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Passe de trois
8/10
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Six ans après le Pro 2, Sequential renoue avec les synthés monodiques et nous présente le Pro 3, basé sur une architecture hybride associant VCO et tables d’ondes.

Test du Pro3 de Sequential : Passe de trois

Dave Smith vient de fêter ses 70 ans, bouclant au passage 40 ans d’une carrière excep­tion­nelle comme facteur d’ins­tru­ments élec­tro­niques, que ce soit aux commandes de ses propres compa­gnies ou pour compte de tiers. Parmi ses faits d’armes, des synthés analo­giques, hybrides et numé­riques, ainsi que des séquen­ceurs, échan­tillon­neurs et BAR… la liste est longue ! L’in­no­va­tion a toujours été une obses­sion chez Dave : premier synthé poly­pho­nique à mémoires inté­grales, norme Midi, synthèse vecto­rielle, séquences d’on­des… Sans oublier les diffé­rentes colla­bo­ra­tions avec Roger Linn ou Tom Oberheim. Alors que le marché du synthé analo­gique est de plus en plus convoité au point de risquer la satu­ra­tion, il appa­rait diffi­cile aux construc­teurs de sortir du lot pour se démarquer de la concur­rence. Il fallait un succes­seur au Pro 2, c’est chose faite avec le Pro 3. Voyons ce qui peut rendre un synthé mono encore attrayant…

Bois ou ordi­naire ?

Pro3_2tof 001.JPGLe Pro 3 est décliné en deux versions : l’une clas­sique avec des flancs en plas­tique et un panneau fixe, l’autre premium (SE) avec des flancs en bois et une façade pivo­tante, pour un substan­tiel écart de prix. Les commandes et la connec­tique sont iden­tiques sur les deux modèles, c’est donc une affaire de goût et de budget. La construc­tion est très sérieuse, avec une coque tout en métal et des poten­tio­mètres bien ancrés. Le design est toute­fois moins clas­sieux que celui du Pro 2, les capu­chons en plas­tique gris y étant pour beau­coup. Fichtre, que ces poten­tio­mètres sont durs, souhai­tons qu’ils s’as­sou­plissent à l’usage, c’est un synthé, pas un banc de muscu­la­tion ! La face avant impres­sionne et déroute, avec de très nombreuses commandes directes et un écran OLED graphique pour l’édi­tion, doté de 4 enco­deurs et 4 inter­rup­teurs contex­tuels.

Au total, on dénombre 34 poten­tio­mètres, 22 enco­deurs, 3 sélec­teurs rota­tifs et 74 pous­soirs, orga­ni­sés par module : en partie supé­rieure, le volume, la distor­sion finale (analo­gique), la matrice de modu­la­tion, les effets, l’édi­teur central et le séquen­ceur (avec accès direct à 16 pas par touches lumi­neuses dont la couleur varie suivant le contexte). En partie infé­rieure, le glide, les LFO (commandes parta­gées), les oscil­la­teurs, le mixeur, les filtres, les enve­loppes et le feed­back. A gauche du clavier, on trouve deux touches de trans­po­si­tion (+/-2 octaves), deux molettes de modu­la­tion et un ruban à LED assi­gnable. Ce dernier dispose d’une touche de main­tien de posi­tion mais ne répond pas à la pres­sion, contrai­re­ment à ceux du Pro 2. Dès qu’on bouge une commande, la valeur est reflé­tée à l’écran, donnant immé­dia­te­ment accès aux para­mètres connexes du module en cours, c’est vrai­ment bien pensé, comme toujours. Des fonc­tions bien pratiques telles que Revert / Write / Compare / Show / Basic sont présentes. De même, on peut créer 10 listes de 16 programmes favo­ris pour rappel rapide, idéal pour la scène.

Pro3_2tof 017.JPGLe clavier est un TP/9 Fatar semi-lesté est sensible à la vélo­cité et à la pres­sion ; sa qualité est très bonne. On doit cette fois se conten­ter de 37 touches, soit 7 de moins que le Pro 2.

