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Vieille Canaille Oscillante !
9/10
Award Valeur sûre 2018
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Moog Music fait évoluer sa gamme de synthés vers les extrêmes. Au menu du jour, le Grandmother, un synthé mono semi-modulaire analogique pur, au tarif abordable et au caractère bien trempé. Allez, on pousse mémé…

Depuis le Voya­ger sorti en 2002, Moog Music est deve­nue une belle entre­prise désor­mais déte­nue par ses employés, Mike Adams, le président refon­da­teur aux côtés de Bob Moog, ayant cédé une partie de ses parts à son person­nel. Le Little Phatty sorti en 2006 fut le dernier synthé auquel Bob aura contri­bué. Il s’en est suivi la Taurus 3 en 2010, puis la série Sub Phatty / 37 / Sequent. Sans oublier les Voya­ger Old School / XL, la Mini­taur et toute une série de pédales analo­giques. On atten­dait avec impa­tience un gros poly­pho­nique, les rumeurs deve­naient de plus en plus pres­santes, mais Moog Music nous a une première fois surpris en 2016 avec une réédi­tion limi­tée du Model D en série limi­tée. Alors qu’on pensait que The One était prêt à sortir ses 48 VCO, c’est fina­le­ment un petit synthé mono analo­gique tout bariolé qui a fait son appa­ri­tion au Moog­fest 2018. Aussi surpre­nant que le look 70’s impro­bable et le nom décalé : Grand­mo­ther. On aurait pu penser à une blague de potache ou aux consé­quences d’un nuage de substances hallu­ci­no­gènes tombé sur Ashe­ville ; pas du tout, le Grand­mo­ther est là, bien là, debout sur ses deux VCO, agitant ses deux VCF et criant de tout son VCA pour nous botter les oreilles. Et quel coup de savate !

Bon pied…

Grandmother_2tof 01.JPGLe Grand­mo­ther est un synthé bariolé, dont le look ne laisse pas indif­fé­rent. On aime ou on déteste, mais le patch­work de couleurs pastel permet de repé­rer rapi­de­ment les diffé­rents modules : arpé­gia­teur/séquen­ceur en jaune, modu­la­tion en noir, VCO en bleu, mélan­geur en noir, utili­taires en noir, VCF en vert, enve­loppe en noir, VCA en noir et réverbe à ressorts en rose. Tout ce qui consti­tue un son est immé­dia­te­ment acces­sible grâce à 20 poten­tio­mètres, 5 sélec­teurs rota­tifs, 1 grand curseur linéaire, 5 inter­rup­teurs à bascule et 4 boutons-pous­soirs ; seuls les para­mètres système se règlent avec des combi­nai­sons de touches (nous en repar­le­rons). Chaque section est modu­la­ri­sée avec des jacks 3,5 mm et des cordons de bras­sage (6 sont four­nis en 3 tailles), nous revien­drons en détail plus tard.

Le synthé est robuste, grâce à une carcasse en métal et des flancs en plas­tique épais ; il est aussi trapu (55 × 36 × 14 cm) que dense (7 kg). Le profil rappelle indé­nia­ble­ment les Rogue / Realis­tic MG-1 ; on verra que le son est aussi dans la même trempe. La qualité des commandes est excel­lente, avec des poten­tio­mètres vissés parfai­te­ment ancrés, offrant une résis­tance idéale (le poten­tio­mètre bipo­laire à cran central du contour d’en­ve­loppe sur le filtre a une résis­tance plus légère que les autres, tout comme le grand curseur verti­cal de main­tien). Les 5 sélec­teurs métal­liques à bascule semblent pour leur part de moindre qualité et soli­dité. Les 4 boutons carrés rétroé­clai­rés (synchro de VCO et 3 sélec­teurs d’oc­tave / séquences / arpèges) sont en revanche très agréables. Chose amusante, la diode de tempo du séquen­ceur est rouge vermillon et passe au vert quand elle reçoit une horloge MIDI, alors que celle de la fréquence du LFO est rouge carmin.

