Digne successeur du 42B, sa carrière a duré plus d’une vingtaines d’années. Apparu au début des années 60 d’aspect tubulaire et peu esthétique au départ, Mélodium a vite transformé son look en un beau micro tronconique (ou carré grec), look qui n’a pas vieilli, avec un diamètre de 54mm et une hauteur de 165 mm pour 540gr.
Caractéristiques techniques : Micro à ruban sans alimentation fantôme. Impédance : 2 versions, 50 ou 200 ohms. Plus sensible de 7dB en 200 ohms. Bande passante 30 à 18000hz à +/-2dB. Livré en boîtier acajou il était vendu environ 370 francs en 1970. Très fragile il est conseillé de le stocker et transporter verticalement. Il était couramment utilisé dans les studios de doublage de cinéma en raison de sa directivité en double huit qui permettait de n’utiliser qu’un micro pour deux dialoguistes et de ses qualités exceptionnelles à mettre en valeur « le grain » de la voix.
Un commutateur rotatif à 4 positions jouant sur le transformateur intérieur proposait 3 distances d’utilisation : Stop, 0.1m, 0.4m,

AVIS GLOBAL

C’est un micro dont la qualité sonore se situait juste avant celle des très grands micros électrostatiques de l’époque ; le bémol, commun à tous les micros à ruban est du à sa très faible sensibilité. Les transformateurs d’impédance et le souffle des préamplis à tubes ne lui rendaient pas toujours hommage et en limitaient l’utilisation.
Un ami, ingénieur supélec, également ami d’André Charlin avait enregistré vers 1964 les moines de Chevetogne, disque de Liturgie orthodoxe plusieurs fois édité en vinyle puis en CD par Harmonia Mundi. Enregistrement fait sans aucune correction. Ce disque toujours régulièrement réédité permet de juger de l’excellence du RM6 pour mettre en valeur la richesse des voix. J’ai du reste eu la chance d’avoir pu conserver intact le couple qui a servi à cette prise de son.
Je continue toujours, entre autres, à enregistrer avec ces RM6. Avec les CI à très faible bruit et très basse impédance que l’on trouve aujourd’hui ces micros donnent des résultats dignes des meilleurs micros actuels surtout pour les groupes vocaux et les instruments riches en harmoniques. Pas besoin de préampli à tubes, la chaleur est naturellement au rendez-vous. Selon la distance de prise de son ils peuvent cependant demander une petite correction aux environs de 8 khz pour une parfaite linéarité. Les basses sont profondes, généreuses et naturelles : les rares cardioïdes à ne pas tronquer l’extrême grave ; c’est impressionnant d’enregistrer un grand orgue avec ce type de micros d’autant que la directivité double huit permet de capter la réverbération naturelle sans couple additionnel.
Ils ne conviennent cependant pas à toutes les situations en raison de leur directivité particulière. Par exemple le piano sera un peu lourd, ils ont une légère tendance à compresser les fortissimi, l’effet de proximité est très prononcé, une batterie ou un claquement de porte peut détruire le ruban. Totalement inutilisables en extérieur ce serait criminel de les exploiter en overhead ! Leur utilisation demande un apprentissage spécifique qui peut dérouter en premier abord.

Ce micro, sauf pour les voix n’est pas l’outil idéal des homestudistes. Mais beaucoup d’entre eux ont une excellente oreille et j’ai souhaité combler un vide sur ce micro un peu oublié. Les RM6 présentaient en leur temps un excellent rapport qualité prix. Des équivalences existent avec des micros rubans américains mais à quel prix ! Attention cependant lors d’un achat d’occasion, les caractéristiques peuvent profondément varier selon l’utilisation qui en a été faite. Sur mes 5 RM6 il y a des différences très audibles entre eux. Il faut également veiller à se procurer les pinces et les prises mélodium spécifiques.