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Toison d’ondes
9/10
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Assimilable à un CraftSynth2 polyphonique à clavier, l’Argon8 est le nouveau milieu de gamme de Modal. La V2 de l’OS vient de sortir. Voyons si la multiplication des voix s’est bien passée.

Test de l'Argon8 de Modal Electronics : Toison d’ondes

Déve­loppé par la firme britan­nique Modal Elec­tro­nics, l’Ar­gon8 est dispo­nible depuis fin 2019. Ce synthé à clavier 3 octaves vient combler le vide entre les synthés haut de gamme de la marque (séries double zéro, dont la produc­tion a désor­mais cessé, certains compo­sants faisant défaut) et les modules d’en­trée de gamme (Craft­Synth 2, Skulpt), testés récem­ment dans nos colonnes. Dans la foulée, au NAMM 2020, Modal a présenté deux décli­nai­sons de l’Ar­gon8 : une version à clavier 5 octaves (Argon8X) et une version module (Argon8M). D’après les photos et les infos dispo­nibles, le panneau de commande, l’élec­tro­nique et la connec­tique des modèles à clavier sont iden­tiques. On imagine qu’il en est de même pour le son. Le module est moins fourni en commandes directes, gagnant en compa­cité. Nous avions initia­le­ment testé l’OS V1.2, mais Modal vient de présen­ter une V2. Nous avons donc modi­fié notre texte en consé­quence, là où les nouveau­tés nous ont paru primor­diales.

Petit lourd

Argon8_2tof 03.JPGParlons carton. En sortant la boite de l’Ar­gon8, on se fait une frayeur : le colis est lourd mais le petit carton Modal est tout fin, même pas alvéolé. Heureu­se­ment, les pains en mousse internes sont larges et protègent le synthé des risques liés aux défor­ma­tions exces­sives du carton. Outre le synthé, on trouve une alimen­ta­tion externe (bloc cheap avec diffé­rents embouts), un cordon USB et une feuille A4 en guise de mode d’em­ploi (après tout, la boite du Craft­Synth 2 ne conte­nait que le Craft­Synth 2 et certains trouvent ça normal en 2020; pas nous…). Le synthé pèse son poids, 5,5 kg, pour à peine 55 × 30 × 10 cm! La machine arbore un look classe, sérieux et quali­ta­tif. Rien à voir avec les modules évoqués aupa­ra­vant dont elle se démarque assez vite.

Niveau construc­tion, le meilleur et le pire coha­bitent. Le meilleur, c’est une épaisse façade en alu anodisé, une coque en métal peint, une séri­gra­phie claire sur fond anthra­cite parfai­te­ment lisible, un petit écran OLED graphique blanc sur fond noir hyper contrasté, un bâton de joie court à ressort très précis, un clavier dyna­mique 3 octaves TP/9 S Fatar semi-lesté très agréable au toucher, sensible à la vitesse et à la pres­sion. Bref, on est plusieurs crans au-dessus des modules Skulpt et Craf­Syn­th2. Notre joie retombe hélas dès qu’on commence à toucher les 29 enco­deurs (27 lisses et 2 cran­tés de part et d’autre de l’écran) : ils bougent pas mal sur leur axe (même si l’axe lui-même a un jeu réduit), leur résis­tance est très insuf­fi­sante et la matière de leur capu­chon est un plas­tique lisse très désa­gréable à toucher; ce genre de matière qui donne l’im­pres­sion de dessé­cher les doigts. On en fris­sonne, brrr…

Ergo­no­mie amélio­rée

L’er­go­no­mie est moins obscure que sur les modules précé­dem­ment cités, avec des sections plus faciles à repé­rer : LFO, oscil­la­teurs, trans­po­si­tion d’oc­tave (-3/+4), modu­la­tions, filtres, mode de jeu, FX, enve­loppe, volume, arpé­gia­teur, séquen­ceur. Elles sont épar­pillées un peu partout et toujours en quin­conce dans une britan­nique logique, mais on arrive à s’y retrou­ver. La touche Init n’a pas été oubliée mais la fonc­tion Compare est introu­vable.

