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Sujet C'est toujours les meilleurs qui s'en vont.

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Sujet de la discussion C'est toujours les meilleurs qui s'en vont.

Citation : Serge Reggiani, quarante années de métamorphoses

Des acteurs qui débutèrent au cinéma sous l'Occupation, Serge Reggiani, mort d'une crise cardiaque dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 juillet, a été le plus étonnant par sa façon de se transformer, de dépasser les "emplois" pour créer des types, des personnages qui n'ont jamais laissé le public indifférent. Voyou et jeune premier dramatique, héros romantique et tourmenté, prolo tragique, truand de film noir, homme mûr humain, trop humain, il a traversé plus de quarante ans de cinéma français, avec une présence originale, même si son abondante filmographie comporte quelques scories. Grand comédien populaire, il a moins tourné lorsqu'il a mené, avec passion, son autre carrière de chanteur, mais la mémoire collective lui gardera une place de choix.

Né à Reggio Emilia, en Italie, le 2 mai 1922, Serge Reggiani vient vivre jeune, en France, avec ses parents. Son père est coiffeur à Paris et le destine au même métier. Mais, attiré par le monde du spectacle, il devient figurant au Châtelet et à Mogador, puis au cinéma à la veille de la guerre. Il est passé par le conservatoire et débute au théâtre, en 1940, dans Le Loup-garou de Roger Vitrac, mis en scène par Raymond Rouleau. C'est un four. Serge Reggiani retourne au cvonservatoire et décroche un premier prix de comédie et de tragédie. Il dit des poèmes au cabaret d'Agnès Capri. Il est pressenti pour le rôle principal du film Le Voyageur de la Toussaint de Louis Daquin, d'après Simenon (1942). On donne ce rôle à Jean Desailly, autre débutant, mais Reggiani en obtient un autre : celui d'un fils de famille bourgeoise, corrompu, voyou pathétique.

En 1943, il est encore un voyou, dans Le Carrefour des enfants perdus de Leo Joannon, où René Dary tente de le rééduquer. En 1945, il incarne François Villon, poète et voyou du Moyen-Age sous la direction d'André Zwobada ; il est aussi le partenaire d'Edith Piaf et d'Yves Montand (Etoile sans lumière de Marcel Blistène). Puis, il devient vedette en petite gouape criminelle des Portes de la nuit de Marcel Carné (1946). Il sera voyou, enfant perdu encore dans La Fleur de l'âge du même Carné (1947) mais le film reste inachevé. Serge Reggiani est un garçon cynique et pervers, un trafiquant de l'après-guerre dans Manon (1948), version moderne et très noire du roman de l'abbé Prévost réalisée par Henri-Georges Clouzot.

L'année suivante, André Cayatte lui fait prendre le tournant du romantisme dans Les Amants de Vérone, histoire du tournage d'un film d'après la tragédie de Shakespeare, dans l'Italie qui se relève du fascisme. Il forme avec Anouk Aimée un couple de légende et devient, presque autant que Gérard Philipe, le symbole de la génération montante. Il interprète le journaliste Rouletabille de Gaston Leroux avec un grain de romantisme, dans Le Mystère de la chambre jaune d'Henri Aisner et Le Parfum de la dame en noir, de Louis Daquin, films policiers modernes, qui s'écartent des intrigues d'origine. Son romantisme est beaucoup plus sombre dans Au royaume des cieux (1949, toujours), où Julien Duvivier fait preuve de son habituelle conception pessimiste du monde.

Serge Reggiani passe par La Ronde de Max Ophüls (1950), tourne en Italie et se transforme en menuisier 1900 épris d'une prostituée liée au monde des "apaches" des faubourgs parisiens. C'est Casque d'or, chef-d'œuvre d'abord incompris, délaissé, de Jacques Becker (1952). Superbe histoire d'amour qui se termine au pied de la guillotine. Simone Signoret et Serge Reggiani vont rester marqués par leurs personnages. Reggiani, dont le talent trop intense semble faire peur aux producteurs, ne retrouvera pas, avant longtemps, une composition aussi riche, même s'il est bien distribué dans Les Salauds vont en enfer de Robert Hossein (1955) et la nouvelle version des Misérables par Jean-Paul Le Chanois (1957). Il joue, alors, au théâtre, où il crée Les Séquestrés d'Altona de Jean-Paul Sartre.

1960 : coup sur coup, Serge Reggiani, à l'approche de la quarantaine, prend un nouveau visage, une nouvelle personnalité avec Le Guépard de Luchino Visconti et Le Doulos de Jean-Pierre Melville, où il interprète un truand ambigu, mais à la dimension humaine. Cette humanité se retrouve, dans les années qui suivent, chez Henri Verneuil (la Vingt- cinquième heure), Robert Enrico (Les Aventuriers, Les Caïds), Damiano Damiani (La Mafia fait la loi), Jean-Pierre Melville (L'Armée des ombres), et Roger Pigaut (Comptes à rebours, Trois milliards sans ascenceur). Presque tous ces films sont, pour l'acteur, des aventures d'amitié.

