Prologue :
Tout le monde a débuté un jour, et puis est arrivé la première date de concert et la question de l'édition de la fiche technique du groupe...
C'est un document important car sa création pose souvent tout un tas de questions pratiques auxquelles on avait pas forcément pensé et auxquelles il faut tenter d'apporter une réponse.
Ce document reste assez mystique pour beaucoup de gens (même chez certains professionnels du spectacle) et pourtant c'est un document indispensable à la bonne préparation de votre concert. En effet, une fiche technique incomplète ou mal rédigée peut engendrer son lot de problèmes de communication et quelques différents avec l'équipe chargée de vous accueillir le jour-J... chose toujours désagréable alors que vous aimeriez profiter de cet instant et vous concentrer sur votre prestation.
J'accueille des spectacles une bonne partie de l'année dans deux salles de concert en tant que technicien son permanent. Je traite donc ce type de document très régulièrement dans le cadre de mon travail.
Peu de gens savent réellement appréhender ce document, parfois par méconnaissance, ou n'osent apporter trop de précisions, parfois de peur de « donner l'impression de remettre en cause les compétences de la personne qui les accueillera ».
On imagine aussi, à tord, que c'est un document type, figé. En vérité, il est toujours bon de se renseigner sur les conditions dans lesquelles on va jouer (distance, planning, logistique, moyens disponibles, etc…) pour fournir un document adapté, au cas par cas.
Je profite donc de cet espace d'expression d'offre AF pour tordre le cou à un certains nombre de préjugés et préciser les points que j'attends de voir dans une fiche technique (et donc, par extension, que bien des techniciens d'accueil peuvent attendre, eux aussi).
Avant toute chose, je souhaite préciser que les conseils qui suivent s'adressent avant tout à des musiciens qui ont pour ambition de tourner, ou qui ont déjà fait quelques concerts et qui s'orientent vers des lieux d'accueils un peu sérieux (centres culturels, petites salles de concert, théâtres, etc...), qui s'auto-produisent, qui souhaitent optimiser leur fiche technique, et non pas vers des musiciens qui font des cafés-concerts de temps en temps, dans la mesure où le destinataire du document est alors tout a fait différent.
Sans doute vais-je enfoncer des portes ouvertes et faire un nombre incroyable de rappels sur des choses qui semblent évidentes... mais tant pis...
Le destinataire :
Il faut mettre ce document dans son contexte et imaginer le profil du lecteur qui consultera votre fiche technique : l'organisateur et le technicien d'accueil.
- L'organisateur n'est pas forcément un spécialiste. Il y a fort à parier pour que certains organisateurs lisent votre fiche technique en diagonale, ne se sentant pas concernés... n'hésitez pas à le rappeler, par téléphone, après envoi de votre document pour faire un point avec lui sur ce qui relève plutôt de l'aspect organisationnel général.
- Le technicien d'accueil n'est pas forcément un technicien ultra expérimenté... c'est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais trop sur qui on va tomber. Parfois on a de bonnes surprises avec des gens vraiment sympas et compétents... et parfois des mauvaises, avec des gens peu motivés, voir peu qualifiés.
Il faut considérer le cas où vous n'avez peut-être pas de technicien/régisseur attitré et où il faudra "composer" avec lui… il faut dans ce cas prévoir des solutions techniques simples et éprouvées dont la mise en oeuvre (rapide) peut éventuellement dépendre de vous au cas où cette personne serait "larguée" afin de ne pas mettre votre prestation en péril. Dans tous les cas, si le technicien d'accueil "assure", il sera ravi d'avoir à faire à un groupe de musiciens autonomes qui lui laissent aussi le temps de s'imprégner de votre spectacle et ses contraintes techniques qu'il découvre.
Quelques règles :
- Une fiche technique se doit d'être lisible et claire. Soignez l'expression et ne laissez pas d'équivoque possible dans vos demandes. Faîtes de phrases courtes, de préférence.
- Le document doit être lisible sur n'importe quel ordinateur : préférez le format PDF aux formats des logiciels de traitement de texte (word, excel, open office, etc…).
- Les gens qui vous accueillent ne vous connaissent pas : on ne fourni jamais "trop" d'informations.
- Une fiche technique n'est pas un bon de commande chez un fournisseur de matériel audio/lumière : on y formule des demandes réalistes et adaptées à ses besoins.
- C'est un document structuré. Voici les éléments qu'on peut attendre d'une fiche technique :
- 1. Présentation, feuille de contacts
- 2. Besoins en loges, repas, hébergement, etc...
