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Billybilly
« Boum ! »
Publié le 01/10/19 à 12:43
Rapport qualité/prix :
Excellent
Cible :
Les utilisateurs avertis
Je possède l'Oto Boum depuis maintenant environ 6 mois, il est temps de donner un avis !
J'utilise ce module en master de mon Octatrack et je produis du plunderphonic et de la noise (avec influences électroacoustiques, techno parfois, etc...). Pour faire le point rapide sur la fabrication et sur l'aspect extérieur de l'engin, ça a l'air très fiable, très solide, les pads et les potards inspirent la confiance. Deux regrets cependant : pas de bouton on/off (c'est toujours pratique) et le rouge sur fond vert, pas très lisible. Mais c'est vraiment du pinaillage.
Concernant le fonctionnement en lui-même, on se retrouve face à un combo compresseur/distos/filtre, le tout analogique. Au premier abord, la machine est déconcertante.
Le compresseur d'abord. On trouve en haut à gauche un gros potard avec la mention "compressor" indiquée en dessous. Ce potentiomètre commande à la fois le seuil de compression, le ratio ainsi que le make up. Seuls les valeurs de ratio sont indiquées sur le manuel. Après contact avec Denis d'Oto Machines, il s'avère que le make up varie de 0 à +25dB (0 sans compression, +25dB en compression inversée donc) et le seuil varie de -30dB à -20 jusqu'à midi (donc avec le ratio réglé en limiteur) puis revient à -30 en compression inversée lorsque le potard est poussé au bout. Le système est assez déroutant au premier abord, surtout que le make up automatique ne compense pas vraiment les variations de volume occasionnées par le changement de réglage du compresseur. Là où ça devient plus clair, c'est quand on comprend qu'il vaut mieux ignorer la valeur du seuil de ce potard et plutôt ajuster ce paramètre avec l'input gain de la machine (afin de taper plus ou moins vite dans la zone de travail du compresseur). Les valeurs de temps d'attaque et de relâchement du compresseur sont également réglables. Petit bémol pour ma part, toutes ces valeurs (input gain, attack, release, fréquence du coupe bas et même le seuil du gate) sont prédéfinies à l'avance et ne sont donc pas continues. Par exemple, l'input gain propose +6dB, +12, +18, +24, impossible de sélectionner une valeur intermédiaire comme +9dB. Donc pour ajuster finement le gain d'entrée, il faudra sûrement finir par toucher au master de l'appareil qui rentre dans l'Oto Boum.
Après ces explications techniques, on se demande comment ça sonne au final ? Et bien pas mal du tout, suivant les réglages, on peut obtenir une compression plutôt transparente qui va juste atténuer légèrement les niveaux forts, un limiteur qui va rattraper les crêtes, ou alors de la grosse compression assez violente qui pompe méchamment voire même des résultats très inattendus avec la compression inversée. Ce qu'il faut retenir, c'est que le compresseur fera aussi bien son travail en tant qu'outil technique destiné à éviter les accidents dynamiques dans un mix (même si ce n'est pas sa vocation première je pense) qu'en tant qu'outil de sound design ou compresseur musical avec des effets très marqués comme en techno ou en musique industrielle.
Les distos maintenant. Un seul paramètre à régler, le drive via un potard. Au début on trouve ça léger. En fait, c'est exactement comme pour le compresseur, le comportement de la distorsion sur le son va énormément dépendre du niveau d'entrée du signal. Par exemple, la première disto -le boost-, peut s'avérer fonctionner simplement en tant qu'amplificateur du signal (comme son nom l'indique...) mais en rentrant avec plus de niveau, la disto va commencer à travailler sur les niveaux les plus forts et donner une couleur vraiment différente. Un peu comme une saturation de K7. A noter que les 4 distorsions ont vraiment un caractère différent, et que les deux dernières sont très violentes.
