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Roland MT-32
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Roland MT-32
maxabbey maxabbey
Publié le 17/02/06 à 21:30
Cible : Les débutants
Le MT-32 est un petit expandeur compatible MIDI sorti en 1987. Partageant la même technologie sonore que le célébrissime Roland D-50 de la même époque (synthèse Linear Arithmetic, combinant des formes d'ondes synthétiques à de véritables échantillons d'instruments de musique en PCM), il était considéré à l'époque, plus comme une carte son MIDI haut de gamme que comme un expandeur MIDI à part entière.

En effet, nombreux sont les jeux vidéo PC de cette époque, et plus particulièrement ceux de Sierra (The Secret of Monkey Island, Leisure Suit Larry, King Quest...) qui proposaient de reproduire leur trame sonore par le biais de ce synthétiseur en lieu et place de la synthèse MIDI AdLib, technologie beaucoup moins puissante (car composée uniquement de sons synthétiques FM), mais également beaucoup plus abordable financièrement, à une époque où les cartes son de type Sound Blaster commençaient à peine à se démocratiser au sein des PC.

Cet expandeur, du fait de son positionnement assez particulier sur le marché, n'est pas, à ma connaissance, un modèle "rackable" en l'état. Compatible toutefois avec la norme MIDI, il propose trois prises MIDI standard rondes (In, Out, Thru) et permet de reproduire jusqu'à 8 instruments en simultané sur 8 canaux MIDI (canaux 2 à 9), ainsi qu'une piste de percussions sur le canal 10. Sa polyphonie maximale est de 4 ondes/échantillons sonores par instrument, ce qui nous fait un total de 8 instruments x 4 composantes = polyphonie de 32 "notes" en simultané, d'où son nom, "Multi-Timbral 32". Au niveau des effets, il n'y en a qu'un, l'indispensable réverb, dont l'intensité est réglable sur un niveau de 0 (pas de réverb) à 10 (réverbération maximale). Concernant les connexions audio, un MT-32 de base propose deux sorties jacks femelles au format 6,35 mm, droite et gauche/mono. Sur certains MT-32 plus récents, une sortie casque a également fait son apparition.

Il propose 128 sons, mais non compatibles avec le standard General MIDI, apparu en 1991, soit quatre ans après sa sortie. Ces 128 sons sont toutefois organisés en catégories similaires à celles du General MIDI (pianos, orgues, synthétiques, chromatiques, guitares, percussions) ; mais, comme tout bon périphérique MIDI, il est possible de réorganiser ces sons via des fichiers SysEx spécifiques, afin de rendre le MT-32 partiellement compatible avec la norme General MIDI. Partiellement, car, comme indiqué plus haut, il ne peut reproduire que 8 canaux à la fois sans compter le canal de percussions, en comparaison avec les 16 canaux de la norme MIDI d'aujourd'hui. La piste de percussions (il n'y a qu'un seul kit de percussions standard), en revanche, est organisée à peu de choses près comme pour la norme General MIDI : grosses caisses, caisses claires, toms, cymbales... malheureusement, tous les sons de batterie du General MIDI ne sont pas présents sur la piste de percussions du MT-32 ; il manque, par exemple, les wood blocks ou certaines cymbales.

Les sons peuvent être édités et réorganisés par le biais de fichiers SysEx, que vous pouvez créer avec des utilitaires spécifiques, assez nombreux à l'époque (et encore présents aujourd'hui sur internet), sous DOS ou Windows. Mon choix s'est porté sur "LA Synth Editor", conçu à l'origine pour Windows 3.x, mais qui fonctionne à merveille sous Windows XP SP2, et qui propose une excellente banque de plusieurs centaines de sons personnalisés. L'édition de sons reste assez complexe dans la plupart des cas, mais, comme pour tout, c'est une question d'habitude. Relativement versatile, le MT-32 possède toutefois une limitation assez frustrante pour l'édition de sons : vous ne pouvez stocker que 64 sons personnalisés, en plus des 128 existants (ce qui porte le nombre maximal de sons utilisables à 192), et vous ne pourrez pas accéder à ces 64 sons supplémentaires depuis l'appareil ou un clavier MIDI, sans réassigner ces instruments à la place, par exemple, des 64 premiers instruments d'origine.