Argon8_2tof 19.JPGIl n’y a qu’un enco­deur-pous­soir cranté pour navi­guer au sein de 500 programmes, sans clas­se­ment par caté­go­rie. Une fois le son atteint, il faut appuyer sur l’en­co­deur pour le char­ger; heureu­se­ment, les mémoires bouclent entre les numé­ros 500 et 1, une bonne chose. Pour navi­guer dans les menus, c’est un peu pareil : un second enco­deur-pous­soir sert à sélec­tion­ner les pages et choi­sir le para­mètre à éditer lorsqu’on appuie dessus. On a certes pas mal de commandes directes, mais souvent à fonc­tions multiples (deux ou trois, certaines n’étant même pas séri­gra­phiées, telles que la combi­nai­son Patch+­Wa­ve1 qui modi­fie le type de trai­te­ment appliqué à la table d’onde n° 1).

La connec­tique est regrou­pée sur le panneau arrière. Elle n’est pas vissée et la carte bouge beau­coup, ce qui inspire moyen­ne­ment confiance. On a vu la même chose sur des machines bien plus chères, telles que le Sola­ris. Au programme, du clas­sique, sans surprise ni oubli notable. Au format Jack 6,35 mm, on trouve une sortie casque stéréo, deux sorties lignes gauche (mono)/droite, deux entrées pour pédales (inter­rup­teur et conti­nue). Au format mini-jack, il y a une entrée audio stéréo (avec volume logi­ciel et routage vers les effets), une entrée synchro et une sortie synchro type Korg. Pour le numé­rique, on a deux prises MIDI DIN (entrée/sortie commu­table en Thru) et une prise USB vers hôte (MIDI unique­ment). À côté de l’in­ter­rup­teur secteur, il reste une borne pour connec­ter l’ali­men­ta­tion externe 9VDC/1,5A/C+ deve­nue clas­sique dans ce niveau de gamme, même au-delà (Kyra, Sola­ris, Moog One, c’est dingue!).

Poten­tiel sonore

Argon8_2tof 15.JPGL’Ar­gon8 est un synthé numé­rique mono­tim­bral poly­pho­nique 8 voix. Les 500 mémoires internes renferment 300 sons préchar­gés réins­crip­tibles. Sur la V1.2 initia­le­ment testée, on avait vite fait de les oublier, telle­ment ils étaient insi­pides et inutiles. On trou­vait bien un orgue par-ci, un lead par-là, quelques nappes de-ci de-là, mais pas grand-chose pour faire un tube sur le pouce (ou avec tous les doigts). Beau­coup de programmes étaient noyés dans les effets, ici des nappes molles à peine audibles, là des leads agres­sifs même pas norma­li­sés, là-bas des tenta­tives de basses sans impact, bon… L’OS V2 apporte une nouvelle banque d’usine entiè­re­ment revi­si­tée. De même, tout l’étage de gain a été revu de fond en comble, ce qui nous donne un niveau de sortie bien amélioré, souf­frant aupa­ra­vant d’un manque d’au moins 20 dB, merci ! Sans trop exagé­rer les réglages de boost interne, on évite tout bruit de fond audible.

L’Ar­gon8 trouve son terrain de prédi­lec­tion dans les textures éthé­rées évolu­tives, les tables d’ondes façon PPG, les arpèges synchro­ni­sés au délai et les drones. C’est plus diffi­cile de faire des sons clas­siques de synthés poly­pho­niques, cordes et autres cuivres. Pour les basses, c’est quasi mission impos­sible, le terrain de prédi­lec­tion étant plutôt du médium aux très aigu. Et dans ce registre, l’Ar­gon8 est très à l’aise, hyper clean, dans le bon sens du terme, sans le moindre alia­sing, y compris dans les inter­mo­du­la­tions et les sons brui­tés. Pour les veinards ou les amateurs de bon sort, une pres­sion sur le bouton Random lance la créa­tion d’un son aléa­toire. Et pour les musi­ciens de scène, 8 mémoires de favo­ris permettent d’ar­ran­ger quelques programmes à rappe­ler instan­ta­né­ment. Pas de quoi tenir toute la soirée toute­fois…

