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John Bowen Synth Design Solaris
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Test du Solaris de John Bowen

Clavier synthétiseur numérique de la marque John Bowen Synth Design

Prix public US : $4,099 incl. VAT
Test écrit
372 réactions
La nouvelle frontière
9/10
Award Valeur sûre 2021
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Presque 10 ans après ses premiers sons, le système d’exploitation du Solaris évolue en V2, apportant des oscillateurs à modulation de phase et le tant attendu mode multitimbral. Le point sur ce morceau de bravoure d’un concepteur et d’un développeur passionné…

Test du Solaris de John Bowen : La nouvelle frontière

John Bowen est l’un des plus éminents concep­teurs de synthés. Il a commencé sa carrière aux côtés de Bob Moog en 1973, avant de rejoindre Dave Smith. Leur colla­bo­ra­tion engen­drera des instru­ments inno­vants qui ont marqué l’his­toire de la synthèse, tant sur le plan tech­no­lo­gique qu’er­go­no­mique… sans oublier, bien sûr, le son excep­tion­nel. Citons par exemple les Prophet-5, VS et 3000. Après la déroute finan­cière de Sequen­tial, John rejoint le dépar­te­ment R et D de Korg pour prendre la tête du projet Waves­ta­tion. En 2000, il crée Zarg Music pour déve­lop­per des appli­ca­tifs pour la carte Oasys Korg ; l’ar­rêt du projet le conduit alors à œuvrer pour Cream­ware / Sonic Core, où il conçoit des plug-ins pour la plate­forme Scope. L’un d’eux, Orion, va le conduire au projet Sola­ris pour Scope, après inté­gra­tion de nombreuses amélio­ra­tions deman­dées par les utili­sa­teurs.

C’est en 2007 que John décide de porter le projet Sola­ris sous forme maté­rielle. Les algo­rithmes seront entiè­re­ment reco­dés : 6 DSP Sharc seront mis à l’épreuve pour soute­nir les 32 bit / 96 kHz néces­saires à un son sans compro­mis ; ce sera un synthé numé­rique poly­pho­nique quasi modu­laire ; il embarquera diffé­rentes formes de synthèse et des émula­tions d’os­cil­la­teurs & filtres qui ont marqué l’his­toire. Enfin, l’er­go­no­mie sera soignée, compte tenu du nombre impres­sion­nant de para­mètres à gérer… Le déve­lop­pe­ment dure quatre ans, au cours duquel diffé­rents proto­types sont présen­tés ; quatre ans de souf­france pendant lesquels les finances et les nerfs de John sont mis à rude épreuve. La produc­tion de la première série limi­tée de 100 Sola­ris commence courant 2011 et ne sera termi­née que 2 ans plus tard, après 18 mois d’in­ter­rup­tion : la machine est complexe à construire et les finances toujours tendues. Mais John tient bon et plusieurs mini-séries vont être produites. Le diable se cachant dans les détails, on croise pas mal de bogues au détour des 1.250 para­mètres de synthèse dispo­nibles. C’est Jim Hewes qui va alors béné­vo­le­ment reprendre la tâche en 2017 pour mettre à jour l’OS. En paral­lèle, John annonce un Sola­ris desk­top (complet façon Xpan­der) et un Sola­ris rack 1U (moteur audio seul). Pendant ce temps, Hrast (Željko Hras­tovčak), un brillant codeur DSP, déve­loppe un nouvel oscil­la­teur. En cette fin d’an­née 2020, après 2.000 heures de travail acharné, la version 2.0 est enfin dispo­nible. Pour récom­pen­ser Jim, l’ac­qui­si­tion de cette version passe par une contri­bu­tion modique de 50 € au regard de la masse de travail four­nie et de la qualité du résul­tat, via https://www.paypal.com/pools/c/8vvXAd­maD4. Nous recom­man­dons vive­ment aux proprié­taires de parti­ci­per, car en V2, le Sola­ris devient un instru­ment encore plus excep­tion­nel…

Article mis à jour le 21/03/21, avec l’in­té­gra­tion des infor­ma­tions concer­nant l’OS V2.

La grande classe

John m’a remis mon exem­plaire lors de la Musik­messe 2013 ; c’était drôle de trim­bal­ler le carton à deux dans le grand parking prin­ci­pal en sa compa­gnie… je le regar­dais marcher devant moi, toujours humble et jovial, avec l’ad­mi­ra­tion qui s’im­pose. Rece­voir son Sola­ris est jouis­sif après une longue attente, au point que le débal­lage est du pur bonheur, un peu comme quand notre dernière conquête accepte de se lais­ser effeuiller… euh on s’égare là ! Retour à notre carton : il est de double épais­seur pour bien proté­ger son hôte mis sous blis­ter, engoncé entre d’énormes protec­tions laté­rales en compo­site souple. La machine pèse une quin­zaine de kilos, sans son (infâme) alimen­ta­tion externe, type petit bloc au milieu.

John Bowen Solaris

Le Sola­ris est entiè­re­ment construit en métal peint satiné, avec une séri­gra­phie fine et discrète. Il existe deux fini­tions pour la façade : sombre (bleu pétrole foncé) et clair (blanc crémeux), le dessous étant sombre ; en option, on peut comman­der des molettes éclai­rées par LED et des flancs en alu pour rempla­cer les flancs en bois d’ori­gine, d’ex­cel­lente qualité. À tous les plans, la fini­tion est excep­tion­nelle. Les 35 enco­deurs sont lisses et fermes, le potard de volume est un peu plus souple (un haut de gamme de chez ALPS). Les 99 boutons pous­soirs sont précis. Il n’y a pas moins de 79 LED bleu très clair pour se repé­rer en façade.

Tout ce beau monde est fort logique­ment réparti autour de 5 écrans alpha­nu­mé­riques (2 × 40 carac­tères) et un écran central graphique (240 × 64 pixels), tous bleu­tés. L’angle de vision n’est pas réglable pour les 5 écrans (sauf à faire une modi­fi­ca­tion au fer à souder) et néces­site d’ou­vrir la machine pour accé­der à l’ajus­table de l’écran graphique ; vrai­ment dommage sur une machine de cette classe, d’au­tant que la netteté est limite quand on est en posi­tion assise basse ! Désor­mais, on peut comman­der un Sola­ris équipé de 5 écrans OLED et un écran central LED sur fond noir, ce qui règle en partie le problème. Un kit est aussi dispo­nible pour les anciens Sola­ris (comp­ter envi­ron 250 € pour 6 écrans et 5 vitres en plexi­glass adap­tées aux OLED, le rempla­ce­ment s’ef­fec­tuant assez faci­le­ment et sans soudure). Côté contrô­leurs, on trouve 2 molettes, un gros joys­tick sans ressort bien costaud (type Prophet-VS ou Kronos), un immense ruban assi­gnable bizone de 75 cm, 2 touches assi­gnables et un magni­fique clavier 61 touches légères. Ce dernier n’est ni plus ni moins que le raris­sime Fatar TP-8, haut de gamme de la marque consti­tué de touches longues et struc­tu­rées. Sensible à la vélo­cité et à la pres­sion, il offre une réponse parfai­te­ment équi­li­brée à l’en­fon­ce­ment et au rebond ; de mémoire, nous n’avons trouvé un clavier compa­rable que sur les Super­nova II Plati­num de Nova­tion, il y a déjà bien long­temps.

John Bowen Solaris

Toute la connec­tique est placée à l’ar­rière, avec un léger retrait idéal pour ne pas forcer sur les câbles. Nous sommes en présence d’un véri­table gruyère français, avec des trous de gauche à droite pour les pédales (1 double-switch + 1 conti­nue assi­gnables), l’au­dio numé­rique (entrée / sortie stéréo S/PDIF), l’au­dio analo­gique (4 paires de sorties stéréo et 4 entrées mono, rien que ça !), le trio Midi, la prise USB vers hôte, la carte Compact Flash (2 à 32 Go), l’in­ter­rup­teur secteur, la borne pour alimen­ta­tion externe et la prise casque. La connec­tique est haut de gamme : par exemple, les jacks audio sont au format TRS, plaqués or et parfai­te­ment ajus­tés à la découpe de la tôle (sertis, mais pas vissés). Une carte CF de 2 Go est four­nie avec la machine, conte­nant l’OS (1.2 testé), des programmes et quelques samples basiques. Le Sola­ris a besoin de cette carte pour fonc­tion­ner, les sons n’étant pas stockés en mémoire interne. Tout n’est cepen­dant pas idyl­lique dans ce monde idéal : par exemple, l’USB trans­met le Midi mais pas l’au­dio ; ensuite, il n’y a pas de point de fixa­tion pour le câble d’ali­men­ta­tion (risque d’ar­ra­che­ment) ; enfin, il n’y a pas de bouton d’éjec­tion pour la carte CF, bien coin­cée une fois enfon­cée dans sa fente… rien de rédhi­bi­toire, toute­fois.