Bon œil !

Comme le Rogue et le MG-1, le Grand­mo­ther est équipé d’un clavier Fatar 32 touches type TP/9 très agréable, avec une fermeté équi­li­brée et un retour franc. Il est sensible à la vélo­cité, que l’on peut router en CV ou en MIDI. Dommage que l’on soit limité à ce format compact, on aurait préféré 3 octaves entières.

Grandmother_2tof 04.JPGOn peut trans­po­ser le clavier sur plus ou moins 2 octaves au moyen des 3 boutons colo­rés déjà décrits ; il faut hélas main­te­nir le bouton central (bleu) et utili­ser les boutons bas (jaune) et haut (vert), ce qui est casse-gueule à l’usage puisque ces commandes ont d’autres fonc­tions, notam­ment lancer les séquences, main­te­nir les arpèges ou taper le tempo. Juste à gauche, un poten­tio­mètre permet de régler le temps de Glide et d’ac­ti­ver / désac­ti­ver le mode Legato en combi­nai­son avec le bouton bleu. Les molettes, quant à elles, sont fines et ont toutes leurs dents, comme sur les synthés Moog d’an­tan ; la molette de pitch bend comporte un ressort de rappel au centre, avec une résis­tance bien cali­brée.

Le panneau arrière comprend une connec­tique un peu plus élabo­rée que ce que l’on trouve habi­tuel­le­ment sur ce genre de machine : MIDI (In/Out/Thru DIN et USB, avec LED d’ac­ti­vité pour l’en­trée MIDI), 4 jacks 3,5 mm pour la partie arpé­gia­teur / séquen­ceur (entrée horloge, entrée acti­va­tion/arrêt, entrée Reset et sortie horloge), 2 jacks audio 3,5 mm (sortie globale audio et sortie directe réverbe au stan­dard Euro­rack –5/+5V), 2 jacks 6,35 mm (sortie prin­ci­pale ligne/casque mono et entrée audio vers le filtre) et petit poten­tio­mètre d’ac­cor­dage global. Sans oublier l’in­ter­rup­teur secteur et la borne pour alimen­ta­tion externe 12V DC / 2A ; elle est de type bloc au centre, avec côté secteur un cordon IEC 3 broches amovible et côté synthé une fiche bas de gamme pas sécu­ri­sée contre l’ar­ra­chage, pas top ; les ancêtres Moog avaient une alimen­ta­tion interne, même ceux posi­tion­nés grand public ! Les entrailles du Grand­mo­ther révèlent une élec­tro­nique moderne, majo­ri­tai­re­ment à base de CMS, hormis quelques capa cruciales et autres ajus­tables multi­tours. Les amateurs de spéléo élec­tro­nique pour­ront débu­ter cette vidéo à 1’33 : 

 

 

Pas gâteuse

Grandmother_2tof 05.JPGUne fois allumé, le Grand­mo­ther est prêt à l’em­ploi. Pas besoin d’at­tendre que mémé chauffe ses muscles, elle part du premier coup. Et quel coup de reins, pas gâteuse la mémé ! Commençons par une petite expli­ca­tion de texte avant d’en­trer dans l’écoute des sons. Il s’agit d’un synthé inté­gra­le­ment analo­gique, mono­dique et semi-modu­laire. Inté­gra­le­ment analo­gique, car tous les modules sonores (VCO, VCF, bruit, VCA) et les modu­la­tions (LFO, enve­loppes, atté­nua­teur) sont analo­giques. Deux consé­quences majeures : la première, c’est que les commandes sont en prise directe (leur posi­tion reflète les valeurs physiques réelles, il n’y pas de saut ou de seuil de déclen­che­ment) et que la réponse des poten­tio­mètres est véri­ta­ble­ment conti­nue (pas de quan­ti­fi­ca­tion) ; la deuxième, c’est qu’il n’y a pas de mémoire de sons ou de possi­bi­lité de pilo­ter les modules en CC MIDI, hormis ce qui concerne le pitch des VCO (nous y revien­drons). Heureu­se­ment, le mode d’em­ploi est très péda­go­gique et intègre un livret de sons à l’an­cienne, pour bien débu­ter.

