Tous les avis sur Sequential Circuits Six-Trak notés 5/5

Le SIX-TRAK, il est petit, il est tout mignon (dans le plus pure tradition Sequential Circuits de 1ere génération), avec ses flancs en bois et ses potentiomètres reconnaissables entre mille, et il sonne super bien.
Ça n’en fait pas pour autant une bête de course.

Je l’ai acheté l’an passé, j’y ai rapidement installé l’eprom Tauntek, un contrôleur stéreoping équipé de la Faceplate du Six trak, et roule ma poule pour une séance de tweaking.
Je possède déjà son grand frère le MULTITRAK, signé Sequential (…..et non plus Sequential Circuits), qui est un peu plus complet en modulation (il est équipé d’un clavier sensitif, dont le SIX-TRAK n’est pas équipé), mais vraiment light en implantation midi.

Le SIX-TRAK et le MULTITRAK sont souvent comparés. Le petit frère est mieux estimé, plus recherché, mieux coté, plus joli et pourtant il est moins puissant que le MULTITRAK.

Le SIX-TRAK est un VRAI synthétiseur Analogique à 6 voix de polyphonie, avec 1 seul oscillateur par voix. Il a également cette particularité de pouvoir générer jusqu’a 6 sonorités indépendantes. C’était une grande première en 1984. Cette fameuse époque ou SEQUENTIAL CIRCUITS était un constructeur d’avant-garde.
Chacune des 6 sonorités peut être affectée au choix, soit en polyphonie, soit en superposition de sons (Stack). Le résultat est bluffant, mais dans ce mode, on ne peut pas éditer les sons.

Le SIX-TRAK propose au total 36 paramètres, sans effets (sur le MULTITRAK y’a un Chorus analogique !!!!)
les paramètres sont donc identifiés de 00 à 35 sur la façade. Le Paramètre n°36, qui n'apparait pas sur la sérigraphie est celui du réglage du canal MIDI.

Coté architecture, c’est très classique :
-1 seul oscillateur de type VCO, par voix, proposant 4 formes d’ondes : Dent de scie montante / Triangle / Carré / Pulse wide. La largeur d’impulsion est paramétrable.
La hauteur est réglable à +/- 2 octaves par rapport au C4.
Coté richesse harmonique, on peut additionner les formes d’onde, comme sur un JUNO, ou un SH-101. Par contre Il n’y a pas de Sub Oscillateur. C’est dommage, cela aurait pu donner un peu de corps aux sons.

L’oscillateur possède une enveloppe, de type ADSR avec gestion de la polarité, réglable sur 16 pas, alors que celle du MULITRAK est réglable sur 32 pas. Les ATTACK / DECAY/ RELEASE passent de 11 Secondes pour le ST à 15 Secondes pour le MT. La Modulation du MT est donc un poil plus puissante que celle du ST.

Des enveloppes identiques équipent le Filtre et l’Amplificateur.

-1 LFO unique, allant de ¼ de Hz à 20Hk, réglable sur 16 pas, assignable sur l’Oscillateur et le Filtre (pas sur l’amplificateur…dommage) avec 2 formes d’ondes : Triangle et carré.

-1 filtre Passe Bas, à 4 pôles (atténuation de 24dB/octave), de type CEM, cher à SEQUENTIAL.
La gestion du Cutoff se fait sur 128 pas et la résonance se fait sur 64 pas.

Le SIX-TRAK est plus rependu que le MULTITRAK, pourtant, le seul avantage de ce premier, et non des moindres, par rapport a ce dernier, est qu’il reconnait les SYSEX et les CONTROL CHANGE : cela signifie que l’on peut contrôler ses paramètres en temps réel avec un contrôleur, et charger les sons depuis un PC equipé d’une interface MIDI / USB.
Le MULTITRAK version Europe ne reconnait pas les Controls Changes (uniquement les versions USA, si et seulement si elle est équipée du kit TAUNTEK (EPROM + mini PCB contenant 1 résistance et 2 diodes)).
Pour tout le reste, le MULTITRAK est légèrement supérieur au SIX-TRAK.