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Ergo­no­mie bien pensée

John Bowen Solaris

L’er­go­no­mie est un élément-clé du Sola­ris, avec sa concep­tion modu­laire et sa profon­deur de program­ma­tion, puisqu’il y a 1250 para­mètres mémo­ri­sables par programme. Plutôt que tout concen­trer dans un méga-écran tactile bourré de para­mètres comme sur le Kronos, John Bowen a choisi une ergo­no­mie tout autre, presque rétro, à la manière d’un Matrix-12 : les multi-écrans. Ainsi, chaque ensemble de modules de synthèse possède un écran dédié, avec une touche pour sélec­tion­ner le module à éditer, 2 touches pour alter­ner entre les quelques pages d’édi­tion de para­mètres et les pages de modu­la­tions directes, ainsi que 5 enco­deurs pour éditer direc­te­ment les valeurs suivant le contexte. Il y a ainsi 5 ensembles de modules : oscil­la­teurs, mixeurs + effets d’in­ser­tion, filtres + amplis, LFO et enve­loppes. L’écran central s’oc­cupe quant à lui des autres modules dispo­nibles (effets, arpé­gia­teur, séquen­ceur…) et des para­mètres globaux (Midi, routines de tests…). Nous y revien­drons en détail.

Qui dit travail en 32 bit / 96 kHz dit réso­lu­tion ultra précise. Avec des enco­deurs, cela signi­fie des dizaines de tours pour balayer une plage d’édi­tion dans certains cas et seule­ment quelques crans d’en­co­deur dans d’autres. John Bowen a donc prévu des courbes d’ac­cé­lé­ra­tion / inver­sion pour que chaque para­mètre puisse être correc­te­ment édité. Main­te­nir la touche Shift tout en tour­nant un enco­deur permet d’in­ver­ser le mode d’ac­cé­lé­ra­tion du para­mètre : par exemple, la fréquence de coupure d’un filtre varie sur 10 octaves + 6 demi-tons ; on pourra donc l’édi­ter soit par demi-ton (varia­tion rapide, mais géné­rant des sauts de fréquence audibles), soit par dixième de demi-ton en main­te­nant Shift (on n’en­ten­dra aucun saut mais il faudra faire un paquet de tours d’en­co­deur pour balayer tout le spectre). Point d’in­té­rêt, les valeurs liées à des gran­deurs physiques (hertz, secondes, degrés, demi-tons, dB…) sont indiquées dans leur unité réelle, comme chez Kurz­weil, classe !

John Bowen Solaris

Mais l’er­go­no­mie est égale­ment favo­ri­sée par un certain nombre de commandes directes en façade : ainsi on trouve un pavé numé­rique (choix immé­diat des programmes et entrée directe de données), un gros enco­deur lisse (programmes et données) et un certain nombre de boutons bien pratiques pour la program­ma­tion (Preset / Store / Compare / Undo) ou le jeu (2 boutons de modu­la­tion assi­gnables, 2 boutons de trans­po­si­tion d’oc­tave, unis­son, lance­ment du séquen­ceur, lance­ment de l’ar­pé­gia­teur, main­tien des notes, tempo…).

Un mot sur le manuel, succinct compte tenu du nombre de para­mètres acces­sibles (64 pages), mais didac­tique. Il est en anglais, mais grâce à François Rossi, client d’un des premiers Sola­ris, fonda­teur du site www.krono­sco­pie.fr et admi­nis­tra­teur du site www.audio­keys.net, il est dispo­nible en français ; merci à lui ! François a égale­ment collecté de précieuses infor­ma­tions sur la genèse du projet Sola­ris et nous les a gracieu­se­ment mises à dispo­si­tion pour la rédac­tion de ce test. Hop, un deuxième grand merci à lui ! La commu­nauté – encore restreinte – des utili­sa­teurs de Sola­ris est d’ailleurs très active : échange de programmes, utili­taires faci­li­tant la vie (éditeur d’ar­pèges ou de multi­samples utili­sa­teur), astuces, fonc­tion­na­li­tés nouvelles souhai­tées, rapport de bugs avec suivi de réso­lu­tion, dialogue direct avec le créa­teur… bref, on se sent privi­lé­gié.

Sola­ris Univer­sa­lis

John Bowen Solaris

Le Sola­ris est un synthé numé­rique poly­pho­nique 10 voix. John nous a confié que la poly­pho­nie ne serait pas augmen­tée, préfé­rant privi­lé­gier une qualité sonore excep­tion­nelle. Au départ mono­tim­bral, le Sola­ris est désor­mais multi­tim­bral 4 canaux avec l’OS V2 (cf. enca­dré). Les calculs sont réali­sés par 6 DSP Sharc, dont 5 alloués aux voix, tandis que le 6e s’oc­cupe des effets et para­mètres globaux. Les formes de synthèse couvrent la modé­li­sa­tion de synthés analo­giques (dont des modules vintage), les tables d’onde, les ondes vecto­rielles et les échan­tillons, auxquelles s’ajoute désor­mais la modu­la­tion de phase, le tout mélangé dans un système modu­laire ouvert. Les programmes sont clas­sés par caté­go­rie, heureu­se­ment car la machine peut gérer 128 banques de 128 programmes, soir 16.384 empla­ce­ments ! Le Sola­ris est livré avec quelques centaines de Presets program­més par John, diffé­rents sound desi­gners et des utili­sa­teurs. De quoi vite appré­cier la qualité sono­re…

À commen­cer par les strings gran­dioses, amples et profonds. Avec un seul oscil­la­teur envoyé dans diffé­rents mixeurs et filtres, on crée rapi­de­ment des ambiances ultra larges. Le modèle à 4 oscil­la­teurs est énorme, on n’en­tend que lui dans un mix, quelle puis­sance ! En jouant sur les trans­po­si­tions d’oc­tave, on se rend immé­dia­te­ment compte d’une première qualité rare sur un synthé numé­rique, voire un synthé en géné­ral : le son est excellent de l’in­fra grave au plus aigu. Dense sans être brouillon, clair sans être agres­sif… Idem pour les pêches de cuivres, les Sequen­tial et Oberheim du studio n’ont qu’à bien se tenir ! Un petit tour sur quelques sons mono nous fait décou­vrir un tout autre synthé… ou plutôt « des » tout autres synthés : pêche et gras de Mini­moog en basse ou en solo, acidité de TB-303, brillance du SEM, grosse synchro façon Prophet-5. On appré­cie la rapi­dité des enve­loppes, ça claque bien sec ! Dans les aigus, aucun arte­fact numé­rique, aucun alia­sing, ou alors il faut appro­cher les 20 kHz. Dans ce domaine, le Sola­ris est unique !

brass 1
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  • brass 1 00:11
  • brass 2 00:21
  • brass 3 00:13
  • brass 4 00:18
  • choir mell 00:27
  • chor­dal 00:21
  • organ 00:21
  • strings jaws x1 00:39
  • strings jaws x4 00:47
  • strings pwm 00:42
  • vocal filter 00:26
  • funk1 00:19
  • funk2 00:20
  • hd sync ribon 00:45
  • tympani synthed 00:10

On passe aux textures hybrides, façon PPG Wave ou Prophet-VS : les ondes se mettent à table, les tables ondulent, les timbres deviennent cris­tal­lins, dans le bon sens du terme, subti­le­ment modu­lés. Puis on passe aux sono­ri­tés « numé­riques pures », comme celle géné­rées par FM linéaire. Le Sola­ris répond toujours présent, sans vaciller ! On peut même combi­ner ces timbres, puisqu’il y a 4 oscil­la­teurs indé­pen­dants… et même ajou­ter quelques échan­tillons PCM (les nôtres ou d’autres !) que l’on va tritu­rer comme de vulgaires oscil­la­teurs. Les nouveaux oscil­la­teurs à modu­la­tion et distor­sion de phase apportent de nouvelles couleurs sonores, de type DX7 et Casio CZ, une très bonne surprise livrée avec l’OS V2. Bref, on a l’im­pres­sion d’avoir plusieurs synthés sous la main, plusieurs couleurs, plusieurs époques, acces­sibles en une pres­sion de bouton (ou presque). Depuis notre test initial, la possi­bi­lité de créer du drift entre les voix a été ajou­tée, ce qui permet en partie de simu­ler l’in­sta­bi­lité des synthés analo­giques. Ce n’est pas encore parfait, car ça ne descend pas au niveau de l’os­cil­la­teur et ça ne concerne que le pitch. Les plus poin­tilleux pour­ront toujours recréer un drift par oscil­la­teur via les points de modu­la­tion, les géné­ra­teurs aléa­toires et les proces­seurs de Lag…

bass 1 pole
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  • bass 1 pole 00:12
  • bass 3 pole 00:21
  • bass anana 00:23
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  • bass ssm 00:56
  • bass taurus 1 00:29
  • bass taurus 2 00:26
  • exemple sola­ris 01:19
  • essai sola­ris texture 04:08

Désor­mais multi­tim­bral

Cela fait des années que les proprié­taires de Sola­ris attendent la multi­tim­bra­lité. C’est main­te­nant chose faite avec l’OS V2. Nous avons eu la chance de contri­buer modes­te­ment au déve­lop­pe­ment pendant une bonne année, à travers pas moins de 18 versions beta. Il va sans dire que la tâche n’a pas été aisée, puisque la contrainte du déve­lop­peur Jim était de s’en tenir à la couche de gestion des DSP, sans entrer dans le code DSP propre­ment-dit (néces­si­tant compé­tences et équi­pe­ment spéci­fiques). Désor­mais, un Preset de Sola­ris est un programme multi­tim­bral 4 canaux dont les voix sont allouées de façon statique. C’est donc par paire que l’on attri­bue les voix à chaque canal, un DSP produi­sant 2 voix : 10, 2+8, 2+2+6, 2+2+2+4, 4+6, ainsi que toutes les permu­ta­tions et combi­nai­sons déri­vées (on peut par exemple faire un Preset 8+2 ou 6+4, mais pas 7+3 ou 9+1…). Pour l’oc­ca­sion, l’ami François (un de plus !) alias kalas­pace nous a concocté des démos impres­sion­nantes basées sur des programmes multi­tim­braux de son cru. Bravo et merci à lui !

