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14 vote(s)
2 réponse(s) maximum Fin du sondage : 20/02/24
1 Posté le le 20/02/2023 à 09:49 Sondage Clos
Avez-vous eu recourt à l'achat de likes ou vues sur les réseaux sociaux ? Avez-vous recourt à la publicité fréquemment pour votre activité musicale ?
  • 1 Non, ni achat de likes, ni publicité (11 - 79%)
  • 2 Publicité ou promotion "officielle" (facebook, youtube, groover...) (3 - 21%)
Sondage réalisé du 20/02/2023 au 20/02/2024 - 14 participants - 2 réponses par participant
Sujet de la discussion [SONDAGE] Youtube, Facebook et l'économie de l'attention : le règne du faux
Salut tout le monde

Récemment, j'ai sorti avec mon groupe quelques vidéos-clips que je considère comme pros et intéressants (quoique très alternatifs en termes d'esthétique). Nous sommes totalement indépendant et DIY, donc n'avons jamais eu des millions de vues, mais ces derniers temps j'ai l'impression que c'est encore moins dynamique.
Je vis de la musique, et je joue donc régulièrement un peu partout, un de nos titres est même passé récemment sur FIP (sans attaché de presse) mais j'ai remarqué ces derniers temps, que ce soit sur Facebook ou Youtube, que tout est plus compliqué, que les posts ont moins de vues et de likes, et qu'en gros tout semble fait pour nous forcer à "payer pour être vu".
Je ne partage pas le nom du groupe parce que je ne suis pas la seule personne impliquée et je ne veux pas mêler mon groupe à mes réflexions sur AudioFanzine (je peux le révéler en message privé si jamais). Mais en gros on a 1200 personnes qui nous suivent sur Facebook, une vingtaine de vidéos et/ou clips dont le plus vu atteint 8000 vues et une actualité discographique (en autoproduction) régulière... Je pense qu'on fait de la musique de très bonne qualité, avec un style chelou qui fait que notre public ne sera de toutes façons jamais immense (mais bon, on tourne quand même et comme je disais on passe parfois à la radio, FIP et France Inter récemment, sans attaché de presse ni label).

Or, je constate chez d'autres groupes que je connais (et qui en sont au même niveau de notoriété et de développement que nous) des sorties de vidéo qui atteignent 10 000 vues en une semaine, parfois même 30 000 vues en quelques semaines alors même que leurs vidéos précédentes dépassaient difficilement les 2500 vues après 1 an ou 2 d'exploitation (et en gros, c'est dans cette dynamique que je situe mon groupe).
Et évidemment en parallèle, je vois leurs posts sponsorisés sur Facebook tourner en boucle pendant des jours, donc j'en tire la conclusion qu'ils n'hésitent pas à payer pour être vus.
J'ai déjà utilisé les publicités facebook, et je sais que pour un vrai résultat il ne faut pas hésiter à dépenser des dizaines, voire plus d'une centaine d'euros (nous n'avons jamais dépassé les 30€ avec notre groupe, avec des résultats mitigés).

Je m'interroge donc avec douleur sur la façon dont le milieu musical évolue ces dernières années, avec les dégâts du streaming sur les revenus discographiques (même à mon niveau, je constate que plus personne n'achète de disques physiques, et que ça fait des revenus en moins après chaque concert), et maintenant le rôle de plus en plus déterminante de ces achats de like et de vues.

Parce que tout est basé sur le nombre de vues et de likes, qui objectivent la notoriété d'un groupe pour tous ses interlocuteurs professionnels (programmateur, boite de booking, label, radio etc. etc.), alors même que ce qui est objectivé ne correspond pas vraiment à une réalité (en gros, le nombre de fans) mais plutôt aux investissements du groupe dans tout ce que notre système peut avoir de faux, toxique et débile.