Marco Ferreri sait l'utiliser dans Touche pas à la femme blanche (1973) où il est stupéfiant en sorcier indien. Claude Sautet le replace dans le tragique contemporain sous-jacent, avec un des plus beaux personnages de sa maturité (Vincent, François, Paul et les autres, 1974). Serge Reggiani vieillit bien, se transforme encore une fois chez Claude Lelouch (Le Chat et la Souris, Le Bon et les Méchants, 1975).

Pourtant, l'écart se creuse entre le cinéma français et lui, comme s'il appartenait à une autre époque et qu'on le trouve encombrant. Il est remarquable, encore, dans Violette et François de Jacques Rouffio (1977) et, surtout dans La Terrasse d'Ettore Scola, cinéaste italien dont la sensibilité s'accorde à l'introspection des comportements et des sentiments. N'y avait-il plus, ensuite, de transformation possible ? Serge Reggiani se trouve comme en retrait en 1980 (L'Empreinte des géants de Robert Enrico et Fantastica de Gilles Carle). Il a fait une de ses dernières apparitions dans le premier film du jeune cinéaste Jean-Pierre Sauné : Coupe franche, sorti en février 1989.

Jacques Siclier (Le Monde du 23/07/04)



Nougaro, Ray Charles, Reggiani et j'en oublie... Le bilan est lourd cette année :((
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Y'a ptet eu Mano Solo ya 5/8 ans... depuis je sais pu, il etait parti rock j'ai laché , mais y'avait de la Voix, des Musiques et des Textes, mais c'est pas de jeu il croyait qu'il etait mourrant. lol
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Citation : il a pas juste une tendance a faire des voix guitares simples plus que les sublimes musiques de nos ainés prestigieux ?



sur scène oui (puisque souvent seul) mais sur album, ça va de la bandas aux ensembles de cordes, en passant par des touches cajuns sympathiques... non franchement il est étonnant (je trouverai superbe que le renouveau vienne de qq'un comm lui).
Fersen écrit foutrement bien mais effectivement côté voix....
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Hors sujet :

Citation : Et les Voix ? : ) genre, celles qui te retourne comme si on te plongait le poing dans le ventre et qu'on retournait tous les organes par l'interieur ?

J'ai longtemps cru que ce genre de sensation ne pourrait plus m'arriver pour cause d'écoute trop analytique. Ben ça m'est arrivé la semaine dernière en visionnant le DVD de Dead Can Dance.

(HS parce que c'est pas français)

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Citation : sur scène oui (puisque souvent seul) mais sur album, ça va de la bandas aux ensembles de cordes, en passant par des touches cajuns sympathiques... non franchement il est étonnant (je trouverai superbe que le renouveau vienne de qq'un comm lui).



M'en vais acheter un disque alors, t'as un album a me conseiller, il en a fait plusieurs ?
35
Des voix qui me retourne..

y'avait des chansons d'Higelin qui me faisait ca (bon maintenant higelin :oops: )
Lavilliers je dirais
36
http://www.jacques-canetti.com/html/cd3_reggiani.asp

Mon préféré, avec "Sarah", une des plus belles chansons de ma courte vie.

"La femme qui est dans mon lit n'a plus 20 ans depuis longtemps, ne riez pas , n'y touchez pas, gardez vos larmes, et vos sarcasmes"... avec une musique grandiose.
37

Citation : La femme qui est dans mon lit
N'a plus 20 ans depuis longtemps
Les yeux cernés
Par les années
Par les amours
Au jour le jour
La bouche usée
Par les baisers
Trop souvent, mais
Trop mal donnés
Le teint blafard
Malgré le fard
Plus pâle qu'une
Tâche de lune

La femme qui est dans mon lit
N'a plus 20 ans depuis longtemps
Les seins si lourds
De trop d'amour
Ne portent pas
Le nom d'appas
Le corps lassé
Trop caressé
Trop souvent, mais
Trop mal aimé
Le dos vouté
Semble porter
Des souvenirs
Qu'elle a dû fuir

La femme qui est dans mon lit
N'a plus 20 ans depuis longtemps
Ne riez pas
N'y touchez pas
Gardez vos larmes
Et vos sarcasmes
Lorsque la nuit
Nous réunit
Son corps, ses mains
S'offrent aux miens
Et c'est son cœur
Couvert de pleurs
Et de blessures
Qui me rassure



Par Moustaki. Arf...
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"l'air de rien" son premier est excellent car tout simple, tout frais. Sinon une chanson qui s'appelle "les rallyes" (belle critique du milieu hupé). Le dernier album n'est pas "mauvais" mais les gens autour de lui casse sa spontanéité. En écoute sur son site.







http://www.teteonline.com/
39
Ouep Loop, moi je te rejoins sur la jeune génération, y'a pas grand chose de comparable aux Brel, Reggiani et consorts...
Des trucs bien il y en a, mais du top niveau comme ça...

 

 

40
Oui mais des comme Brel ou Brassens on peut pas en avoir tous les 5ans non plus.
C'est comme des Beethoven si t'en as un par siècle c'est deja pas mal.

Je ne crois pas que le meilleur soit derière je crois qu'il faut etre patient mais d'autres viendront ou sont dejà là mais un peu noyé dans la masse des nazeries ou pas encore à pleine maturité