- 3. Le plateau
- 4. L'électricité
- 5. Le Backline
- 6. Le son
- 7. La lumière
- 8. La vidéo (éventuellement)
... et là j'imagine le regard interrogé de certains. Car nombre de musiciens n'imaginent pas fournir un descriptif aussi complet, parce qu'ils estiment "qu'à leur niveau", ça n'est sans doute pas nécessaire... et pourtant...
Il va de soit que le degré d'exigence et le "niveau de gamme" de service attendu n'est pas le même si on est une tête d'affiche qui tourne avec 70 dates par an, ou bien si on est de très bons amateurs qui se produisent sur des scènes locales, au mieux 10 fois par an... les gens qui vous liront n'auront pas de mal à saisir ce genre de détail... ne vous inquiétez pas pour eux !
1. Présentation, feuille de contacts :
Présentez vous, votre groupe, le style de musique que vous jouez (Mettez un lien vers votre site web éventuellement), etc…
Précisez le nombre de personnes qui tournent avec vous : les musiciens, mais aussi les éventuels techniciens, responsables du merchandising, etc... Ceci est important pour l'anticipation de la gestion des accès pour les gens qui vous accueilleront.
Si, comme bien des groupes, vous vous auto-produisez et que vous n'avez pas d'agent de production... peut-être que l'un d'entre vous gère habituellement les formalités administratives relatives à vos concerts, quelqu'un qui a l'habitude de communiquer. Il est alors souhaitable de mettre le numéro de téléphone et l'adresse mail de cette personne référente.
Comme beaucoup de groupes qui viennent de lancer leur projet, vous n'avez sans doute pas de régisseur ou technicien attitré... mais peut-être que l'un d'entre vous est plus à l'aise avec le jargon technique et l'univers de la sonorisation ou de l'éclairage. Il est souhaitable, là aussi, de mettre les coordonnées de cette personne, à défaut de celles d'un vrai technicien qui vous suivrait.
Dans tous les cas, n'ayez pas peur de vous montrer ignorant, si vous l’êtes, dans votre communication : c'est toujours mieux que de tomber sur quelqu'un qui "se la raconte" mais qui s'avère finalement être novice... parce qu'on fini malheureusement par s'en rendre compte au moment où il y a des problèmes (et il y en a, généralement, dans ce cas).
Notez que l'adresse e-mail est de rigueur. C'est un support de communication utilisé couramment pour ce genre d'échanges.
Préférez les numéros de téléphone mobile : les gens qui vous accueilleront apprécieront d'avoir une réponse rapide à leurs questions.
2. Aspect pratique : loges, repas, hôtel, planning.
N'ayez pas peur ! Quoi de plus normal que de prévoir une loge pour se changer avant de monter sur scène ? Quoi de plus normal que de bénéficier d'un lavabo, d'un miroir, ou même d'un repas pour ne pas arriver sur scène avec les crocs et un fort problème de concentration ? Personne ne parle d'exiger une table dans un restaurant gastronomique… mais un repas simple, sur place, ou à la brasserie du coin peut parfaitement faire l'affaire et peut permettre d'apporter un peu de convivialité avant le grand stress de monter sur scène…
Parfois, un simple grignotage au catering* peut satisfaire certains... mentionnez ce que vous aimeriez y trouver.
Il faut savoir trouver des solutions simples pour se donner les moyens de jouer dans de bonnes conditions.
*catering : il s'agit généralement d’un service mis à disposition des artistes et/ou techniciens pour se restaurer (boissons, fruits, café, petits gâteaux, charcuterie, etc...).
- Précisez le nombre de loge(s) et leur équipement (mirroir, lavabo, prise électrique, WC, etc…). C'est toujours utile dans le cadre d'un festival - même modeste - avec des « loges-tentes » temporaires.
- Précisez si vous avez besoin de serviettes ou de bouteilles d'eau sur scène. Personne ne vous refusera ça.
- Précisez le nombre de repas (pensez aux végétariens).
- Certains lieux d'accueil vous proposerons d'aller au restaurant pour les repas chauds : ça prend plus de temps, pensez-y dans votre planning.
- Il est clair que pour l'hôtel, il est rare de voir des groupes "débutants" en bénéficier (quoique)... déjà parce qu'on se produit plutôt à échelle locale au début, et puis aussi parce que c'est une solution qui pèse parfois lourd dans le prix de votre prestation. Mais vous pouvez toujours négocier un hébergement chez l'habitant... c'est à proposer à l'organisateur qui préférera sans doute ce genre de solution conviviale et moins coûteuse... n'hésitez pas à précisez le nombre de couchages nécessaires dans votre fiche technique, sans plus de précision, puis discutez-en avec lui par téléphone. C'est une alternative intéressante, au début... reste que si votre calendrier se rempli, vous finirez par apprécier une petite chambre d'hôtel pour plus de tranquillité et d'intimité. C'est un point à voir au cas par cas.