Le pire, c'est que j'ai l'impression que beaucoup de professionnels sont dupes : un programmateur qui va faire jouer un groupe dans sa prog est évidemment sensible aux nombre de vues et à la présence de ce groupe sur les réseaux (et j'ai même rencontré une programmatrice qui m'a affirmé après notre concert dans son lieu qu'elle pouvait prédire à l'avance la fréquentation de tel ou tel concert en analysant l'engagement à ses posts pour annoncer le concert sur les réseaux sociaux).
C'est donc une prime à la putasserie et à la triche, puisqu'il vaut mieux tricher en achetant de fausses vues/likes, et engraisser en passant les acteurs toxiques de l'économie de l'attention (Facebook, Youtube et consorts), que de faire les choses de façon réglo et être transparent sur son degré de notoriété réel en laissant simplement parler la qualité de la proposition.
Le pire, c'est que le faux devient peu à peu vrai, puisque même si les vues et likes sont faux, le groupe tricheur est finalement plus fréquemment programmé, donc joue plus, attire plus systématiquement l'attention des professionnels, donc augmente RÉELLEMENT son degré de notoriété...

Je trouve tout cela de plus en plus désespérant. Et à mon avis cela a un rôle dans la prolifération de musiques de plus en plus mal faites et débiles, puisque les algorithmes de toute cette économie numérique privilégient les productions virales, câd généralement les plus régressives et débiles (cf. le rôle des algorithmes sur les contenus haineux, simplificateurs, faux mais excitants, conspirationnistes, etc. etc.)

Voilà quelques articles que j'ai pu trouver sur le net sur le sujet.
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-enjeux-des-reseaux-sociaux/plongee-dans-les-fausses-ecoutes-fakestreams-de-spotify-et-deezer-7764663
(c'est marrant, ce podcast a été retiré.)
https://www.radiofrance.fr/franceinter/c-est-comme-du-dopage-sur-le-tour-de-france-les-faux-streams-polluent-les-plateformes-de-musique-9967064
https://cnm.fr/faux-streams-vrai-phenomene-le-cnm-avec-les-professionnels-pour-lutter-contre-la-fraude/
https://www.lesinrocks.com/actu/comment-les-fausses-vues-sur-youtube-sont-devenues-un-veritable-business-170071-18-08-2018/
https://www.ledevoir.com/culture/musique/778264/musique-le-fausse-ecoute-ou-comment-tricher-sur-youtube-et-spotify

Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Et quel a été votre rapport à cette industrie de l'attention ? Avez-vous eu recourt à ces services (publicité ou faux engagement) ?
J'ai ajouté un sondage, comme ça il me semble qu'il est possible de répondre de façon anonyme, tout en commentant de façon plus argumentée ci-dessous
2
Un nombre élevé de vues ou de followers ne se transforme pas automatiquement en spectateurs. J'ai bossé pour une salle (en tant que technicien), on a fait des fours avec des groupes qui avaient pourtant 30'000 followers. Ce n'est pas nouveau ni spécifique aux réseaux sociaux: on a aussi fait des fours avec des artistes diffusés sur France Inter. Les professionnels que je croise sont loin d'être dupes. Ils l'ont été une fois, ils ont été déçus, et ils considèrent ensuite les chiffres des réseaux sociaux avec distance. Ce n'est qu'un indicateur parmi d'autres.

Cette même salle publiait régulièrement des vidéos de concert. Certaines n'atteignaient pas 100 vues, d'autres ont dépassé 100'000 vues. On n'a rien fait de particulier. Il y a un aléa qu'on ne maîtrise pas. Ca me semble très hasardeux d'imaginer qu'une vidéo qui cartonne est le signe que le groupe a acheté des likes.

Pour un programmateur, la "présence" sur les réseaux sociaux ne se résume pas aux vues. C'est plutôt un signe que le groupe se bouge pour assurer sa communication, qu'il maintient une actualité. Un pro comptera autant le nombre de posts que le nombre de likes.