La seule partie numé­rique concerne le MIDI (numéro de note avec vélo­cité, pitch bend, molette de modu­la­tion et les arpèges/séquences). Concer­nant le côté semi-modu­laire, cela signi­fie que la machine est précâ­blée en interne (les modules sont déjà connec­tés dans un ordre prédé­fini), ce qui permet d’en utili­ser 90% sans câbler quoi que ce soit ; si on veut connec­ter les modules diffé­rem­ment ou inter­con­nec­ter le synthé avec un système modu­laire externe, il suffit d’uti­li­ser des cordons de patch dans les entrées et sorties prévues à cet effet. Ceci a pour consé­quence de prendre le pas sur le précâ­blage interne (voir plus loin).

Mamie gâteau

Passons main­te­nant aux tests sonores. Pour commen­cer, deux VCO en dent de scie désac­cor­dés à 16’, un peu de filtrage sans réso­nance, un Decay court sur le filtre, un Sustain bas et paf, la première grosse tarte dans la tronche : les VCO grondent, le VCF enri­chit, l’en­ve­loppe claque, le VCA envoie du bois. On filtre un peu plus, on met de la réso­nance, la mamie nous emporte 40 ans en arrière, dans sa jeunesse glorieuse. On se retrouve deux octaves plus haut, une attaque un peu plus lente sur le VCF, pour un son flûté typique Moog d’époque. On comprend tout de suite le choix des couleurs et du nom. Conquis en quelques tours de boutons…

Grandmother_2tof 10.JPGMais le Grand­mo­ther a plus d’un tour dans son sac à main. On attrape deux cordons de patch et on commence par relier la sortie vélo­cité clavier à l’at­té­nua­teur, puis la sortie atté­nua­teur à l’en­trée CV du VCF ; ça y est, la vélo­cité pilote l’ou­ver­ture du filtre suivant l’in­ten­sité réglée dans l’at­té­nua­teur. On attrape quelques cordons de plus et on connecte la sortie CV clavier à la vitesse du LFO, puis la sortie du LFO à l’en­trée noise ; le bruit est coupé, on monte les niveaux des 2 VCO et du bruit, on règle le LFO sur dent de scie et on ajuste sa fréquence (avec un peu de dexté­rité) pour atteindre l’oc­tave supé­rieure ou infé­rieure ; on obtient alors un énorme son à 3 VCO pour faire trem­bler la pièce, le LFO devenu VCO suivant parfai­te­ment la valse…

On reprend nos cordons pour connec­ter main­te­nant la sortie d’en­ve­loppe et du LFO sur le multiple, le résul­tat vers l’at­té­nua­teur, puis la sortie d’at­té­nua­teur vers le pitch du VCO2. Synchro enga­gée, VCO2 réglé une octave au-dessus du VCO1, atté­nua­teur à 3 heures, Decay sur l’en­ve­loppe, Sustain tout en bas, un poil de contour posi­tif de filtre… et re-paf, la grosse synchro qui décolle le papier peint ! On pour­suit ce voyage tempo­rel avec des voix humaines, des percus­sions, des gouttes de pluie aléa­toires, le bruit de café moulu qui passe dans la vieille cafe­tière en alu… les odeurs du passé se mêlent aux sons… vite, un petit BN pour trem­per dans le café. Notre made­leine de Proust à peine digé­rée, nous allu­mons notre véné­rable Realis­tic MG-1, version grand public du Rogue conçu en 1981 par Moog pour Radio­Shack (distri­bu­teur US de produits hifi). Notons que notre MG-1 a été modi­fié pour descendre d’une octave supplé­men­taire et que son VCA a été boosté avec des compo­sants pro. Le son est quasi iden­tique, des graves aux aigus, avec un compor­te­ment de filtre très proche. Bref, le Grand­mo­ther offre ce son Moog vintage, avec une éten­due sonore bien plus vaste qu’un Model D grâce à sa modu­la­ri­té…