Quant au filtre passe-bas, il est super joli mais il n'y a qu'un paramètre à gérer via le potard qui ajuste la fréquence du coupure du filtre. Vraiment dommage qu'il ne soit pas possible de moduler la résonance de la fréquence de coupure. Là on se retrouve avec un super filtre mais presque trop simple dont on ne pourra pas faire énormément de choses. Il ne se révélera vraiment que piloté en midi mais j’y reviens après. La machine possède aussi un filtre coupe-bas mais attention il n'est pas du tout comparable au filtre passe-bas, il est situé en début de chaîne du traitement du son et ne possède que 4 valeurs de fréquences prédéfinies (désactivé, 75Hz, 150Hz, 300Hz), n'espérez pas l'utilisez en le tweakant, c'est plus un bonus qui permettra d'atténuer une grosse basse qui ferait trop travailler le compresseur par exemple.
On a donc une machine relativement limitée en termes de réglage et il faut du temps avant d'en tirer quelque chose de convaincant (j'ai vraiment hésité à la renvoyer dans la première semaine). Le déclic s'est fait pour moi quand j'ai compris que ça ne faisait pas de miracle, si on envoie de la grosse bouillie mal mixée dedans, l'Oto Boum ne va pas vous ressortir un hit techno avec la petite compression qui va bien.
Une bonne manière de révéler le potentiel de la machine est de la piloter en midi, d’une part on peut contrôler le compresseur et créer un effet de side chain mais on peut également appliquer des automations du drive de la disto et du filtre passe-bas de manière subtile avec des LFO synchronisés au tempo et ça peut devenir redoutable. Par exemple avec le filtre qui agit très légèrement à chaque fois que le compresseur side chain atténue le mix, ce sont des choses subtiles mais qui peuvent vraiment faire sonner mieux un mix.
Pour ma part, je m’en sers beaucoup aussi en tant qu’outil de production noise avec des hauts niveaux de saturation et de la compression inversée, on obtient alors des textures vraiment cools et originales.
Un point que j'oubliais, la machine possède un potard de mix, un équivalent de dry/wet, permettant de doser la proportion de signal traité et non-traité. Lorsqu’on s’aventure dans des choses moins extrêmes que ma pratique, ce potard devient indispensable. Par exemple, sur une ligne de boîte à rythme que l’on voudrait colorer, il ne faudra pas hésiter à réinjecter un peu de signal non traité avec sa dynamique originelle, c’est parfois ce genre de détail qui va donner une sensation de son ample au final.
Au final, points faibles :
- Les valeurs prédéfinies par pas,
- Trop peu de paramètres réglables sur les distos et les filtres
Points forts :
- Le compresseur polyvalent,
- Les distos sont très bonnes mais il faut aimer la violence (à part pour la première)
- Piloté en midi, ça peut devenir incroyable
- Superbe outil de sound design pour peu que l'on comprenne comment l'aborder
- L'interface avec les petites leds que je trouve simple et plutôt intuitive
Edit 05/12/2020 : J'aime de plus en plus cet effet. Je voulais juste apporter des précisions sur les différents types de distorsion. En fait, selon la source, l'effet peut être radicalement différent. Typiquement, une distorsion appliquée sur un synthé basse va surtout changer le timbre de ce dernier, sans pour autant qu'à l'oreille, cela sonne saturé. L'interaction entre compresseur et disto est assez fine, et on tombe parfois sur des sweet spots qui réveillent totalement une ligne de basse ou une ligne rythmique. C'est finalement beaucoup plus complexe que ce que la machine peut laisser apercevoir au premier abord.
En terme de sound design, j'avais négligé cet aspect dans mon premier avis mais c'est vraiment bien foutu, c'est très facile de rendre un son très claquant, ou au contraire de gommer son attaque tout en prolongeant son sustain, etc... Vous me direz que c'est assez évident pour un compresseur et que c'est ce qu'on en attend mais là où je veux en venir, c'est qu'avec l'Oto Boum, c'est très facile à mettre en place et que dans la pratique, les valeurs arrêtées de certains paramètres (attack, release, gain, etc...), ça contribue pas mal à ce côté facile d'accès.
