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Les notes et les silences
Solfège : Les notes et les silences

Les notes et les silences
Par Dominique Vandenneucker le 17/11/2003 Imprimer

Cet article, suite du dossier sur la notation musicale, permet à chacun de connaître les bases utiles en solfège de manière progressive et sans douleur. On y découvre comment fonctionnent les noms et positions des notes ainsi que leurs valeurs rythmiques.

Cet article, suite du dossier sur la notation musicale, permet à chacun de connaître les bases utiles en solfège de manière progressive et sans douleur. On y découvre comment fonctionnent les noms et positions des notes ainsi que leurs valeurs rythmiques.

Le nom et la position des notes

Exactement comme l’alphabet possède 26 lettres désignées de A à Z, l’alphabet musical possède 7 noms donnés aux notes : Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La et Si.

Dans ce dossier et les prochains, nous travaillerons sur base de la clef de sol. Voici la position de ces 7 notes lorsqu’une [def]clef[/def] de sol est placée au début de la portée :

Le nom de la clef de sol provient du fait suivant : la boucle du milieu de cette clef est centrée autour de la deuxième ligne de la portée, qui est la ligne sur laquelle on place la note Sol.

Qu’en est-il du nom des notes plus graves et plus aiguës que ces 7 notes ? On utilise à nouveau les mêmes noms. Plus haut que le Si, on reprend le nom Do, puis Ré et ainsi de suite. Plus bas que le Do, on reprend le nom Si, puis La, etc. Voici ce que cela donne pour les notes plus hautes :

En montant plus haut encore, on reprend à nouveau les mêmes noms. Voici d’autre part ce que cela donne pour les notes plus basses :

Pourquoi donner des noms identiques à des notes qui sont situées à des hauteurs différentes ? La raison doit être cherchée du côté des vibrations sonores. Nous avions vu dans le dossier précédent que chaque hauteur de note correspond à un certain nombre de vibrations de l’air par seconde.

Lorsque vous jouez une note qui produit par exemple 440 vibrations par seconde (un La) et que vous y ajoutez une autre note qui vibre exactement deux fois plus vite (donc à 880 vibrations par seconde), votre oreille va remarquer une forte similitude entre les deux notes. Elles sont très semblables tout en étant à une hauteur différente. Elles sont en harmonie l’une avec l’autre. C’est une observation que vous pouvez faire en écoutant deux mêmes notes à une octave de différence.

La partition suivante contient 2 portées de 4 mesures :

Pendant les 2 premières mesures, une des flûtes joue une petite [def]mélodie[/def]. Dans les 2 dernières mesures, elle recommence à l’identique pendant que la flûte du dessus joue la même mélodie mais avec des vibrations exactement au double de l’autre. Si vous avez la possibilité d’écouter le résultat, vous pourrez entendre que dans les 2 dernières mesures la mélodie garde sa couleur originale, tout en étant renforcée par l’autre flûte.

Le même phénomène est valable lorsque vous jouez une note vibrant deux fois moins vite (ici à 220 vibrations par seconde). Ce rapport du double au simple joue un rôle important en musique.

Lorsque deux notes vibrent à une vitesse double l’une de l’autre, on leur donne le même nom. Dans l’exemple précédent, la mélodie commence toujours par la note La aussi bien pour la flûte 1 que pour la flûte 2. Voici par exemple les 3 notes nommées La et la vitesse à laquelle elles vibrent :

Le même principe est valable pour les 6 autres notes, les fréquences des vibrations étant différentes de celles indiquées ici, mais toujours dans un rapport de 2.

Retenons donc la règle de base : en partant du Do vers le haut, on nomme les notes suivantes Ré, Mi, Fa, Sol, La et Si, qui correspondent à des vibrations de fréquence de plus en plus élevée. La note suivante correspond au double de la vitesse du premier Do et on l’appelle également Do. La note suivante correspond ensuite au double de la vitesse du premier Ré et on l’appelle aussi Ré et ainsi de suite. En descendant en dessous du Do, la vitesse de la note suivante est la moitié du Si et on l’appelle également Si. Puis c’est le La, etc.

