« La bonne surprise!  »

Je suis tombé par hasard sur une Ibanez ATK 200 chinoise sur un site de petits annonces pour environ 180 euros (200Frs). Comme c'est un site qui fonctionne sur un système d'enchère j'en ai placé une en pensant que de toute façon je n'allais jamais la remporter et 10 jours plus tard me voici en train de traverser montagnes et vallées pour aller chercher l'instrument dans un coin improbable et perdu (4h30 de bagnole pour le retour à cause des bouchons).
Je possède de vieilles ATK japonaises (3) qui méritent un gros service notamment au niveau de l'électronique mais qui sont une bonne base de comparaison. Elles ont souffert à la fois de mon style de jeu et d'avoir été trimballées un peu partout, c'est pour cela que cette petite basse pas chère m'a intéressé histoire de ne pas en avoir gros sur la patate si il lui arrive quelque chose pendant un concert dans un squat berlinois. Première surprise, le bois est de bonne qualité, lourd (c'est de l'érable mais j'aime bien) et avec une excellente résonance. Rien que le corps justifie largement le prix que j'ai payé. Le manche possède une touche en palissandre (je préfère l'érable mais je ne vais pas trop faire la fine bouche) et il est très légèrement plus fin que sur mes modèles japonais... mais je me retrouve en terrain connu. En tout cas ça reste du bon gros manche, loin des séries SR. L'accastillage semble correcte et tient l'accord, là aussi ça a l'air de bonne qualité. On verra avec le temps.
Côté électronique, le micro triple-machin-truc est légèrement bombé et le capot en plastique est de mauvaise qualité. C'est curieux, il est un peu caoutchouteux et commence déjà à mal vieillir. Il ne m'inspire aucune confiance. Il y a un switch 3 positions qui permet de choisir le bobinage ou de filtrer le son pour lui donner plus de patate, ainsi qu'une électronique à 3 bandes et un potard de volume. La première position du switch semble être le single coil qui donne un son plus serré, clean et relativement passe-partout pour tous les styles un peu tranquilles qui demandent une basse peu envahissante mais qui perce bien dans le mix et qui fait honneur à la lutherie. Je ne l'utilise pas mais je le trouve plutôt bon. La deuxième position doit être le humbucker qui sonne plus large et qui mérite donc plus de corrections avec l'électronique active. Ici encore c'est une position relativement passe-partout qui s'exprimera bien en rock que ce soit aux doigts ou au mediator. Pas de quoi faire grimper bobonne au rideau mais très franchement ça sonne bien et typiquement humbucker. La troisième position enfin est la surprise du chef. A mon avis ils ont dû mettre un filtre car l'attaque est ENORME. Ca sonne un plus artificiel que les 2 autres positions mais après être passé dans mon pedalboard de toute façon le signal est tellement traité que le son du bois... Je joue du sludge-hardcore en faisant souvent des accords sur le manche au mediator et je suis accordé en dropC donc il faut à la fois des aigus qui fassent saigner les oreilles et des graves qui fassent trembler le slip. Cette 3ème position le fait parfaitement bien!... mais pas sûr que ça puisse servir à autre chose que de faire de la musique ultra violente. D'ailleurs je dois compenser la fougue de la bête avec l'électronique de l'instrument et de l'ampli sinon malgré mes gamelles de 15'' c'est trop chargé en haut mediums et en aigus.
Bref, me voici avec une petite basse chinoise pas chère qui a remplacé mes instruments bien plus chers et mieux cotés. Pour faire de la musique extrême elle est super, mais elle sera aussi à l'aise dans d'autres registres avec son électronique qui peut être très clean... ou bien dégueulasse. Dommage ce capot merdique. Et on verra comment elle vieillit mais ce qui est sûr, c'est qu'elle va faire le taf.