La gestion de la multi­tim­bra­lité se fait via 7 nouvelles pages menu, 3 par canal et 4 regrou­pant les 4 canaux sous forme de tableau. Les nouveaux para­mètres dispo­nibles pour chaque canal sont nombreux : acti­va­tion, nombre de voix (2–4–6–8–10), volume, tessi­ture, fenêtre de vélo­cité, canal Midi, trans­po­si­tion, accor­dage, pano­ra­mique, acti­va­tion des contrô­leurs physiques (pitch­bend, joys­tick X, joys­tick Y, ruban 1, ruban 2, pres­sion, molette de modu­la­tion, pédale de Sustain et pédale d’ex­pres­sion). A nous les Splits et Layers complexes sans rete­nue, enfin ! On alterne les canaux avec la touche Shift et les flèches verti­cales à gauche de l’écran prin­ci­pal. On peut aussi choi­sir/acti­ver/couper/isoler un canal avec les 4 touches de parties à droite de l‘écran prin­ci­pal. Pour ne pas partie de zéro, on peut impor­ter un canal d’un autre Preset et le renom­mer ; on peut aussi échan­ger des canaux ou copier un canal au sein du Preset en cours, c’est très souple. Il ne faut pas confondre les 4 canaux multi­tim­braux et les 4 parties de synthèse qui forment un canal, comme dans les précé­dents OS. Désor­mais, on peut faire tour­ner 16 oscil­la­teurs et 16 filtres diffé­rents en même temps en combi­nant les canaux multi­tim­braux et les parties de synthèse. Pour ce qui est des para­mètres de synthèse, c’est le canal actif qui est éditable avec les 5 écrans alpha­nu­mé­riques et les commandes corres­pon­dantes en façade. On peut toujours accé­der aux parties de synthèse avec la touche Shift et les touches Enable Part.

Kalas­pace 01 01
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  • Kalas­pace 07 ho00:49
  • Kalas­pace 08 ob00:34
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  • Kalas­pace 10 sh00:41
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Quasi modu­laire

John Bowen Solaris

Le Sola­ris ne fonc­tionne pas comme la plupart des synthés maté­riels. Plutôt qu’avoir des modules pré-connec­tés, il s’agit d’un système quasi modu­laire où on relie les modules avec des cordons virtuels. Le prin­cipe géné­ral des modu­la­tions est le suivant : comme sur un gros synthé modu­laire, une desti­na­tion peut être modu­lée par 1 à 4 sources (3 à 4 en géné­ral) suivant une quan­tité bipo­laire (+/- 100% ou en unités réelles suivant le para­mètre) ; cette quan­tité de modu­la­tion est elle-même modu­lée par une autre source (modu­la­tion type side­chain), là encore avec quan­tité d’ac­tion bipo­laire. Exemple : la largeur d’une onde à impul­sion est modu­lée par un LFO dont la quan­tité de modu­la­tion est liée à la molette. Ça marche avec les contrô­leurs physiques, les modules, l’au­dio interne, l’au­dio externe, le Midi… bref c’est sans fin et sans risque, puisqu’on ne risque pas de faire péter un compo­sant si on envoie un CV trop élevé !

Nous décou­vri­rons un par un les modules dispo­nibles, donc conten­tons-nous de citer oscil­la­teurs, rotors, mixeurs, effets d’in­ser­tion, filtres, amplis, LFO, enve­loppes, suiveur d’en­ve­loppe, proces­seurs de Lag, modu­la­teurs d’am­pli­tude, vecteurs, géné­ra­teurs de suivi de clavier, arpé­gia­teur, séquen­ceur à pas et effets globaux. Tout ce beau monde peut être connecté quels que soient les niveaux (sub audio ou audio), sans distinc­tion. La seule restric­tion concerne les 4 liai­sons filtres-effets d’in­ser­tion-amplis qui ne peuvent être croi­sées : ainsi, lorsque le signal d’un mixeur quel­conque est injecté dans le filtre n°1, il part dans l’am­pli n°1 via l’ef­fet d’in­ser­tion n°1 placé avant ou après le filtre n°1 (idem pour 2–3–4). Rien n’em­pêche ensuite de récu­pé­rer le résul­tat sortant de l’am­pli n°1 dans n’im­porte quel mixeur pour le réinjec­ter dans toute autre combi­nai­son filtre – effet d’in­ser­tion – ampli (y compris la n°1). Une restric­tion moins restric­tive qu’il n’y parait, tant les combi­nai­sons sont nombreuses, avec de multiples boucles de feed­back à la clé !

Section oscil­la­teurs

Il y a 4 oscil­la­teurs indé­pen­dants par voix. Chacun peut faire appel à diffé­rents modèles, sans consom­ma­tion de ressources addi­tion­nelles. Voici les diffé­rents modèles dispo­nibles avec l’OS V2 : oscil­la­teur géné­rique (MM1), géné­ra­teur à tables d’onde (WT), modé­li­sa­tion CEM (CEM), lecteur d’échan­tillons PCM (WAV), oscil­la­teur vecto­riel (VS), modé­li­sa­tion de Mini­moog (MINI), modu­la­tion de phase (PHSMOD). L’os­cil­la­teur MM1 offre 10 formes d’onde : sinus, triangle, rampe, dent de scie, impul­sion variable (0 à 100%), bruit blanc, bruit accor­dable, sinus <-> dent de scie conti­nuel­le­ment variable, sinus <-> carré conti­nuel­le­ment variable et mâchoire (7 dents de scie empi­lées à Detune conti­nuel­le­ment variable). La forme des ondes variables peut être modu­lée. Les oscil­la­teurs sont accor­dables au demi-ton près sur plus ou moins 5 octaves, puis au centième de demi-ton. Chaque oscil­la­teur MM1 peut être synchro­nisé à un autre, sa phase peut être déclen­chée à chaque nouvelle note et un glide peut être intro­duit (0 ms à 20 secondes). Pour les ondes simples, la phase peut être réglée de –180 à +180 degrés.

John Bowen Solaris

Les oscil­la­teurs WT reprennent l’en­semble des 64 tables d’ondes du Micro­wave, Waldorf ayant accepté que John Bowen les utilise exclu­si­ve­ment sur le Sola­ris. Chaque table dispose de 64 ondes que l’on peut balayer par une modu­la­tion. On peut aussi défi­nir le point de départ de lecture, accor­der les ondes comme précé­dem­ment et géné­rer du glide. L’os­cil­la­teur CEM repro­duit le circuit inté­gré Curtis CEM3340 utilisé notam­ment sur les Prophet-5 (Rev3), les OB-Xa/OB-8 et le Memo­ry­moog. Ici, on dispose des ondes dent de scie, triangle et impul­sion variable que l’on peut addi­tion­ner. La largeur d’im­pul­sion est modu­lable. Tout comme pour l’os­cil­la­teur type MM1, on peut accor­der, synchro­ni­ser et ajou­ter du glide (mais pas dépha­ser). L’os­cil­la­teur WAV permet quant à lui de char­ger des samples PCM confi­gu­rés au préa­lable sur ordi­na­teur, de les accor­der et d’ajou­ter du glide (cf. Import de Samples ci-dessous) ; la trans­po­si­tion fonc­tionne sans arte­fact numé­rique sur plus ou moins 2 octaves ; au-delà, on note parfois du clip­ping suivant le contenu harmo­nique et le niveau de l’onde d’ori­gine, mais aucun alia­sing vers le haut ni de buzz vers le bas. Pour sa part, l’os­cil­la­teur VS reprend les 94 ondes mono­cy­cliques origi­nelles du Prophet-VS (le bruit blanc est exclu, car dispo­nible par ailleurs). En combi­nant ces ondes aux 4 oscil­la­teurs dispo­nibles et en utili­sant les bons modu­la­teurs (enve­loppe bidi­men­sion­nelle, vecteurs) sur les mixeurs, on peut recréer un son complet de Prophet-VS.

