Aria TA-50 Saltire

Guitare semi-hollowbody quart de caisse type ES-335
Caisse tout érable (maple) avec poutre centrale (érable aussi), table et dos bombés
Manche collé en acajou (mahogany)
Touche palissandre (rosewood), repères de touche forme parallélogramme en nacre, binding crème.
Diapason Gibson (24,75"), 22 frettes
Mécaniques bain d'huile
Chevalet SPT (type Tune-O-Matic) & cordier QH (stopbar)
2 humbuckers HB-103 Duncan Designed
Contrôles type Gibson (2 volumes, 2 tonalités, sélecteur de micros 3 positions)
Edition limitée Saltire : table peinte aux couleurs du drapeau écossais, dos et éclisses blancs. La guitare fait partie d'une série comprenant quatre modèles : drapeaux britannique (Union Jack), gallois (Red Dragon), anglais (St George's cross) et écossais (Saltire)
Made in China

La première chose qu'on remarque sur cette guitare, c'est qu'elle en jette un max ! La déco "Saltire" (croix de Saint-André... le drapeau écossais quoi) est magnifique et le dos d'un blanc brillant et immaculé est très classe, surtout avec le binding crème qui introduit un léger contraste du meilleur goût sur les contours du manche, du corps et même des ouïes.

Et puis on regarde au dos de la tête, on voit le tout petit autocollant "made in China" et là on commence à s'inquiéter... Car si la production chinoise récente a atteint un niveau très honorable (voir les Classic Vibe de Squier par exemple), il y a quelques années c'était une autre histoire. Et en effet à y regarder de plus près on remarque que les finitions laissent un peu à désirer : bindings légèrement irréguliers par endroits, pickguard découpé à la tronçonneuse, raccord de peinture vraiment limite sur la jonction corps-manche... Mais bon, d'une part ces problèmes sont d'ordre uniquement esthétique, et d'autre part il faut quand même vraiment coller le nez dessus pour s'en rendre compte. C'est une semi-hollowbody à 500 euros, faut pas s'attendre à la qualité de finitions d'une Gibson ES-335 à 2500, et somme toute elle reste quand même supérieure à l'Epiphone Dot que j'ai essayée il y a peu, surtout au niveau de ce qui est plus important : la lutherie.

UTILISATION

Car oui, la lutherie est plutôt enthousiasmante. Les bois employés sont conformes à l'original de chez Gibson contrairement à la plupart des copies dans cet ordre de prix (les Epiphone notamment). La guitare est plutôt lourde pour une semi-hollowbody, ce qui a tendance à m'inspirer confiance ; je me trompe peut-être mais il me semble que la poutre centrale est plus large que la moyenne, ce qui pourrait expliquer le poids.

Comme d'habitude sur les guitares de ce type l'attache de sangle côté manche se trouve au dos de la guitare à côté du talon. Malgré cela la bête a légèrement tendance à piquer du nez.

Le manche est très "Gibsonien", large et à fort radius (c'est à dire à touche plutôt plane) comme sur ma Les Paul, mais sensiblement plus épais ; c'est je crois un profil "U-shape" comme sur les premières 335. Très franchement le manche n'est pas tout à fait à mon goût, j'aime bien les manches mastocs façon batte de baseball mais je les préfère associés à une touche plus bombée... C'est une question de préférences personnelles, en revanche une chose est certaine : ce "fat neck" n'est fait ni pour les shredders ni pour les petites mains. Chose très importante sur une guitare à manche collé, l'angle du manche par rapport au corps est absolument parfait et permet de baisser l'action au maximum sans que les cordes ne frisent le moins du monde. Du coup jouer devient un vrai plaisir, même avec ce type de manche et des cordes à fort tirant.

Les mécaniques sont des génériques asiatiques bon marché à bain d'huile, elles tiennent bien l'accord mais manquent un peu de précision à mon goût.

