« Si j'avais su… »

C'était en 2001. J'écoutais de la techno et je commençais à en faire. C'était une époque désolée, pendant laquelle la connaissance était pour moi inaccessible (pas d'internet, pas d'Audiofanzine, pas de pote musicien, que dalle…). Je pratiquais une religion : le culte de la basse, les fréquences à deux chiffres. L'outil sacré ? L'égaliseur de ma mini-chaîne conçue par Sony, une des meilleures marques pour mout… euh… grand public dont je faisais partie, vendue dans une des plus grandes enseignes universelles dans le domaine du son : Darty…

Bref à l'époque mon Sony Boodo Khan des années 80 que j'avais hérité a fini par se décomposer organiquement, en laissant des traces noires sur mes oreilles qui ressemblaient à un oiseau pourri par la marée noire d’Erika… Il fallait donc un remplaçant et de toute façon je n’aimais pas ses mediums trop présents. Après quelques essais de modèles Sony qui ont eu au moins le mérite de me rendre compte du taux de descente que cette firme était déjà apparemment en train de se taper, on m’a proposé ce HD 500 en plastoc assez laid mais très léger et confortable, d’une marque qui m’était absolument inconnue mais néanmoins, inspirant fortement la puissance Allemande tel un TDI 110 aux performances inédites extraordinaires.

Je me coiffa donc de ce casque, l’essaya, et voilà, les basses furent là, elles furent naturellement là bien ostentatoires, mais pas très bas dans le spectre, et surtout sans égaliseur ! Ce casque a rempli plus que largement mes objectifs et je l’ai choisi comme ça. Papa a sorti la CB, et 721 Frs plus tard, un long règne sur ma tête a commencé.

Ce choix, ou plutôt, les conditions dans lesquelles j’ai évolué ont dû me faire perdre quelques années d’expérience dans le domaine du mixage par aveuglement. Ce casque n’est pas du tout adapté pour ça, il augmente vraiment les basses dans le spectre autour des 100 Hz. Si cette caractéristique est efficace pour flatter l’oreille d’un kevin techno tuning de l’époque, elle a tendance à trop flouter ou lisser le son et de masquer des parties de spectre. Comme évoqué dans les autres avis, la spatialisation est atténuée et le spectre trop déséquilibré (bosses de ouf à 3000 et 7000 Hz). Les aigus manquent de netteté (grosse chute à partir de 15.5 kHz). Je n’ai jamais pu mettre au point un mix avec ce casque. J’ai passé des heures à essayer de trouver des compromis qui n’ont jamais fonctionné. L’impédance nécessite de monter le volume assez fortement, mais le niveau max est suffisamment fort.

Cependant, j’ai remarqué que ce casque est particulièrement adapté à l’écoute de musique pré-1980 car ses propriétés sus-mentionnées permettent d’augmenter le confort d’écoute : les basses sont restaurées, et les défauts de qualité d’enregistrement sont en partie filtrés. Écouter un Barry White est un pur bonheur. C’est peut-être le seul rôle dans lequel ce casque controversé peut être à l’aise.

En dehors du mix j’ai énormément utilisé ce casque pour jouer et mater des films. Le nombre d’heures d’utilisation est incalculable. J’ai usé 2 cordons (côté casque) qui coûte un bras en pièce détachée, et remplacé récemment les mousses qui sont désormais de bien meilleure qualité et plus confortables, sauf celle de l’arceau irremplaçable et complètement aplatie avec l’utilisation. Le fait que les pièces d’usure soient encore disponibles même pour cette demi-daube est très appréciable.

Ce casque n’étant plus vendu depuis longtemps, je ne peux pas vraiment conseiller de perdre du temps à chercher un exemplaire d’occasion. Même s’il est possible de le requinquer, son rendu est trop typé et trop dégradant pour être vraiment utile. J’ai beau toujours m’en servir occasionnellement, il est évident qu’un vrai casque type pro est absolument nécessaire pour faire le boulot à sa place.