Test de la Denon DJ SC2900 - Le meilleur des deux mondes

Débal­lage et premières impres­sions

Premier bon point pour Denon, il n’y a pas de mauvaise surprise à l’ou­ver­ture du carton. On retrouve en plus du lecteur, un manuel d’uti­li­sa­tion détaillé et en français, deux CDs d’ins­tal­la­tion (Trak­tor LE 2 et Engine) et toute la pano­plie de câbles et cordons (USB, RCA, cordon d’ali­men­ta­tion) néces­saire au bon fonc­tion­ne­ment de la platine. Certains construc­teurs préfèrent lais­ser la docu­men­ta­tion et les fichiers d’ins­tal­la­tion sur leurs serveurs en oubliant que tout le monde ne dispose pas forcé­ment d’une connexion inter­net à l’en­droit où il veut instal­ler son maté­riel.

Les dimen­sions du lecteur sont tout à fait stan­dards pour ce genre de lecteur (366×326×124mm), seul le poids de 5 kg est un peu surpre­nant et j’ai soudain compris pourquoi le cour­sier a eu tant de mal à monter le carton jusqu’au troi­sième étage.

Les faces avant et arrière sont des plus clas­siques. Sur la face avant, la fente pour le mange-disque (incroyable !) et sur la face arrière on retrouve pêle-mêle les sorties audio numé­riques et analo­giques, le bouton on/off et le port USB pour le MIDI et la carte son interne (la platine fonc­tionne avec le logi­ciel Trak­tor, vendu avec). Une petite surprise tout de même puisqu’une prise RJ45 est présente à l’ar­rière du maté­riel. Le RJ45 va servir ici pour les fonc­tions Link et Engine que je déve­lop­pe­rai plus tard, car ces dernières équipent de plus en plus de platines et méritent un para­graphe entier. Pour finir, nous avons le plug fader start qui, si vous avez une table de mixage adéquate, permet de profi­ter de cette fonc­tion. Je n’en ai jamais vrai­ment compris l’uti­lité, mais pour faire simple, le départ et l’ar­rêt du son s’ef­fec­tuent à l’aide des faders et du cross­fa­der de la table de mixage.

Le design de la platine reste dans le style Denon et les connais­seurs de la marque retrou­ve­ront vite leurs repères. L’er­go­no­mie géné­rale est agréable et permet une prise en main rapide. Les commandes sont claires et Denon a eu la bonne idée de ne pas multi­plier les sous-menus ainsi que les commandes dédou­blées à l’aide de la touche SHIFT. La concep­tion des touches PLAY et CUE a été modi­fiée par rapport aux anciennes platines DENON et elles répondent parfai­te­ment bien. DENON a équipé la SC2900 d’un START/BRAKE réglable qui permet de modi­fier la vitesse de lance­ment et d’ar­rêt de la lecture comme on pouvait le faire sur certains modèles de platine vinyle.

Un magni­fique écran de calcu­lette affiche toutes les infor­ma­tions néces­saires et même plus. En un coup d’oeil vous êtes au courant du nom de la piste, de l’ar­tiste, de l’al­bum, du temps écoulé ou restant, du BPM, de la wave­form, des diffé­rents CUE, et si une loop est enga­gée ou non… Rien que ça. De plus la platine commu­nique avec vous et des messages vous indiquent régu­liè­re­ment les actions effec­tuées comme la créa­tion d’un point cue ou d’une boucle. L’adjec­tif « magni­fique », pour décrire l’écran, étant un tanti­net ironique, j’en profite pour poser une petite ques­tion aux diffé­rents construc­teurs, car Denon est loin d’être la seule marque à soule­ver mon inter­ro­ga­tion. Pourquoi, en 2012, et aux prix où sont propo­sés vos produits, conti­nuez-vous d’équi­per vos maté­riels avec des écrans des années 90 ? J’ima­gine qu’il reste des stocks à écou­ler, mais à l’heure où le moindre télé­phone ou lecteur multi­mé­dia portable dispose d’écran HD, je me demande pourquoi les DJ n’ont pas droit à une telle tech­no­lo­gie et doivent se colti­ner des écrans mono­chro­mes…