Les valeurs rythmiques des notes

Pour indiquer combien de temps une note doit durer, on utilise un système de valeurs rythmiques, chacune représentée par une manière de dessiner la note.

Commençons par la [def]noire[/def]. Nous allons l’utiliser comme la durée de base pour définir les autres durées.

La note noire est dessinée par une forme arrondie pleine, attachée à un petit trait vertical. Ce trait s’appelle la hampe de la note. En voici des exemples à différentes hauteurs :

En plaçant une série de noires sur une portée, cela signifie que l’on doit les jouer toutes avec la même durée. Mais cette durée n’est pas déterminée, car on peut les jouer rapidement ou lentement. Il faut donc d’abord définir le [def]tempo[/def]. Celui-ci indique à quelle vitesse on va jouer les noires. Le tempo indiquera par exemple le nombre de noires que l’on jouera en une minute. En prenant un tempo de 60 à la noire, cela signifie que l’on doit jouer 60 noires en une minute, c’est-à-dire une par seconde. Le tempo est souvent indiqué par le dessin d’une noire égalée à un chiffre, comme par exemple :

qui signifie qu’il faut jouer 120 noires en une minute, c’est-à-dire 2 par seconde. Le tempo est souvent indiqué au début de la partition et il reste valable jusqu’à la fin, sauf indication contraire. Le tempo est donné à titre indicatif, car personne ne comptera vos notes pour voir si vous avez joué 119 ou 121 noires en une minute.

Une mesure contient toujours une quantité bien déterminée de valeurs rythmiques. On indique la contenance d’une mesure par un symbole spécial au début du morceau, juste après la clef sur la portée. La mesure la plus courante est le 4/4 (quatre quatre) :

Nous verrons plus loin la signification de ces deux chiffres. Retenons pour l’instant qu’une mesure en 4/4 doit toujours contenir l’équivalent de 4 noires.

On parle également de cette mesure en disant qu’elle contient 4 [def]temps[/def] et que chaque temps vaut une noire. Un temps est donc une subdivision de la mesure, ici en quatre parties égales d’une durée d’une noire chacune. On parlera du premier, deuxième, troisième ou quatrième temps de la mesure pour désigner les 4 parties de la mesure.

Le signe 4/4 ne doit être indiqué qu’au début du morceau, à la première mesure. Il ne doit pas être replacé à chaque début de portée, contrairement à la clef.

Exemple

La ligne supérieure est une portée à une seule ligne qui permet d’écrire un rythme. Elle est utilisée pour vous indiquer les 4 temps de la mesure. Chaque temps y est marqué par une noire. Il y en a 4 par mesure, parce que nous sommes en 4/4.

Le tempo est indiqué : 60 noires par minute, donc une noire par seconde. La première mesure de la flûte comporte un petit rectangle qui indique que rien n’est joué dans cette mesure. Nous y reviendrons plus loin. Ensuite, vous trouvez une mélodie de 8 noires, réparties sur les 2 dernières mesures. Il y a bien 4 noires par mesure, le compte est juste.

A partir de la deuxième mesure, les notes de la flûte sont jouées à la même vitesse. La première noire commence sur le premier temps (en même temps que le son de percussion) et se termine juste avant le deuxième temps. Ensuite la deuxième noire s’enchaîne directement sur le deuxième temps et ainsi de suite jusqu’à la fin.

En ayant pris la noire comme étant la base du temps, nous allons maintenant définir les autres valeurs rythmiques en fonction d’elle. Commençons par les valeurs plus longues.

La [def]blanche[/def] est deux fois plus longue que la noire. Elle dure 2 temps. Il peut donc y avoir 2 blanches dans une mesure en 4/4. La blanche est notée par une forme arrondie creuse associée à un trait vertical, la hampe. Voici un exemple d’une mesure comportant 2 blanches :

La [def]ronde[/def] est une valeur rythmique équivalente à 4 noires. A elle seule, elle remplit une mesure de 4/4. Elle est représentée par une forme arrondie creuse qui ne comporte pas de hampe :

Exemple 2 : il comporte 6 mesures avec des rondes, des blanches et des noires :

La ligne supérieure vous indique le début de chaque temps avec un instrument à percussion. Vérifiez le contenu de chaque mesure, vous y trouverez chaque fois un total de 4 temps. La quatrième mesure par exemple comporte deux noires (2 × 1 temps) et une blanche (2 temps), ce qui fait un total de 4 temps.