Grand­mo­ther_1audio 01 Bass 1
00:0000:37
  • Grand­mo­ther_1audio 01 Bass 100:37
  • Grand­mo­ther_1audio 02 Bass 200:33
  • Grand­mo­ther_1audio 03 Tri Saw00:18
  • Grand­mo­ther_1audio 04 Sync 100:34
  • Grand­mo­ther_1audio 05 Sync 200:24
  • Grand­mo­ther_1audio 06 Soft Lead00:17
  • Grand­mo­ther_1audio 07 Sequen­ced00:59
  • Grand­mo­ther_1audio 08 Solo Voice00:38
  • Grand­mo­ther_1audio 09 Lin FM00:28
  • Grand­mo­ther_1audio 10 Noise Audio­mod01:05
  • Grand­mo­ther_1audio 11 Noise Perc00:17
  • Grand­mo­ther_1audio 12 Random Self00:33

Sono­tone bran­ché

Grandmother-Signal-FlowLes sources sonores du Grand­mo­ther sont consti­tuées de deux VCO clas­siques, un géné­ra­teur de bruit blanc analo­gique et une entrée audio. Les VCO fonc­tionnent sur une plage de 8 octaves, en combi­nant le réglage de pied (respec­ti­ve­ment 32–16–8–4’ et 16–8–4–2’) et la trans­po­si­tion par octave. On peut pour chacun choi­sir la forme d’onde : triangle, dent de scie, carré à largeur variable, impul­sion 25% à largeur variable. Le LFO est précâ­blé pour modu­ler le pitch et les largeurs d’im­pul­sion des 2 VCO simul­ta­né­ment. Le VCO2 dispose d’un réglage fin de fréquence sur plus ou moins 7 demi-tons et peut être synchro­nisé par le VCO1 (Hard Sync) ; la plage de fréquences dispo­nible est alors éten­due. Le VCO1 dispose d’une entrée modu­laire pour pilo­ter la largeur des ondes à impul­sion, tandis que le VCO2 offre une entrée modu­laire FM linéaire, pour créer des sons métal­liques de type cloches. Le volume des VCO et du bruit blanc sont fine­ment dosables, puis mélan­gés avec l’en­trée audio, qui hélas ne possède pas de réglage de volume. Pous­ser le niveau des VCO et du bruit crée une satu­ra­tion natu­relle asymé­trique très agréable. La sortie du mélan­geur est précâ­blée vers le VCF.

Grandmother_2tof 11.JPGCe dernier est un clas­sique filtre Moog passe-bas 4 pôles réso­nant en échelle de tran­sis­tors. Sa fréquence varie sur une large plage de 10 Hz à 20 kHz, on ne pourra pas lui repro­cher d’ou­vrir trop tard ou fermer trop tôt ! Au-delà d’une certaine valeur de réso­nance, le filtre entre en auto-oscil­la­tion, produi­sant une onde sinus d’abord pure, puis satu­rée. On peut donc en jouer comme une source sonore addi­tion­nelle en réglant correc­te­ment la coupure et le suivi de clavier. La fréquence de coupure est direc­te­ment modu­lable par l’en­ve­loppe (modu­la­tion bipo­laire), le LFO et le suivi de clavier (0–50–100%). Dommage que la réso­nance ne dispose pas d’en­trée de modu­la­tion.

