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Gretsch G2220 Junior Jet Bass II
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Gretsch G2220 Junior Jet Bass II
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« Bravo Gretsch! »

Publié le 25/01/23 à 22:49
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Tout public
Contexte : je suis essentiellement guitariste mais je joue beaucoup de basse et pratique le clavier dans une pratique sérieuse du home studio. Je dispose d’une belle écurie de guitares, de la vieille vintage à la guitare custom shop, et une ribambelle de véritables amplis vintage. C’est grâce cette disposition presque pathologique à acquérir du matériel et à estimer qu’il me manquait toujours quelque chose, disposition dont je suis heureusement aujourd’hui soulagé, que j’ai pu acquérir ce matériel. Juste pour dire: je ne suis plus un novice et je suis devenu avec le temps exigeant, parfois de manière un peu délirante, je l’admets.

Mon expérience ne m’a pas empêché, hélas!, de lâchement vendre il y a quelques années une basse short scale Horner 173 de 1962 qui, malgré le fait qu’elle était un peu difficile à jouer et que le niveau de sortie était devenu faible, ne méritait pas d’être vendue au prix où elle est partie. J’ai ensuite ruminé plusieurs mois ma nostalgie du son shortscale. Il m’a fallu du temps pour me pardonner.

Malheureusement, malgré son charme et sa polyvalence, ma P-Bass (une excellente copie de la marque Vintage, modèle V4 pour lequel j’ai posté aussi un avis) ne comblait pas cette absence devenue douloureuse. Au point que j’ai réussi à faire croire à ma femme que notre fille aînée, aimant les instruments et la musique, voulait jouer de la basse mais que le format Pecision était trop grand pour elle, ce qui justifiait l’acquisition d’une short scale. C’est lâche, certes, mais je suis sûr que vous êtes capable de comprendre ce mensonge. Vous avez peut-être même fait pire.

Bref, je passe ensuite un jour devant une grande enseigne locale, récemment disparue, et me laisse tenter par un essai en magasin. J’ai demandé au vendeur qu’il m’amène tout ce qu’il avait en basses shortscale. Le jeune homme, saisissant ma détermination, s’est exécuté sur-le-champ.

A ma disposition, quasiment que de l’entrée de gamme : une Ibanez, une Squier, une Fender, une Epiphone, une Harley Benton et une Hofner. De toutes manières, je ne pourrais jamais justifier l’achat d’une Duesenberg pour la gamine : mon épouse est une femme sagace et découvrirait le pot-aux-roses. Je commence à les instruments sur un ampli basse puissant mais quelconque (Hartke, de mémoire).

Toutes avaient leurs qualités mais aussi leurs défauts : je ne vous fais pas un test détaillé. Les différences de qualité de fabrication sont finalement moins impressionnantes que la différence de confort et de son. Plutôt pas mal finies pour leurs prix respectifs. Toujours est-il qu’aucun instrument ne me charme au point de craquer, alors que je disposais d’une somme suffisante en cash sur moi et, plus important encore, du blanc-seing de mon épouse. Je sortais de ce banc d’essai un peu chagrin.

En ramenant et replaçant le matériel à leurs vitrines, je vois un instrument répondant aux exigences, mais qui ne m’avait été présenté : une petite basse Gretsch aux formes graciles. On dirait presque une guitare. Je l’empoigne et retourne voir le Hartke.

Objectivement, je ne me souviens très précisément de ce tour au magasin que des premières notes jouées sur cette petite Gretsch asiatique. Petit format, mais un son plein, puissant et plutôt précis, faisant, par effet de contraste, remarquer à quel point la Harley Benton, dernière du test précédent, était tiède. Autre remarque à chaud: quel manche bien fini et agréable!