Ton discours revient un peu à dire que si d'autres groupes pourtant médiocres cartonnent, c'est parce qu'ils trichent. A ta place, j'éviterais de me prononcer sur la qualité de ce que produisent les autres. C'est un argument à double tranchant. On peut te renvoyer dans la gueule, de façon péremptoire, que si tu cartonnes pas, c'est que tu fais partie des groupes médiocres... (c'est évidemment un argument ultra-libéral foireux).
Ce qui est sûr, en revanche, c'est qu'il y a énormément de groupes, que tous connaissent Facebook et Youtube, et qu'il ne faut pas espérer de salut par une simple communication sur les réseaux sociaux. Et puis Facebook, aujourd’hui, c'est devenu un truc de vieux.

[ Dernière édition du message le 20/02/2023 à 11:01:36 ]

3
Salut Nick.

Je suis content d'entendre que les programmateurs ne sont pas complètement dupes. Mais je ne suis pas complètement d'accord avec le reste, et je pense bien connaître de l'intérieur le milieu de la pop indé (au sens large) donc je ne m'appuie pas sur des délires. Mais sans doute ai-je argumenté à la va-vite...

D'abord, je n'ai jamais dit que les si les groupes médiocres cartonnent c'est parce qu'ils trichent : ils n'ont souvent pas besoin de le faire. Alors évidemment, je suis globalement affligé par la qualité de ce qui fonctionne, mais d'une part c'est mon point de vue et plus généralement c'est normal puisqu'il s'agit de musique industriellement calibrée (et je parle de production au sens très large, sur le modèle de Max Martin) pour plaire à un très large public, généralement composé à 80% d'enfants ou d'ados de 12 à 16 ans. Même Jeanne Added, après avoir fait un bon disque commercial avec Dan Levy et d'excellents lives en 2015-2016, a été complètement happée par la machine et fait de la soupe insipide et générique depuis lors. Par contre, il existe évidemment des groupes ou artistes qui ont du succès et qui sont créatifs et intéressants : je ne parle que de tendances.
Mais revenons au sujet.
Je partais d'un exemple personnel : j'ai remarqué récemment que deux projets que je connais bien, dont je suis l'actualité et qui n'ont rien de médiocre mais qui en sont au même niveau de développement que mon propre projet, ont soudainement et sans aucune explication (ça pourrait être un passage radio, une presse dithyrambe ou ce genre de choses, mais en vérité il ne s'est rien passé) mis en ligne des vidéos qui faisaient 10 000 vue en une semaine, 30 000 vues en 2-3 semaines, puis plus rien. Autre signe, le groupe fait 30 000 vues en moins d'un mois avec sa vidéo mais il a une trentaine d'auditeurs mensuels sur Spotify : comment est-ce imaginable ? Ces signes sont évidents, et je ne suis pas en train de me faire un ego trip de narcisse blessé par le succès du voisin. C'est simplement une évidence, parce que je connais ces groupes et que je connais leur économie (qui est la même que la mienne).
Dans les liens que j'ai partagé, cependant, il ne s'agit pas de groupes ou d'artistes de niveau régional mais de projets d'envergure nationale. Donc le problème semble être le même à tous les niveaux.

Je ne juge donc pas de la qualité (puisque je trouve les deux groupes que je prends en exemple par ailleurs plutôt intéressants), je constate qu'il est évident que tout ça est complètement faux. Si on fait 10 000 vues en une semaine, ça continue à tourner de façon organique pendant des semaines et ça ne s'arrête pas tout d'un coup comme si personne ne relayait, ne partageait, etc. etc. Et je sais très bien qu'il est impossible de faire des dizaines de milliers de vue sans l'aide de prescripteurs médiatiques (à moins de quelques rares coups de chance, avec des vidéos virales qui partent de rien - sauf qu'à chaque fois que le story telling "parti de rien" est mis en oeuvre, on s'aperçoit qu'évidemment c'est beaucoup plus compliqué).
On peut trouver des services partout sur le net qui proposent 30 000 vue sur youtube pour une centaine d'euros : quand on connait l'argent investi dans un viéo-clip (en indé, de quelques centaines à quelques milliers d'euros, jusqu'à des dizaines de milliers d'euros pour un groupe qui tourne partout et bénéficie d'un accompagnement pro qui y croit vraiment et peut trouver des subventions), on se dit que l'investissement est très tentant.

