Tous les avis sur Zoom H6 Essential

Je l’utilise depuis quelques mois, il répond à mon besoin.
Pas de boutons inutiles, pas de réglage du gain (en apparence) puisque 32 bits flottant, etc.

Voici quelques points que j’ai noté :

- Même si le 32 bits flottant permet de capter le son peu importe qu’il soit très fort ou très faible, je remarque du souffle (ou du bruit de fond) lorsque je dois booster le gain en post-prod. Ça parait logique, mais je m’attendais à un peu mieux. C’est probablement dû aux préamps qui ne sont pas aussi bons que ceux du Zoom F3, il me semble.

Donc pour limiter le bruit de fond (ou floor noise comme disent les anglo-saxons), je trouve préférable de régler le volume via le mixer pour s’assurer d’avoir un signal suffisant. Et de régler l’enregistrement sur « post-mixeur » dans le menu correspondant.

- Il n’y a pas d’entrée mini jack (3,5mm) donc on ne peut pas brancher de micro directionnel type le Rode VideoMic Go ou le Sennheiser MKE200 (que je possède tous les deux et que j’utilise en vidéo). Ni de micro-cravate non plus.

On peut contourner le problème en utilisant des adaptateurs XLR vers mini-jack mais il faut garder à l’esprit que ces micros ne sont pas auto-alimentés donc ils ont besoin de quelques volts (2.5V pour le VideoMic Go et 2-10V pour le Sennheiser MKE200) pour fonctionner.
Mais attention : envoyer du phantom power (48 volts) dans ce type de micros, c’est l’assurance de les griller.

Pour ne pas griller ces micros qui ont besoin de quelques volts uniquement, j’utilise des adaptateurs Rode VXLR+ ou VXLR Pro. Ils transforment l’alimentation fantôme (48 volts) en une alimentation enfichable de 3-5 volts et permettent de brancher des jacks 3,5mm dans les entrées XLR du Zoom H6E.

- On peut ajouter des effets (coupe-bas par exemple) ou même faire une exportation spécifique après coup (ex : couplage des pistes, normalisation, etc.) mais je préfère le faire moi-même en post-prod.

- La fonction time-code existe, mais elle n’est disponible qu’en Bluetooth et il faut rajouter un adaptateur non-fourni. Dommage, car si on compte l’appareil générateur de time-code en plus (seul l’UltraSync BLUE est compatible, il me semble), ça commence à chiffrer

Voilà pour mes remarques. D’une manière générale ça fonctionne bien et on peut techniquement prendre le son sans trop se soucier des niveaux, un peu comme prendre des photos en RAW.
Mais comme pour le RAW en photo, je reste convaincu que si la prise de son est vraiment mauvaise de base, on ne fera pas de miracle en post.

Donc j’ai tendance à mettre tous les niveaux à +10dB dans le mixeur et régler l’enregistrement sur « post-mixeur » pour que le volume soit pris en compte pendant l’enregistrement. A choisir entre enregistrer un peu trop fort ou un peu trop bas, je préfère enregistrer un peu trop fort puisque même s’il y a écrêtage pendant la prise de son, il suffira de baisser le volume en post-prod.

Non voyant, chasseur de sons, je me suis tout naturellement orienté vers ce Zoom H6essential qui, en plus de proposer un enregistrement 32 bits à virgule flottante, a pour particularité d’offrir un guide vocal intégré, qui facilitera très nettement la vie à ceux qui n’ont pas forcément l’envie ou la possibilité d’avoir les yeux sur l’écran.

Avant d’en venir à la description des fonctionnalités et de ce que vous pourrez vraiment attendre de cet appareils, il me semble toutefois nécessaire d’évoquer les quelques points qui pourraient fâcher à la découverte de cet enregistreur.
Tout d’abord, notons que le packaging se réduit au minimum vital : une boîte en carton vraiment basique avec l’enregistreur dedans, la capsule de micro XY, et un livret ridicule. Pas de bonnette (même en mousse), pas de dragonne, ni de piles, de batterie, ou même de carte microSD. Il vous faudra donc prévoir tous ces petits accessoires si vous compter utiliser votre nouveau joujou dès sa réception.
D’autre part, on remarque d’emblée que l’appareil est relativement léger, quasiment intégralement construit en plastique (à l’exception des micros en métal). Même si le matériau ne semble pas particulièrement fragile, on évitera de faire tomber l’appareil... (Notons qu’une fois les 4 piles AA installées, on retrouve un poids plus conforme à ce que l’on attend d’un enregistreur de ce gabarit.)
Autre petit détail qui peut décevoir, il ne s’avère pas possible de brancher un microphone externe doté d’un connecteur jack 3,5mm, car l’appareil ne possède aucune entrée dans ce format, même pas sur la capsule microphone fournie (ce qui est un recul par rapport à la capsule micro de la génération précédente, qui en proposait une).
Enfin, il n’est apparemment pas possible d’utiliser les capsules microphone disponibles sur les enregistreurs Zoom de génération précédente, puisque le connecteur est différent.