WT 1
00:0000:16
  • WT 1 00:16
  • WT 2 00:16
  • VS 1 arp 00:38
  • VS 2 00:21

L’avant-dernier oscil­la­teur est une modé­li­sa­tion de Mini­moog déri­vée du logi­ciel Mini­max de Sonic Core. Au programme, les 6 posi­tions d’onde (triangle, dent de scie + triangle, dent-de-scie, impul­sion 1, impul­sion 2 et impul­sion 3). Là encore, on peut régler l’ac­cord et le glide. Pour faci­li­ter la program­ma­tion, la section oscil­la­teurs dispose de quelques commandes directes fort utiles : synchro­ni­sa­tion de fréquence à l’hor­loge (de 1/128 de batte­ment à 8 batte­ments, en alter­na­tive à l’ac­cor­dage direct), suppres­sion du suivi de clavier (accor­dage fixe de 0,00 Hz à 20 kHz, idéal pour la FM) et Low (pitch de réfé­rence –5 octaves, par exemple pour utili­ser un oscil­la­teur comme un LFO). Cool !

Enfin, tout droit débarquée avec la V2, on trouve la modu­la­tion de phase. On trouve en fait deux nouvelles familles d’os­cil­la­teurs : modu­la­tion de phase (ondes sinus, dent de scie à morphing et carré à morphing) et distor­sion de phase façon CZ Casio (dent de scie, carré, impul­sion, dent de scie avec impul­sion et trois ondes à réso­nance). Un para­mètre permet de verrouiller la phase des oscil­la­teurs pour éviter la suppres­sion de phase. Un autre permet de réduire la réso­lu­tion de 32 à 1 bit, pour progres­si­ve­ment déna­tu­rer le signal.

Pour modu­ler les para­mètres, on dispose de 4 slots par oscil­la­teur (pour rappel, un slot = source + quan­tité bipo­laire + source side­chain + action bipo­laire side­chain + desti­na­tion) : les desti­na­tions sont la fréquence (expo­nen­tielle), la fréquence linéaire (FM !!!), Shape (pour les oscil­la­teurs à ondes variables ou la distor­sion de phase) et la modu­la­tion de phase et le Shape (pour les oscil­la­teurs à ondes variables). Il y a une liste éten­due de plus de 80 sources dispo­nibles, que nous appel­le­rons « liste longue » : des CC Midi (5 numé­ros à défi­nir), les contrô­leurs physiques (boutons assi­gnables, pédales, molettes, joys­tick, vélo­cité, pres­sion, pres­sion poly­pho­nique externe, ruban x2), les modules « sub audio » (LFO, enve­loppes, suiveur d’en­ve­loppe, suiveurs de clavier, proces­seurs de Lag, séquen­ceur), les modules audio (oscil­la­teurs, rotors, mixeurs, effets d’in­ser­tion, filtres, bruit blanc, bruit rose, modu­la­teurs d’am­pli­tude, vecteurs) et les entrées audio (4 analo­giques et 2 numé­riques). On va bien plus loin qu’à la concur­rence, on remer­cie encore une fois les 32 bit / 96 kHz pour la maîtrise des modu­la­tions qu’ils permettent !

Import de samples

John Bowen Solaris

Comme nous l’avons vu, le Sola­ris peut utili­ser des échan­tillons PCM utili­sa­teurs au sein de ses oscil­la­teurs. Les samples sont stockés sur la carte CF au format RAW ou WAV en 16 bit mono. Cela néces­site de les orga­ni­ser en Sample Pools à partir d’un ordi­na­teur. Ce sont des fichiers texte qui défi­nissent, pour chaque sample, le nom du sample, le fichier RAW / WAV à utili­ser, son index, sa fréquence, sa longueur, ses points de boucle, sa note racine, son accor­dage et sa tessi­ture. Pour le moment, on ne peut char­ger qu’un seul sample par oscil­la­teur, donc un programme est limité à 1 multi­sample de 4 samples. John Bowen nous avait confié vouloir déve­lop­per l’uti­li­sa­tion directe de multi­samples, mais le projet n’a pas été mené à terme dans la V2, vu que cela touche le code DSP en profon­deur. Peut-être pour la V3 ?

Rappe­lons cepen­dant que la RAM interne maxi­male utili­sable est celle des DSP Sharc, limi­tée à 32 Mo. De même il faut char­ger les Sample Pools un par un à chaque fois, une auto­ma­tion serait la bien­ve­nue. Cela ne fera donc pas du Sola­ris un puis­sant lecteur d’échan­tillons comme un Kronos ou un PC3K, mais plutôt un synthé capable d’uti­li­ser des samples utili­sa­teurs comme de vulgaires formes d’onde. Signa­lons au passage que le bogue de l’im­port de Samples (bouclage) a été réglé de longue date depuis le test initial fait en OS V1.2.

Rotors inté­grés

Dans la section oscil­la­teurs, on trouve des petites bêtes intri­gantes : les rotors… il y en a 2 par voix.

John Bowen Solaris

Un rotor est une sorte de séquen­ceur à pas qui alterne les 4 signaux audio présents à son entrée. Pour chaque rotor, on commence par spéci­fier l’ac­cor­dage, sur plus ou moins 5 octaves par demi-ton et centième de demi-ton ; du coup, un rotor peut opérer à des niveaux audio comme un oscil­la­teur, créant une nouvelle forme d’onde, deve­nant ainsi une source sonore addi­tion­nelle. Ensuite, on règle la quan­tité de fondu entre les 4 entrées à faire tour­ner, le mode de synchro de la rota­tion (redé­clen­che­ment à chaque note ou rota­tion libre) et la phase de départ. Tout comme un oscil­la­teur, un rotor peut opérer à fréquence fixe et fréquence basse (-5 octaves) ; sa vitesse de rota­tion peut égale­ment être synchro­ni­sée à l’hor­loge interne / Midi ; on accède à ces choix avec les mêmes touches directes en façade que pour les oscil­la­teurs.

On défi­nit ensuite les 4 sources à faire tour­ner : typique­ment les oscil­la­teurs, mais aussi les rotors eux-mêmes, les modu­la­teurs d’am­pli­tude, les vecteurs, les mixeurs, les filtres, les effets d’in­ser­tion, les amplis, les géné­ra­teurs de bruit, les entrées audio… ou encore toutes les modu­la­tions, telles que LFO, enve­loppes, contrô­leurs physiques, CC Midi, séquen­ceurs à pas, tables de notes… les 4 sources injec­tées ont un niveau d’en­trée réglable. Chaque rotor peut être modulé par 4 sources, à choi­sir parmi la liste longue défi­nie précé­dem­ment, c’est-à-dire des modu­la­tions clas­siques ou audio. Les desti­na­tions sont le pitch (fréquence expo­nen­tielle) et la quan­tité de fondu. Une puis­sance remarquable pour les amou­reux des nappes planantes ou les savants fous ! 

pad live
00:0000:50
  • pad live 00:50
  • pad ob 1 00:32
  • pad ob 2 00:39
  • pad obli­vium 00:37
  • pad poly 00:26
  • pad reso 00:31
  • pad sirens 00:22
  • pad echoed 00:24
 

Mixeurs et effets d’in­ser­tion

John Bowen Solaris

Le Sola­ris dispose de 4 mixeurs par voix, pour mélan­ger 4 signaux avant d’at­taquer un autre module. Un mixeur peut rece­voir n’im­porte quelle source en entrée, tout comme un rotor : donc sources audio ou modu­la­tions, y compris les entrées externes. La sortie d’un mixeur peut être renvoyée vers sa propre entrée (feed­backs multiples assu­rés !). On commence par défi­nir les 4 signaux en entrée, leur niveau et le niveau final du mixeur. Reste ensuite à défi­nir les sources de modu­la­tion pour chacun des 5 niveaux, à choi­sir dans la liste longue précé­dem­ment défi­nie (cette fois sans side­chain).

Dans la même section, on trouve 4 effets d’in­ser­tion. Comme vu précé­dem­ment, ils sont liés aux 4 modules filtres–am­plis de même numéro. Dans chaque liai­son, l’ef­fet d’in­ser­tion peut être placé pré ou post-filtre. L’objet de ces effets est d’ajou­ter des harmo­niques et/ou distordre le signal : on trouve un réduc­teur de fréquence d’échan­tillon­nage (Deci­ma­tor), un réduc­teur de défi­ni­tion (BitChop) et une distor­sion (type soft clip). On défi­nit ensuite le place­ment de l’ef­fet, c’est-à-dire la source audio qui le traverse (mixeur ou filtre), puis son niveau d’ac­tion. Ce dernier est modu­lable par une source à choi­sir dans la liste longue, avec side­chain.

Section filtres

Tout comme les oscil­la­teurs, les filtres consti­tuent l’un des morceaux de bravoure du Sola­ris. Il y en a 4 par voix. En entrée, un filtre peut accep­ter n’im­porte quel signal, tout comme les rotors et les mixeurs ; pour le plai­sir : un oscil­la­teur en direct, un rotor, un mixeur, un effet d’in­ser­tion, un autre filtre (pour des combi­nai­sons en série en plus des combi­nai­sons en paral­lèle), un géné­ra­teur de bruit, une entrée audio, un ampli (feed­back) ; cela englobe aussi les signaux de modu­la­tion, tels que LFO, enve­loppes, contrô­leurs physiques, contrô­leurs Midi, séquen­ceur à pas, etc. Super ! En sortie de filtre, le signal est envoyé vers son ampli corres­pon­dant, via l’ef­fet d’in­ser­tion corres­pon­dant s’il est placé post-filtre (selon la restric­tion déjà discu­tée).

