­ri… »

After The River ?

Des vacances avant le lot n°2 ! Puis j’es­père rendre pros­père l’en­tre­prise Balo­ran SAS en 2018 afin qu’elle puisse deve­nir mon acti­vité à temps plein ;) J’ai déjà quelques idées de projets avec toujours cette conver­gence entre l’ana­lo­gique et le pilo­tage numé­rique…

 

Télé­char­gez les extraits sonores (format FLAC)

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  • The River 2tof 02
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  • The River 2tof 07
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  • The River 2tof 15
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  • The River 2tof 20
  • The River 2tof 21
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  • The River 2tof 25
  • The River 2tof 26
  • The River 2tof 27
  • The River 2tof 28
  • The River 2tof 29
  • The River 2tof 30
  • The River 2tof 31
  • The River 2tof 32
  • The River 2tof 38
  • The River 2tof 33
  • The River 2tof 34
  • The River 2tof 35
  • The River 2tof 36
  • The River 2tof 37
  • The River 2tof 08
  • The River 2tof 09

 

9/10
Award Valeur sûre 2018
Points forts
  • Couleur sonore analo vintage
  • Polyphonie et multitimbralité
  • Souplesse d’assignation des voix
  • Gestion multicouche interne/externe
  • Ergonomie ET puissance
  • Édition fluide sur les paramètres cruciaux
  • Modulations bien pensées
  • Séquenceur de mouvements par voix
  • 4 arpégiateurs / séquenceurs
  • Triple chorus analogique intégré
  • Mémoires Multi intégrales
  • Auto Save en tâche de fond
  • CC MIDI via USB sur les commandes
  • Interfaces MIDI/USB/CV/Gate
  • Construction artisanale
  • Alimentation interne
  • Aboutissement d’un beau projet
  • Traitement premium des clients
Points faibles
  • Un seul type de filtre
  • Pas d’entrée audio vers le filtre
  • Séquenceur à pas perfectible
  • DLFO non synchronisable au tempo
  • Pas de fonction Compare
  • Pas de CC via MIDI DIN
  • Ergonomie de l’USB
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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