Enfin, les programmateurs ne sont peut-être pas dupes, mais d'une part la vue attire la vue (et donc la fausse vue va aussi créer de la vue organique et donc permettre d'élargie l'audience) et d'autre part comme tu le dis toi même les programmateurs sont sensibles à toute l'énergie que déploie un groupe pour être visible. Si ils ont un groupe qui est capable de ça, il est sûrement capable de se mettre minable sur les réseaux pour attirer le public au concert (comme je peux le constater parfois, où certains groupes se comportent comme des clodos pour faire venir les gens).

Donc je parle de ceci en particulier, et l'achat de vues/streams concerne principalement Youtube et les plateformes de streaming. Je n'ai parlé de Facebook que parce que j'utilise plus ce réseau que Tik Tok, Instagram ou Twitter, mais évidemment je ne parle pas de Facebook en particulier. Plus de l'achat de présence et de ses conséquences sur le monde de la musique.
4
Un autre sujet, mais lié au premier, qui m'interroge sur la bêtise des algorithmes : depuis quelque temps je suis le Kronos Quartet sur Facebook parce que j'ai dû liker un de leurs posts par hasard (alors que je n'avais jamais vu un seul de leurs posts, même si je suis abonné à leur page depuis des années).
J'hallucine sur le fait que chaque fois qu'il postent une info (concerts, tournée, sortie de disque) ils ont juste une dizaine de likes. N'importe quel débile qui a suffisamment de potes et annonce son concert de reprises d'AC/DC dans le bar PMU de Ploutarboeuf a plus de likes, et je ne parle même pas de ceux qui postent des photos de leur dernier repas ou de leur chien qui tombe d'une luge sur Instagram.
Comment penser le fait qu'une formation aussi influente et renommée que le Kronos Quartet soit aussi peu relayée par l'algorithme de FB ? Je veux bien croire que les amateurs du Kronos n'utilisent pas Facebook, mais quand même. Dans le monde il n'y a pas plus de 15 amateurs de musiques contemporaine qui utilisent les réseaux sociaux ? Franchement, ça m'interroge même sur la nature de ce qui est favorisé, indépendamment de la façon dont la com est menée : chacun sait qu'il faut poster régulièrement, interagir avec tout le monde et liker ceux qu'ont veut voir liker nos posts, mais là franchement ???
Si on est vieux, qu'on joue de la musique contemporaine (et qu'on remplit quand même des salles de milliers de places) on existe plus sur les réseaux sociaux ?
Ça me semble un peu dingue et ça me semble dire beaucoup sur la façon dont les algorithmes des réseaux sociaux conditionnent notre comportement sur le net : en gros, il fallait déjà être 8h par jours sur les réseaux sociaux pour rendre son groupe visible. Je pense maintenant qu'il faut de plus en plus fréquemment payer. D'ailleurs, Meta a annoncé un abonnement qui permettra "plus de visibilité" à ses adhérents.
"Les contenus des créateurs abonnés à « Meta Verified » seront ainsi diffusés plus largement et apparaîtront en haut des résultats des recherches et des recommandations."
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/02/19/meta-mark-zuckerberg-annonce-le-lancement-d-un-abonnement-payant-pour-authentifier-son-compte_6162487_4408996.html
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Je tombe comme sur un cheveu sur la soupe. Mais peut être que tout le monde n'a pas besoin des réseaux sociaux pour au moins juste tourner


https://kronosquartet.org/past-events/

Et ca reflète bien ce qui est dit avant que les likes reflètent en rien les billets qui seront vendu pour le concert...Le monde d'avant est encore là! Pré Facebook.