Concernant le planning, il ne s'agit pas de fournir quelque chose de minuté et ultra précis, mais plutôt des indications de temps :
- S'il vous faut 1h pour installer votre matériel et assurer un bout de balance, précisez-le !
- Si vous souhaitez bénéficier d'une demi-heure de débattement avant le concert, précisez-le !
- Si vous avez une préférence sur l'heure du repas, faites de même... rien ne garanti quelle sera respectée, mais si elle peut l'être, tant mieux.
Note : Dans tous les cas l'ensemble de vos demandes peuvent être sujettes à négociation de la part de l'organisateur... à vous de voir jusqu'où vous êtes prêt à faire des compromis : quelle est la notoriété du lieu où vous allez jouer ? l'équipe d'accueil vous semble-t-elle sérieuse et sympathique ? Est-ce que vous jouez en première partie d’un autre artiste ? etc… sachez doser votre niveau d'exigence afin de ne pas tomber dans l'excès tout en conservant un niveau de confort minimal et une relation cordiale avec les gens chargés de vous accueillir.
3. Le plateau :
Le plateau, ça n'a l'air de rien, et pourtant, c'est l'outil de travail principal. C'est précisément là où vous serez. Si un élément technique ne peut être oublié dans cette histoire, c'est bien le plateau !
Là aussi, soyez exhaustif : donnez des dimensions minimales, éventuellement la hauteur de la scène souhaitée, précisez les dimensions de votre décor, précisez la hauteur sous gril* minimale nécessaire pour l'installation du matériel d'éclairage (à voir avec votre éventuel éclairagiste), etc.
Souvenez vous que les données d'une fiche technique sont fournies à titre indicatif (sauf si elle est contractuelle) et qu'elle sert avant tout à informer l'équipe d'accueil sur vos besoins. Personne ne vous en voudra de charger un peu votre fiche technique en informations pratiques, au contraire !
*gril : rien à voir avec Buffalo… c'est la structure sur laquelle on vient accrocher le matériel scénique au-dessus de la scène.
FOURNISSEZ UN PLAN DE SCENE COMPLET !
Que doit mentionner un plan de scène ?
- Un plan de scène s'oriente généralement avec le lointain du plateau en haut de la page, et le public vers le bas de la page (jardin à gauche et cour à droite). Explicitez l'emplacement du public afin de ne laisser aucun doute possible.
- Un plan de scène à l'échelle, c'est sympa, mais seulement s'il est bien adapté au lieu d'accueil : un plan type à l'échelle laisse parfois de mauvaises surprises… Un plan type avec des carrés et les fonctions dessin de Word, c'est clair, et ça rempli parfaitement son rôle.
- Préférez une symbolique simple : pas de montage photo de vos instruments. C'est pas clair, et en plus, c'est long à faire... Préférez un rectangle pour représenter un ampli guitare, et mentionnez "ampli guitare", tout simplement.
- Vous avez besoin d'une prise électrique pour alimenter votre ampli guitare ? Faîtes-la apparaître sur le plan !
- Mentionnez les emplacements des musiciens avec leur prénom sur le plan. Pensez au technicien qui vous accueille et qui ne vous connait pas... c'est quand même plus sympa de s'appeler par son prénom plutôt que "hep ! ... toi, là-bas... euh... c'est quoi déjà ton prénom ? j'ai oublié... oui, toi... tu veux pas baisser un peu ton ampli s'teu plait ?".
- Mentionnez également l'emplacement approximatif des retours de scène... ainsi, quand vous arriverez, tout sera déjà prêt - ou presque !
- Précisez si vous avez besoin de praticables pour votre batterie, leurs dimensions, leur hauteur.
- Précisez si vous avez besoin d'un flight-case ou d'un support pour surélever votre ampli guitare.
- Pensez à la légende du plan si elle s'avère indispensable à sa bonne compréhension.
- évitez les couleurs : votre plan sera sans doute photocopié... arrangez vous pour qu'il soit clair et compréhensible, même en noir et blanc.
- Ne surchargez pas le plan avec des données inutiles : la feuille de patch son nous renseignera déjà quant à vos besoins en matière de micros et pieds de micros… donc, inutile de les faire apparaitre.