A part la prise casque judi­cieu­se­ment placée à l’avant sous le panneau laté­ral (merci !), toute la connec­tique est située à l’ar­rière. Elle est très géné­reuse : deux sorties audio gauche/droite, une entrée audio mono, une sortie Gate, quatre sorties CV, quatre entrées CV et deux prises pour pédales (inter­rup­teur / modu­la­tion conti­nue). Cette connec­tique est au format jack, en 6,35 mm pour l’au­dio / les pédales et en 3,5 mm pour les CV/Gate. Ces dernières sont entiè­re­ment para­mé­trables (plage de tension et pente fine, mais unique­ment en V/Octave pour les CV, pas en Hz/V). On pour­suit avec les prises Midi (In/Thru/Out1/Out2), l’USB (Midi), la borne pour cordon secteur (alimen­ta­tion interne, chouette !) et l’in­ter­rup­teur géné­ral. Du très beau monde, donc, on va pouvoir connec­ter le Pro 3 à de nombreux appa­reils, modules analo­giques, synthés Midi, BAR, STAN… sans risquer de casser des prises, car tout est parfai­te­ment vissé au panneau. Impec­cable !

Couleurs hybrides

Pro3_2tof 009Le Pro 3 comprend 1024 programmes orga­ni­sés en 4 banques utili­sa­teur et 4 banques d’usine. Premier constat, les niveaux de sortie sont extrê­me­ment élevés, le Pro 3 fait partie des synthés les plus forts que nous ayons essayés. Il est capable de produire les sons analo­giques clas­siques : lead coupants, synchro subtiles ou mons­trueuses, nappes para­pho­niques sympa­thiques. Quant aux basses, elles sont fran­che­ment énormes, avec du lourd en désac­cor­dant les VCO et du gras en les passant dans les diffé­rents filtres. La réso­nance du filtre en échelle conserve les infra­basses, ça change tout ! Beau­coup de programmes d’usine étalent des sons démons­tra­tifs peu utili­sables, bon. Les effets, plus variés que sur le Pro 2, apportent un véri­table plus.

Au-delà des sons analo­giques clas­siques, le Pro 3 brille par le mélange de sources de natures diffé­rentes, en parti­cu­lier des tables d’ondes. Cela élar­git les terri­toires sonores couverts, prenant tantôt une colo­ra­tion PPG ou Prophet-VS (avec de l’alia­sing dans les extrêmes), tantôt des allures de modé­li­sa­tion physique (grâce au Tuned Feed­back). En pous­sant certains réglages (drive, grunge, distor­sion), on peut assez rapi­de­ment rendre le son très agres­sif, voire insup­por­table. Ce n’est pas le meilleur aspect du Pro 3, du moins pour nos vieilles oreilles fati­guées.

Beau­coup de programmes illus­trent la puis­sance du séquen­ceur à pas, capable de créer des ryth­miques complexes, qui font oublier que le synthé est mono. Autre point de satis­fac­tion, les modes para­pho­niques, qui permettent de jouer quelques accords, un complé­ment toujours utile : à nous les nappes, cuivres et autres cordes, ou encore les accords tordus en réglant diffé­rem­ment les oscil­la­teurs. Sequen­tial n’a pas oublié la fonc­tion Slop, créant des fluc­tua­tions d’os­cil­la­teurs plus ou moins marquées simu­lant les synthés vintage. En résumé, la pano­plie sonore est très vaste mais pas toujours très chaleu­reuse et flat­teuse quand on exagère certains réglages.

Pro3_1audio 01 Rez Bass
00:0002:17
  • Pro3_1audio 01 Rez Bass02:17
  • Pro3_1audio 02 Paroxy00:43
  • Pro3_1audio 03 Karplus Flute00:19
  • Pro3_1audio 04 Para­pho­nic 101:34
  • Pro3_1audio 05 Hard­sync00:12
  • Pro3_1audio 06 Audio­mod01:21
  • Pro3_1audio 07 Kraf­ted01:14
  • Pro3_1audio 08 Shaped01:14
  • Pro3_1audio 09 Tri4Two00:25
  • Pro3_1audio 10 P3-Machi­nery01:31
  • Pro3_1audio 11 Space X00:41
  • Pro3_1audio 12 Rythm 100:56
  • Pro3_1audio 13 Rythm 200:56
  • Pro3_1audio 14 Wave­table 100:25
  • Pro3_1audio 15 Choi­resque00:38
  • Pro3_1audio 16 Wave­table 200:36
  • Pro3_1audio 17 Para­pho­nic 200:34
  • Pro3_1audio 18 Fret­less00:28
  • Pro3_1audio 19 Bell Ballad00:47
  • Pro3_1audio 20 Good Nite00:40