Conquis, je m’en vais négocier l’achat d’une de ces petites basses auprès du vendeur. Le jeune homme me donne un prix (aux alentours de 360€) et me demande si je veux embarquer celle en vitrine. Ce modèle était un sunburst (bien fait, plutôt classe, c’est vrai, mais cette finition m’a toujours repoussé) handicapé par une énorme balafre sur l’arrière de la table, comme si elle s’est faite défoncée par un gros coup de bouclon de ceinture. Je négociai donc une ristourne pour le préjudice, ce à quoi le vendeur répondit qu’une remise de 20 euros était raisonnable. Pas d’accord, je quittai silencieusement les lieux.

Quelques jours plus tard, j’eus la possibilité d’acheter cet instrument à un prix attractif (314€) sur une grande enseigne allemande, laquelle proposait une ristourne intéressante par rapport à la concurrence. C’est lâche, certes, mais je suis sûr que vous êtes capable de comprendre cet achat. Vous avez peut-être même fait pire.

Reçue, réglée par mes soins puis par le luthier - lequel me confia qu’il était impressionné par la finition et la qualité du manche. L’accastillage est raccord avec le prix de vente, mais tout à fait décent et ne démérite pas par rapport à la concurrence (en particulier Fender/Squier, que m’a un peu chagriné). Elle tient bien l’accordage et ne montre pas des petits trucs qui se désserrent ou se démantibulent, chose malheureusement classique dans l’entrée de gamme. La finition Torino Green est séduisante et flatte mon côté italien. Le design est simple, dénote par l’absence de finition sparkle ou de cache-micros tonitruants (ce que j’aime bien au demeurant) mais il est classe.

Niveau sonorité, c’est vraiment bien. Les deux micros double bobinages (en tout cas vendus comme tels car ils se révèlent qu’il s’agit de simples bobinages!) sont articulés et offrent un haut niveau élevé, le micro manche développant un son puissant et très rond, et un micro chevalet twangy et péchu. Peu importe la configuration, la basse donne un son profond et plein, avec beaucoup de mediums. Je note que cette basse a tendance à bien trancher dans les mix. Je ne l’utilise qu’en son clair, avec parfois un léger drive naturel, donc j’ignore son comportement avec des effets ou de la saturation.

Le point fort de cet instrument est la qualité de son manche. Les manches d’autres Gretsch avec lesquelles j’avais déjà joué m’avaient plu, et la gamme Electromatic m’avait positivement impressionné — même si le haut de gamme de la marque reste au-delà. Mais cette petite Gretsch asiatique, j’ai eu beau l’inspecter sous toutes ses coutures : il n’y a pas de défaut répréhensible et le manche est vraiment très bien fini. Cela a d’ailleurs soulevé des états d’âme chez mon ami luthier : c’est fou ce qu’on fait aujourd’hui pour moins de 350€.

Cette basse aurait, paraît-il, les faveurs de bassistes rock un peu lourd, mais je suis sûr qu’elle sera à l’aise dans tous les styles. Pour ma part, je ne la sollicite pas très loin dans la polyvalence. Je lui ai apposé des flatwounds Pyramid et, moyennant un chevalet modifié pour étouffer légèrement la vibration de cordes, j’en tire le sautillant son très 60’s, style vieille basse Burns Bison, revenu à la mode ces derniers temps. Je retrouve non sans émotion ce qui me plaisait dans ma vieille Hofner, mais avec plus de burne et de confort. Le jeu est confortable, en particulier pour un guitariste comme moi, les dimensions de l’instrument étant vraiment peu contraignantes (elle est presque trop petite!). J’arrive à tirer de cette petite basse polyvalente un son absolument pas polyvalent, ce qui me plaît beaucoup.


En conclusion : Bravo Gretsch pour ce joli petit instrument, qui constituera autant une excellente acquisition pour le novice qu’une expérience rassurante pour le musicien plus chevronné, tant cette basse est charmante et plaisante à jouer. Ma femme et ma fille l’aiment beaucoup, au point que l’instrument sera vraiment pour elle. J’ai également acheté un hard case pour l’y placer ( à 1/3 du prix de l’instrument, c’est dire comme j’y tiens). Pour 350€, je reste persuadé que vous ne trouverez pas grand’chose de mieux en matière de short scale.