Argon8_1audio 01 First Pad
00:0000:47
  • Argon8_1audio 01 First Pad00:47
  • Argon8_1audio 02 Phatt Butt00:34
  • Argon8_1audio 03 Delay Lead00:35
  • Argon8_1audio 04 Wave­table00:42
  • Argon8_1audio 05 Gate Arp (Gate On Arp)00:48
  • Argon8_1audio 06 Sequence Motion01:38
  • Argon8_1audio 07 Organ Disto00:25
  • Argon8_1audio 08 Arp And Del00:39
  • Argon8_1audio 09 Magic Table00:38
  • Argon8_1audio 10 Last Pad01:16

Tables pliantes

Argon8_2tof 10.JPGLes deux oscil­la­teurs de l’Ar­gon8 sont basés sur les tables d’ondes. Ils peuvent utili­ser respec­ti­ve­ment 24 et 28 tables. Chaque table est consti­tuée d’ondes à cycle court assez progres­sives. Voici la liste : VA, 002 (4 types), Retro, Math, Formant, Terrain, Peaks, Complex (x2), Harmo­nic (x2), Jumble, Perc, Reso (x2), Sweep, Fold (x3), Min et Chaos. Les 4 tables supplé­men­taires acces­sibles unique­ment par le second oscil­la­teur comprennent une onde PWM et 3 bruits modu­lables (bruits progres­sifs, sinus <> bruit, carré <> bruit). On peut défi­nir le point de lecture de la table et modu­ler ce point en continu si on le souhaite, via la matrice de modu­la­tion (nous y revien­drons). La lecture est lisse, impec­cable et sans arte­fact. Il n’a pas de mode avec tran­si­tions abruptes, comme on trouve sur certains synthés à tables d’onde, même très anciens, même beau­coup moins chers.

On peut ensuite trai­ter le contenu harmo­nique de chaque oscil­la­teur avec l’une des 32 présé­lec­tions prévues, sans réglage de quan­tité : réduc­tion de fréquence d’échan­tillon­nage, réduc­tion de réso­lu­tion, réduc­tion des aigus, modi­fi­ca­tion du cycle, modu­la­tion de phase, réso­nances, inver­seurs, effet miroir, chan­ge­ments de signe, sous­trac­tion, Wave­fol­ding, Wave­sha­ping, Wrap… la liste est longue, il faut tout essayer, c’est très rapide. On peut aussi faire inter­agir les deux oscil­la­teurs, avec inten­sité modu­lable : modu­la­tion de phase, modu­la­tion en anneau, modu­la­tion d’am­pli­tude, synchro dure, synchro douce, défor­ma­tion, inver­sion, modu­la­tion en anneau avec synchro. Cela repré­sente plus de possi­bi­li­tés que le Craft­Synth 2, mais il semble qu’on ait perdu le géné­ra­teur de formants de voix… Chaque oscil­la­teur peut être accordé sur +/- 4 octaves par demi-ton et par centième. Il y a même une simu­la­tion de dérive d’ac­cor­dage. Un para­mètre Spread permet de créer de puis­sants unis­sons (par dupli­ca­tion d’os­cil­la­teurs virtuels) et diffé­rents accords (majeurs, mineurs, quartes, quintes, sixtes, octa­ves…). Il reste à doser la balance entre les deux oscil­la­teurs avant de rejoindre le filtre.

Filtres variables

Le filtre de l’Ar­gon8 est une version amélio­rée de celui du Craft­Synth 2, qui passe à quatre modes. Il s’agit d’un filtre 2 pôles multi­mode réso­nant, avec un poten­tio­mètre dédié pour passage continu entre les modes passe-bas/passe-bande (ou réjec­tion)/passe-haut, comme le fameux filtre SEM Oberheim du début des années 70.

Argon8_2tof 11.JPGLes quatre modes concer­nant le type de réponse : stan­dard, stan­dard réjec­tion, clas­sique et clas­sique réjec­tion. Les deux types avec réjec­tion remplacent le mode central passe-bande par un mode réjec­tion de bande. La diffé­rence entre les types stan­dard et clas­sique concerne la réso­nance : le type stan­dard écrase les fréquences et va en auto-oscil­la­tion alors que le type clas­sique colore sans écra­ser ni auto-oscil­ler. Merci d’avoir prévu tous ces types de réponses, très utiles!