4. L'électricité.
Je sais, il est difficile d'être compétent dans tous les domaines : être musicien tout en s'intéressant à la sonorisation, tout en comprenant le jargon de l'éclairagiste, du technicien plateau, et… de l'électricien.
Néanmoins, il est important de préciser quelques détails : les alimentations doivent être séparés. On ne mélange pas les alimentations du son avec celles de la lumière.
C’est vrai, on ne mélange pas les torchons et les serviettes.
Non, blague à part, le matériel d’éclairage pose souvent de nombreux problèmes de rayonnement électromagnétique qui interfèrent généralement assez directement avec les équipements de sonorisation. C’est un problème.
Réclamez donc une alimentation dédiée au backline (les instruments) et commune avec l'alimentation du son. Ainsi, vous réduirez les risques de buzz autres bruits bizarres qui sortent parfois des amplis guitare, notamment.
5. Le backline (les instruments quoi).
Bien souvent, vous fournissez tout… de la guitare à la peau de caisse claire en passant par l'ordi raccordé au synthé ou les cordes de rechange. Et bien si c'est le cas, mentionnez : "backline fourni", mais apportez tout de même quelques précisions utiles au technicien son si besoin, par exemple : la peau de la grosse caisse est-elle ouverte ou fermée ?
Si vous vous déplacez loin et qu'on vous fourni une partie du backline, donnez un maximum de détails (marques, références). Pensez à préciser vos besoins pour les peaux de batterie. Pensez également aux jacks si vous vous faîtes prêter un clavier ou un ampli guitare…
Dans ce cas, détaillez également l'ensemble du matériel que vous fournissez vous-même, afin d'être certain de ne rien oublier.
6. Le son.
Maintenant que le plateau est installé, que l'électricité est proprement câblée, on part sur de bonnes bases et on va pouvoir installer le son. C'est une partie assez importante sur un concert et donc souvent assez détaillée.
Je vois souvent des fiches techniques avec des infos plus ou moins utiles : des données de puissance pour un système son en fonction de la jauge de public, des listings de micros en vrac, etc…
Par convention, dans cette partie, on part généralement du système pour remonter à la source (c'est pas grave si vous changez l'ordre, mais ça permet généralement aux gens qui vous lisent de retrouver rapidement les infos qui les concernent).
a) le système son façade :
Inutile de réclamer 1000W par tranche de 100 spectateurs, vous passeriez pour un petit rigolo. Les données de puissance RMS n'indiquent plus grand chose sur les systèmes modernes.
Certains précisent qu'ils attendent "105dB en tout point accessible au public"… mais oublient parfois, comme ici, de préciser la pondération de la mesure, sans compter qu'on voit souvent passer des valeurs farfelues et qu'au final, ça n'a pas grande signification…
Précisez simplement que vous attendez "un système professionnel (avec des subs), adapté au lieu et à la jauge de public attendue". C'est suffisant.
De toutes manières, malheureusement, si l'organisateur ou le prestataire s'est décidé à vous fournir un système inadapté avec ce genre de recommandation, le fait de préciser une valeur quelconque ne changera pas grand chose au problème. Dans l'absolu, il est toujours bon d'envoyer son technicien du son passer un coup de fil, au préalable, pour "prendre la température"…
N'hésitez pas à préciser des marques, voir des références, pour que le lecteur se fasse une idée du niveau de gamme de matériel que vous attendez… vous débutez ? soyez cohérent : tous les petits lieux n'ont pas les moyens de s'équiper avec des systèmes de sonorisation à 80 000 euros.
b) les retours de scène :
On réclame généralement un retour (ou wedge, quand il est au sol) en 10 ou 12 pouces pour des applications acoustiques, ou en 15 pouces pour les musiques amplifiées. On désigne ainsi les enceintes de retour par le diamètre, en pouces, du haut-parleur dédié au grave. On considère ainsi que les enceintes capables de délivrer un niveau plus important, notamment par extention de la bande-passante des haut-parleurs dans le grave, sont plus adaptées à la restitution des musiques amplifiées. Néanmoins, dans certaines situations, un 12 pouces peut parfois suffire. Il s’agit là de tenter de poser une généralité applicable à la plupart des cas... (merci de ne pas me taper).
Il y a deux choses à prendre en considération : le nombre de retours et le nombre de mixages (ou mixs) différents qu'on aura en retours.
Généralement on assigne un numéro de mix à un musicien, et on lui envoi dans son (ou ses) wedge(s) : c'est ce qu'il faut préciser.
On note généralement :
- Mix N°1 : retour Marcel (guitare) - 1 wedge.
- Mix N°2 : retour Michèle (chant lead) - 2 wedges.