Une fois bran­ché sur le secteur, les LEDs qui illu­minent le lecteur sont du plus bel effet et le lecteur gagne en clarté. Autre point fort : la platine est équi­pée d’un plateau statique (jog) de type « Eclipse » de 7 pouces. Il trône en plein milieu de l’ap­pa­reil et permet la réali­sa­tion de scratch ou autre backs­pin très précis. Le plateau est sensi­tif et fonc­tionne en mode bend (rattra­page au doigt en français) sur le contour du plateau et en mode scratch sur le dessus. La fonc­tion scratch s’ac­tive à l’aide de la touche VINYL. La sensi­bi­lité du jog est réglable ainsi que le couple qui est para­mé­trable et propose cinq posi­tons diffé­rentes. Pour finir avec le jog, un anneau lumi­neux encercle ce dernier et permet de repé­rer le point CUE ainsi que la posi­tion de lecture. Petit plus, l’in­ten­sité et la couleur des LEDs sont réglables ce qui vous permet­tra de para­mé­trer le design de la platine comme bon vous semble. C’est du gadget, mais ça fait toujours plai­sir de pouvoir person­na­li­ser un mini­mum son maté­riel.

Main­te­nant que nous avons fait plus ou moins le tour du proprié­taire, nous allons passer aux diffé­rents modes de lecture que nous propose la SC2900.

Les diffé­rents modes de lecture

Avant de détailler les diffé­rents modes de lecture, je rappelle que la SC2900 est un lecteur multi­mé­dia et de ce fait il supporte plusieurs formats audio: WAVE, MP3, AAC, AIFF. Au-dessus de l’écran sont placées quatre touches rétro-éclai­rées en bleu qui permettent de swit­cher entre les quatre diffé­rents modes de lecture de la platine CD, USB, LINK et MIDI :

– CD : je ne vais pas m’éter­ni­ser sur ce mode de lecture qui comme son nom l’in­dique vous permet de lire les CDs. Je précise quand même que le temps de char­ge­ment du CD est ultra rapide, de même lorsque l’on passe d’une piste à l’autre.

– USB : en haut à gauche de la platine se trouve un port USB. À la diffé­rence du port placé derrière qui sert à relier la carte son interne de la platine à un ordi­na­teur, celui-ci est destiné à accueillir une clé USB, un disque dur ou n’im­porte quel autre péri­phé­rique de stockage USB. Je tiens à remer­cier les construc­teurs et égale­ment Denon qui ont quasi­ment rendu nul le temps de char­ge­ment des fichiers audio stockés sur un péri­phé­rique USB et qui mettent par la même occa­sion fin au stress que pouvaient procu­rer certains temps de char­ge­ment inter­mi­nables.

– LINK : cette fonc­tion est à mon avis le point fort de cette platine. Ce mode de lecture va vous permettre, à l’aide de la prise RJ45, de relier jusqu’à quatre platines SC2900 ou SC3900 en réseau. Ainsi les platines vont commu­niquer entre elles et s’échan­ger les fichiers audio stockés sur une clé ou un disque dur. On peut imagi­ner par exemple un duo de DJ qui mixent sur deux sets diffé­rents, mais qui piochent leur sélec­tion sur un seul et même disque dur. La mise en réseau permet égale­ment de dési­gner une platine maître et de synchro­ni­ser les trois autres platines sur le tempo de cette dernière.

– MIDI : pour finir, le mode MIDI hybride qui trans­forme votre platine en contrô­leur en tout genre. La platine étant vendue avec le logi­ciel Trak­tor, il n’est pas éton­nant qu’elle fonc­tionne nati­ve­ment avec ce dernier. Pour l’uti­li­sa­tion d’autres logi­ciels de mix ou DVS (Serato Scratch Live par exemple), il vous faudra effec­tuer le mapping vous-même ou vous tenir au courant sur le site du construc­teur des diffé­rents mappings qu’il compte déve­lop­per.