Oscil­la­teurs mixtes

Le Pro 3 est un synthé mono­dique para­pho­nique. Le mode mono peut être joué avec prio­rité de note basse / haute / dernière et redé­clen­che­ment ou non des enve­loppes. Il y a deux modes para­pho­niques : 3 voix ou 2 voix avec troi­sième oscil­la­teur trans­formé en LFO (posi­tion basse fréquence) ; dans ces modes, les enve­loppes de volume sont indé­pen­dantes pour chaque oscil­la­teur, ce qui évite certains écueils de la para­pho­nie, mais pas tous, puisque le filtre et son enve­loppe restent communs. Les oscil­la­teurs sont très diffé­rents de ceux du Pro 2 : on a ici deux VCO et un oscil­la­teur numé­rique. Les VCO produisent des ondes conti­nues allant du triangle à la dent de scie, puis à l’im­pul­sion. Cette « posi­tion d’onde » est modu­lable. On peut aussi modu­ler la largeur d’im­pul­sion quelle que soit la posi­tion d’onde, d’où un panel sonore déjà impor­tant à la base. Le VCO1 peut être synchro­nisé par le VCO2 (Hard Sync) et le VCO2 par l’os­cil­la­teur 3. Cette seconde synchro, qui s’ap­pa­rente plus à de la Soft Sync dans le résul­tat, est horri­ble­ment agres­sive et génère des décro­chages hyper crades.

Pro3_2tof 007.JPGLe troi­sième oscil­la­teur, numé­rique, peut produire les ondes dent de scie, impul­sion, triangle, sinus et Super­saw. Le contenu harmo­nique des quatre premières peut évoluer en continu, tout comme l’épais­seur de la Super­saw. Cet oscil­la­teur est aussi capable de lire des tables de 16 ondes sous forme de séquences progres­sives (fondues) modu­lables. Il apporte au Pro 3 un carac­tère numé­rique évolu­tif très complé­men­taire aux VCO, se mariant parfai­te­ment avec les VCF. En revanche, pas le moindre Sub-oscil­la­teur en vue. Le pitch de chaque oscil­la­teur peut prendre 5 valeurs d’oc­tave et être très fine­ment accordé sur 7 demi-tons. Il est égale­ment possible de lais­ser libre ou forcer le cycle à chaque nouvelle note. Le temps de Glide se règle par oscil­la­teur, tout comme la fluc­tua­tion aléa­toire de pitch. On peut désac­ti­ver le suivi de clavier, très utile pour les inter­mo­du­la­tions d’os­cil­la­teurs par synchro­ni­sa­tion ou via la matrice de modu­la­tion. On peut aussi affec­ter le pitch global à l’un des 64 tempé­ra­ments clavier (réins­crip­tibles par Sysex). La sortie de chaque oscil­la­teur est ensuite mélan­gée au géné­ra­teur de bruit blanc et au signal audio externe. Pous­ser les niveaux à ce stade permet déjà d’ajou­ter une légère satu­ra­tion. Concer­nant l’en­trée externe, on peut en régler le gain (donc utili­ser tout type de source), le seuil de déclen­che­ment et le suivi d’en­ve­loppe (créa­tion d’une modu­la­tion à partir du signal audio entrant). Lorsqu’au­cune source audio n’est raccor­dée, le réglage de niveau crée un feed­back addi­tion­nel au sein du mixeur, qui peut aller jusqu’au larsen si on le pousse à fond.

