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Pédago
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Deux figures d'écriture du système modal

Les bases de l'harmonie : 55e partie

Dans les précédents articles, nous avons commencé à explorer l'utilisation des modes, notamment à travers l'étude de leurs caractéristiques harmoniques et des cadences qui les articulent.

Deux figures d'écriture du système modal : Les bases de l'harmonie : 55e partie
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Dans le présent article, je vous propose de pour­suivre cette explo­ra­tion à travers l’étude deux figures d’écri­ture très employées dans le système modal. Comme je vous l’ai déjà moultes fois expliqué, le système tonal repose essen­tiel­le­ment sur la réso­lu­tion de tensions, là où le système modal est davan­tage porteur de l’idée d’une certaine stabi­lité, ou plus exac­te­ment d’une mise en suspen­sion. Dans le cadre de ces idées de stabi­lité et de suspen­sion, il me semble donc cohé­rent de reve­nir d’abord sur une forme évoquée déjà dans l’ar­ticle 29 du présent dossier, à savoir la pédale, avant de vous présen­ter l’autre forme du jour, l’os­ti­nato.

Le retour de la pédale

Nous avions vu précé­dem­ment que la pédale repo­sait sur la présence d’une ou deux notes à travers plusieurs accords conti­gus, note(s) main­te­nue(s) en géné­ral à la même octave, ce qui implique les renver­se­ments d’un ou plusieurs des accords concer­nés. Cette forme d’écri­ture porte donc en elle-même la stabi­lité invoquée par le système modal. Atten­tion, il ne s’agit pas pour autant de prétendre qu’elle ne s’uti­lise que dans ce cadre-là ! Nous avons vu dans l’ar­ticle 29 qu’elle est tota­le­ment perti­nente égale­ment dans un contexte tonal. Mais la répé­ti­tion d’une ou plusieurs notes sur un temps rela­ti­ve­ment long s’ap­plique parti­cu­liè­re­ment bien au système modal, comme nous le voyons dans l’exemple suivant en Do dorien :

pédale modale2
00:0000:00

La pédale est ici déter­mi­née par le Do main­tenu à la ligne de basse sur tous les accords de cette suite.

L’os­ti­nato

L’os­ti­nato est une forme d’écri­ture qui repose elle aussi sur la répé­ti­tion. D’ailleurs, le terme « osti­nato » provient de l’ita­lien « obstiné », et ce n’est pas pour rien : il désigne un ensemble musi­cal bref qui sera répété autant qu’on le souhaite. Bien souvent d’ailleurs, pédale et osti­nato peuvent être employés ensemble. On observe ainsi souvent un osti­nato se déve­lop­per au-dessus d’une péda­le… comme ci-dessous où l’on répète plusieurs fois une cellule musi­cale basée sur le schéma harmo­nique de l’exemple précé­dent :

ostinato2
00:0000:00

Toute­fois l’os­ti­nato se diffé­ren­cie de la pédale sur plusieurs plans. Tout d’abord, l’os­ti­nato ne repose en géné­ral pas que sur une ou deux notes comme le fait la pédale. Ensuite, et surtout, cette forme d’écri­ture peut être mélo­dique, harmo­nique et / ou ryth­mique, là où la pédale sera toujours harmo­nique. Enfin, on observe que si la pédale se base sur la répé­ti­tion de notes longues, le module à l’ori­gine de l’os­ti­nato est le plus souvent consti­tué de plusieurs notes de courte durée.

Pour illus­trer cette notion d’os­ti­nato, on peut citer plusieurs exemples, même si l’on pourra s’éloi­gner du cadre stric­te­ment modal. Ainsi, en ce qui concerne l’os­ti­nato mélo­dico-harmo­nique, on pense bien sûr au Bolero de Ravel, répété pas moins de 17 fois. Pour l’os­ti­nato ryth­mique, les rythmes afri­cains sont parti­cu­liè­re­ment « parlants », ceux-ci pouvant se déve­lop­per même en poly­rythmes. Enfin, dans le cadre des musiques actuelles, on pourra consi­dé­rer que c’est la boucle audio qui sera la repré­sen­tante du concept d’os­ti­nato.

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  • nnay13 49 posts au compteur
    nnay13
    Nouvel·le AFfilié·e
    Posté le 24/04/2018 à 23:14:59
    Encore :bravo::bravo::bravo::bravo:
  • Symphoniste borné 218 posts au compteur
    Symphoniste borné
    Posteur·euse AFfiné·e
    Posté le 28/04/2018 à 11:17:09
    J’apprécie cette vocation de diffuser la apagogie de la musique à travers ses aspects les plus nobles.
  • patrick_g75 7936 posts au compteur
    patrick_g75
    Je poste, donc je suis
    Posté le 28/04/2018 à 14:45:03
    Comme assez souvent dans cette série d'articles, mon formatage personnel ("classique") fait que je me sens soit un peu... décalé, soit, parfois, complètement largué.
    Je comprends bien toutes les notions exposées, évidemment, mais c'est le lexique qui m'est problématique.
    Ce n'est pas que je prétende que ici c'est meilleur que là ! Je constate simplement les différentes perspectives...
    Là, ce qui me trouble un peu, c'est la façon dont sont nommés les différents accords dans l'exemple de la pédale sur Do. Dans mon formatage classique, les accords sont considérés indépendamment de leur rencontre avec la note pédale - si pédale il y a !
    Par exemple - si Do est une note pédale :
    Do mi sol do / Do fa la ré
    ce n'est pas un renversement de l'accord de septième sur Ré qui fait suite à un accord parfait sur Do, mais ce pourrait être la succession de deux accords de sixte (fondamentales Do et Ré) sur une pédale de Do.
    Là, l'exemple est rudimentaire, mais ça peut aller jusqu'à la production de vraies "fausses relations" - genre Do la mi do #...
    Sinon, Do n'est pas pensé comme note pédale, mais comme note commune - ce qui n'est pas du tout la même fonction.
    La pédale - dans son principe - est même le contraire de la note commune : la parfaite "note étrangère", étrangère à tout ce qui peut se passer au dessus... La note étrangère obstinée, si je peux dire.
    ;)

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