- etc…
Comptabilisez le nombre de retours dont vous avez besoin et mentionnez "5 wedges type <marque>/<référence> ou équivalent, dans 4 mixs"… par exemple.
Attention : Ces informations doivent être en concordance avec le plan de scène que vous fournissez !
De la même manière, on apporte des indications sur la marque et la référence pour que votre lecteur se fasse une idée du niveau de gamme que vous attendez.
Soyez cohérent : si le plateau fait 20m2, inutile de réclamer 8 retours 15" :
- Primo, ça va poser un problème de place - et que vous entendrez autant le retour de votre copain que le vôtre ;
- Deuxio, il y a fort à parier que le technicien qui vous accueillera ne sera pas capable de vous les fournir…
Mais qu'en faisant quelques compromis sur la quantité de wedges par personne, on pourrait trouver une solution mélangeant des wedges 12" et des wedges 15" en moindres quantités… là encore, sachez trouver des solutions adaptées à votre prestation, ainsi qu’au lieu.
c) Régie(s) :
On peut réclamer 2 régies (une pour la salle/la façade, une pour les retours), en fonction des besoins des musiciens en retours et en fonction des possibilités des salles dans lesquelles vous tournerez, car les petites salles de concert ne sont pas toutes équipées en régies retours… et il n'est pas toujours possible d'en installer une pour des raisons d'encombrement.
Vous êtes (très) nombreux sur scène ? Les petits lieux seront donc écartés. Parfois il est préférable de ne pas faire l'économie d'une régie retour et d'un technicien supplémentaire… C'est un dispositif plus lourd, certes, mais qui vous fera gagner un temps et un confort considérable (et qui, accessoirement, soulagera les neurones du mixeur en façade). Pour avoir déjà vécu seul des régies face/retour/enregistrement avec plus de 32 voies patchées, je peux vous assurer que l'humain a ses limites (si, si), et que le résultat final s'en ressent forcément quelque part.
Pour palier à toute éventualité, on peut détailler le matériel nécessaire en régie façade avec, en plus, le matériel nécessaire dans le cas d'une régie mixte (façade et retour)… et préciser séparément les besoins pour une régie dédiée aux retours.
Dans tous les cas, on précise le type de console souhaitée, le nombre de canaux de traitement dynamique de chaque catégorie, le nombre de canaux d'EQ graphiques, le nombre de multieffets.
Pour chaque catégories on essaie d'apporter des indications techniques précises. Par exemple, pour la console, on essaie de préciser le nombre de tranches nécessaires, le nombre et le type des bandes de correction sur les tranches, le nombre de départs aux post-fader, le nombre de départ aux pré-fader utiles, si on veut des VCA, des groupes, des matrices, etc…
En effet, sans ces précisions et si vous offrez la possibilité au technicien qui vous accueille de vous fournir un équivalent, il aura bien du mal à estimer vos besoins réels !
Concernant le nombre de tranches : ne soyez pas trop radin, pensez au technicien son qui aura peut être quelques sources à câbler en plus (retours d'effets, lecteur CD, micro d'ordre, etc…). Généralement, les bacs de consoles sont conçus par multiples de 8 (8/16/24/32/48/56/64 tranches). Inutile de réclamer une console avec 13 tranches, primo ça n’existe pas, deuzio, vous feriez exactement la même chose avec une 16 : autant se mettre à l’aise.
Pour le traitement dynamique et les EQ, on précise le nombre de CANAUX. Ce mot est important pour votre lecteur. En effet, "un EQ" peut désigner l'appareil, stéréo, à savoir deux canaux d'EQ… alors que vous avez peut être besoin que d'un canal (!)… de même pour les compresseurs. Précisez toujours "n* canaux d'EQ" et non pas "n* EQ"… C'est une confusion que je rencontre très souvent et c'est un problème dès lors qu'il faut proposer un appareil équivalent, car certains EQ ou compresseurs sont mono et d'autres stéréos.
On essaie toujours d'étoffer avec des marques et des références préférées, toujours dans le souci d'être clair... mais soyez réaliste !
Vous aimez la Lexicon 480 ? Oui, comme plein de gens, en fait… mais peu de lieux pourront vous en fournir une ! Pensez-y. Préférez une PCM70, ou une PCM96, plus courantes, et qui sauront sans doute satisfaire vos besoins.
Vous voulez un KSM9 de chez Shure sur la voix lead ? êtes-vous sûr que c’est une référence que les lieux on généralement en stock ? Je ne pense pas... proposez alors une référence alternative connue (BETA87, par exemple), ou venez avec votre propre micro.
d) Feuille de patch :
Pourquoi directement une feuille de patch ? Pourquoi pas une simple liste de micros ? … et bien parce qu'une feuille de patch complète est bien plus synthétique et efficace.