On peut direc­te­ment régler la fréquence de coupure du filtre avec un gros enco­deur lisse (sans valeur affi­chée, seule la réponse du filtre est repré­sen­tée graphique­ment, mais les spéci­fi­ca­tions du construc­teur indiquent une plage de 0 Hz à 22 kHz), la réso­nance et l’ac­tion bipo­laire de l’en­ve­loppe dédiée. La réponse en fréquence est très lisse avec l’en­co­deur dédié, alors que via le menu, elle se limite à 128 valeurs. Le suivi de clavier est assi­gnable via la matrice de modu­la­tion (voir ci-après). Les diffé­rents types de filtres sonnent bien et permettent un grand nombre de couleurs sonores. On passe enfin à l’étage d’am­pli­fi­ca­tion. Le volume est direc­te­ment modu­lable par une enve­loppe dédiée. Il n’y a pas de réglage de pano­ra­mique, seule­ment un para­mètre d’élar­gis­se­ment stéréo non modu­lable entre voix paires et impaires. On trouve aussi diffé­rents modes de voix : poly, mono, unis­son (2–4–8 voix), empi­lage poly­pho­nique (2 ou 4 voix) et accord (non mémo­ri­sable).

Effets revus

Argon8_2tof 07.JPGEn sortie de l’étage d’am­pli­fi­ca­tion, le son est traité par une distor­sion puis trois effets stéréo placés en série. La distor­sion produit une satu­ra­tion très agréable de type asymé­trique. Les trois effets stéréo font chacun appel à 11 algo­rithmes : chorus, phaser, flan­ger posi­tif, flan­ger néga­tif, trémolo, basse-fidé­lité, haut-parleur tour­nant, délai stéréo, délai ping­pong, délai croisé et réverbe. On ne peut char­ger qu’une seule fois un algo­rithme donné dans l’un des trois effets.

Il y a 6 para­mètres dispo­nibles par effet, acces­sibles avec 3 enco­deurs et la touche Shift. Parmi ceux-ci, les temps de délai peuvent être synchro­ni­sés à l’hor­loge de la machine suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles. Cela permet de les faire tour­ner en synchro avec les LFO, arpèges et séquences. L’OS V2 apporte aussi de nouveaux modes de délai (Clean et Long). Pour ne pas partir de zéro et faci­li­ter les choses, Modal a prévu 100 mémoires réins­crip­tibles dont 60 préchar­gées (multief­fets complets et effets simples) pour les effets. Tous les para­mètres d’ef­fets sont modu­lables, super! La qualité des effets est très bonne et les ambiances créées parfai­te­ment adap­tées au grain de la machine.

Modu­la­tions variées

L’Ar­gon8 fait partie des synthés large­ment modu­lables. D’abord, un porta­mento poly­pho­nique basique dont on peut régler le temps et le mode (legato, stac­cato). Viennent ensuite 2 LFO (le premier global, le second poly­pho­nique) à ondes conti­nues (passant par sinus, dent de scie, carré, S&H); l’onde créée appa­rait à l’écran en temps réel sous forme graphique, sympa! L’os­cil­la­tion peut être libre, redé­clen­chée à chaque note ou jouée sur un seul cycle. La vitesse du LFO1 peut être réglée manuel­le­ment jusque dans l’au­dio (toujours pas de valeur exacte commu­niquée par le construc­teur) ou synchro­ni­sée au tempo suivant diffé­rentes divi­sions. La vitesse du LFO2 peut quant à elle être réglée manuel­le­ment ou synchro­ni­sée au suivi de clavier suivant diffé­rentes divi­sions de la fréquence fonda­men­tale (idéal pour les modu­la­tions audio, type FM ou AM). Cela lui permet de monter davan­tage dans les fréquences audio. En revanche, aucun réglage de délai et de fondu.