A ma connaissance, aucune extension n'est disponible pour le MT-32, étant donné que celui-ci ne prévoit pas d'emplacement pour accueillir des cartes d'extension. Toutefois, certaines sociétés spécialisées proposaient, à l'époque, de réaliser des modifications matérielles sur les MT-32, en vue de faire sauter certaines de ses limitations ou d'améliorer ses fonctionnalités (batterie de sauvegarde, sorties audio supplémentaires...), modifications plus connues sous le nom de "RealWorld" ; toutefois, trouver un MT-32 modifié en bon état devient de plus en plus difficile aujourd'hui, et je doute fort que les sociétés qui réalisaient ces modifications il y a plus de quinze ans accepteraient encore de le faire aujourd'hui !

UTILISATION

Le MT-32 est un expandeur idéal pour débuter avec ce type de synthétiseurs, car il est très simple à utiliser. Il possède une LED qui s'allume lors de la circulation de données MIDI au sein de l'appareil ; son écran LCD 1 ligne de 20 caractères indique en permanence l'état des pistes MIDI où sont reproduites les notes, et il propose en facade différents boutons permettant de régler des paramètres tels que le volume maître, le groupe d'instruments, l'instrument et le volume de chacun des 8 canaux MIDI reproduits et du canal de percussion.

Si ces réglages sont accessibles directement pour les cinq premiers canaux et le canal de percussions (chacun de ces canaux a son bouton de contrôle), il faudra réaliser une manipulation supplémentaire pour accéder aux réglages des canaux 6 à 8. Un rien fastidieux au début (des boutons directs pour ces canaux n'auraient pas été de trop), les combinaisons de touches deviennent très vite familières, d'autant plus que la plupart d'entre elles sont réalisées en maintenant la touche Master Volume : accès aux canaux 6 à 8 (en maintenant cette touche et en appuyant sur 1, 2 ou 3), réglage du niveau de réverb, remise à zéro de l'appareil, réglage du niveau de réverbération, etc.

Le manuel, relativement bien fait (vous pourrez le trouver en version PDF scannée sur internet si vous n'arrivez pas à vous procurer un MT-32 avec sa documentation papier), détaille les manipulations qu'il est possible d'effectuer, ainsi que les paramètres techniques permettant de mieux appréhender l'édition de sons. Après une première lecture, il devient très facile de manipuler cet appareil, qui, je le répète, est certainement un des expandeurs les plus simples qui soient.

Mais cet appareil n'est bien entendu pas exempt de défauts.

Ainsi, les réglages personnalisés (dont les sons que vous avez édités) ne sont pas conservés à l'extinction de l'appareil, il vous faudra donc penser à les sauvegarder dans un fichier SysEx que vous devrez recharger à chaque mise sous tension.

Le bouton de volume, qui fait office de bouton de navigation, est d'apparence assez robuste, mais il doit être manipulé d'une certaine manière, car n'étant pas cranté, on ne peut pas le faire tourner sur lui-même ; ainsi, par exemple, si un fichier MIDI règle le volume de l'appareil à un volume inférieur à celui indiqué par la position du bouton, il vous faudra faire revenir le bouton vers l'arrière pour pouvoir augmenter le niveau du volume ; c'est un réflexe à acquérir, mais qui n'est pas toujours évident à gérer.

Et enfin, mais c'est un défaut compréhensible au vu de l'âge et du positionnement commercial de l'appareil, le MT-32 produit un petit peu de souffle. Souffle qui, pour ma part, ne me gêne absolument pas, surtout en lecture, mais qui peut gêner lors de l'enregistrement, surtout si on enregistre le son à faible volume et que l'on normalise le niveau sonore de l'échantillon par la suite.

SONORITÉS

Les sonorités du MT-32 ont une teinte assez particulière, ni vraiment acoustique, ni trop synthétique, plus adaptée, à mon sens, pour la reproduction de fichiers MIDI.