Une feuille de patch se présente comme un tableau qui liste l'ensemble des sources nécessaires à la captation des instruments et fourni des détails sur leur mise en oeuvre.
Quels intitulés est-il intéressant de voir apparaître sur une feuille de patch :
- numéro de tranche.
- désignation de l'élément à sonoriser.
- référence de micro utilisée pour la prise.
- une case pour mentionner la nécessité de l'alimentation phantom (indique au lecteur s'il s'agit d'un micro statique ou d'un dynamique, parfois utile sur certaines références exotiques que vous pourriez founir).
- les inserts utilisés sur les tranches.
- le pied de micro (droit, perche - grand ou petit).
Vous fournissez des micros ou sources qui ne supportent pas l'alimentation phantom ? Précisez-le… mieux vaut prévenir que guérir !
Comprenez que le technicien qui vous accueille est là pour vous aider. Si vous ne lui fournissez pas tous les éléments pour qui puisse parfaitement comprendre votre installation, il pourra pas grand chose pour vous dans certaines situations.
LA FEUILLE DE PATCH SON EST INDISPENSABLE !
Enfin, fournissez un récapitulatif matériel de ce que vous amenez... ça permet d'identifier rapidement ce qui est à la charge de l'organisateur et ce que vous fournissez.
7. la lumière.
On néglige souvent cette partie quand on débute. On se figure parfois que c'est un élément peu important parce qu'on y a pas spécialement réfléchit pour le moment. Et pourtant… ça serait bien dommage de jouer dans le noir complet... ou de se retrouver avec des projecteurs rose, verts, bleus, ou jaune poussin qui clignotent dans tous les sens alors que c'est pas du tout raccord avec votre projet artistique !
a) le plan de feu :
Concernant le document qui s'appelle le "plan de feu" qu'on joint généralement à la fiche technique…
Sachez qu'un plan de feu "type" est inutile.
Un plan de feu est un plan de feu adapté au lieu où vous allez jouer - ou du moins correspondant à peu près à ses dimensions.
Si vous avez un éclairagiste, c'est son rôle d'adapter son plan au lieu, avec le support du régisseur lumière et le plan des accroches du lieu d'accueil. Les lieux utilisent de plus en plus des logiciels de dessin vectoriels pour éditer leurs plans et proposent parfois des plans au format autocad (dwg)… voir même wysiwyg (wyg) pour les plus sympathiques.
Note aux éclairagistes en herbe : apprenez à vous servir de ces outils et faites vous vos bibliothèques de symboles de projecteurs, il vous feront gagner un temps considérable dans cet exercice d'adaptation.
Fournissez à la fois le fichier vectoriel original (dwg et wyg éventuellement) ainsi qu'une version PDF lisible sur n'importe quel ordinateur sans logiciel spécifique.
Notez que wysiwyg fournis parfois des plans de feu illisibles (n° de gélatine trop petit, symboles pas clairs). Imprimez vos plans et relisez-les. Retravaillez les si nécessaire. Ce document doit être compréhensible par d’autres... pensez-y.
b) la feuille de patch lumière :
Il est difficile d'afficher toutes les informations utiles à la mise en oeuvre du plan de feu sans surcharger le plan. De plus, il est toujours bon d'adjoindre un document synthétique, facile à exploiter, pour récapituler l'ensemble du matériel nécessaire. Une feuille de patch comportant les entrées suivantes est généralement la bienvenue :
- n° de circuit.
- type de projecteur ("PC 1k", "découpe 2k", PAR-CP62 etc…).
- emplacement du projecteur ("perche n°xx", "pont de face", etc…).
- n° de gélatine (précisez "Lxxx" pour Lee, "Rxxx" ou "#xxx" pour Rosco).
- accessoires de projecteurs (porte gobo, iris, nombre de couteaux, etc…).
c) Fournissez un récapitulatif :
Là encore... ça fait toujours gagner du temps et ça permet d'identifier ce qui est à la charge de l'organisateur et ce que vous fournissez.
- nombre de projecteur de chaque catégorie nécessaire (par type de lampes pour les projecteurs de type PAR) - y compris le matériel que vous fournissez, en précisant "fourni par nous".
- nombre de gélatines par numéro et par format.
- quantifiez les accessoires de projecteur (iris, porte-gobo).
Votre installation nécessite du matériel peu courant (projecteurs automatiques spéciaux, miroirs asservis, sunstrips, machine à carbo-glace, etc…) ?