Main­te­nant que nous avons détaillé les diffé­rents modes de lecture, voyons ce que la SC2900 nous propose comme fonc­tions pour nous amuser derrière nos platines et ainsi créer des mix de folie !

Les fonc­tions inté­res­santes et leur prise en main

Je ne revien­drai pas sur les fonc­tions de base déjà abor­dées dans la première partie pour mieux déve­lop­per celles qui me paraissent perti­nentes ou nova­trices. Juste pour rappel, la platine propose quatre points CUE assi­gnables grâce aux commandes dédiées, bien évidem­ment les CUE peuvent être suppri­més à l’aide de la touche CLR plus le point CUE que l’on veut effa­cer. Le système de loops est bien pensé et simple d’uti­li­sa­tion. La SC2900 propose deux mani­pu­la­tions pour effec­tuer les boucles. Vous pouvez soit déter­mi­ner un point d’en­trée et de sortie vous-même, soit profi­ter de la fonc­tion auto-loop. Cette dernière peut effec­tuer des boucles allant de ¼ de temps à la tota­lité du morceau. Pour que la fonc­tion auto-loop soit dispo­nible, il faut que le lecteur ait analysé le BPM du fichier audio. Cette analyse se fait la plupart du temps auto­ma­tique­ment, mais vous devrez parfois le rentrer manuel­le­ment à l’aide de la touche TAP située en bas à droite de la platine.

La fonc­tion SYNC, qui terro­rise les DJ du monde entier, met au même tempo diffé­rents morceaux sur deux, trois ou quatre platines (mode LINK) simul­ta­né­ment. La fonc­tion SLIP permet quant à elle de bidouiller le morceau qui se joue avec des loops ou des reverse sans alté­rer le dérou­le­ment du son.

La platine est égale­ment équi­pée d’un pitch ultra perfor­mant doté d’une très grande ampli­tude (de +/-6 à +/-100). Les deux touches pitch bend placées juste à côté servent à régler avec préci­sion la valeur du pitch. Pour finir, la touche Key Adjust bloque la tona­lité du morceau lors de l’uti­li­sa­tion du pitch.

Sur la partie supé­rieure droite du lecteur, on retrouve les boutons servant à confi­gu­rer les infor­ma­tions qui s’af­fichent à l’écran. On peut ainsi choi­sir d’af­fi­cher le temps restant ou le temps écoulé, chan­ger si l’on veut que le nom de l’ar­tiste ou de l’al­bum s’af­fiche, etc. On retrouve égale­ment les commandes desti­nées à la navi­ga­tion dans les diffé­rents équi­pe­ments de stockage. La navi­ga­tion s’ef­fec­tue à l’aide d’une molette et de deux touches pour avan­cer ou recu­ler dans les dossiers. Les utili­sa­teurs de contrô­leurs ou de lecteurs multi­mé­dia comme celui-ci commencent à s’ha­bi­tuer à ce genre de mani­pu­la­tion. Juste en-dessous de la molette, on retrouve un groupe de commandes servant à la créa­tion de play­list. Denon innove dans ce domaine puisque la SC2900 permet d’ef­fec­tuer les play­lists à la volée. Il suffit pour cela de créer une play­list et d’y ajou­ter ou suppri­mer les morceaux choi­sis. Je rappelle qu’avec la tech­no­lo­gie LINK, les platines connec­tées en réseau auront accès aux play­lists. 

Mais Denon, en matière de navi­ga­tion et d’édi­tion, ne s’ar­rête pas là et nous livre avec ses deux nouvelles platines multi­mé­dias la SC3900 et la SC2900 un tout nouveau logi­ciel d’édi­tion ENGINE.

Engine c’est quoi et à quoi ça sert ?

Pour les habi­tués du site Audio­fan­zine, Engine n’est ni plus ni moins que la version Denon du logi­ciel Rekord­box que Pioneer avait présenté en 2010 et qui équipe doré­na­vant ses platines. Pour les autres qui ne savent pas plus ce qu’est la Rekord­box qu’En­gine, je vais vous expliquer à quoi ça sert.