Filtre au choix

Pro3_2tof 008.JPGSur le Pro 3, on trouve trois types de VCF, mais un seul peut être actionné à la fois, ce qui est moins souple que sur le Pro 2 avec ses deux filtres simul­ta­nés et routages d’os­cil­la­teurs, dommage ! Le premier est un filtre passe-bas 4 pôles issu du Prophet-6, le deuxième un filtre passe-bas 4 pôle en échelle de tran­sis­tors (type Moog) et le troi­sième un filtre multi­mode à état variable 2 pôles tiré de l’ OB-6. Il y en a donc pour tous les goûts. Les deux premiers filtres peuvent entrer en auto-oscil­la­tion. Le filtre en échelle peut être compensé, ce qui permet de conser­ver les basses intactes, bien joué ! Le troi­sième filtre permet de passer progres­si­ve­ment du mode passe-haut au mode passe-bas, en passant par le mode réjec­tion de bande ou passe-bande (commu­ta­tion).

Le réglage de la fréquence de coupure se fait sur 1024 valeurs, une première chez Sequen­tial, long­temps cantonné à 164 valeurs (d’ailleurs le manuel 1.1 est victime d’un malen­con­treux copier-coller). Cela signi­fie une réponse ultra fluide, parfaite ! La fréquence de coupure peut être direc­te­ment modu­lée par une enve­loppe dédiée (mais pas exclu­sive), le suivi de clavier (0 à 100%) et la vélo­cité (marche/arrêt). Le reste se fait via la matrice de modu­la­tion. Un Drive permet d’ajou­ter une satu­ra­tion plus ou moins marquée au cœur du filtre. En sortie de filtre, le signal passe par un VCA, avec son volume program­mable, son enve­loppe dédiée et sa réponse en vélo­cité. Suivent un Tune Feed­back et une distor­sion analo­gique. Le Tune Feed­back est un délai accor­dable réinjecté permet­tant de créer des réso­nances métal­liques souvent bien barrées. L’une des appli­ca­tions, néces­si­tant des réglages déli­cats, est la créa­tion de sons de tubu­lures souf­flées de type Karplus-Strong (exci­ta­tion d’un bruit blanc bouclé). On peut régler la quan­tité de modu­la­tion et l’ac­cor­dage, puis acti­ver un mode Grunge bien crade. Il est clair qu’avec tous ces étages succes­sifs d’am­pli­fi­ca­tion / satu­ra­tion, le son du Pro 3 peut finir par être très agres­sif, à la limite désa­gréable. A consom­mer avec modé­ra­tion, donc, surtout pour les personnes sensibles.

Modu­la­tions matri­cielles

Les synthés DSI puis Sequen­tial ont toujours été des modèles du genre en matière de modu­la­tions. Le Pro 3 n’échappe évidem­ment pas à la règle, fort de ses 3 LFO, 4 enve­loppes et puis­sante matrice de modu­la­tion. Les LFO peuvent produire les clas­siques ondes triangle, rampe, dent de scie, carrée et S&H. Ils peuvent oscil­ler jusque dans l’au­dio (500 Hz), se synchro­ni­ser à l’hor­loge, redé­clen­cher leur cycle ou oscil­ler libre­ment. On peut direc­te­ment régler la quan­tité de modu­la­tion et choi­sir une desti­na­tion sans passer par la matrice. On peut aussi lisser les ondes et jouer sur la phase.

Pro3_2tof 006.JPGPassons aux enve­loppes, de type DADSR, libre­ment assi­gnables. Deux sont préas­si­gnées au VCF et au VCA, les deux autres sont entiè­re­ment libres d’af­fec­ta­tion. Toutes ont une fonc­tion bouclage et un réglage de quan­tité (mono ou bipo­laire suivant le cas). Les enve­loppes auxi­liaires sont direc­te­ment assi­gnables à une desti­na­tion, avec action conju­guée de la vélo­cité, sans passer par la matrice.