[ Dernière édition du message le 26/02/2023 à 17:36:06 ]

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On parle beaucoup de ca mais c'est un truc que je vois peu, du moins dans ce que j'ecoute quotidiennement.
En meme temps, comme j'ai l'habitude de laisser un like sous les tracks que j'ai appreciées, dans l'espoir d'en recevoir un en retour, les pistes qui affichent plusieurs kilovues, j'ai tendance à m'en ecarter, inutile on ne joue pas dans la meme cours lol et d'ailleurs en general, c'est surproduit et surmixé, à fuir quand on ecoute au casque et qu'on aime bien le faire avec du volume... (et qu'on veut conserver ses oreilles un peu plus longtemps qu'une decennie).
J'ecoute sur soundcloud et sur youtube essentiellement, je me regale avec pas mal de pistes donc, d'artistes qui n'ont quasiment jamais des milliers de vues et encore moins des dizaines de milliers, mais des trucs qui dechirent parfois,... assez souvent meme...
Mais personne ne semble avoir usage de faux likes
Voir arriver toto avec son clavier qui fait bloink blojnk bloink afficher subitement plusieurs Kvues ? Jamais vu
à mon avis, ca n 'est absolument pas un gage de qualité et encore une fois, piste à 200K = t'as mal aux oreilles pour la semaine (physiquement je parle car apres tout yen a surement des bonnes neurologiquement parlant lol) et par experience, je fuis.
Bref
Vues acheté = meme combat que la "Loudness War"
Avec les memes degats pour les oreilles
Merci à vous

[ Dernière édition du message le 27/02/2023 à 20:31:39 ]

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Citation de wire2 :
https://www.billboard.com/pro/new-music-tiktok-artist-development-suffering/


Intéressant cet article...
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Citation de wire2 :
Je tombe comme sur un cheveu sur la soupe. Mais peut être que tout le monde n'a pas besoin des réseaux sociaux pour au moins juste tourner

https://kronosquartet.org/past-events/

Et ca reflète bien ce qui est dit avant que les likes reflètent en rien les billets qui seront vendu pour le concert...Le monde d'avant est encore là! Pré Facebook.


Oui certes, sauf que je prenais l'exemple du Kronos quartet pour parler de la bêtise de l'algorithme de FB : je suis évidemment conscient que le Kronos tourne à fond, et qu'ils n'ont pas besoin de convaincre les programmateurs avec des likes vu qu'ils sont un des rares quatuor de musique contemporaine à avoir une réelle renommée mondiale, en particulier auprès des amateurs de musique autres que classique contemporaine, et ce depuis presque 50 ans.

Mais tout cela a des conséquences sur les groupes en développement dans le secteur très différent des "musiques actuelles" où il y a 200 projets nouveaux qui apparaissent chaque jour : désolé d'insister, mais mon expérience de musicien intermittent (je veux dire, qui vit de la musique), qui tourne avec un groupe en développement, c'est que les programmateurs et partenaires en général (tourneurs, labels, etc.) accordent énormément d'importance à toutes ces conneries de réseaux sociaux et d'exposition sur youtube ou Spotify. Tout simplement car aucun de ces groupes ne peut prétendre à la renommée du Kronos Quartet et donc que seuls des "indicateurs chiffrés" apparemment objectifs peuvent renseigner un programmateur sur le futur remplissage de sa salle.

Mon sentiment c'est que les partenaires, et en particulier les programmateurs, sont la plupart du temps incapables de juger de la qualité d'un projet mais surtout incapables d'estimer si un concert va attirer du public ou pas - en particulier si leur programmation n'a aucune identité particulière qui permette au public de "faire confiance" aux choix de programmation.
En dehors des musiques actuelles, certaines salles identifiées jazz ou impro ont une réelle identité de programmation, car leur public est restreint et qu'ils ne se soumettent pas uniquement à la hype du moment (par exemple le Petit Faucheux à Tours ou les Instants Chavirés à Montreuil). Mais en prog "généraliste" (pop, rock, rap, urbain...) c'est souvent l'absence de choix et de risque.
Car les programmateurs se fondent en grande partie sur le caractère "objectif" de l'exposition sur internet (le nombre de likes, de vues, de streams) pour prendre une décision.