Dans sa communication, Oto Machines insistait bien sur le fait que c'était un compresseur destiné aux musiciens (comprendre pas aux techniciens) et facile d'accès. Et de ce point de vue, c'est franchement réussi, c'est assez ludique et ça sonne surtout très bien.
J'utilise ce module en master de mon Octatrack et je produis du plunderphonic et de la noise (avec influences électroacoustiques, techno parfois, etc...). Pour faire le point rapide sur la fabrication et sur l'aspect extérieur de l'engin, ça a l'air très fiable, très solide, les pads et les potards inspirent la confiance. Deux regrets cependant : pas de bouton on/off (c'est toujours pratique) et le rouge sur fond vert, pas très lisible. Mais c'est vraiment du pinaillage.
Concernant le fonctionnement en lui-même, on se retrouve face à un combo compresseur/distos/filtre, le tout analogique. Au premier abord, la machine est déconcertante.
Le compresseur d'abord. On trouve en haut à gauche un gros potard avec la mention "compressor" indiquée en dessous. Ce potentiomètre commande à la fois le seuil de compression, le ratio ainsi que le make up. Seuls les valeurs de ratio sont indiquées sur le manuel. Après contact avec Denis d'Oto Machines, il s'avère que le make up varie de 0 à +25dB (0 sans compression, +25dB en compression inversée donc) et le seuil varie de -30dB à -20 jusqu'à midi (donc avec le ratio réglé en limiteur) puis revient à -30 en compression inversée lorsque le potard est poussé au bout. Le système est assez déroutant au premier abord, surtout que le make up automatique ne compense pas vraiment les variations de volume occasionnées par le changement de réglage du compresseur. Là où ça devient plus clair, c'est quand on comprend qu'il vaut mieux ignorer la valeur du seuil de ce potard et plutôt ajuster ce paramètre avec l'input gain de la machine (afin de taper plus ou moins vite dans la zone de travail du compresseur). Les valeurs de temps d'attaque et de relâchement du compresseur sont également réglables. Petit bémol pour ma part, toutes ces valeurs (input gain, attack, release, fréquence du coupe bas et même le seuil du gate) sont prédéfinies à l'avance et ne sont donc pas continues. Par exemple, l'input gain propose +6dB, +12, +18, +24, impossible de sélectionner une valeur intermédiaire comme +9dB. Donc pour ajuster finement le gain d'entrée, il faudra sûrement finir par toucher au master de l'appareil qui rentre dans l'Oto Boum.
Après ces explications techniques, on se demande comment ça sonne au final ? Et bien pas mal du tout, suivant les réglages, on peut obtenir une compression plutôt transparente qui va juste atténuer légèrement les niveaux forts, un limiteur qui va rattraper les crêtes, ou alors de la grosse compression assez violente qui pompe méchamment voire même des résultats très inattendus avec la compression inversée. Ce qu'il faut retenir, c'est que le compresseur fera aussi bien son travail en tant qu'outil technique destiné à éviter les accidents dynamiques dans un mix (même si ce n'est pas sa vocation première je pense) qu'en tant qu'outil de sound design ou compresseur musical avec des effets très marqués comme en techno ou en musique industrielle.
Les distos maintenant. Un seul paramètre à régler, le drive via un potard. Au début on trouve ça léger. En fait, c'est exactement comme pour le compresseur, le comportement de la distorsion sur le son va énormément dépendre du niveau d'entrée du signal. Par exemple, la première disto -le boost-, peut s'avérer fonctionner simplement en tant qu'amplificateur du signal (comme son nom l'indique...) mais en rentrant avec plus de niveau, la disto va commencer à travailler sur les niveaux les plus forts et donner une couleur vraiment différente. Un peu comme une saturation de K7. A noter que les 4 distorsions ont vraiment un caractère différent, et que les deux dernières sont très violentes.