Parlons main­te­nant de cette fameuse matrice, forte de ses 32 cordons, 46 sources et 171 desti­na­tions. Avec la façade et l’écran, il est très intui­tif d’as­si­gner direc­te­ment une source à une desti­na­tion, puis régler la quan­tité de modu­la­tion bipo­laire. L’écran permet de faire défi­ler les cordons et de les trier par numéro, source ou desti­na­tion. Parmi les sources : oscil­la­teurs, géné­ra­teur de bruit, entrée audio, sortie audio, LFO, enve­loppes, contrô­leurs physiques, vélo­cité, pres­sion, suivi de clavier, pédales, géné­ra­teur aléa­toire, valeur fixe, suiveur d’en­ve­loppe audio, entrées CV et pistes du séquen­ceur. Parmi les desti­na­tions : fréquence / posi­tion d’onde / largeur d’im­pul­sion / index de table d’onde / varia­tion aléa­toire de pitch / volume de chaque oscil­la­teur ou de tous simul­ta­né­ment, bruit blanc, fréquence / réso­nance des VCF, posi­tion du filtre variable, VCA, pano­ra­mique, feed­back, distor­sion, para­mètres d’ef­fets, fréquence / quan­tité des LFO, quan­tité / segments des enve­loppes, quan­tité de modu­la­tions des 32 cordons (wobu­la­tion), 4 sorties CV et 2 sorties Midi (note et CV, canaux 1–6, sorties DIN/USB). Par rapport au Pro 2, on perd la FM et l’AM dans la liste des desti­na­tions, dommage.

Effets doubles

Pro3_2tof 013.JPGLe Pro2 était équipé de lignes à retard en guise d’ef­fets, le Pro 3 va plus loin, la marque ayant tiré parti de l’ex­pé­rience acquise sur les synthés poly­pho­niques récem­ment sortis. On dispose de deux multief­fets numé­riques consé­cu­tifs. Au programme, délai numé­rique stéréo, simu­la­tion de BBD, chorus, flan­ger, phaser, filtre passe-haut, modu­la­tion en anneau, haut-parleur tour­nant et réverbe à plaque (dispo­nible unique­ment sur le second effet). Chaque effet dispose d’un réglage de balance sec/mouillé et de trois para­mètres contex­tuels, tous acces­sibles en façade via des enco­deurs.

Les effets basés sur des temps peuvent être synchro­ni­sés à l’hor­loge, avec diffé­rentes divi­sions tempo­relles, parfait. Les temps de délais ne peuvent toute­fois pas excé­der une seconde. Comme nous l’avons déjà évoqué, les para­mètres d’ef­fets sont des desti­na­tions de la matrice de modu­la­tion, encore mieux ! Niveau quali­ta­tif, c’est du bon, avec peut-être un bémol pour les flan­ger et phaser un peu froids et métal­liques, n’éga­lant pas leurs alter egos analo­giques. Les délais fonc­tionnent très bien dans les deux modes, le chorus élar­git le son comme on l’at­tend et la réverbe est agréable tant qu’on reste raison­nable sur le dosage de signal traité et qu’on atté­nue un peu les hautes fréquences.

Arpèges et séquences

Tout comme le Pro 2, le Pro 3 intègre un arpé­gia­teur et un séquen­ceur à pas utili­sables simul­ta­né­ment. L’ar­pé­gia­teur n’a pas évolué : réglage de tempo avec poten­tio­mètre ou touche Tap, synchro­ni­sa­tion à l’hor­loge avec diffé­rentes divi­sions tempo­relles, choix de la direc­tion de jeu (en haut, en bas, alterné, aléa­toire, comme joué), tessi­ture de l’ar­pège (1–2–3 octaves), répé­ti­tions à chaque pas (0–1–2–3 notes) et Latch (main­tien des notes jouées avec rempla­ce­ment ou ajout de notes). Remarque impor­tante, cette fois, les notes arpé­gées peuvent être trans­mises en Midi, enfin !

Pro3_2tof 014.JPGPassons au gros morceau, le séquen­ceur. Chaque programme peut mémo­ri­ser 4 séquences de 16 pas (A-B-C-D) ou une séquence de 33 à 64 pas. La lecture est lancée par la touche Play ou au clavier, avec trans­po­si­tion immé­diate. Elle peut se pour­suivre en cours de trans­po­si­tion ou redé­mar­rer au début, au choix. On peut aussi égre­ner les pas un par un avec le clavier, l’ar­pé­gia­teur, le Midi, l’en­trée audio ou les entrées CV. Il existe plusieurs sens de lecture : avant, arrière, alterné, aléa­toire. On peut aussi injec­ter un peu de swing. On peut même chan­ger un programme tout en bloquant la séquence en cours. Chaque séquence comprend 16 pistes. Les pistes 1–2–3 sont réser­vées aux notes (mode mono ou para­pho­nique), la piste 4 au Cutoff, les pistes 5–12 à des modu­la­tions au choix et les pistes 13–16 aux sorties CV. On peut même créer des séquences ne compre­nant que des modu­la­tions. Bien évidem­ment, les notes séquen­cées peuvent être trans­mises en Midi et/ou CV.

