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Ibanez MC800
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Ibanez MC800

Basse électrique 4 cordes de la marque Ibanez appartenant à la série Musician

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« Ibanez Musician MC 800 »

Publié le 14/05/20 à 00:48
Rapport qualité/prix : Correct
Cible : Les utilisateurs avertis
Il s’agit de la version dépouillée de la fameuse MC924 d'il y a 40 ans. Elle est conçue selon un principe plus très commun: une lutherie de très grand luxe mais une électronique simplissime.

Deux mots de comparaison avec la série 900 pour bien fixer les esprits : la MC924 a été conçue à la fin des 70’s comme le vaisseau amiral Ibanez, d’une qualité jamais vue auparavant chez un constructeur industriel, une démonstration de force technique, à peine suivie par ARIA et sa SB1000. Par comparaison Fender c’était la pierre taillée et Rickenbacker l’âge de bronze. Un vaisseau tellement amiral qu’il était doté d’une électronique volée à un porte-avions. La série MC900 a ensuite évolué en de nombreux avatars et donné naissance plus tard aux SR, elles mêmes objet de nombreuses déclinaisons et segments.

Plus discrète la MC800 est le modèle moins cher dans le haut de gamme Ibanez. Mais, comme la MC824 (qui est une 800 à 2 micros) elle reprend la même architecture classieuse que les 900 : manche traversant en sandwich 5 parties (érable+ noyer), corps en acajou plaqué de frêne sur le dessus et le dessous, matching headstock (en placage du même frêne que le corps). Les bois sont très beaux, vraiment, au moins autant et souvent mieux mis en valeur que sur les MC900. Les manches, grandioses de rigueur et de facilité, sont les mêmes sur les deux séries.

En revanche la touche de la 800 est en palissandre et non en ébène ce qui donnera un son un petit peu moins précis que sur les 900, mais du coup plus naturel et vivant. Pour être complet il faut dire que la touche de la 800 n'a que 22 cases, quand les 900 en ont 24. 2 cases en moins pour faire meilleur marché, c'est le genre de grosse mesquinerie qui nous fait comprendre ce que c'est que le marketing. Tant qu'on y est les mécaniques sont plus petites aussi, et le chevalet un peu moins mastoc. A ces points près on a la même lutherie «boutique » sur les deux modèles ce qui donne richesse des timbres, confort, présence visuelle, plaisir du bel objet, et durabilité.

Elle est un peu moins lourde que les 900 que j'ai eues mais ça reste un ustensile de musculation.

Le succès de la 800 à l’époque a été relatif car les gens ont préféré les 900 avec électronique active sophistiquée 3 EQ et tout le fascinant confort moderne. La 800 n'a donc figuré au catalogue Ibanez que les premières années MC, ce qui fait qu'elle est parfois présentée comme étant la plus vintage, ce qui n'est pas vraiment vrai, car elle est sortie en même temps que les 900.

La MC800 a une électronique passive et un micro unique, unique et... simple bobinage. C’est rare car chez les basses à un seul micro, on met en général un humbucker. Là non. Il peut y avoir un peu de souffle mais moins que sur une JB. Bref un micro simple, et deux boutons V et T, c’est tout.

Elle a sa personnalité propre. Equipée sobrement elle n’est évidemment pas super polyvalente. Et contrairement à une basse moderne elle n’a pas une réserve infinie de graves et d’aigus. Elle n’a pas davantage le son de la vieille Amérique, mélange de rondeur et d’élasticité, non non. Enfin le positionnement MM du micro ne doit pas tromper non plus: puisqu'il s'agit d'un simple bobinage le son n'a que peu à voir avec celui d'un pavé de Stingray.

Elle a un son équilibré, sans excès d’aigus ou de graves. Si on en veut on doit en rajouter à l'ampli et à l'ancienne, avec la main droite. Il y a des médiums toujours présents, pas mal de grain, de mordant, de méchanceté gratuite mais raisonnable, qui pourrait faire penser à une Guild B301 (de la même époque, et d’ailleurs équipée de la même façon). Globalement le son n’est pas super transformable mais l’unique bouton de tonalité donne sur toute sa course des sons utiles et agréables (ce qui est rarement le cas avec le préampli d’un porte-avions, des fois on se retrouve avec des graves que même les Rastas trouvent exagérés). Les attaques sont nettes, les notes détachées, lisibles, c’est orienté médium mais pas brouillon comme du JB coin-coin.

Cette basse est faite pour de la musique musicalement musicale, c’est à dire dans le cas d’un bassiste ayant des notes intéressantes à faire entendre, un bassiste qui parle aux oreilles plutôt qu’aux hémorroïdes. L'excellent manche facilite les prouesses, et le sérieux janséniste de l'instrument incite à la rigueur du jeu. Je ne la mérite donc pas mais de toute façon j’ai déjà beaucoup d’autres raisons d’aller en enfer.

Elle est indiquée pour du jazz contemporain mais aussi de la chanson, de la pop, du rock prog et du funk aux doigts ou de la soul, de la bossa. Moins à l’aise pour le slap, le blues, le métal. Et si vous aimez sa forme distinguée (notamment la tête belle comme un temple grec) mais que que vous voulez faire du rock rocailleux prenez plutôt l’Ibanez Roadster à manche vissé, qui sent naturellement le cambouis, les autres fluides corporels et les embrouilles.

Enfin après 40 ans on en trouve pas beaucoup qui soient intactes, en raison de la pulsion de customiZation... Il y en a pas mal de modifiées pour le meilleur ou le pire. Du coup les prix sont très variables. La mienne est en état quasi-neuf à une mécanique près et je l'ai payée 750€, ce que je trouve un deal non exceptionnel, mais on en trouve à moins cher, plus ou moins dévernies, repeintes, plus ou moins rééquipées en micros qui vont plus ou moins bien dans la défonce, plus ou moins défrettées, et plus ou moins greffées de mécaniques ou de chevalet récupérés dans des casses auto.

Bref une basse très belle, intéressante et originale, qui sait se faire entendre distinctement et qui échappe aux inconvénients de la complexité (piles, crachouillis, excès de corrections, fragilités).

Pleugue and play.

PS: Dans un avis sur une basse j'ai réussi à placer deux fois le mot porte-avions et une fois hémorroïde.

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