On arrive ensuite au VCA, qui offre un bouton de volume global et trois modes de modu­la­tion : enve­loppe, relâ­che­ment clavier ou drone. Le mode relâ­che­ment clavier est une version amélio­rée d’un simple Gate : cela permet de conser­ver le volume plein pot jusqu’au relâ­che­ment de note (comme un Gate), mais de conser­ver ensuite le temps de Release (là où un Gate coupe­rait le son tout net, rendant le segment de Release inutile) ; bravo pour cette excel­lente idée ! Le mode drone laisse le VCA ouvert, ce qui peut être utile pour les sons de drone (on s’en doutait) ou pour trai­ter un signal audio externe par le filtre sans avoir besoin d’ou­vrir l’en­ve­loppe.

En sortie de VCA, on trouve une véri­table réverbe à ressorts 6’’, histoire d’ac­cen­tuer le côté vintage du signal. Sans être excep­tion­nelle, elle fait le job, pour peu que l’on règle le rapport mouillé/sec du signal avec finesse, grâce au poten­tio­mètre dédié. C’est d’ailleurs le seul réglage possible. On peut aussi, rappe­lons-le, sortir seul le signal réver­béré ou entrer un signal externe dans la chambre de réver­bé­ra­tion. Un effet bien singu­lier, qui a ses fans et ses détrac­teurs. Nous l’avons trouvé utile sur certaines percus­sions, voix, effets spéciaux et lead flûtés.

Trem­blote assu­rée

Grandmother_2tof 16.JPGLes modu­la­tions du Grand­mo­ther sont précâ­blées, mais elles peuvent aussi être connec­tées à des desti­na­tions via des cordons de bras­sage (voir ci-après). On commence par le module appelé Modu­la­tion, composé d’un LFO avec géné­ra­teur de S&H. Pure­ment analo­gique, il offre un réglage de vitesse de 0,07 Hz à 1,3 kHz, autre­ment dit, dans l’au­dio ; lorsqu’on module sa vitesse par le suivi de clavier, on peut encore pous­ser cette plage ; du coup, en connec­tant la sortie forme d’onde du LFO au mixeur, on le trans­forme en VCO addi­tion­nel. Sa vitesse et son cycle peuvent être asser­vis à une horloge externe via la baie de bras­sage. Il offre les ondes sinus, dent de scie, rampe, carrée, ainsi qu’un géné­ra­teur S&H tiré du géné­ra­teur de bruit. On peut doser son action sur le pitch, la coupure du filtre et la largeur des ondes impul­sion des VCO. Son action est pilo­tée par la molette de modu­la­tion.

Il n’y a qu’une enve­loppe ADSR. Pure­ment analo­gique, elle claque parfai­te­ment. Elle est par défaut assi­gnée au VCF et assi­gnable au VCA, mais on peut câbler la modu­la­tion vers une entrée de son choix pour pilo­ter d’autres compo­sants (comme le pitch du VCO2 en synchro, par exemple). Deux enve­loppes, ça aurait été mieux qu’une seule. Heureu­se­ment que Moog a doté le VCA du génial mode relâ­che­ment clavier ! Petit reproche, l’en­ve­loppe est unique­ment déclen­chée lorsque les notes sont déta­chées, on aurait aimé une option de redé­clen­che­ment avec notes liées ; c’est tech­nique­ment possible par mise à jour d’OS, souhai­tons que Moog Music nous entende car c’est une demande forte sur le forum dédié de la marque.

Confi­ture et marme­lade

Le Grand­mo­ther est équipé d’un arpé­gia­teur et d’un petit séquen­ceur à pas. Le tempo peut être réglé avec un poten­tio­mètre dédié ou entré via une touche Tap (la verte !). L’ar­pé­gia­teur offre 3 sens de lecture (ordre joué, ordre joué puis inversé, aléa­toire), une plage de 1 à 3 octaves et une fonc­tion de main­tien. Il n’y a donc pas de motif haut/bas, alterné, etc. Il faut les faire soi-même en jouant…