Pour enre­gis­trer, on doit d’abord déci­der de la taille maxi­male de la séquence. Chaque piste peut avoir une longueur diffé­rente, ce qui permet des déca­lages inté­res­sants (on peut forcer toutes les pistes à redé­mar­rer à chaque cycle de la première piste). Une fois l’en­re­gis­tre­ment armé, on entre les notes au clavier. La vélo­cité est prise en compte, on pourra d’ailleurs l’édi­ter au milli­mètre plus tard, tout comme la durée, l’ac­ti­va­tion du pas, la liai­son au pas précé­dent ou les Ratchets (jusqu’à 8 répé­ti­tions par pas). Une fois les notes entrées, on peut passer à l’en­re­gis­tre­ment des modu­la­tions sur les 13 pistes réser­vées avec les commandes en façade. Les valeurs peuvent ensuite être éditées pour chaque pas et lissées piste par piste. L’écran affiche toutes les données sous forme graphique, c’est très visuel et aisé à modi­fier. On peut muter une piste, la copier vers une autre, modi­fier sa desti­na­tion, copier une séquence complète, modi­fier sa longueur… bref, tout est prévu dans ce séquen­ceur à pas qui ne cesse de progres­ser.

Mono mania

Une réflexion nous est venue en cours de test : pourquoi sortir encore un synthé mono quand on a au cata­logue toute une gamme de merveilleux poly­pho­niques, certains à prix quasi iden­tique ? Le mono pur et dur a fait long feu, d’où les modes para­pho­niques sur la plupart des synthés qui sortent aujour­d’hui. Mais il y a bien un domaine où un synthé mono a du sens, c’est dans le punch inéga­lable. On cherche cette capa­cité à rentrer dans le filtre, satu­rer de manière natu­relle, faire la diffé­rence dans le mix, mais aussi trai­ter un signal externe ou s’in­ter­fa­cer avec le monde modu­laire.

Le Pro3 offre toutes ces quali­tés, auxquelles il ajoute un oscil­la­teur numé­rique à tables d’onde lui permet­tant de sortir du lot, d’au­tant qu’on peut y impor­ter ses propres ondes (au prix de quelques efforts). Il béné­fi­cie de diffé­rents filtres très réus­sis, mais hélas exclu­sifs, ce qui consti­tue notre prin­ci­pale décep­tion. Il s’af­firme par un son moderne, mais vite agres­sif si on pousse les niveaux. Il en donne beau­coup, avec des modu­la­tions géné­reuses, de bons effets et un séquen­ceur toujours plus puis­sant. Au plan expé­rience utili­sa­teur, c’est plus mitigé, avec d’un côté une ergo­no­mie exem­plaire et une excel­lente défi­ni­tion pour les para­mètres cruciaux, mais de l’autre, une façade à domp­ter et des poten­tio­mètres bien trop durs. Un synthé mono­dique para­pho­nique destiné aux cher­cheurs expé­ri­men­tés en quête de sons origi­naux capables de tailler dans le mix.

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8/10
Points forts
  • Sonorités hybrides très variées
  • Tables d’ondes modulables
  • Import de tables d’ondes personnalisées
  • Différents modes paraphoniques
  • Trois filtres distincts avec compensation sur le filtre en échelle
  • Pléthore de modulations
  • Double multieffets intégré
  • Séquenceur sophistiqué avec automations
  • Emission/réception de CC/Sysex
  • Entrée audio avec suiveur d’enveloppe
  • Interface CV/Gate bien fournie
  • Haute résolution des paramètres cruciaux
  • OS bien pensé
  • Alimentation interne
Points faibles
  • Un seul filtre à la fois
  • Son parfois agressif si on pousse les niveaux
  • Création fastidieuse des tables utilisateur
  • Potentiomètres trop résistants
  • Panneau avant un peu confus à l’usage
  • Certains reculs et pertes par rapport au Pro 2
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.