Arrangez vous pour le fournir vous-même. La qualité du matériel de location fournie par l'organisateur est parfois aléatoire est le meilleur moyen de s'assurer d'avoir ce matériel le jour-J est de gérer ce genre de chose soi-même, quitte à l'inclure dans le coût de votre prestation... ça évite les prises de tête inutiles.
d) Vous n'avez pas de régisseur lumière et vous n'avez rien compris aux trois points a, b et c précédents...
... parce que ça arrive, et que c’est déjà vachement bien de savoir jouer de la musique correctement.
Il faut dissocier ce qui relève du nécessaire et ce qui relève de l'artistique.
- Vous avez besoin de voir votre pédal-board ? prévoyez vous-même un éclairage discret qui vous permettra de voir où vous posez vos pieds en toutes circonstances.
- Vous avez 6m2 d'espace scénique dédiés à vos machines et vous ne voulez pas transformer le plateau en sapin de noël avec des petites lampes partout pour voir tous vos boutons ? précisez que vous souhaitez un éclairage dessus en permanence (même gradué faiblement). L'éclairagiste présent sur place saura l'anticiper.
- Vous ne voulez jamais de noir complet ? précisez le. Le régisseur lumière qui vous accueillera n'est pas madame soleil (sans mauvais jeu de mot…)
- Vous voulez qu'on voit bien la chanteuse qui est devant, au milieu ? précisez le. Certains éclairagistes adorent les contre-jours mais sont parfois un peu avares en éclairage de face.
- Vous avez des préférence dans les couleurs à utiliser ? Si oui, précisez-le.
- Vous voulez des ambiances qui évoluent doucement, et non pas des projecteurs qui clignotent de partout ? précisez-le aussi.
- Vous voulez du brouillard ? précisez-le également.
Enfin, si vous voulez rester crédible, il y a un jargon à utiliser, et certains termes à banir, comme : "spot" pour désigner un projecteur, ou "table lumière" pour désigner le pupitre d'éclairage. Vous apprendrez le reste par vous-même sur le terrain par la force des choses.
e) les indispensables :
Vous jouez en extérieur, le soir ?
- Pensez à réclamer un éclairage de service pour les opérations de montage/démontage.
- Pensez à réclamer le noir complet aux organisateur si c'est nécessaire. L'éclairage public peut parfois s'avérer gênant. Une procédure administrative en mairie est parfois longue pour obtenir un arrêté municipal pour ce genre de chose. L'organisateur ne pourrait satisfaire une telle demande si elle est formulée trop tardivement.
- L'éclairage est un domaine qui nécessite généralement énormément de "consommables", à savoir du matériel à usage unique ou à durée de vie très limitée (adhésifs, gélatines, lampes de rechange, etc…). Assurez vous que l'organisateur les prenne bien à sa charge ! Mentionnez clairement dans votre fiche technique que « les consommables scéniques sont à la charge de l’organisateur ».
8. La vidéo.
Je ne m'étalerai pas vraiment sur ce sujet - parce que c'est un domaine que je maitrise peu dès lors qu'il s'agit de faire plus que câbler un moniteur ou un vidéoprojecteur sur un ordinateur.
Néanmoins, sachez que la vidéo est un élément somme toute assez récent dans la mise en scène, et que rares sont les lieux équipés en matériel de projection ou de captation (même modestement). Je vous conseille donc très vivement de vous organiser vous-même sur ce point.
Sachez simplement que la vidéo est toujours un élément compliqué à intégrer car il impose de nombreuses contraintes matérielles et d'espace (distance entre l'écran et le vidéoprojecteur - choix de l'optique -, nécessité d'utiliser des toiles spécifiques pour des usages en rétro-projection - par l'arrière -, problèmes de réflexions lumineuses et de luminosité d'image sur l'écran, etc…). Renseignez vous bien, au préalable, des possibilités du lieu pour accueillir ce type de dispositif, même s'il est fourni par vous.
Mentionnez bien l'emplacement de l'écran et du dispositif de projection sur tous vos plans (plan de scène et plan de feu notamment).
Ne négligez pas mise aux normes des dispositifs d'accroches pour la vidéo si vous fournissez le matériel.
Conclusion :
Voilà, vous avez tous les éléments en main pour produire une fiche technique qui répond aux attentes de la majorité des lieux et gens qui vous accueilleront. Vous pouvez transmettre un document type dans un premier temps, mais gardez toujours à l'esprit que ce document n'est en rien un document figé, et qu'il est préférable de prendre contact par téléphone afin d'obtenir quelques renseignements sur le lieu et son fonctionnement. Produisez finalement un document adapté, mais évitez de multiplier les versions de document dans votre communication.
