DAP-Audio P-1200 Vintage

POWER AMPLIFIER

Aha, encore un amplificateur PA sur le banc d’essai! A une époque où la mode des haut-parleurs actifs atteint des sommets, vous pourriez imaginer que les amplificateurs “séparés” se font rares et que tout le monde adore soulever quelques kilos supplémentaires d’électronique pour les hisser sur un trépied, même si le haut-parleur se trouve en position inconfortable en plein air. DAP, un mariage sino-néerlandais, a déjà proposé de nombreux produits populaires à des prix attractifs. La série Palladium, avec sept variantes de puissance, n’est pas vraiment nouvelle – elle date de 2003, j’ai pu lire au dos de la notice - mais une ligne d’amplificateurs avec plus de 50.000 pièces vendues, doit avoir quelque chose qui fascine les gens. Jetons-y un coup d’oeil!

Nous avons devant nous le P-1200, dans sa version actuelle proposant 2 x 530W RMS sous une charge de 8 ohm en stéréo et 1600W RMS en 8 ohm bridgé. Il se situe quelque part au milieu de la série Palladium, qui commence avec le P-400 (2 x 150W sous 8 ohms) et se termine avec le P-2000 (2 x 700W sous 8 ohms). Les désignations font référence aux puissances que ces amplificateurs peuvent délivrer en “bridged mode” et en étage de puissance mono maximal, dans leur configuration d’origine. Aujourd’hui, les chiffres sont quelque peu supérieurs, alors que les désignations ont été conservées. L’ampli est de facture assez classique. Le constructeur nous dit que les étages de puissance fonctionnent en classe H. C’est en fait un peu comme une classe AB, dont la tension d’alimentation de l’étage de puissance est activée automatiquement à la hausse ou à la baisse en fonction de la sollicitation demandée à l’étage de puissance. A l’origine c’était une bonne idée de prévoir une tension d’alimentation variable, car de cette façon il était plus facile de maintenir sous contrôle la production de chaleur dans l’étage de puissance, mais actuellement les étages de puissance lourds sont très souvent conçus dans cette classe H, pour autant bien sûr que l’on ne travaille pas dans l’émergente (et commutante) classe D omniprésente aujourd’hui. Cette tension d’alimentation est en tout cas prévue de la manière la plus classique dans la série Palladium, donc avec un fameux transformateur toroïdal. Cela ne nous donne évidemment pas un amplificateur léger. La toute nouvelle version affiche un bon 16 kg sur la balance. Venant d’un pénible 26 kg en 2003, nous ne pouvons bien sûr que nous réjouir quant à l’évolution pondérale…

Un panneau frontal de couleur aluminium (les Palladiums sont également disponibles en noir) avec pour chaque canal les LED appropriées pour l’alimentation, le signal (2 LED), clip et protection, en bleu et en rouge: cela lui confère une certaine aura. Littéralement aussi, car les LED sont très lumineux et même un peu aveuglant, si vous les regardez de face. Certains utilisateurs trouveront cela «super cool», d’autres peut-être un peu exagéré ... Sur la façade on trouve encore en outre deux commandes rotatives simples pour le volume du canal. Le boîtier en métal est de construction très solide, avec une plaque frontale épaisse, et des coins de renfort additionnels sur les oreilles du rack de 19 pouces et les points d’attache arrière. Il y a deux ventilateurs qui soufflent de l’air sur les deux noyaux, avec des transistors situés de part et d’autre de la face latérale sur toute la profondeur du caisson. Le transformateur lourd, installé centralement, ne semble pas particulièrement bénéficier de ce refroidissement. Pour le reste, cela semble efficace, mais les ventilateurs sont un peu bruyants. Pour une utilisation par un DJ cela ne pose absolument aucun problème, mais pour une utilisation en studio ils pourraient être plus silencieux. Tout cela dépend évidemment du public cible: DAP vise avec ces amplificateurs en particulier les applications DJ et de sonorisation. Outre les connecteurs habituels XLR, jack et speak-on, on trouve également à l’arrière des bornes à vis supplémentaires pour les enceintes, ce qui peut s’avérer pratique pour les applications en installation fixe. J’ai trouvé les poignées à gauche et à droite sur la face avant moins réussies: pour un appareil d’un tel poids, elles vous coupent les mains lors du transport. A l’arrière on trouve encore un interrupteur avec lequel il est possible de commuter les deux canaux en parallèle sur un seul signal d’entrée et avec lequel on peut également enclencher le “bridged mode”. Il n’y a pas de sortie supplémentaire speak-on pour le mode bridge, il nous faudra pour cela serrer des vis ... Il y a aussi un interrupteur “ground lift”. Vous le remarquez: on pourrait presque utiliser ce Palladium en tant que matériel didactique pour montrer à quoi ressemble un ampli classique.

J’ai utilisé cet amplificateur pour me constituer un kit DAP (caisson de basse et top) et ça a réussi plutôt facilement vu son énorme puissance. Même sans véritablement le mesurer, on entend que les pics sont renforcés sans problème, même si le set est déjà très puissant. Il faut un certain temps pour s’y habituer, bien sûr, parce que le palladium est un amplificateur linéaire classique et le son est donc différent. Moins rempli que les nombreuses enceintes actives actuelles, où l’on trouve pratiquement partout l’un ou l’autre processeur. Cela n’est pas un problème en soi - après tout, les processeurs sont vendus séparément, souvent comme filtre actif basses / top. La puissance de cet ampli est certainement suffisante pour pouvoir réagir sans distorsion aux corrections consommatrices de puissance. Il ne faut pas avoir peur de pousser l’ampli jusqu’aux limites. DAP s’est clairement efforcé d’équiper la nouvelle version des Palladiums de limiteurs de qualité mais aussi et surtout à “intervention douce”. Un plus, car je trouve qu’il n’y a rien de plus énervant qu’un limiteur dont la moindre intervention est directement audible. La sécurité de vos enceintes est indubitablement améliorée. Ce qui m’a vraiment marqué: après un bon moment de jeu à fond de registre, le Palladium semblait être encore étonnamment frais. La combinaison du principe de la classe H avec les ventilateurs / le refroidissement utilisé(s) semble donc bien efficace. Cela me procure un sentiment de confiance, parce qu’à terme une électronique qui transpire fortement risque la plupart du temps de lâcher. En revanche, notre DAP interdit de travailler avec des charges de 2 ohms. En “bridged mode” cela signifie donc automatiquement que les haut-parleurs connectés ne peuvent avoir une impédance inférieure à 8 ohms. On ne peut donc pas raccorder deux enceintes de 8 ohms en parallèle en “bridged mode”. Le fait que le fabricant n’autorise pas des charges de faible ohmage, nous fait présumer qu’il va falloir y faire attention parce qu’autrement les transistors de sortie devraient probablement transporter un courant supérieur à celui pour lequel ils ont été dimensionnés. Ce n’est pas une critique négative, mais une mise en garde: c’est clairement indiqué par DAP.