Sonoriser une guitare acoustique sur scène n’est pas toujours des plus faciles. Entre les solutions à base de capteurs piézo ou micros magnétiques aux sonorités parfois décevantes et les micros statiques fragiles et sensibles au larsen, il est difficile de faire son choix. DPA, fabricant danois spécialiste des micros statiques, propose sa solution, le 4099.
DPA, pour Danish Pro Audio, est depuis 1992 le digne héritier de Brüel & Kjær, fabricant émérite de micros de mesure dont la précision n’est plus à démontrer. Et pour cause, les fondateurs de DPA ne sont autres que d’anciens ingénieurs et commerciaux de B&K passionnés de musique et bien décidés à utiliser ces micros de mesure pour enregistrer des instruments ou des voix. Les résultats furent convaincants et il ne resta plus qu’à adapter ces micros pour une utilisation studio et sortir les premiers prototypes en 1982, des omnidirectionnels. Alors avec une histoire comme celle-ci, on peut aisément deviner que les micros proposés par DPA, désormais totalement indépendants de B&K, seront fidèles et plat comme il faut, point de coloration ici !
Depuis le temps, le catalogue de DPA s’est étoffé avec des micros compacts, miniatures, standards, serre-tête, surround et enfin, des micros instruments dont le 4099 qui nous intéresse aujourd’hui. Mais à qui se destine ce 4099 ? Aux guitaristes acoustiques bien sûr, mais aussi aux saxophonistes, aux trompettistes et aux violonistes, DPA ayant eu l’intelligence de proposer différents clips adapté à chaque instrument. C’est la version pour guitare acoustique qui nous intéresse aujourd’hui.
Déballage
À l’ouverture de la boîte, on retrouve le micro lui-même, sorte de mini perche avec au bout le mini micro, sa mini mousse, sa mini suspension (c’est mimi tous ces minis !), le support pour mettre cette petite perche sur la guitare, et enfin l’adapteur Micro Dot – XLR. Le système d’attache s’est montré assez simple à mettre en place, mais le fait qu’il soit entièrement en plastique nous fait émettre quelques doutes sur sa longévité. A voir à l’utilisation. DPA a cependant eu la bonne idée d’utiliser une matière caoutchouteuse à certains endroits critiques afin de ne pas abîmer le vernis cellulosique de la guitare. Il faudra faire attention tout de même à ne pas trop toucher le support de fixation du micro, celui-ci ayant une fâcheuse tendance à bouger pour pas grand-chose. Nous recommandons aux guitaristes faisant beaucoup de scène de scotcher le système à leur instrument afin d’éviter un accident.
La première chose à faire est donc de poser le système d’attache sur l’instrument, le 4099 s’adaptant à n’importe quel type de guitare acoustique, peu importe la taille de sa caisse (entre 35 et 122 mm), un bon point ! La deuxième chose à faire est de diriger le micro vers la zone que l’ont veut capter, plus ou moins vers la rosace. Ceci se fait facilement en tordant la mini perche flexible. Le montage du 4099 est vraiment l’affaire de quelques secondes et chacun pourra orienter le micro comme il l’entend, suivant ses goûts. Le tourner vers la rosace enrichira le son en basses tandis que le diriger vers la jonction corps / manche permettra d’avoir un son plus équilibré.
En jetant un coup d’oeil aux spécifications techniques, on voit que le 4099 est un micro à condensateur prépolarisé avec une directivité supercardioïde, donc assez directif ce qui est important pour qu’il ne reprenne pas trop le son des autres instruments sur scène. Il est équipé d’une capsule de 5,4 mm et il aura besoin d’une alimentation fantôme 48 V, bon à savoir ! Afin d’éviter les bruits de manipulation et autres résonances indésirables, DPA a intégré un filtre coupe-bas à 80 Hz, il ne devrait donc pas avoir trop de problèmes à ce niveau, le 4099 étant monté d’origine sur une suspension. En observant la courbe du micro, on voit que cette dernière s’étend de 80 Hz à 15 kHz avec une légère bosse (2 dB) à 10–12 kHz qui apportera de la brillance et de l’air à certains instruments, nous verrons dans le chapitre suivant si cette bosse se montre agréable… Son rapport de signal sur bruit est de 71 dB, son taux de distorsion harmonique est inférieur à 1%, l’étendue de sa dynamique est de 100 dB et il est capable d’encaisser jusqu’à 142 dB SPL, pas mal ! En parlant de ça, sachez que le modèle pour trompette possède une sensibilité plus basse afin de supporter la pression acoustique qui peut parfois sortir de cet instrument. Pour finir, le poids du micro est de 36g, donc totalement négligeable par rapport à la masse de l’instrument.
Du son
Le 4099 a été testé sur un préampli Laffont et avec une guitare Takamine anniversaire et une guitare Alambra à cordes en nylon. Il est clairement recommandé d’utiliser un préampli haut de gamme afin d’utiliser pleinement le micro DPA. Il est en effet dommage d’acheter un micro à 450 € TTC environ pour le brancher dans un préampli ou dans un système de sonorisation qui ne le laissera pas s’exprimer. Le 4099 est un micro sensible qui retranscrit bien les nuances de l’instrument, contrairement aux systèmes piézo qui peuvent sonner très artificiels. Il faudra cependant faire attention au placement, le 4099 étant supercardioïde, le fait de le déplacer légèrement peut faire énormément varier le son. On appréciera la souplesse de la mini perche flexible, qui permet à chacun de trouver le son qu’il souhaite, et ce, facilement.
La couleur de l’instrument est parfaitement respectée, la courbe du micro étant assez plate jusqu’à 10–12 kHz. Le filtre passe-haut à 80 Hz n’aura aucune incidence sur une guitare acoustique, celle-ci ne descendant jamais aussi bas. La bosse située à 10 kHz rajoutera pas mal de brillance et pourra même se montrer légèrement agressive avec certaines guitares et certaines attaques au médiator. Heureusement, cela se corrige aisément après une petite égalisation. Pour le reste, vous pouvez écouter les exemples audio que nous avons réalisés avec différents placements. Le 4099 est sur le canal gauche et le 4011, un statique de chez DPA de type « cigare », sur le canal droit afin de comparer avec un micro plus classique.
Takamine médiator
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Takamine doigt
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Alambra
Conclusion
DPA, fort de son savoir-faire en la matière, propose aux guitaristes un système de prise de son fidèle et adapté à la scène. Le son est droit, avec une petite pointe de brillance vers les 10 kHz et retranscrit bien le caractère et les subtilités de l’instrument. Le système de fixation, s’il reste rapide à mettre en place peut s’avérer instable si l’on bouge énormément. Ce problème pourra cependant être facilement résolu avec un petit bout de gaffer. Reste le prix de 450 € TTC environ, certes élevé, mais totalement justifié vu la qualité du produit, le gain par rapport à un bête système piézo est tout simplement énorme !
- Retranscrit fidèlement le son de la guitare
- Système de fixation rapide à mettre en place
- Micro orientable facilement
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La fixation peut se montrer instable