Il existe une multi­tude de filtres : le premier modèle est un filtre multi­mode réso­nant à 23 varia­tions, où les lettres repré­sentent le type (Low Pass, High Pass, Band Pass, Band Reject, All Pass) et le chiffre le nombre de pôles : LP4, LP3, LP2, LP1, HP4, HP3, HP2, HP1, BP4, BP2, BP2+LP1, BP2+LP2, BP2+HP1, BP2+HP2, BR4, BR2, BR2+LP1, BR2+LP2, BR2+HP1, BR2+HP2, AP3, AP3+LP1, AP3+HP1 ; certains choix évoquent indé­nia­ble­ment le Matrix-12 ; le mode LP4 simule le circuit Curtis CEM3320 que l’on trouve sur le Prophet-5 Rev3 (mais aussi l’OB-Xa, l’OB-8, le Synthex…).

Le deuxième modèle de filtre est une simu­la­tion du circuit SSM2040 que l’on trouve sur les Prophet-5 Rev1 et Rev2 ; il s’agit d’un filtre passe-bas à 4 pôles qui apporte un grain excep­tion­nel, même ouvert, alors que le CEM3320 est plus criard dans les fréquences élevées. Le troi­sième modèle repro­duit le filtre en échelle de tran­sis­tors du Mini­moog ; il s’agit d’un LP4 hyper réso­nant dont l’en­trée sature rapi­de­ment. Le quatrième modèle est une simu­la­tion du SEM Oberheim, un filtre multi­mode (LP / HP / BP / BR) 2 pôles à réso­nance très colo­rante.

Le cinquième modèle est un filtre en peigne capable d’opé­rer selon 2 modes : tube (boucle feed­back clas­sique permet­tant de créer des cordes pincées type Karplus-Strong – l’onde ressemble à une série de sommets arron­dis adja­cents) ; peigne (boucle feed-forward où le signal est prélevé, retardé et injecté après le point de prélè­ve­ment – l’onde ressemble cette fois à une série de sommets acérés adja­cents) ; cela n’est pas sans rappe­ler l’Acce­le­ra­tor de Radi­kal ; un para­mètre Damp permet d’injec­ter un filtre passe-bas 1 pôle dans le circuit de feed­back. Enfin, le sixième et dernier modèle est un filtre à voyelles, avec possi­bi­lité de faire du morphing entre les 5 voyelles de base ; le para­mètre de fondu étant modu­lable par à peu près n’im­porte quoi, on peut créer des textures très évolu­tives au sein même du filtre.

John Bowen Solaris

La fréquence de coupure des filtres varie sur une très large plage de 126 demi-tons (10 octaves + 6 demi-tons), avec une préci­sion au dixième de demi-ton. La réponse en fréquence est donc parfai­te­ment lisse à l’écoute. Elle dispose d’un suivi de clavier bipo­laire (+ ou – 200%) avec note pivot program­mable. Tous les filtres sont réso­nants et certains auto-oscil­lants, suivant le type retenu. John Bowen s’est donné beau­coup de mal pour modé­li­ser les filtres vintage, dont le carac­tère varie très nette­ment d’un type à l’autre. Une incon­tes­table réus­site qui contri­bue à la qualité sonore et la variété de grains (cette impres­sion d’avoir plusieurs synthés dans la même boîte dont nous parlions quelques para­graphes ci-avant).

Pour chaque module de filtre, il existe 4 points de modu­la­tion avec side­chain. Suivant le type de filtre, les desti­na­tions sont la fréquence de coupure, la réso­nance, le fondu et le para­mètre Damp. Comme précé­dem­ment, les sources sont à choi­sir dans la liste longue. Quel que soit le type de filtre, un para­mètre Boost est chargé de simu­ler le compor­te­ment d’un OTA analo­gique type Mini­moog (distor­sion soft type analo­gique, lorsqu’il est poussé au-delà de 70%) ; ce para­mètre est en fait placé dans la section Ampli, pour être dispo­nible quel que soit le type de filtre choisi (et pas unique­ment dans la simu­la­tion de filtre Mini­moog). Bien vu !

Section amplis

Les amplis, impro­pre­ment bapti­sés VCA puisqu’ils sont numé­riques comme tout le reste, sont unique­ment capables d’ac­cueillir le signal du filtre ou de l’ef­fet d’in­ser­tion corres­pon­dant (ça fait bien 3 fois qu’on le dit main­te­nant !). C’est donc fort logique qu’il y en ait 4 par voix. Ils peuvent fonc­tion­ner en mode linéaire, loga­rith­mique ou sigma (type Mini­moog). Après avoir réglé le Boost (satu­ra­tion décrite dans le para­graphe dédié aux filtres), on défi­nit le niveau de sortie et la posi­tion stéréo. Il reste alors à choi­sir 2 sources de modu­la­tion pour pilo­ter le niveau et le pano­ra­mique, dans la liste longue (pas de side­chain). En bout de chaîne, le volume final est contrôlé par la 6e enve­loppe, dont nous allons parler sans plus attendre.

Paquet d’en­ve­loppes

John Bowen Solaris

Il est rare de voir un synthé avec plus de 3 enve­loppes par voix. Sur le Sola­ris, il y en a 6 (même 7 comme nous le verrons plus tard !). Toutes sont assi­gnables, sachant que la 6e est pré-assi­gnée au volume final. Elles sont de type DADSR. Les segments ADSR sont modu­lables et ont une courbe distincte, allant de linéaire à expo­nen­tielle sur 128 valeurs ; même le Sustain a sa propre courbe, ce qui permet de créer un segment de modu­la­tion complé­men­taire (sorte de second Decay). Les temps varient de 0,0 ms à 20,0 secondes ; les tests audio démontrent à quel point ces enve­loppes peuvent être rapides et claquantes, on est très loin de la mollesse souvent consta­tée à la concur­rence !

Les sources de modu­la­tions de chaque segment ADSR se limitent à la vélo­cité, le suivi de clavier, la molette de modu­la­tion et les 4 premiers CC Midi assi­gnables (liste courte). Ces modu­la­tions n’ont pas de side­chain, on s’en serait douté. Par contre, la vélo­cité peut, en plus, contrô­ler le niveau de sortie de chaque para­mètre ADSR, en offset par rapport à l’en­ve­loppe program­mée. Ne nous ne plai­gnons pas… 

Tas de LFO

Le Sola­ris possède 4 LFO et 1 vibrato, qui figurent fière­ment dans la liste longue de sources de modu­la­tion. Ils ont tous un accès direct pour la synchro au tempo, l’off­set (déca­lage de forme d’onde dans le quadrant posi­tif) et le redé­clen­che­ment à l’en­fon­ce­ment de touche. Les formes d’onde dispo­nibles sont le sinus, le triangle, la rampe, la dent de scie, le carré et le Sample & Hold. Leur phase est réglable, en degrés. La fréquence peut varier entre 0 et 500 Hz, avec une préci­sion à 3 déci­males (millième de Hz). Chaque LFO peut commen­cer après un délai de 0,0 ms à 10,0 secondes, puis croître en fondu d’en­trée (plage 0,0 ms – 10,0 s), avant de décroître en fondu de sortie (plage 0,0 ms – 10,0 s égale­ment). Le niveau de sortie initial est lui aussi program­mable.

Le vibrato, quant à lui, est assi­gné au pitch des 4 oscil­la­teurs ; on peut égale­ment asser­vir son action à la molette de modu­la­tion, pour passer progres­si­ve­ment de zéro à une valeur maxi­male à défi­nir. Les autres para­mètres sont les mêmes que les LFO : forme d’onde, fréquence, phase, délai, fondu en entrée, fondu en sortie, niveau de sortie. La vitesse et le niveau de chaque LFO sont modu­lables via 3 slots avec side­chain. Les sources sont à choi­sir parmi la liste longue. On peut ainsi modu­ler la vitesse par le suivi de clavier, crucial pour obte­nir des pads PWM sans gargouillis dans les graves. Rien n’em­pêche aussi un LFO de s’auto-modu­ler, déli­rant ! 

Mixeurs vecto­riels

Le rôle des mixeurs vecto­riels est de mélan­ger 4 sources en temps réel, répar­ties 2 à 2 sur 2 axes perpen­di­cu­laires X/Y, comme dans le Prophet-VS. Chaque axe est modu­lable en temps réel par une source de la liste longue. On puise les sources aussi bien parmi les modules audio que les modu­la­tions, comme pour les rotors, mixeurs, filtres… avant de défi­nir le niveau de chacune. Il reste à déter­mi­ner les sources de modu­la­tion des axes X/Y, les quan­ti­tés de modu­la­tion et les offsets. Ainsi, en choi­sis­sant une source à 2 dimen­sions, on peut créer du morphing entre les 4 sources : on pense immé­dia­te­ment au Joys­tick, mais il existe une enve­loppe spéciale 2D pour program­mer des mouve­ments tempo­rels, comme sur le Prophet-VS.