Le séquen­ceur peut quant à lui mémo­ri­ser 3 séquences de 256 pas chacune. Elles peuvent être lues en avant, alter­na­ti­ve­ment ou aléa­toi­re­ment. La hauteur peut être trans­po­sée au clavier et la séquence main­te­nue après le relâ­che­ment de touche si on le souhaite. Pour program­mer les pas, on passe en mode d’en­re­gis­tre­ment avec un petit switch, puis on entre les notes pas par pas ; on peut lier les notes, entrer des silences ou accen­tuer les pas. Dommage qu’on ne puisse enre­gis­trer la vélo­cité réelle de jeu. L’édi­tion d’une séquence après coup se fait en temps réel : les notes ou silences entrés à la volée remplacent les pas exis­tants au moment où ils sont joués. Les notes arpé­gées et séquen­cées sont trans­mises via les sorties CV clavier / Gate situées en façade et en MIDI. Voici deux petits modules basiques mais bien dans l’es­prit et toujours appré­cia­bles…

Maison de retrai­te­ment

La grande force du Grand­mo­ther est sa semi-modu­la­rité. Cela se traduit par 41 points de patch (21 entrées, 16 sorties et un multiple x4) au format jack 3,5 mm et des cordons pour les relier. Cela lui permet de s’in­té­grer parfai­te­ment dans un univers Euro­rack, pour ceux qui veulent mettre le doigt dans l’en­gre­nage en ajou­tant des modules petit à petit, puisque les signaux sont norma­li­sés à ce stan­dard. Insé­rer un cordon dans une entrée coupe le signal précâ­blé, nous l’avons dit ; idem si on veut préle­ver le signal d’une sortie.

Grandmother_2tof 14.JPGListons les points de patch dispo­nibles sur le panneau avant (ceux du panneau arrière ont été décrits en début du test). Pour les arpèges / séquences : sortie Gate, sortie CV clavier, sortie vélo­cité clavier. Pour la modu­la­tion (LFO) : entrée vitesse, entrée synchro de cycle, sortie forme d’onde, sortie S&H (issue du géné­ra­teur de bruit blanc). Pour les VCO : sorties onde des VCO1 et VCO2, entrées pitch des VCO1 et VCO2, entrée PWM du VCO1 (pour les ondes carrées et impul­sion 25%) et entrée FM linéaire du VCO2. Pour le mélan­geur : entrées des VCO1, VCO2 et bruit, sortie mix. Pour le VCF, entrée audio, sortie audio, entrée quan­tité d’en­ve­loppe, entrée vers la fréquence de coupure. Pour l’en­ve­loppe : entrée déclen­che­ment, sortie posi­tive, sortie néga­tive. Pour le VCA : entrée volume, entrée audio, entrée vers la réverbe à ressorts.

Il existe aussi des modules « utili­taires » non précâ­blés, tels qu’un multiple, un HPF et un atté­nua­teur. Le multiple possède 4 points en paral­lèle, capable de fonc­tion­ner avec des signaux de modu­la­tion ou audio en mode 1 entrée vers 3 sorties, ou avec des signaux audio couplés en mode Merger 2 entrées vers 2 sorties. Situé en dessous, le module High Pass est un filtre analo­gique passe-haut 1 pôle, avec réglage de la fréquence de coupure par un poten­tio­mètre dédié. Il n’est pas précâ­blé, donc il faut utili­ser les cordons de patch pour y injec­ter un signal, par exemple la sortie mixeur ou la sortie du VCF prin­ci­pal, puis envoyer le signal ainsi filtré vers un autre module, tel que le VCA final. Enfin, le module atté­nua­teur est consti­tué d’un poten­tio­mètre de dosage bipo­laire, d’une entrée et d’une sortie. Son rôle est de régler avec préci­sion la quan­tité de modu­la­tion entre une source et une desti­na­tion, afin de ne pas envoyer le signal plein pot. Très utile par exemple pour envoyer l’en­ve­loppe vers le pitch d’un VCO. Tiens, on aurait aimé un second module de ce type, tant pis !