Engine est une plate­forme de gestion de musique qui permet de prépa­rer ses sets sur son ordi­na­teur ou son iPad chez soi, dans les trans­ports… Le logi­ciel permet aux DJ qui n’uti­lisent pas de logi­ciel de mix comme Trak­tor ou Serato et qui n’aiment pas utili­ser d’or­di­na­teur pendant leurs mixes de profi­ter de certaines fonc­tions que ces logi­ciels proposent. La plupart des outils d’édi­tion du logi­ciel de Denon sont quasi­ment simi­laires à la version de Pioneer. Engine offre la possi­bi­lité d’ana­ly­ser les pistes et d’édi­ter les points Cue, les repères de loops, mais aussi détec­ter les BPM et les wave­forms ou renom­mer les pistes. Engine permet égale­ment de créer des play­lists faci­le­ment, de taguer les morceaux et les clas­ser comme bon vous semble. Le logi­ciel offre égale­ment une bonne solu­tion au problème de navi­ga­tion mentionné un peu plus haut et permet d’uti­li­ser l’écran de l’or­di­na­teur ou de l’iPad pour une meilleure lisi­bi­lité. 

Si votre maté­riel est relié en réseau, le logi­ciel Engine via un routeur peut aussi faire partie de ce réseau et propo­ser ainsi d’autres fonc­tions que l’édi­tion de piste. Une fois la mise en réseau effec­tuée vous allez pouvoir direc­te­ment piocher dans vos play­lists éditées sur Engine et envoyer sur les diffé­rentes platines du réseau les sons que vous voulez. De plus, à l’in­verse des logi­ciels de mix, si votre ordi­na­teur plante ça n’a aucune consé­quence sur le son joué, car Engine n’est qu’un navi­ga­teur et charge direc­te­ment les sons sur les platines, ce qui permet de ne pas inter­rompre la lecture en cas de plan­tage. Engine scanne égale­ment touts les supports USB reliés au réseau et les affiche sur l’écran de l’or­di­na­teur. Ce n’est donc pas la peine de copier les fichiers sur l’or­di­na­teur pour profi­ter des fonc­tions d’En­gine.

Pour finir avec ce logi­ciel, Denon propose une version pour iPad via une appli­ca­tion gratuite à télé­char­ger sur l’Apple Store. C’est une version light du logi­ciel, mais qui reste néan­moins très pratique. 

Pour qui et à quel prix ?

La SC2900 est une platine desti­née avant tout aux DJ profes­sion­nels ou aux passion­nés. Même si son prix est très compé­ti­tif, il vous faudra tout de même débour­ser à peu près 800 euros pour l’ac­qué­rir. Les DJ réti­cents à l’uti­li­sa­tion des logi­ciels de mix seront ravis, car avec le logi­ciel Engine, qui accom­pagne toutes les nouvelles platines de Denon, ils pour­ront béné­fi­cier de tous les avan­tages des logi­ciels sans les incon­vé­nients comme le plan­tage ou le freeze. De plus, l’ajout de l’ap­pli­ca­tion Engine pour tablette fera le bonheur de tous les accros aux nouvelles tech­no­lo­gies.

Conclu­sion

Denon nous livre avec la SC2900 un produit à la pointe de ce qui se fait en ce moment en matière de DJing et a parfai­te­ment inté­gré à ses platines toutes les dernières tech­no­lo­gies comme le LINK ou le logi­ciel d’édi­tion Engine. On regret­tera tout de même l’ab­sence de quelques effets inté­grés à la platine. Même si le produit ne propose pas de réelle inno­va­tion par rapport aux marques concur­rentes, la SC2900 est un excellent produit au design soigné. Je pense que la SC2900 et la SC3900 n’ont pas fini de faire parler d’elles et Denon se posi­tionne comme un sérieux client sur le marché et met une grosse pres­sion sur ses concur­rents directs. Serait-ce la fin de la supré­ma­tie de Pioneer dans le monde du DJing profes­sion­nel ? Affaire à suivre.