John Bowen Solaris

Cette dernière est une enve­loppe bidi­men­sion­nelle à 8 segments, avec possi­bi­lité de bouclage. Les 8 temps sont expri­més en secondes (1,0 ms à 20,0 s) ou en divi­sion tempo­relle, puisque cette enve­loppe est synchro­ni­sable à l’hor­loge Midi. On déter­mine alors les points de bouclage de l’en­ve­loppe (segments de début et de fin) et on règle les 2 ensembles de 8 valeurs pour les niveaux (bipo­laires). Mais ce n’est pas tout, puisque les temps et les niveaux sont globa­le­ment modu­lables par une source tirée de la liste courte (celle des enve­loppes clas­siques), avec une quan­tité bipo­laire (+ ou – 300%). Comme pour les enve­loppes clas­siques, la courbe des segments est modi­fiable (de linéaire à expo­nen­tielle, sur 128 valeurs), mais cette fois pour l’en­semble. Lorsque la boucle est bouclée, le nombre de répé­ti­tions peut varier de 1 à 9, ou tour­ner à l’in­fini. Balaise !

 

Modu­la­tions d’am­pli­tude

Le prin­cipe des 2 modu­la­teurs d’am­pli­tude du Sola­ris est de faire varier l’am­pli­tude d’un signal porteur par l’am­pli­tude d’un signal modu­la­teur. À basse fréquence de modu­la­tion, on obtient un effet type trémolo. Mais dès que la fréquence du modu­la­teur dépasse les 10 Hz, on commence à ajou­ter des harmo­niques au porteur. Par exemple, quand on multi­plie 2 sinus, on obtient deux partiels centrés autour de la fréquence fonda­men­tale du porteur, dont les fréquences sont la somme et la diffé­rence des fréquences des 2 signaux, et l’am­pli­tude la moitié de celle du porteur. Sur le Sola­ris, on peut entrer ce qu’on veut comme signaux porteurs et modu­la­teurs, pas unique­ment des oscil­la­teurs.

Pour corser le tout, on dispose d’al­go­rithmes variés d’in­ter­mo­du­la­tion : Shift produit la modu­la­tion d’am­pli­tude clas­sique décrite précé­dem­ment ; Clip multi­plie les 2 signaux et distord le résul­tat, condui­sant à des partiels plus puis­sants et des annu­la­tions de phase sur la fonda­men­tale du porteur ; Abso­lute produit l’ef­fet inverse en créant 2 partiels faibles autour de la fonda­men­tale ; enfin, Ring crée 2 partiels puis­sants et élimine la fonda­men­tale (modu­la­tion en anneau clas­sique). La quan­tité de modu­la­tion est réglable ; Sola­ris oblige, cette quan­tité est modu­lable par une source side­chain à choi­sir dans la liste longue. No comment !

De la table au Lag

John Bowen Solaris

Profi­tons-en un instant pour applau­dir tous ceux qui sont encore parmi nous ! Nous allons main­te­nant suivre le clavier de près. Le Sola­ris propose 4 tables de notes (Key Tables, sortes de suiveurs de clavier complexes), qui trans­forment chaque note en une modu­la­tion suivant une échelle program­mable. Pour cela, on choi­sit une note en appuyant tout simple­ment dessus, puis on règle la quan­tité de modu­la­tion (de 0 à 100%). On n’est pas obligé de trai­ter toutes les notes une par une, le Sola­ris est capable d’in­ter­po­ler les valeurs entre deux notes si on lui demande genti­ment. La page d’édi­tion est un peu complexe, il faudrait à notre sens une repré­sen­ta­tion graphique de la table obte­nue en temps réel, ce qui vien­dra peut-être dans une future mise à jour.

Passons main­te­nant aux proces­seurs de Lag, eux aussi au nombre de 4 par voix. Ce sont ni plus ni moins que des filtres passe-bas 1 pôle qui servent à adou­cir les signaux, par exemple trans­for­mer un esca­lier en rampe. Utili­sa­tions : lissage des pas du séquen­ceur, adou­cis­se­ment d’une onde Sample & Hold de LFO (pour simu­ler le léger drift d’os­cil­la­teurs analo­giques, tiens donc !), atté­nua­tion de pics de modu­la­tions dans les niveaux audio (élimi­na­tion du bruit numé­rique généré par les signaux à fréquence élevée)… Pour chacun des 4 proces­seurs, on choi­sit l’en­trée à atté­nuer et le temps d’ac­tion (de 0,0 ms à 1,1 s). Puis­sant ! 

Arpé­gia­teur program­mable

John Bowen Solaris

Le Sola­ris offre un arpé­gia­teur program­mable que l’on peut enclen­cher et main­te­nir par 2 touches en façade. Le tempo est acces­sible par pres­sion d’une touche et se synchro­nise à l’hor­loge interne / Midi. Une page est réser­vée à l’ar­pé­gia­teur dans l’écran graphique prin­ci­pal. On y règle la direc­tion de jeu des notes main­te­nues (haut, bas, alter­née, comme joué, aléa­toire et accord, tout cela avec une réserve de 61 notes !), la tessi­ture (1 à 4 octaves), le numéro de motif (63 Presets et 1 utili­sa­teur), la réso­lu­tion (divi­sion tempo­relle Midi), le temps de porte, le tempo, la réponse en vélo­cité, le main­tien, la longueur de motif (1 à 32 pas) et le swing.

Pour créer un motif utili­sa­teur, il faut passer par un éditeur externe gratuit. Le Sola­ris est connecté en USB (sur le canal Midi zéro !) pour une utili­sa­tion simul­ta­née ; la version bêta de l’édi­teur initia­le­ment dispo­nible pour PC (Windows 32/64 bits) a été portée sur Mac (OSX) par un client. On y crée des motifs d’ar­pèges pour chaque programme, sur 1 à 32 pas (voir capture d’écran). Pour termi­ner ce tour d’ho­ri­zon de l’ar­pé­gia­teur, signa­lons que les notes arpé­gées sont trans­mises via Midi.

lead arp 1
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  • lead arp 1 00:46
  • lead arp 2 00:29
  • lead emblem 00:21
  • lead fb 00:15
  • lead saw 00:39
  • lead sine 00:30
  • lead square arp 01:15

Séquen­ceur à pas

Le séquen­ceur à pas du Sola­ris propose 4 lignes de 16 pas, le tout étant mémo­risé dans chaque programme. Chaque ligne peut avoir un point de bouclage indé­pen­dant des autres, ce qui permet des motifs / modu­la­tions complexes, peu répé­ti­tifs. Les 4 lignes sont assi­gnables à toutes les desti­na­tions possibles du Sola­ris parmi la liste longue de modu­la­tions (donc à peu près tout sauf les segments d’en­ve­loppes). Aucune ligne n’est assi­gnée au pitch par défaut, donc on peut créer des modu­la­tions pures. En conjonc­tion avec les 4 proces­seurs de Lag, on peut lisser les évolu­tions entre les pas.

La vitesse du séquen­ceur est synchro­ni­sable à l’hor­loge interne (tempo) ou Midi (divi­sion tempo­relle). On commence par défi­nir le mode de jeu : lecture depuis le début du motif à chaque nouvelle note jouée, lecture conti­nue en fond de tâche, lecture depuis le début sans redé­clen­che­ment des enve­loppes, lecture conti­nue sans redé­clen­che­ment des enve­loppes, avance de pas à chaque nouvelle note ; comment ont-ils pensé à tout ça ? Puis viennent la divi­sion tempo­relle, le motif (63 Presets et 1 utili­sa­teur), le swing, le tempo, la longueur du motif (pour chaque ligne) et la valeur des 16 pas (égale­ment pour chaque ligne). Il ne manque que des para­mé­trages du sens de lecture pour être parfait (à l’en­vers, alterné, aléa­toi­re…).

seq 1
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Effets globaux

En plus des 4 effets d’in­ser­tion, le Sola­ris dispose de 4 effets globaux appliqués en bout de parcours : chorus / flan­ger, phaser, délai, EQ. Ces effets peuvent être placés dans 4 canaux d’ef­fets (bus). Un effet n’existe qu’en un seul exem­plaire, donc quand il est logé dans un bus, il n’est plus dispo­nible pour un autre (dommage, on aurait aimé 8 voire 16 effets !). À l’en­trée d’un bus d’ef­fets, on peut injec­ter un ampli, l’une des 6 entrées audio externes ou un autre bus d’ef­fets. Un bus peut conte­nir 1 à 4 effets en série. Sa sortie est ensuite envoyée vers l’une des paires de sorties physiques (4 paires analo­giques et 1 paire numé­rique). Avec un peu d’as­tuce et beau­coup d’en­trai­ne­ment, on arrive à faire des combi­nai­sons série / paral­lèle complexes.