A noter que le cordier QH est une sorte de stopbar amélioré qui permet soit de passer les cordes par l'arrière de la pièce comme sur les modèles standard, soit de les insérer par le dessus pour un accès plus rapide en cas de changement. Je n'ai essayé que la seconde option jusqu'ici et je n'ai pas eu à m'en plaindre, à vrai dire je doute que l'une ou l'autre manière ne change quoi que ce soit au son.


SONORITÉS

Débranchée, cette guitare a un son très prometteur. On remarque tout d'abord son sustain exceptionnel (peut-être un effet bénéfique de la poutre centrale supposément surdimensionnée, ou du chevalet plus massif qu'un Tune-O-Matic standard ?) Le son est franc, pêchu, résonnant, très expressif, avec une attaque bien présente ; les palm mute ont beaucoup de punch. La guitare sonne un peu nasillarde, ce qui est caractéristique de la résonance particulière dans les médiums induite par le volume de caisse réduit des semi-hollowbodies (et n'apparaît pas à l'amplification), mais les basses et les aigus sont bien équilibrés.

J'ai eu une grosse déception en la branchant... Le son était complètement submergé par les basses, sans aucune définition. Le problème venait des micros pas du tout réglés d'origine (à ce propos c'est un réglage trop souvent ignoré à mon avis). Quelques coups de tournevis sur les plots des humbuckers ont suffi à faire retrouver à la guitare son bel équilibre tonal. Le micro manche sonne bien chaud sans être gras et le micro chevalet donne des hauts médiums cristallins voire aériens, les deux n'ayant pas un niveau de sortie excessif pour des humbuckers, mais retranscrivant bien tout le punch des attaques. Sur mon Marshall Valvestate 8240 (hybride) c'est au choix joliment bluesy en crunch ou bien rock en disto, sur mon Fender 75 (tout lampes 80s) c'est très "jangly" et flatteur, de quoi se prendre pour les Smiths. Malgré tout il reste dans le son amplifié un je ne sais quoi qui ne me satisfait pas pleinement... Un manque d'épaisseur peut-être ? Après tout les micros ne sont que des Duncan Designed, c'est pas non plus le top du top. Je pense donc les remplacer à terme, je verrais bien des Fender Wide Range à la place...

Un dernier point : au vu de la quantité de copeaux de paraffine qui a jailli des plots des humbuckers à chaque quart de tour de vis, je peux affirmer sans le moindre doute qu'ils sont convenablement "wax potted"... Ce qui n'est pas du luxe sur une semi-hollowbody !

AVIS GLOBAL

J'ai quatre autre guitares assez différentes ; ça fait longtemps que j'avais envie d'une semi-hollow pas trop chère mais j'avais peur qu'elle doublonne avec ma Les Paul. J'ai essayé quelques Epiphone qui ne m'ont pas vraiment convaincu. J'ai acheté cette TA-50 sur un malentendu (je croyais qu'elles étaient toujours fabriquées au Japon ou au moins en Corée... ha !) et aussi un peu parce que sa déco m'avait pas mal tapé dans l’œil. Au final je ne regrette absolument pas mon achat, les finitions un peu hasardeuses n'enlèvent rien à la grande qualité de la lutherie, et cette guitare ne demande qu'une paire de bons micros pour devenir exceptionnelle. Si le prix qu'elle m'a coûté (500 euros) peut sembler élevé pour une guitare made in China, il est tout à fait justifié au regard de la qualité. C'est une guitare rare (série limitée plus produite) mais je suppose que cet avis reste valable pour les TA-50 "ordinaires" récentes.

EDIT un an plus tard : finalement je n'ai jamais upgradé les micros. Au final le léger manque d'épaisseur que j’évoquais plus haut complimente assez bien le son typiquement hollowbody et contribue à démarquer un peu plus cette guitare de ma Les Paul (qui sonne nettement plus gras et "baveux" comme il se doit). Ces Duncan Designed sont décidément une très agréable surprise en termes de qualité sonore et je regrette de les avoir jugés un peu hâtivement. Plus le temps passe et plus j'apprécie cette guitare, elle sonne vraiment très bien ; je l'ai essayée depuis sur un Marshall JCM600 et c'est le nirvana sonore. Dommage que le manche ne soit pas un poil plus fin.