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Pédago
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L'atonalité

Les bases de l'harmonie - 81e partie

Aujourd'hui, comme promis il y a quelques semaines, je vous propose de nous intéresser un peu plus au concept de l'atonalité.

L'atonalité : Les bases de l'harmonie - 81e partie
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Les prin­cipes de base de l’ato­na­lité

Dans l’ar­ticle 74 je vous présen­tai très briè­ve­ment la notion d’ato­na­lité. Celle-ci repose prin­ci­pa­le­ment sur le fait de ne plus se baser unique­ment sur un centre tonal et sur des harmo­nies liées à une gamme diato­nique qui se rappor­te­rait à ce centre. D’ailleurs, l’ato­na­lité s’af­fran­chit juste­ment du système diato­nique pour valo­ri­ser l’uti­li­sa­tion du système chro­ma­tique. C’est  égale­ment ce qui la diffé­ren­cie du système modal, ou encore des gammes synthé­tiques car si ces dernières peuvent employer des éléments de chro­ma­tisme, c’est toujours à titre excep­tion­nel. Et quand les notes sont jouées simul­ta­né­ment, on ne parle plus d’ac­cords, terme direc­te­ment asso­cié à la notion d’har­mo­nie, aussi bien musi­ca­le­ment que séman­tique­ment d’ailleurs. Dans le cas de l’ato­na­lité, on parle alors d’agré­gats.

Histoire de l’ato­na­lité

Durant tout le XIXe siècle, les compo­si­teurs ont petit à petit détri­coté les prin­cipes d’har­mo­nie tonale, notam­ment sous l’in­fluence du roman­tisme où l’ex­pres­sion des émotions est deve­nue l’élé­ment central auquel la struc­ture du morceau devra se plier, quitte à respec­ter de moins en moins les règles  musi­cales accep­tées jusqu’ici. L’un des premiers éléments d’ato­na­lité à être entré dans l’his­toire est d’ailleurs employé dans l’opéra Tris­tan et Iseult de Wagner, le fameux « accord de Tris­tan ».

01 accord de Tristan

01 accord de Tris­tan
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En 1885, c’est Franz Liszt qui propo­sera la première œuvre réel­le­ment atonale, appe­lée fort oppor­tu­né­ment la Baga­telle sans tona­lité. Mais celui qui a véri­ta­ble­ment théo­risé l’ato­na­lité, c’est le compo­si­teur Arnold Schön­berg, initia­teur avec ses disciples Alban Berg et Anton Webern de ce qu’on a appelé la « seconde école de Vienne », en oppo­si­tion à la « première école de Vienne » repré­sen­tée par Mozart, Beetho­ven et Schu­bert. Et c’est tout d’abord au sein du dodé­ca­pho­nisme que Schön­berg a concep­tua­lisé l’ato­na­lité.

Le dodé­ca­pho­nisme et la série dodé­ca­pho­nique

Le prin­cipe de base du dodé­ca­pho­nisme est d’uti­li­ser les douze sons de la gamme chro­ma­tique, en s’af­fran­chis­sant des règles tonales et donc en donnant à chaque son de la gamme la même impor­tance que les autres. Les douze sons ne sont plus orga­ni­sés en gammes mais en « séries ». Ces suites de sons peuvent être orga­ni­sées selon 4 sché­mas distincts.

On a ainsi la forme droite :

02 série dodécaphonique

02 série dodé­ca­pho­nique
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Puis la forme rétro­grade, c’est-à-dire l’in­verse de la forme droite :

03 série rétrograde

03 série rétro­grade
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Puis nous avons la forme par renver­se­ment, où chacun des inter­valles de la première série est inversé :

04 série renversement

04 série renver­se­ment
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Enfin, nous avons la forme rétro­grade de cette dernière :

05 série rétrograde renversement

05 série rétro­grade renver­se­ment
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La musique clas­sique occi­den­tale en ce début de ving­tième siècle prend donc le chemin d’un jeu mathé­ma­tique de combi­nai­son des sons, ce qui peut sembler para­doxal quand on se souvient que c’est le roman­tisme – donc l’apo­lo­gie de l’ex­pres­sion des senti­ments – qui a donné l’im­pul­sion pour se déta­cher des règles tonales et aller vers l’ato­na­lité.

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