Comme sur tous les Synthétiseurs à VCO, il faut le recalibrer régulièrement, jusqu’à ce qu’il ait atteint sa température de fonctionnement (environ 30 minutes).
L’architecture du SIX-TRAK est partagée par plusieurs synthés SEQUENTIAL : le MULTITRAK,le SPLIT EIGHT (et le PRO 8) et le MAX, mais aussi par quelques synthés AKAI : L'AX-60, l'AX-73 et le VX-90. Ils utilisent tous le même IC « all in one » de Doug Curtis : le "CEM3394".
Le SIX-TRAK n’est pas le plus puissant de la série. Comme déjà evoqué, le MULTITRAK a plus de paramètres mais ne peux pas être piloté par un contrôleur, et le SPLIT EIGHT a 8 voix de polyphonie.

Coté fabrication, comme tous les synthés de la marque, il est fabriqué de la même façon…Une demie coque supérieure fixée à la demie coque inférieure par une charnière métallique, et 2 flancs en bois pour tenir le tout. Les synthés actuels de la marque, sont toujours fabriqués selon ce principe....comme quoi, un concept fiable et éprouvé, peut durer longtemps.
Etrangement, lorsque l’on ouvre la bestiole, on y trouve qu’une seule carte électronique, qui fait office de carte mère / voice board / control Board….très avant-gardiste pour un synthé de 1984. Tous les autres synthés de cette époque sont équipés d’une carte par fonction.
Ensuite, parlons MIDI. La première démonstration publique du MIDI a lieu lors du NAMM de 1983, entre un Jupiter-6 et un Prophet-600, par leurs deux représentants et fondateurs, Ikutarō Kakehashi et Dave Smith.
Le SIX-TRAK a été commercialisé en 1984 et supportait déjà les SYSEX et les Controls Changes. Il était donc vraiment très en avance sur l'implantation du MIDI, par rapport a ses concurrents. En effet, sur l'ensemble des synthés de la concurrence, les patches se chargeaient uniquement avec une interface cassette, dont le SIX-TRAK n'est pas équipé. C'est a croire que Dave a voulu faire de ce modèle une vitrine technologique pour montrer la puissance de cette toute nouvelle norme.

Le SIX-TRAK est également le 1er synthé "Knobless" de la marque, dans le plus pure style des machines des années 80. Le 1er synthé a lancer cette mode fut le KORG POLY 61.
l'interface est donc minimaliste : 1 clavier numérique à 10 touches, un potentiomètre et 3 boutons de fonctions, le tout en technologie "rubber" comme sur une télécommande de télévision.
L'utilisation d'un contrôleur est donc grandement conseillée, afin de pouvoir modifier les paramètres de sons à la volée.

Sans être un foudre de guerre, cela reste un très bon petit synthé pour s’initier à la synthèse soustractive, sur du matériel de qualité, sans se perdre dans un dédale de paramètres.
Il est assez prisé, et finalement assez cher au regard de ses performances….mais quand on aime, on ne compte pas.
et puis.....c'est un Sequential !!!!!!
merci Dave...tu nous manques

Synthé full analo 6 voies de polyphonie


UTILISATION

évidement je viens mettre mon grain de sel concernant ce point qui rebute le commun des mortels. "oulala y'a pas de potars, trop chiant pour programmer". NON. C'est l'un des premiers synthés à pousser l'implémentation midi, et donc n'importe quel controleur midi à 30 balles transformera ce panel austère en paradis du tweaking.

SONORITÉS

Question sonorité, cette bestiole fera plaisir à ceux qui cherchent une pâte retro dans leur son. Quelques accords avec un peu de release et un chouille de mod lente sur le pitch, et les copains de Boards of Canada sont pas loin. C'est soyeux, rond, ça parle quoi. Le mode stack (empilage de 6 programmes pour en faire un monophonique multi-timbral) est très fun et permet de palier au défaut principal de ce joujou, à savoir 1 seul VCO et une matrice de modulation classique. Mais honnêtement pour le prix, se retrouver avec 6 voies de "son Sequential" procure sacrément du plaisir. On a même un petit séquenceur et un arpeggiateur en bonus! Ah et j'oubliai le mode unison qui rend l'animal sacrément plus méchant sur leads et basses (ça fait pas mal de bonus, non?)

AVIS GLOBAL

Bref, dans le contexte de spéculation autour des vieux analos, je place ce SixTrak dans le haut du podium des bonnes affaires: pur jus chelou-vintage polyphonique, fonctions originales (le stack), implémentation MIDI d'origine, stockage des presets (si vous l'emmenez en live ça peut aider...la bête est plutôt solide)
Comparé par exemple à un Juno 106 qui part en ce moment autour de 1000 balles parcequ'il a quelques faders en façade, je rigole discrètement...!!