La [def]croche[/def] est une valeur rythmique valant la moitié d’une noire. On joue donc deux croches pendant la durée d’une noire. Elle est représentée par une forme arrondie pleine et elle comporte une hampe terminée par un crochet :

Comme une croche vaut un demi-temps, il en faut 8 pour remplir une mesure de 4/4 (dont la durée doit comporter 4 temps).

La [def]double croche[/def] est une valeur rythmique valant le quart d’une noire. On joue donc quatre doubles croches pendant la durée d’une noire. Elle est représentée par une forme arrondie pleine et elle comporte une hampe terminée par un double crochet :

Comme une double croche vaut un quart de temps, il en faut 16 pour remplir une mesure de 4/4. Le terme double porte parfois à confusion, car la double croche ne vaut pas le double de la valeur d’une croche mais bien la moitié d’une croche.

Exemple 3 : il comporte 3 mesures contenant des noires, des croches et des doubles croches :

La ligne supérieure sépare la mesure en 4 temps. Vérifiez le contenu de chaque mesure de la flûte. Vous y trouverez toujours un total de 4 temps. Voici le calcul pour la première mesure : 1 noire (1 temps) + 2 croches (2 × 1/2 temps = 1 temps) + 1 noire (1 temps) + 4 doubles croches (4 × 1/4 temps = 1 temps) = 4 temps. Exercez-vous sur les autres mesures.

Remarquez que les noires de la ligne supérieure sont alignées avec les notes de la flûte qui commencent sur chaque temps. En écrivant plusieurs portées qui jouent ensemble, on essaie toujours d’aligner le départ des notes qui sont jouées en même temps.

Remarquez les groupes de croches : deux croches sont jouées pendant le temps d’une noire. De même, 4 doubles croches sont jouées pendant le temps d’une noire.

Il existe encore des valeurs rythmiques plus rapides que la double croche. Voici par exemple la [def]triple croche[/def], qui vaut la moitié d’une double croche :

Elle se différencie par 3 petits crochets dessinés sur la hampe. Il y a donc 8 triples croches par temps et il en faut 32 pour remplir toute une mesure de 4/4.

Voici ensuite la quadruple croche, qui vaut la moitié d’une triple croche :

Elle se différencie par 4 petits crochets dessinés sur la hampe. Il y a donc 16 quadruples croches par temps et il en faut 64 pour remplir toute une mesure de 4/4.

Enfin, nous avons la quintuple croche, qui vaut la moitié d’une quadruple croche :

Elle se différencie par 5 petits crochets dessinés sur la hampe. Il y a donc 32 quadruples croches par temps et il en faut 128 pour remplir toute une mesure de 4/4.

Les quadruples et quintuples croches sont assez rares.

Exemple 4 : il montre un exemple utilisant des valeurs rythmiques rapides alternées à des valeurs plus lentes :

En calculant la somme des temps présents dans chaque mesure, vous en trouverez chaque fois 4.

On pourra enfin trouver également la [def]maxime[/def]. En voici trois exemples :

Cette valeur rythmique est assez rare. Elle vaut le double de la ronde, c’est-à-dire l’équivalent de 8 noires. Il n’est donc pas possible de l’utiliser dans une mesure en 4/4, car celle-ci ne peut contenir que 4 temps au maximum. Nous verrons plus loin que l’on peut définir des mesures comportant plus que 4 temps, qui permettent alors d’utiliser la maxime.

Pour résumer simplement

1 ronde 
= 2 blanches
= 4 noires
= 8 croches
= 16 doubles croches
= 32 triples croches
= 64 quadruples croches
= 128 quintuples croches

 

Les silences

Lorsqu’un instrument joue un morceau, il rencontre des moments où il ne doit pas jouer. La musique est un discours comportant des phrases musicales entrecoupées de moments où l’instrument ne dit rien. Ces moments sont appelés des [def]silence[/def]s. Même si l’instrument ne joue pas, il doit continuer à compter les temps de la mesure qui passent, pour pouvoir reprendre le jeu en même temps que les autres instruments de l’orchestre, lorsque les silences sont terminés.