Quant au filtre passe-bas, il est super joli mais il n'y a qu'un paramètre à gérer via le potard qui ajuste la fréquence du coupure du filtre. Vraiment dommage qu'il ne soit pas possible de moduler la résonance de la fréquence de coupure. Là on se retrouve avec un super filtre mais presque trop simple dont on ne pourra pas faire énormément de choses. Il ne se révélera vraiment que piloté en midi mais j’y reviens après. La machine possède aussi un filtre coupe-bas mais attention il n'est pas du tout comparable au filtre passe-bas, il est situé en début de chaîne du traitement du son et ne possède que 4 valeurs de fréquences prédéfinies (désactivé, 75Hz, 150Hz, 300Hz), n'espérez pas l'utilisez en le tweakant, c'est plus un bonus qui permettra d'atténuer une grosse basse qui ferait trop travailler le compresseur par exemple.
On a donc une machine relativement limitée en termes de réglage et il faut du temps avant d'en tirer quelque chose de convaincant (j'ai vraiment hésité à la renvoyer dans la première semaine). Le déclic s'est fait pour moi quand j'ai compris que ça ne faisait pas de miracle, si on envoie de la grosse bouillie mal mixée dedans, l'Oto Boum ne va pas vous ressortir un hit techno avec la petite compression qui va bien.
Une bonne manière de révéler le potentiel de la machine est de la piloter en midi, d’une part on peut contrôler le compresseur et créer un effet de side chain mais on peut également appliquer des automations du drive de la disto et du filtre passe-bas de manière subtile avec des LFO synchronisés au tempo et ça peut devenir redoutable. Par exemple avec le filtre qui agit très légèrement à chaque fois que le compresseur side chain atténue le mix, ce sont des choses subtiles mais qui peuvent vraiment faire sonner mieux un mix.
Pour ma part, je m’en sers beaucoup aussi en tant qu’outil de production noise avec des hauts niveaux de saturation et de la compression inversée, on obtient alors des textures vraiment cools et originales.
Un point que j'oubliais, la machine possède un potard de mix, un équivalent de dry/wet, permettant de doser la proportion de signal traité et non-traité. Lorsqu’on s’aventure dans des choses moins extrêmes que ma pratique, ce potard devient indispensable. Par exemple, sur une ligne de boîte à rythme que l’on voudrait colorer, il ne faudra pas hésiter à réinjecter un peu de signal non traité avec sa dynamique originelle, c’est parfois ce genre de détail qui va donner une sensation de son ample au final.
Au final, points faibles :
- Les valeurs prédéfinies par pas,
- Trop peu de paramètres réglables sur les distos et les filtres
Points forts :
- Le compresseur polyvalent,
- Les distos sont très bonnes mais il faut aimer la violence (à part pour la première)
- Piloté en midi, ça peut devenir incroyable
- Superbe outil de sound design pour peu que l'on comprenne comment l'aborder
- L'interface avec les petites leds que je trouve simple et plutôt intuitive
Edit 05/12/2020 : J'aime de plus en plus cet effet. Je voulais juste apporter des précisions sur les différents types de distorsion. En fait, selon la source, l'effet peut être radicalement différent. Typiquement, une distorsion appliquée sur un synthé basse va surtout changer le timbre de ce dernier, sans pour autant qu'à l'oreille, cela sonne saturé. L'interaction entre compresseur et disto est assez fine, et on tombe parfois sur des sweet spots qui réveillent totalement une ligne de basse ou une ligne rythmique. C'est finalement beaucoup plus complexe que ce que la machine peut laisser apercevoir au premier abord.
En terme de sound design, j'avais négligé cet aspect dans mon premier avis mais c'est vraiment bien foutu, c'est très facile de rendre un son très claquant, ou au contraire de gommer son attaque tout en prolongeant son sustain, etc... Vous me direz que c'est assez évident pour un compresseur et que c'est ce qu'on en attend mais là où je veux en venir, c'est qu'avec l'Oto Boum, c'est très facile à mettre en place et que dans la pratique, les valeurs arrêtées de certains paramètres (attack, release, gain, etc...), ça contribue pas mal à ce côté facile d'accès.
Dans sa communication, Oto Machines insistait bien sur le fait que c'était un compresseur destiné aux musiciens (comprendre pas aux techniciens) et facile d'accès. Et de ce point de vue, c'est franchement réussi, c'est assez ludique et ça sonne surtout très bien.