Argon8_2tof 22.JPGPour assi­gner un LFO à un para­mètre de synthèse ou d’ef­fet (LFO1), on main­tient la touche du LFO à assi­gner et on tourne l’en­co­deur de desti­na­tion; la quan­tité de modu­la­tion, bipo­laire, est réglée direc­te­ment via l’en­co­deur de desti­na­tion ou modi­fiée avec le poten­tio­mètre de données. Il y a aussi trois enve­loppes ADSR : deux assi­gnées au filtre et au volume, la troi­sième assi­gnable. Avec la V2 de l’OS, on trouve 8 types de réponse d’en­ve­loppe, allant des sons percus­sifs aux longs pads évolu­tifs, les temps ayant été augmen­tés dans certains modes (on passe ainsi de 5 à 10 secondes maxi­mum pour le Release, chouette !).

La matrice de modu­la­tion comprend 8 cordons permet­tant de relier 11 sources à 52 desti­na­tions, avec modu­la­tions bipo­laires cumu­lables. Les sources concernent les 2 LFO, l’en­ve­loppe de modu­la­tion et 8 contrô­leurs physiques : vélo­cité, pres­sion, note, pédale et les 4 axes du bâton de joie (+X/-X/+Y/-Y). Les desti­na­tions concernent les posi­tions d’onde, le(s) pitch(s), la balance, les LFO (vitesse, quan­tité, forme d’onde), le filtre (coupure, réso­nance, trans­for­ma­tion), les enve­loppes (chaque segment et la quan­tité d’ac­tion), le Spread, le glide et tous les para­mètres d’ef­fets. Il n’y a pas de pano­ra­mique, dommage. Toutes les combi­nai­sons ne sont pas possibles, en parti­cu­lier celles routant les sources poly­pho­niques vers les desti­na­tions mono­pho­niques, ce qui semble normal. Aux 8 cordons assi­gnables de la matrice de modu­la­tion s’ajoutent 4 cordons préas­si­gnés, avec modu­la­tions bipo­laires : suivi de clavier sur la coupure du filtre, bâton de joie vers le haut (+Y) sur la quan­tité de LFO1, pres­sion sur la coupure du filtre et vélo­cité sur l’en­ve­loppe de volume.

Arpèges et séquences

On active l’ar­pé­gia­teur en appuyant sur la touche éponyme. En la main­te­nant, on peut entrer des notes au clavier (ou via MIDI) et des silences avec la touche idoine, à concur­rence de 32 pas. On choi­sit ensuite la divi­sion tempo­relle, puis le mode de lecture (8 motifs trans­po­sés de 1 à 4 octaves, avec les modes pendu­laires, Shuffle et aléa­toire, mais pas de mode accords), le swing et le temps de porte. De quoi s’amu­ser déjà un peu. Les notes entrées ne sont évidem­ment pas sauve­gar­dées dans les programmes, seuls les para­mètres décrits précé­dem­ment le sont, clas­sique…

L’Ar­gon8 offre aussi un séquen­ceur, revu de fond en comble par la V2 de l’OS. Il peut fonc­tion­ner en temps réel ou pas à pas. Première décep­tion, chan­ger de mode initia­lise la séquence, ces deux modes étant exclu­sifs. En temps réel, on peut enre­gis­trer jusqu’à 512 notes avec quan­ti­fi­ca­tion à l’en­trée et 4 lignes d’au­to­ma­tion de para­mètres. En pas à pas, on dispose de 64 pas poly­pho­niques 8 voix et des mêmes auto­ma­tions. Seules les moda­li­tés d’en­re­gis­tre­ment changent. A grand coup de combi­nai­sons de touches, on peut éditer chaque pas. On peut aussi éditer les notes et les auto­ma­tions à la volée alors que le séquen­ceur tourne, entre deux points de lecture (écra­se­ment ou ajout), un net progrès par rapport aux précé­dents OS. Ceux qui ne peuvent se passer d’un PC pour­ront toujours recou­rir à l’ap­pli Moda­lApp (cf. ci-après).  En lecture, on peut chan­ger les points de bouclage ou boucler sur un seul pas à la volée. On peut aussi trans­po­ser la séquence en main­te­nant le bouton Trans­pose et en jouant au clavier (-12 à +24 demi-tons sur l’Ar­gon8). Les notes arpé­gées/séquen­cées peuvent être trans­mises en MIDI. Il y a 100 mémoires de séquences, chaque programme pouvant être relié à l’une d’entre elles. Le manuel est un peu moins laco­nique qu’au­pa­ra­vant concer­nant la section séquen­ceur, tant mieux !