C'est certainement la raison pour laquelle il n'a pas vraiment été utilisé dans des productions musicales de la fin des années 80 - son grand frère, le D-50, tenait déjà une place de choix dans ce domaine - mais plutôt dans les plus grands jeux PC de cette époque : Sierra (The Secret of Monkey Island, Day of The Tentacle...), Westwood Studios (The Legend of Kyrandia, Loom...) ou Delphine Software (Les Voyageurs du Temps, Operation Stealth) font partie des quelques éditeurs/développeurs de jeux vidéos qui ont inclus un support du MT-32 dans leurs productions de l'époque, afin d'offrir aux joueurs (fortunés ou passionnés) qui pouvaient s'offrir à l'époque cet appareil ou ses petits camarades compatibles (carte son LAPC-I, CM-32/64, MT-100, CM-500...), une meilleure expérience de jeu au niveau sonore, le MT-32 pouvant reproduire à la fois la musique et les effets sonores des jeux à la place des chipsets son compatibles AdLib, présents à l'époque sur des cartes sons plus courantes et moins chères, comme les Sound Blaster.

Au niveau du réalisme, comme dans tout synthétiseur, il y a du bon et du moins bon, et cela reste bien entendu subjectif.

Les meilleurs sons sont, à mon avis, les sons synthétiques : orgues, nappes, basses... Beaucoup ont un punch assez étonnant pour une si petite machine (Orgue 2, Doctor Solo, Square Wave...), et certains instruments sont très similaires voire identiques à ceux du célèbre D-50 : les pads (Atmosphere, Fantasia, SoundTrack...), les chromatiques (Marimba, Vibraphone...) ou les flûtes (surtout le shakuhachi).

Les sons les moins bons sont, à mon avis, ceux devant se rapprocher le plus possible de leur équivalent acoustique : les pianos (sauf les pianos électriques, conçus pour avoir une sonorité électrique, et le Honky-Tonk, qui, bien que synthétique, ne manque pas de pêche), certaines nappes et cordes acoustiques solo (harpes, Pizzicato) ainsi que les guitares et basses acoustiques, qui sonnent presque toutes synthétiques, à l'exception des basses "slap".

Seule exception au niveau des instruments acoustiques, les percussions. Je les trouve vraiment bonnes, et pourtant je suis habitué aux gros sons bien bourrins. Les sons de batterie du MT-32 sont passe-partout, expressifs et adaptés à tout style de musique. Je les trouve meilleurs que la banque de percussions standard du synthé MIDI fourni avec Windows (qui, lui, est basé sur la banque de sons Roland SCC-1).

Relié à mon modeste clavier maître Evolution MK-249 (via sa sortie MIDI), le MT-32 répond bien à la vélocité, je trouve que la modulation est assez faible par rapport à d'autres synthés MIDI (je pense aux synthés de ma Sound Blaster Live!), et le pitch bend est différent par rapport au standard General MIDI (sur un synthé GM, pousser la molette de pitch bend à fond ne décale le son que de quelques notes, alors que la même intensité provoque un décalage d'un octave sur le MT-32), mais la plupart de ces paramètres sont ajustables par fichiers SysEx.

La meilleure façon de se faire une idée des sonorités du MT-32 est d'écouter des enregistrements (MP3, OGG) de bandes sonores de jeux vidéos en format MT-32 ; en plus de ceux que j'ai déjà cités précédemment, je citerais également T.F.X. (qui utilise de bons sons personnalisés, dont des guitares électriques synthétiques tout simplement époustouflantes pour une telle machine) ou SimCity 2000.

AVIS GLOBAL

Mon histoire avec ce synthé est très particulière. Je l'ai acquis d'occasion en mars 2005 à un membre d'AudioFanzine pour 45 €, avec son alimentation d'origine et des câbles MIDI/audio, mais sans documentation papier. Gros problème, il produisait un bruit de fond permanent très désagréable. J'ai tenté pendant près d'un an de résoudre ce problème sans succès (changement de l'alimentation, des câbles audio, démontage et nettoyage de la carte mère, changement de celle-ci par un modèle plus récent que l'on m'avait gracieusement offert).

