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< Tous les avis Elektron Analog Heat +FX
Billybilly Billybilly

« Exigeant et complexe »

Publié le 21/07/24 à 11:08
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Les utilisateurs avertis
L'Analog Heat +FX est la première machine que j'ai achetée quasiment à sa sortie. Je lorgnais depuis un moment sur l'Analog Heat MKII pour remplacer mon Oto Boum mais j'étais freinée par l'absence de compresseur. Forcément, à l'annonce de la machine j'ai pas hésité longtemps, j'ai mis en vente l'Oto Boum (aucun regret !) et mon Audiothingies Dr A (ça par contre je regrette) et j'ai commandé l'AH+FX sur Thomann.

Comme toujours chez Elektron, l'objet inspire une vraie fiabilité matérielle, ça a l'air solide, c'est sobre et plutôt élégant.

Alors pour commencer, cette version de la machine reprend toutes les caractéristiques de l'Analog Heat, tout en rajoutant beaucoup de fonctions et de possibilités. Si la partie effets numériques ne vous emballe pas, il est possible d'utiliser la machine en mode "Analog" seulement, ce qui réduit les conversions analogiques/numériques (et inversement), ce qui est censé impacter légèrement le son. Dans ce cas on a quand même une machine supérieure à l'AH MKII puisqu'on dispose d'un gate analogique en plus de très bonne facture et de deux LFOs supplémentaires. Pour ma part j'ai effectivement le sentiment qu'en mode "Analog" le son a plus de présence, une dynamique accrue avec des transitoires plus marquées ainsi qu'un aigu plus défini.

Si on se concentre sur la partie analogique, à savoir le drive, le filtre multi mode et l'EQ, je trouve ça très convaincant (plus que l'Oto Boum par exemple, à la fois en terme de rendu sonore et de flexibilité). A noter que suivant le type de distorsion/drive utilisé, l'EQ n'a pas le même comportement (les fréquences de coupure sont différentes). Pour ma part, je considère ça comme un point positif puisque chaque circuit de distorsion va vraiment sonner différemment utilisé en conjonction avec l'EQ.

La particularité de l'AH+FX, c'est de rajouter toute une chaîne d'effets numériques très facilement agençables entre eux. Je ne vais pas forcément tous les lister à nouveau mais ce qu'il faut en retenir, c'est que la plupart de ces effets proviennent du Digitone et du Digitakt et sont corrects tels quels. Je mentionne quand même l'effet warble qui est un simulateur de cassette et qui est inédit, utilisé subtilement il peut vraiment permettre d'élargir l'image stéréo et d'introduire subtilement du mouvement dans le son.
Une chose que je trouve dommage, c'est la gestion du routing du signal audio. C'est très simple, c'est du processing en série, on ne peut pas faire de chemins parallèles ou bien insérer un bloc d'effets dans la boucle du feedback du delay par exemple.

Si on résume jusque là, on a une partie analogique de très bonne facture, une partie numérique OK assez inégale et un routing du signal très basique. Et pourtant j'adore cette machine qui est devenue complètement centrale dans mon set up.

Là où la machine tire son épingle du jeu, c'est sur la partie modulation. On a un suiveur d'enveloppe qui peut également agir comme une enveloppe AD ou AHR, un générateur de trig qui réagit au niveau audio d'entrée et 3 LFOs dont les deux premiers sont déclenchables par le générateur de trig. Les LFOs peuvent moduler leurs paramètres entre eux et le troisième permet même de modifier les paramètres de l'enveloppe follower/générateur d'enveloppe. Et je rajoute que les 3 LFOs peuvent osciller dans l'audio permettant de faire de la FM sur n'importe quel paramètre.
Chaque source de modulation (à l'exception des entrées CV) permet de moduler 2 paramètres avec un taux de modulation indépendant et on peut rajouter à ça que le LFO1 et l'enveloppe sont directement liés à la fréquence du filtre (donc les deux premières sources de modulation peuvent moduler 3 paramètres chacune en réalité).
Et c'est grâce à ces modulations en pagaille que les effets numériques prennent vie. Le delay par exemple peut vite devenir très étrange et original si on module de manière plus ou moins chaotique ses paramètres. La reverb et l'effet bits réservent également des bonnes surprises dans ce cadre là.

Quand la machine a été annoncée, j'ai souvent lu des commentaires déplorant le manque de séquenceur. En fait, c'est là où je trouve l'approche très intéressante. Pour moi, elle est destinée à être programmée en amont (longuement) afin d'obtenir des traitements singuliers aux comportements plus ou moins prévisibles et organiques qui répondront à l'audio entrant. Ça en fait un module d'effets extrêmement expressif je trouve et complémentaire par rapport au bloc effet du Syntakt par exemple qui pour le coup a une approche classique de sequencing.

Dans la démarche d'utilisation de la machine, ça m'a beaucoup rappelé l'Octatrack dans l'esprit. C'est-à-dire une machine pas forcément gratifiante au premier abord et qui demande du temps, de l'investissement et un certain nombre de connaissances techniques pour devenir réellement intéressante. D'ailleurs je précise que les presets sont très peu pertinents puisqu'en général on va programmer un patch en fonction d'un certain type de source sonore. Et des patchs intéressants sur certains sons seront complètement anecdotiques sur d'autres.

La machine n'a qu'une entrée stéréo donc elle pourra trouver sa place en tant qu'outil de pur sound design sur une voix en particulier mais en tant qu'effet master, ça fonctionnera très bien également même si on aura tendance à programmer des patchs très différents évidemment.

Si je devais souligner un défaut sur cette machine, c'est bien celui du workflow. Alors c'est très bien pensé, les choses sont logiques, on ne fait pas de fausse manip, etc... Mais c'est la première fois qu'une machine Elektron me paraît aussi lourde avec autant de défilement de menus. La raison est assez simple, iels ont réutilisé le hardware de l'Analog Heat MKII mais en rajoutant beaucouuuuuuuuuuuuuup de fonctions. Donc on passe d'une machine où chaque bouton appelait une ou deux pages à une machine où un bouton peut appeler plus d'une dizaine de pages différentes (!) donc on se retrouve souvent à scroller dans les menus de modulation et d'effets et c'est assez laborieux. Le fait de n'avoir que 4 encodeurs augmente aussi le nombre de pages. J'imagine que cette décision de design a été prise pour économiser sur les coûts de recherche et de développement mais honnêtement, c'est assez décevant de la part d'Elektron qui avait proposé des workflow proches du sans faute sur la gamme des digis et des models.
Espérons qu'une mise à jour puisse mettre à disposition un mode performance (ou custom user) qui permettrait d'assigner sur une page ou deux des paramètres choisis.

Dans les points positifs, la machine dispose de plus de 500 sauvegardes de patchs, qui sont rappelables instantanément via program change (on aura une micro coupure du son à peine perceptible si on change de circuit de distorsion, autrement c'est parfaitement fluide et on peut donc très bien plocker un patch différent par step à l'aide d'un séquenceur externe).

Enfin je reste assez confiante sur l'évolution de la machine via les mises à jour de firmware. Il y a déjà une première mise à jour qui a rajouté des fonctionnalités très intéressantes sur les LFOs et la randomisation des paramètres. J'aimerais voir arriver comme évoqué plus haut un mode performance ainsi que d'autres modules d'effets (un waveshaper/folder, ce serait top, un comb filter aussi ;) ).