John Bowen Solaris

Le chorus / flan­ger offre 8 para­mètres : fréquence (0,00 à 50,00 Hz), profon­deur, phase (+/- 180°), offset (déca­lage de la fréquence centrale balayée), gain d’en­trée, feed­back (0 à 100%), niveau de sortie du signal sec et niveau de sortie du signal traité. Le phaser a les mêmes para­mètres que le chorus / flan­ger, sauf que l’off­set varie de 0,00 à 20.000,00 Hz. Le délai est décliné en 2 variantes : délai stéréo et cross-délai ; dans le second cas, les 2 lignes de feed­back sont croi­sées ; les para­mètres dispo­nibles sont les temps de délais gauche / droit (en milli­se­condes ou en divi­sion tempo­relle pour synchro­ni­sa­tion au tempo), les feed­backs gauche / droit (en %), l’at­té­nua­tion des hautes fréquences, les niveaux de sortie des signaux secs / trai­tés et le mode de synchro (libre ou horloge interne / Midi). Enfin l’EQ est un full para­mé­trique 3 bandes, pour lesquelles on déter­mine la fréquence centrale (0,00 à 20.000,00 Hz), le gain (+ ou – 12,0 dB) et le Q (largeur de bande passante). Vue la modu­la­rité du Sola­ris, on aurait aimé pouvoir modu­ler les para­mètres d’ef­fets en temps réel ; de même, quelques algo­rithmes de réverbe auraient été les bien­ve­nus, en complé­ment aux délais. Mais c’est surtout au regard de la multi­tim­bra­lité de la V2 que cette section doit sérieu­se­ment être amélio­rée, puisque tous les canaux y sont pour le moment trai­tés sans distinc­tion. Le 6ème DSP a encore de la ressource sous le pied, mais il faut que John trouve un déve­lop­peur DSP Sharc dispo­nible et lève à nouveau des fonds parmi les proprié­taires de Sola­ris…

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Trai­te­ments externes

Le Sola­ris dispose de 4 entrées analo­giques (jacks 1 à 4) et 2 entrées numé­riques (S/PDIF gauche ou droite) pour trai­ter des signaux externes ou les utili­ser comme sources de modu­la­tion, puisqu’ils font partie de la liste longue de sources. Il faut déclen­cher les enve­loppes pour entendre un signal externe traité (par appui sur une touche, fonc­tion Hold, séquen­ceur, arpé­gia­teur…). On peut donc filtrer ces signaux (en série, en paral­lèle ou tout autre combi­nai­son), les trai­ter avec un effet d’in­ser­tion, les envoyer dans les rotors, les mélan­ger avec les vecteurs, les tordre avec les modu­la­teurs d’am­pli­tu­de…

John Bowen Solaris

Il est même possible d’en extraire la courbe d’en­ve­loppe pour créer une modu­la­tion, grâce au suiveur d’en­ve­loppe. Ce dernier analyse l’am­pli­tude du signal externe en temps réel, suivant des niveaux d’at­taque / déclin para­mé­trables, afin de lisser plus ou moins d’éven­tuelles varia­tions abruptes dans le signal lors de la recréa­tion de l’en­ve­loppe de modu­la­tion. Les gains d’en­trée et de sortie sont égale­ment réglables. Autres utili­sa­tions sur un signal externe : un proces­seur de Lag comme filtre passe-bas 1 pôle fait minute ou encore un rotor boosté dans les niveaux audio, pour pitcher les signaux sources en temps réel et les jouer en poly­pho­nie ; à expé­ri­men­ter !

Enfin, voici une dernière utili­sa­tion des entrées audio, donnée ici à titre infor­ma­tif, faute de modu­laire analo­gique sous la main pour la tester : le mode d’em­ploi décrit la possi­bi­lité d’injec­ter des contrôles externes à la place de signaux audio. Par exemple, entrer un LFO analo­gique issu d’un système modu­laire dans le Sola­ris via l’une des 4 entrées analo­giques. Ce signal serait alors converti en numé­rique en temps réel pour être utilisé comme source externe de modu­la­tion, réunis­sant ainsi les deux mondes modu­laires. À véri­fier…

Minute Midi

Un petit mot sur les capa­ci­tés Midi de la bête avant de conclure. Grâce à la V2, le Sola­ris se trans­forme en puis­sant clavier de commande sur 4 canaux Midi simul­ta­nés, avec zonage par canal et pilo­tage interne/externe. On peut enfin profi­ter de la qualité du clavier Fatar TP/8 dans des confi­gu­ra­tions complexes. On peut filtrer un certain nombre de para­mètres : chan­ge­ments de programme, émis­sion des notes arpé­gées, mode Omni, mode local, trans­mis­sion des NRPN, récep­tion des NRPN, signaux Midi, horloge Midi, volume Midi… On peut aussi défi­nir les 5 numé­ros de CC à utili­ser dans la liste longue (tous les 5) et la liste courte (les 4 premiers CC unique­ment) de sources de modu­la­tion, utile par exemple si on veut pilo­ter le Sola­ris avec un contrô­leur externe. Comme les CC Midi n’ont que 128 valeurs, contrai­re­ment aux NRPN, ils peuvent créer des effets de pas audibles : la solu­tion, un petit tour dans un proces­seur de Lag réglé sur quelques milli­se­condes. 

A star is born

Nous voici arri­vés au terme de ce test détaillé. Le Sola­ris nous a enchan­tés, au point de l’ac­qué­rir après l’avoir écouté au Musik­messe. C’est encore plus vrai avec la V2 qui le rend multi­tim­bral et lui ajoute des oscil­la­teurs à modu­la­tion de phase. Ce qui nous a frap­pés dans la machine, c’est cette qualité quasi irré­pro­chable à tous les niveaux : aucun compro­mis dans le son, aucun compro­mis dans la construc­tion, aucun compro­mis dans l’er­go­no­mie. Évidem­ment, la machine n’est pas exempte de tout défaut : l’ali­men­ta­tion externe sans fixa­tion sécu­ri­sée, l’im­pos­si­bi­lité de chan­ger l’angle de vue des écrans (sauf à passer en OLED), les effets limi­tés et l’USB réduit au Midi. La poly­pho­nie de 10 voix pourra paraître juste à certains, 15 aurait été le chiffre idéal. Au-delà de toutes ses quali­tés, le Sola­ris se montre capable d’imi­ter, voire rempla­cer, un certain nombre de synthés d’hier et aujour­d’hui, y compris des poly­pho­niques mythiques : meilleure dyna­mique, meilleure profon­deur, meilleure présence, meilleure poly­va­lence, meilleure fiabi­li­té… plus qu’il n’en faut pour deve­nir une légende. Un instru­ment unique à mettre entre les mains de ceux qui recherchent la qualité sans compro­mis, au studio comme sur scène…

Inter­view de John Bowen (réali­sée en 2013 pour la version 1.2 – non mise à jour)

John Bowen

La gentillesse et la modes­tie de John Bowen n’ont d’égal que son talent. C’est en toute simpli­cité et décon­trac­tion qu’il a donc accepté de répondre à nos ques­tions.

AF : John, quels sont les moments forts de ta vie ?

JB : 1) Deve­nir père. 2) Rencon­trer la femme de ma vie et nous marier à Yose­mite (NDLR : magni­fique parc natio­nal de la Sierra Nevada, Cali­for­nie). 3) Avoir eu la chance de connaître et travailler avec certains des plus grands de l’his­toire du synthé : Bob Moog, Tom Oberheim, Dave Smith et toute la famille Korg. 4) Rencon­trer mes idoles de la musique, le Maha­vi­shnu Orches­tra et depuis, l’op­por­tu­nité de travailler avec Billy Cobham (j’ai commencé comme batteur, tu vois !). 5) Travailler pour atteindre mon but d’en­re­gis­trer des albums, en faisant partie d’un grand groupe musi­cal, le Niel­sen Pear­son Band. 6) Prendre la déci­sion coura­geuse de quit­ter Korg pour travailler chez Cream­wa­re… même si cela n’a duré qu’un an, cela m’a conduit à construire une belle amitié avec Hans Zimmer, l’un des premiers clients de mes plug-ins pour Scope, avant de m’as­so­cier fina­le­ment avec mes collègues de l’ex-société Cream­ware, ce qui a conduit au déve­lop­pe­ment du Sola­ris, qui est l’apo­gée de mon expé­rience à travers les années.

AF : Juste­ment, comment est né le projet Sola­ris ?

JB : Je te la fais courte ? Deux anciens collègues des années Cream­ware ont décou­vert qu’ils pouvaient lever des fonds gouver­ne­men­taux pour monter un projet tech­no­lo­gique. Nous avions souvent discuté sur le sujet du hard­ware, après toutes ces années consa­crées unique­ment au soft, et quand cette oppor­tu­nité est arri­vée, ils ont fait une propo­si­tion qui a été rete­nue. Ce que nous allions alors conce­voir n’était pas encore bien défini à cet instant.

AF : Qu’est-ce qui t’a conduit à défi­nir ces spéci­fi­ca­tions et ce type d’er­go­no­mie ?

JB : J’avais décidé d’uti­li­ser mon plug-in Sola­ris comme base de travail pour le projet hard­ware, puisque c’était le mieux vendu de mes plugs, et aussi le plus ambi­tieux ! Je savais déjà que je voulais des écrans multiples repré­sen­tant les diffé­rentes sections, alors j’ai recher­ché les plus longs écrans textes dispo­nibles dans le commerce (pour éviter d’en conce­voir sur-mesure). Ce que nous avons fina­le­ment trouvé nous a permis de faire tenir 5 para­mètres confor­ta­ble­ment ; du coup il fallait que je regroupe toutes les fonc­tion­na­li­tés du plug-in par paquets de 5 (il y en avait 8 sur le soft­ware, ce qui repré­sen­tait un premier chal­lenge !).