App et Plugin

Argon8_3app 05Les commandes en façade trans­mettent et recon­naissent des CC MIDI. L’Ar­gon8 est donc le candi­dat idéal pour l’au­to­ma­tion ou l’édi­tion dépor­tée. Pour l’édi­tion, Modal propose deux solu­tions : Moda­lApp (appli­ca­tion stan­da­lone qui tourne sous Windows 7+, macOS 10.10+, iOS 9+ et Android 6+) ou Modal­Plu­gin (version VST3/AU en pilo­tage MIDI unique­ment, tourne sous Windows 7+ et macOS 10.10+). Ces deux appli­ca­tions, entiè­re­ment gratuites, sont dispo­nibles sur le site du construc­teur.

Une fois la machine reliée, elle est immé­dia­te­ment détec­tée par l’ap­pli. Si l’OS n’est pas le dernier sorti, l’ap­pli propose la mise à jour. Nous sommes ainsi passés en 1.2 en quelques minutes. On accède ensuite à toutes les fonc­tions de l’Ar­gon8, orga­ni­sées en six onglets : gestion des mémoires, modu­la­tions, effets, séquen­ceur, clavier et réglages système (canaux MIDI, filtres MIDI, horloge, trans­mis­sion des notes arpé­gées, brillance de l’écran, brillance des LED, tous ces réglages étant égale­ment acces­sibles via le menu Settings de l’Ar­gon8). L’on­glet séquen­ceur donne accès à l’édi­tion graphique des 4 lignes d’au­to­ma­tion, mais hélas pas des notes comme nous l’avons déjà dit. Fran­che­ment, Modal pour­rait aller au bout de la démarche, là! 

Conclu­sion

Les petits modules Modal d’en­trée de gamme ne nous avaient pas vrai­ment convain­cus. La série Argon8 est d’une autre trempe et prend enfin la place qu’elle mérite avec les ajouts de l’OS V2. Si nous sommes encore loin de la sophis­ti­ca­tion des premiers synthés de la marque, on sent que Modal a cher­ché à remon­ter le niveau. Cela s’en ressent non seule­ment sur la qualité de construc­tion (et le poids !), mais aussi au plan connec­tique et spéci­fi­ca­tions tech­niques. Le son, assez spéci­fique, est toute­fois très inté­res­sant ; les programmes d’usine ont été refaits, mais rien n’em­pêche de le faire soi-même. On a pour cela de nombreuses commandes à dispo­si­tion et une poly­pho­nie suffi­sante pour se faire plai­sir, avec une prédi­lec­tion évidente pour les nappes hybrides évolu­tives. On aura envie de chan­ger les capu­chons des enco­deurs, telle­ment ils sont désa­gréables au toucher, mais cela ne réglera pas leur résis­tance insuf­fi­sante. De même, il faudra domp­ter les commandes à fonc­tions multiples et les incon­tour­nables touches Shift / Patch. Le jeu en vaut la chan­delle, c’est sans doute le prix à payer pour possé­der un synthé à mémoires puis­sant, souple et à tarif abor­dable

Merci à Thomann pour le prêt du maté­riel !

 

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9/10
Points forts
  • Textures évolutives intéressantes
  • Oscillateurs à tables d’ondes
  • Altérations directes des tables d’ondes
  • Interactions variées entre oscillateurs
  • Simulateur de dérive des oscillateurs
  • Plusieurs types de filtres avec morphing
  • Matrice de modulation
  • Arpégiateur 32 notes
  • Séquenceur à mouvements
  • Effets multiples modulables
  • Nombreuses mémoires internes
  • Éditeur gratuit standalone et plug-in
  • Clavier TP/9S dynamique avec aftertouch
  • Construit comme un tank…
Points faibles
  • … à part les potentiomètres
  • Très lourd pour le format
  • Moteur monotimbral
  • Pas mal de commandes à rôles multiples
  • Manuel utilisateur parfois laconique
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.