Pour ce qui est de l’utilisation sur le terrain, le tableau est fort heureusement plus réjouissant, même si certains points importants sont à prendre en compte.
Comme promis, l’appareil propose l’enregistrement de jusqu’à 6 canaux en simultané (les canaux gauche et droit de la capsule microphone, et les 4 canaux individuels provenant des entrée combo jack/xlr, qui peuvent être activées/désactivées séparément, et linkées en stéréo ou en MS par paire si nécessaire).
L’enregistrement n’est possible qu’en 32 bits, avec une résolution allant jusqu’à 96kHz, et les circuits à double convertisseurs sont actifs sur toutes les entrées (ce qui n’est d’ailleurs pas le cas sur le Zoom h4essential, qui ne propose cette fonction que sur les entrées combo...). C’est donc le gros atout du H6essential, qui permet d’enregistrer des sons à quasiment n’importe quel volume sans avoir à régler le gain et sans risque d’écrêtage (sauf si l’on dépasse le niveau maximum des entrées, ou les 135dB admissibles par les microphones intégrés).
Cependant, à sa sortie tout du moins, le H6essential ne propose aucune fonction d’enregistrement piste par piste, qui pourrait par exemple être utile à des musiciens qui souhaiteraient faire des prises séparés. Très clairement, il ne s’agit donc aucunement d’un studio de poche, mais bien d’un enregistreur multipiste en simultané ! (ce qui n’empêchera toutefois pas d’ajuster le volume des prises en post, puisque chacune des pistes est disponible dans un fichier séparé).

A l’usage, la capsule de microphone fournie fonctionne très bien ! Elle se fixe et se retire très facilement à l’aide du petit bouton poussoir sur le dessus de l’appareil. , et le cache plastique fourni protègera efficacement le connecteur lorsque la capsule micro ne sera pas utilisée. Coté son, c’est tout à fait correct ! Les micros unidirectionnels en position XY sont plutôt bons pour un enregistreur de cette catégorie, et l’enregistrement en 32 bits à virgule flottante couplé au circuit à double convertisseurs facilite grandement les enregistrements à la volée, puisque aucun réglage de gain n’est nécessaire (l’ajustement du gain se fera en post production). Toutefois, et c’est à noter, si vous envisagez de faire des enregistrements en extérieur, une bonnette à poils s’avèrera indispensable, car les microphones intégrés sont extrêmement sensibles au vent, même le plus léger !

Pour ce qui est des entrées combo jack/XLR, c’est plutôt satisfaisant aussi, dans la plupart des cas tout du moins. Il es possible d’activer/désactiver le Fantom 48V pour chacune des entrées séparément, et les 4 connecteurs XLR sont dotés d’un bouton de sécurité qui empêchera l’arrachage des câbles, ce qui peut s’avérer utile, en espérant tout de même que l’ensemble soit suffisamment résistant pour ne pas endommager l’appareil en cas d’accident (ce que je n’ai pas testé).
Côté son, c’est très correct, tant qu’on reste dans des limites raisonnables :
Aucun souci particulier dès lors qu’on utilise les entrées jack en niveau ligne, ou les entrées XLR avec des micros statiques ayant un fort niveau de sortie. Toutefois, dès lors qu’on utilise des micros dynamiques ou que l’on enregistre des ambiances extrêmement silencieuse avec des micros statiques ayant un bruit propre très faible, le H6essential atteint ses limites, et le bruit propre de -121dBA des préamplis intégrés s’avèrera un peu trop élevé pour des utilisateurs très exigeants.

En résumé, à un peu plus de 300 euros, le Zoom H6essential a donc de quoi séduire : 6 canaux d’enregistrement en simultané, 4 entrées combo jack/XLR, des capsules de micro interchangeables (dont il n’existe toutefois qu’un seul modèle à la sortie de l’appareil, et qui ne se permutent malheureusement pas avec les capsules de la génération précédente) et l’enregistrement en 32 bits à virgule flottante couplé avec un circuit audio à double convertisseurs sur toutes les entrées. De plus, une prise en main plutôt facile et la fonction intégrée de guide vocal sont un atout non négligeable, surtout pour les personnes atteintes de handicap visuel.
Cependant, l’impossibilité de brancher un micro en jack 3,5mm, de faire des prises temporellement séparées pour les mixer ensuite, ou le bruit propre un peu élevé des préamplis si on se destine à faire des enregistrements très silencieux, sont des petits points négatifs qu’il faudra prendre en compte lors du choix final.
Entre nous, quel dommage que Zoom n’ait pas intégré les préamplis de la série F dans ce H6essential, et n’ait pas non plus pensé aux musiciens qui auraient certainement apprécié au moins quelques fonctions de base leur permettant de faire et de traiter des prises séparées.

Bon produit, donc, mais peut mieux faire !