Encore une petite anecdote pour illustrer ça : j'ai été en résidence il y a quelques années dans une SMAC régionale. A l'issue de la résidence, nous avons donné un concert (pas d'autre groupe sur le plateau, juste nous) et contre toute attente (vu que personne ne connaissait notre groupe dans cette ville) la salle était bien remplie (avec un public de l'ordre de 200 personnes - pour nous c'est beaucoup) et le public était super enthousiaste. Le directeur de la salle est passé et nous a félicité. Nous sommes restés en contact, car il appréciait vraiment beaucoup le groupe (il nous a d'ailleurs branché sur un plan concert super bien payé dans la même ville, où la fréquentation a été par contre plutôt mitigée, ce qui nous a par la suite desservi sur cette ville soit dit en passant mais là je trouve ça déjà plus logique). Un jour, nous avons sollicité un rendez-vous pour avoir des conseils de développement de sa part. Il a accepté et nous a parlé de son travail : entre autres choses, il a un moment lâché qu'il n'appréciait réellement que 20% de sa programmation, le reste étant imposée par des exigences de remplissage et constitué de musique qu'il trouvait objectivement mauvaise. Pas seulement qu'il n'appréciait pas en vertu de ses goûts particuliers, juste objectivement mauvaise.
C'est-à-dire qu'en tant que directeur/programmateur, son boulot consistait simplement à estimer si tel ou tel groupe était susceptible de remplir la salle. Et pour le savoir, il n'existe que deux moyens : les indicateurs chiffrés fournis par internet (likes, vues, streams) et les concerts du même groupes organisés par ses copains du réseau (les programmateurs parlent beaucoup entre eux) - même si concernant ce dernier aspect, il y a beaucoup de facteurs qui peuvent influencer le remplissage d'une salle (le concert du groupe super connu le même soir dans une meilleure salle par exemple, ou la com défaillante de la salle) et la fiabilité de l'expérience des programmateurs baisse si le groupe tourne peu (puisqu'il y a peu de données et donc une variation plus hasardeuse que statistique).

À ce compte là, il n'y a presque aucune prise de risque artistique dans le processus de programmation (alors même que la plupart de ces salles, en tout cas les SMAC, sont financées par l'argent public et diverses institutions régionales ou locales) et on ne perçoit que très rarement l'existence d'un être doué de sensibilité (avec ses préférences personnelles et ses paris) derrière une programmation. Il existe des exceptions, mais de moins en moins à mesure que la salle est financée par l'argent public (ce qui est pour le moins paradoxal). Dans ma ville, à jauge à peu près égale, la salle subventionnée est ainsi infiniment plus conservatrice dans ses choix de programmation que la salle privée fonctionnant sans subvention. Peut-être parce qu'elle se donne pour mission de satisfaire le plus grand nombre : mais alors, pourquoi ne pas diffuser des stand up ou des reality shows sur France Culture (qui, soit dit en passant, a des chiffres d'audience comparables à ceux de RFM et Fun Radio avec des émissions consacrées à Bergson ou à Adam Smith) ?
Malheureusement, il y a dans le milieu des musiques actuelles, selon moi, une absence totale de réflexion sur le rôle du service public.

Une intelligence artificielle pourrait donc tout aussi bien s'occuper de la programmation d'une SMAC : il suffirait qu'elle ait accès aux indicateurs chiffrés concernant le groupe (likes, vues, streams) et aux données de remplissage concernant les concerts de ce groupe dans d'autres salles gérées elles aussi par une intelligence artificielle. Et du coup on économise le salaire du programmateur.
On parle beaucoup des risques de l'IA, mais le problème c'est que beaucoup d'humains se comportent déjà comme si ils étaient des machines et qu'ils sont donc voués à être remplacés sans que personne s'en aperçoive...