AF : En quoi le Sola­ris est-il unique ?

JB : Pendant toutes les années où j’ai travaillé pour des grosses socié­tés, j’avais souvent vu à quel point beau­coup de compro­mis étaient faits en matière de spéci­fi­ca­tions, de qualité sonore, etc. Être capable de faire quelque chose en m’af­fran­chis­sant de toutes ces limites me permet­trait de créer un instru­ment unique dans ses fonc­tion­na­li­tés, son inter­face utili­sa­teur, avec une qualité audio sans compro­mis.

AF : Quelles ont été les prin­ci­pales diffi­cul­tés et comment les as-tu surmon­tées ?

JB : D’abord les fonds… ça, plus le fait de trou­ver des personnes avec la même quête de l’ex­cel­lence sans compro­mis que moi, ont été les deux prin­ci­paux chal­lenges. Pour les fonds, cela est toujours une bataille très dure, mais nous avons été capables de rassem­bler une équipe qui est parve­nue à accom­plir ce que j’avais espéré. 

AF : Quels ont été les grands moments de bonheur pendant le projet ?

JB : En tant que concep­teur d’ins­tru­ment, tu espères toujours faire quelque chose qui apporte l’ins­pi­ra­tion créa­tive. Tu souhaites aussi qu’il y ait des gens qui « captent » ce que tu essaies d’ob­te­nir. Du coup, je dirais que les meilleurs moments ont été quand les clients m’ont dit dans les yeux, ou par e-mail, à quel point ils aimaient le Sola­ris, à quel point ils étaient heureux que je me sois défoncé pour aller au bout, etc. Ce type de retour m’ap­porte des sensa­tions extra­or­di­naires.

AF : Comment sont répar­tis les rôles entre SC et toi ?

JB : Il y a eu diffé­rentes formules. Au départ, j’étais tota­le­ment dépen­dant d’eux pour faire émer­ger le projet, puisqu’ils avaient eu par le passé l’ex­pé­rience des produits maté­riels (bien qu’au­cun n’ait eu la dimen­sion du Sola­ris !). Mon rôle était de défi­nir les fonc­tion­na­li­tés et l’in­ter­face utili­sa­teur ; le leur était de créer les circuits corres­pon­dants et de monter l’équipe capable de déve­lop­per la partie logi­cielle. Au final, je suis davan­tage devenu asso­cié aux choix maté­riels, en même temps que j’ap­pre­nais les moindres petits détails requis (et que je n’avais jamais appro­ché dans mes précé­dentes socié­tés). Inutile de dire que c’était un projet bien plus complexe que je l’avais imaginé. Depuis 2 ans, je me suis beau­coup plus impliqué dans la gestion de produc­tion, mais je suis toujours limité par mon fonds de roule­ment pour pouvoir faire tour­ner les choses de manière aussi fluide que j’ai­me­rais. 

AF : Comptes-tu augmen­ter la poly­pho­nie, appor­ter la multi­tim­bra­lité ?

JB : Nous avons récem­ment eu une réunion d’in­gé­nie­rie concer­nant les futures amélio­ra­tions et aussi tout ce que nous avions prévu au départ (les choses que nous avons dû lais­ser de côté pour pouvoir espé­rer sortir quelque chose un jour !). Je pensais qu’on pour­rait augmen­ter la poly­pho­nie en opti­mi­sant le code, mais cela ne me parait plus possible aujour­d’hui. Le multi­mode, lui, est toujours prévu au cata­logue.

AF : sur quelles autres amélio­ra­tions impor­tantes travailles-tu pour le Sola­ris ?

JB : Il y a un paquet de choses – mais si j’en parle main­te­nant, je pense que ça va appor­ter de la frus­tra­tion chez certains, qui se mettraient alors à attendre chaque jour une nouvelle amélio­ra­tion, puis à poster des trucs sur les forums… les déve­lop­pe­ments d’OS ont toujours tendance à paraître plus longs que ce qu’on souhaite ;-) 

AF : Que fais-tu dans la vie en dehors de tes déve­lop­pe­ments ?

JB : Eh bien, j’adore jouer en live avec mon groupe Ventura High­way Revi­si­ted (VHR pour les intimes). Je joue de la basse, qui est mon instru­ment de prédi­lec­tion, parce qu’il se marie parfai­te­ment avec la ryth­mique de la batte­rie et les accords + la mélo­die du piano ; et puis ça néces­site en géné­ral de ne s’oc­cu­per que d’une seule note à la fois !

AF : Des choses à ajou­ter ?

JB : Comme je l’ai dit, je me suis atta­ché à deux quêtes majeures lors de la concep­tion du Sola­ris : 1) une haute qualité sonore, qui manquait à mon sens à la plupart des produits commer­ciaux popu­laires et 2) une approche de l’in­ter­face utili­sa­teur qui asso­cie la manière de travailler avec les synthés, la sophis­ti­ca­tion et l’er­go­no­mie que le numé­rique nous permet de créer. Si j’en crois les retours que j’ai eus, il semble que nous ayons réussi ces deux paris, ce qui est très satis­fai­sant pour moi en tant que concep­teur. Et je dois remer­cier tous ceux qui sont deve­nus mes clients directs, parce qu’ils ont été co-inves­tis­seurs à mes côtés et ont contri­bué à faire exis­ter ce synthé. Leur patience, leur confiance et leur soli­da­rité envers moi ont été extra­or­di­naires et je leur en suis extrê­me­ment recon­nais­sant !

Sola­ris design story

Avec John, nous avons remonté le temps pour évoquer les diffé­rents proto­types de Sola­ris, avec quelques anec­dotes crous­tillan­tes… le premier proto lui a été révélé dans la maison de Holger, le boss de Sonic Core. Lui et son asso­cié Juer­gen sont arri­vés avec le proto soigneu­se­ment caché sous une couver­ture, puis se sont appro­chés de lui avec céré­mo­nie, avant de lui dévoi­ler d’un seul coup, tada ! À la vue de la chose, John fut litté­ra­le­ment médusé, on le comprend ! Du coup Holger & Juer­gen n’ont jamais osé avouer que c’était leur design. Seul hic, c’était 3 semaines avant la Musik­messe, hors de ques­tion pour John de présen­ter ce modèle !

Il a donc fait appel à Axel Hart­mann, en le suppliant de faire un travail en rush pour la Musik­messe (ce qu’il fit genti­ment pour un petit extra, bien sûr…). Cela fut contrai­gnant, car John avait déjà décidé où tout devait être posi­tionné (les écrans, les boutons…). Mais le résul­tat fut bien meilleur qu’au­pa­ra­vant.

Proto 1 – design initial Proto 2 – design Axel Hart­mann

 

Le troi­sième proto­type a été déve­loppé par l’as­so­cié finan­cier de John, Goffe Torger­son. On constate que le nombre d’en­co­deurs a été réduit de 40 à 35 (il y avait à l’ori­gine la possi­bi­lité d’édi­ter les 6 enve­loppes 2 par 2, mais ça s’est révélé à l’usage plus confus que pratique).

Proto 3 – design foncé Proto 3 – design clair

 

De même, un joys­tick (oublié depuis le départ) et un petit ruban ont fait leur appa­ri­tion. John a ensuite étudié la possi­bi­lité de livrer la version claire avec des capu­chons clairs ; cela peut être proposé en option.

Dans le modèle final de produc­tion, le joys­tick a été abaissé juste au-dessus des molettes, pour une meilleure ergo­no­mie. Aujour­d’hui, John propose des flancs en alu en option pour 99 €. On peut aussi acqué­rir un Sola­ris équipé d’écrans alpha­nu­mé­riques OLED et un écran central LED à fond noir (pas de modèle OLED compa­tible à ce jour) ; un kit d’ins­tal­la­tion est aussi dispo­nible pour les proprié­taires d’an­ciens Sola­ris. Nous avons fait cette trans­for­ma­tion assez simple.

Proto 3 – design clair avec boutons clairs Design final – option flancs en alu

 Télé­char­gez les fichiers sonores (format FLAC) et la liste des banques de sons (format PDF)

9/10
Award Valeur sûre 2021
Points forts
  • Désormais multitimbral (OS V2)
  • Qualité sonore exceptionnelle
  • Variété des timbres
  • Construction haut de gamme
  • Souplesse et modularité
  • Modulations audio et sub-audio indifférenciées
  • Ergonomie très soignée
  • Import de samples utilisateur
  • Nombreux modèles d’oscillateurs et de filtres
  • Qualité des émulations VCO & VCF
  • Enveloppes nerveuses
  • LFO rapides (audio)
  • Fréquences de travail audio
  • Arpégiateur programmable
  • Séquenceur à pas intégré
  • Multieffets intégrés
  • Long ruban double
  • 4 entrées audio
  • 8 sorties séparées
  • Entrées / sorties numériques
  • Midi over SB
Points faibles
  • Polyphonie limitée
  • Effets statiques et globaux
  • Version LCD à angle de vision non ajustable
  • Alimentation externe
  • Pas d’audio over USB
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.