Troi­sième âge

Grandmother_2tof 12.JPGNous avons vu que le signal et les modu­la­tions du Grand­mo­ther étaient entiè­re­ment analo­giques et que tous les para­mètres de synthèse étaient acces­sibles en façade. Il existe toute­fois quelques réglages système, auxquels on accède par combi­nai­son de boutons (HOLD+­SYNC). Une fois le mode activé, on sélec­tionne et modi­fie les para­mètres avec les touches du clavier. Les para­mètres acces­sibles dans la version actuelle de l’OS sont limi­tés à une dizaine, dont le canal MIDI, l’en­trée horloge, la sortie horloge, la prio­rité de note (dernière, haute, basse), l’éten­due du pitch bend, la divi­sion tempo­relle d’hor­loge, la plage de tension de la sortie pitch clavier (-5/+5V ou 0/+10V), le mode Local… bref, l’es­sen­tiel. 

Bien qu’en­tiè­re­ment analo­gique, le Grand­mo­ther est capable de répondre et émettre des CC MIDI pour ce qui touche les fréquences des oscil­la­teurs et les horloges. En entrée, les valeurs sont conver­ties en tension (comme la valeur de note reçue en MIDI ou émise par le clavier interne, égale­ment piloté numé­rique­ment) et ajou­tées aux valeurs des commandes analo­giques (poten­tio­mètres, inter­rup­teurs, molettes). En sortie, les valeurs lues sont codées en numé­rique et envoyées en CC. Cela concerne le pitch bend, la molette de modu­la­tion, la vitesse du LFO, le Glide (temps, courbe de réponse, option legato), la fréquence fine du VCO2, l’oc­tave des VCO et la synchro des VCO. C’est égale­ment via CC MIDI (et unique­ment ainsi, dommage) que l’on peut trans­po­ser le clavier par demi-ton. Les commandes conti­nues répondent sur 7 ou 14 bits (128 ou 16384 valeurs, en utili­sant 1 ou 2 CC combi­nés). Sympa !

Force et vigueur

Le Grand­mo­ther nous a beau­coup séduits, avec sa signa­ture sonore vintage Moog et sa rapi­dité de prise en main. Avec le récent Model D, il porte sans conteste l’ADN de ses ancêtres. Mais le Grand­mo­ther est plus souple, avec son approche modu­laire, son filtre passe-haut, ses arpèges et ses séquences, qui lui permettent de s’in­té­grer parfai­te­ment dans un gros système analo­gique. Bien évidem­ment, il lui manque des mémoires, le clavier est limité, il n’y a qu’un LFO et une enve­lop­pe… Bref, nous garde­rons un excellent souve­nir du Grand­mo­ther et le recom­man­dons à tous ceux qui aiment le son Moog d’an­tan et qui veulent tenter la synthèse modu­laire à moindres frais. Après une bonne fondue suisse au bord du lac, l’ami Push-Pull m’avait suggéré de mettre un Granny Award ; je lui en laisse donc la pater­nité et décerne au Grand­mo­ther l’Award AF Valeur Sûre 2019.

Télé­char­ger les extraits audio (format FLAC)

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9/10
Award Valeur sûre 2018
Points forts
  • Gros son Moog vintage
  • Variété sonore
  • Cent pour cent analogique
  • Semi-modularité à 41 points
  • VCO largement modulables
  • Filtre Moog typique
  • Mode Release clavier sur le VCA
  • Enveloppe rapide
  • LFO analogique transformable en VCO
  • Arpégiateur et mini-séquenceur
  • Entrée audio vers le filtre
  • Connectique variée
  • Prise en main immédiate
  • Livre de patches fourni
  • Qualité de construction
  • Tarif abordable
Points faibles
  • Clavier compact
  • Une seule enveloppe
  • Un seul LFO
  • Pas de redéclenchement d’enveloppe
  • Pas de transposition directe par demi-ton
  • Alimentation externe
  • Absence de mémoires gênante pour certaines utilisations
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.