Tout ça pour dire que mon expérience est que les données chiffrées sont déterminantes, en particulier pour les groupes en développement (tout le monde se fout que Jeanne Added ait peu de likes sur Facebook si elle démontre qu'elle peut remplir des Zenith - il se trouve qu'elle a évidemment d'excellents indicateurs chiffrés ET qu'elle remplit les salles).
Dès lors que ces données chiffrées peuvent être modifiées frauduleusement pour pas cher, ce qui a nécessairement une influence sur tout le reste (même si évidemment ça ne fait pas tout) pourquoi se priver ? Je déplore donc simplement que le système, en plus d'être fondé sur des bases qui privilégient la médiocrité (et on le voit par exemple avec l'influence des réseaux sociaux sur la politique, qui rendent nos élus encore plus cons qu'il ne l'étaient auparavant) soit également pourri par la fraude et la manipulation (comme les premiers liens que j'ai partagé, sur la triche au streaming, le démontrent).

[ Dernière édition du message le 01/03/2023 à 09:14:50 ]

10
Rien de nouveau sous le soleil dans les années 70 80 les labels achetaient leurs propres disques chez les disquaires afin de les faire monter dans les classements des meilleures ventes, aujourd'hui on achète des like ou des followers le positif c'est que le système c'est démocratisé et qu'il est à la portée des bourses de l'autoprod.Il faut quand même Il est évident que les acteurs du monde de la musique sont sensibles aux nombres de vues et c'est bien evidement ce qui va propulser le dossier au dessus de la pile et de la daube à 300 0000 de vues ou à 400 cela reste de la daube.
Ce n'est pas you tube ou face book qui vont remplir les salles c'est votre public et tous les médias sociaux ne vont qu'informer votre public de votre concert et pour fonctionner ce système recquiert deux paramètres 1) avoir un public 2) que ce public soit présent sur média concerné.pour la pormo d'un groupe de Metal sur lequel j'ai bossé j'ai recensé et abonné tous les groupes FB consacrés au métal les fanzines les radios etc et sur eux uniquement que j'ai accés ma promo cela a drainé 5000 followers FB une collaboration avec Fred Duquesne de mass hysteria pour la prod de l'album qui a bénéficié d'un budget important de réalisation la levée d'une importante somme en crow funding permis de faire quelques gros festival et pourtant sur son seul nom le groupe ne vend que peu de disque et n'est pas en mesure de faire du onde dans une salle de type smac,pourtant ce groupe met le feu à chacune de ces prestas sur un festival à l'exemple inverse dans les années 80 90 cartonnait sur scène le groupe Raoul Petite il remplissaient n'importe quelle bonne salle en France ils ont fait des audiences télés énormes en prime time sur A2 pendant plusieurs mois et pourtant chacun de leurs albums étaient un bide total.
Comme quoi dans la musique il n'y a pas de règle absolue par contre le Web lui fonctionne selon des algorithmes puissant abouttissant à un principe de fonctionnement sans vraiement entrer dans les détails à chaque produits correspond un ration visite concrétisation (achat de places de concert achat de disque ou de produits dérivés) d'ou la tentation d'uttiliser tous les moyens que le Web offre pour arriver à ses fins.Et je vais vous donner un exemple concret qui m'a été donné lors de ma formation community manager.
Un des plus gros vendeurs d'aspirateurs en ecommerce uttilise la technique suivante il achète des noms de domaines expirés et plus particulièrement ceux de "Marine le Pen présidente" bien après l'échéance electorale ceux continuent à réaliser un très grand nombre de connexions il suffit alors de faire une redirection vers le site de vente des aspirateurs et immanquablement parmi tous ces redirigés un pourcentage va concrétiser le paiement d'un panier dont le prix moyen est connu par avance plus il y aura de connectés et plus le pourcentage s'établit sur une base large.
Pour ma part j'ai régulièrement recours à toutes les techniques autorisées par Google pour promotionner les artistes que je défends ...je n'en dirais pas plus et vous en déduirez ce que vous voulez.
Pour conclure la musique est avant tout une histoire d'émotion etsi un enfant de 4 ans jouant d'un tambour en plastique devant un arbre de Noêl en plastique lui aussi fait plus de vues que Miles Davies au sommet de son art il faut savoir accepter qu'à cet instant T l'émotion est du côté de l'enfant.