Agacé par ce problème insoluble, j'ai tenté de le revendre, dans l'optique de m'en reprocurer un autre exemplaire (avec la ferme intention de le tester sur place avant d'acheter), mais un membre de la communauté MT-32 la plus active du Web, Quest Studios ( http://www.queststudios.com ), m'a gentiment proposé d'échanger mon MT-32 défectueux contre son modèle en bon état, persuadé qu'il pourrait résoudre assez facilement le problème de bruit de mon MT-32. Je ne peux donc que le remercier chaleureusement pour son geste, car c'est grâce à lui que je peux aujourd'hui profiter vraiment du MT-32 pour les anciens jeux DOS ou pour compléter ma banque de sons SoundFont.

C'est mon premier expandeur MIDI (j'ai une carte son Sound Blaster Live! et un clavier maître MIDI MK-249). J'aime cette petite machine pour sa simplicité d'utilisation et son rapport qualité/prix. On peut trouver aujourd'hui des MT-32 dans les 30 € sur internet ou dans certains magasins de vente de matériel d'occasion, un prix que je ne trouve pas du tout élevé, en comparaison des $600 qu'il valait, il me semble, à sa sortie, ce qui le rendait assez peu accessible aux joueurs désireux d'améliorer la qualité sonore de leurs jeux, à une époque où une carte Sound Blaster "de base" devait valoir, si je me souviens bien, dans les 150 € (1000 F).

Je referais ce choix si je devais acquérir un périphérique MIDI dans cette gamme de prix, car le MT-32 est assurément le plus polyvalent par rapport à ses camarades compatibles, les CM-32/64, LAPC-I et autres CM-500. S'il n'offre peut-être pas les mêmes possibilités sonores que ces derniers (le CM-500, par exemple, combine les sons du MT-32 et les sons du SC-55), sa connectique MIDI l'a maintenu compatible avec tous les équipements musicaux d'aujourd'hui (contrairement à la LAPC-I, version "carte son interne" du MT-32, qui est impossible à monter dans un PC sans port ISA, remplacé depuis des années par le port PCI). De plus, son écran et ses touches de contrôle sont de véritables plus en comparaison à la LAPC-I ou à la série CM, qui n'en sont pas pourvus à ma connaissance.

Il convient, afin de ne pas être déçu par cet appareil, de bien cerner son positionnement et l'utilisation qui en a été faite : c'est l'instrument de choix pour tout joueur PC de la fin des années 80 et du début des années 90, en raison du nombre de jeux vidéo qui ont exploité ses capacités musicales et sonores, de façon magistrale pour certains d'entre eux que j'ai déjà cités.

En revanche, il risque de décevoir quelqu'un qui rechercherait des gros sons caractéristiques de cette époque, qui serait davantage intéressé par le D-50 par exemple, un modèle disposant de la même technologie sonore, "LA", mais avec des paramètres d'édition plus avancés. Il faut en effet dire que, même en comparaison avec le matériel musical de son époque, le MT-32 ne possède pas de capacités sonores et techniques très poussées, même si on peut le convertir partiellement à la norme General MIDI, que pas mal de sons de base sont intéressants et que l'on peut en tirer de très bons sons synthétiques avec un effort d'édition minimal.

Si je peux donc vous donner un conseil en guise de conclusion à ce long article, renseignez-vous au maximum sur les capacités et les possibilités d'utilisation de cet appareil, pour être sûr qu'il corresponde bien à vos besoins, le forum du site Quest Studios est une excellente source d'informations pour cela. Faites également attention à la nature de l'occasion sur laquelle vous tomberez, si vous achetez une machine de cet âge, pour éviter de vous retrouver piégé(e) comme moi avec un modèle à priori en bon état, mais défectueux au final, car il semblerait que ce genre de machines tend à se dégrader avec l'âge (voir les problèmes avec les contacts en carbone du D-50) surtout si elle n'est pas entretenue correctement.

Sur ce, j'espère que cet avis vous aura suffisament renseigné sur ce petit expandeur ; je me tiens en tout cas à votre disposition pour toute remarque sur cet article !