Pour chaque valeur rythmique vue précédemment, il existe un silence de durée équivalente. Chaque silence porte un nom et possède un symbole graphique qui le représente sur la partition. Ils sont placés dans la mesure, comme les notes. La hauteur où on les place n’a pas d’importance, si ce n’est pour un aspect esthétique de la partition. On les place habituellement à mi-hauteur dans la mesure.

Comme une mesure doit toujours contenir l’équivalent de sa durée totale (4 temps pour une mesure 4/4), si un instrument ne joue que pendant une partie de la mesure, on complète celle-ci avec des silences.

Le [def]soupir[/def] est un silence qui vaut la durée d’une [def]noire[/def]. Voici le symbole qui le représente dans la mesure :

Lorsqu’un instrument rencontre ce symbole dans la mesure, il sait qu’il ne doit pas jouer pendant un temps.

Exemple : cet exemple représente 4 mesures comportant des noires et des soupirs :

Pendant que les battements supérieurs continuent, la flûte s’arrête de jouer pendant les soupirs.

La [def]pause[/def] et la [def]demi-pause[/def] valent respectivement 4 et 2 noires. La pause est le silence équivalent à la ronde et la demi-pause équivaut à la blanche. En voici les symboles graphiques :

Elles sont toutes deux représentées par un petit rectangle noir. La pause est accrochée juste en dessous d’une ligne et la demi-pause est déposée sur une ligne.

La pause possède une caractéristique particulière. Par convention, elle a la faculté de remplir une mesure complète, même si la mesure peut contenir plus ou moins que 4 temps. On l’utilise pour compléter la mesure d’un instrument qui ne joue pas. Nous verrons plus loin que l’on peut créer des mesures en 3/4 qui ne comportent que 3 noires. Par convention, il est donc correct de placer une pause pour remplir une mesure de 3 temps.

Le [def]demi-soupir[/def] et le [def]quart de soupir[/def] correspondent respectivement à la [def]croche[/def] et à la [def]double croche[/def]. Leurs durées valent 1/2 et 1/4 de la durée d’un soupir. Ici, le nom ne prête pas à confusion comme dans le cas des doubles croches. Voici les symboles graphiques qui les représentent :

Dans le cas des mesures en 4/4, le contenu de chaque mesure doit toujours totaliser l’équivalent de 4 noires, soit en notes, soit en silences, soit en un mélange des deux.

Exemple :

Le huitième de soupir, le seizième de soupir et le trente-deuxième de soupir sont des silences correspondant respectivement à la triple, quadruple et quintuple croche. En voici les symboles :

Comme pour le 1/2 soupir et le 1/4 de soupir, ces symboles comportent le même nombre de crochets que la note de durée équivalente.

Nous avions vu que la maxime est une note qui dure 8 noires. Son silence équivalent est le bâton de pause. Il est représenté par un carré noir :

Comme la maxime, le bâton de pause se rencontre assez rarement.


Pour résumer simplement

1 pause 
= 2 demi-pauses
= 4 soupirs
= 8 demi-soupirs
= 16 quarts de soupirs
= 32 huitièmes de soupirs
= 64 seizièmes de soupirs
= 128 trente-deuxièmes de soupirs

Conclusion

Les notes et les silences permettent d’écrire sur une portée ce qu’un instrument joue. La clef et la position verticale des notes sur la portée indiquent la hauteur des sons à jouer. La mesure, les symboles rythmiques et les silences décrivent exactement la séquence temporelle à respecter pour les jouer.

Les bases théoriques de la notation musicale sont résumées dans ce dossier. Pour maîtriser la lecture d’une partition, il faut apprendre à lire couramment le contenu d’une mesure, sans devoir réfléchir à chaque note pour savoir pendant combien de temps il faut la jouer ou à quelle note de l’instrument elle correspond. C’est une question de travail et de pratique régulière.

Un grand merci à Dominique Vandenneucker d’Arpège Musique pour son autorisation de publier cet article sur AudioFanzine. Copyright ARPEGE sprl.


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