Sachez que l'envoi et le traitement d'une fiche technique se gère au minimum dans le mois qui précède la date de votre prestation, et qu'il est inutile de renvoyer une ultime mise la jour la veille au soir du concert : c'est trop tard !
Vous avez malencontreusement oublié un élément et vous jouez demain ? Préférez une négociation à l'amiable par téléphone, ça passera toujours mieux. (Si en plus vous prévoyez une bonne bouteille le jour J, ce petit accroc sera vite oublié… )
Quoi qu'il en soit, si vous avez des besoins très spécifiques (un pied de micro en forme de "Z", des bouteilles en plastique pour votre décor, etc…) ? Fournissez les vous-même autant que possible ! Le lieu qui vous accueille n'est pas un magasin.
Vous en avez marre d'être accueilli n'importe comment et vous voulez rendre votre fiche technique contractuelle ? Attention. Si cette solution vous semble intéressante, sachez qu'elle peut être contraignante pour certains organisateurs et qu'elle peut s'avérer être un frein pour votre projet. Si vos conditions d'accueil sont catastrophiques c'est sans doute que vous ne visez pas les bons lieux.
Vous ne parvenez pas à accéder à des lieux convenables ? Soyez persévérant, tant sur la manière dont vous les démarchez que dans la réflexion sur la qualité et la maturité de votre projet.
Si je devais donner mon avis personnel sur ce point : tant que vous vous auto-produisez, à moins que vous ayez des compétences particulières dans ce domaine (sur le plan technique, administratif ou juridique), ne rendez pas votre fiche technique contractuelle. Ne prenez pas le risque de tomber sur un organisateur véreux - ça existe - qui pourrait retourner ce document contre vous. Le jour où une structure de production sérieuse s'occupera de vous, elle prendra alors peut-être l'initiative de rendre ce document contractuel en connaissance de causes… en attendant, mieux vaut soigner la communication en amont de votre prestation pour éviter les mauvaises surprises : c'est sans doute la meilleure méthode avant de pouvoir évoluer dans un cadre plus professionnel.
Enfin, je préfère toujours recevoir une fiche technique justement dimensionnée et claire au regard du projet artistique accueilli, plutôt qu'un document très lourd qui réclame la lune dans l'espoir d'obtenir le minimum requis - en jetant de l'argent par les fenêtres dans des locations de matériels complémentaires inutiles ou inadaptés parfois.
Néanmoins, si vous pensez que tel type de matériel est indispensable, réclamez le, peu importe son prix. C'est votre projet artistique, ne le déformez pas : c'est à la technique de s'adapter à votre projet et non l'inverse. Si un organisateur vous a sollicité, c'est qu'il a tout de même confiance en vous et votre projet, et qu'il vous a sans doute déjà vu sur scène auparavant. Ne bradez pas les outils qui vous permettrons de vous affirmer sur scène.
Je vous aurais bien fourni une fiche technique type en vous expliquant que "ça, c'est le truc qui va bien et qu'il faut faire" ou un comparatif "bien / pas bien"… mais une bonne fiche technique est avant tout un document bien dimensionné aux besoins d'un projet donné. Je ne saurai fournir un document type qui serait applicable à toutes les situations. C'est à vous et aux techniciens qui vous entourent de définir le contenu de ce document.
J'espère malgré tout avoir pu vous aider dans ce fastidieux travail qui consiste à rédiger une fiche technique.
Amusez vous bien sur scène quoi qu'il en soit !
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JimbassDrogué·e à l’AFéinePosté le 07/05/2013 à 11:59:55Merci pour cet excellent tuto. Mais n'y a t-il pas une inversion entre "côté cour" et "côté jardin" dans la description du plan de scène ?
http://www.dossiers.latroupeduroy.fr/14.html -
TomA SLJe poste, donc je suisPosté le 07/05/2013 à 12:09:20Si si il y a erreur. Jardin est à gauche quand on est dans le public et la cour à droite. Bien vu!
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Nico53Posteur·euse AFfolé·ePosté le 07/05/2013 à 12:11:37huhu... quel espèce de noob je suis... me connaissant, c'est plutôt une inversion gauche/droite qu'une inversion jardin cour (c'est ça le pire...)
Merci d'avoir relevé, je change ça de suite ! -
TomA SLJe poste, donc je suisPosté le 07/05/2013 à 12:16:53se faire couilloner par un gauche-droite sur un jar-cour c'est cocasse