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Epiphone Les Paul Standard PlusTop Pro
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Epiphone Les Paul Standard PlusTop Pro

Guitare de forme LP de la marque Epiphone appartenant à la série Les Paul

rené le roi rené le roi

« La véritable Les Paul du pauvre et Plus encore  »

Publié le 01/11/20 à 18:45
Rapport qualité/prix : Excellent
Cible : Tout public
ACTUALISATION, janvier 2022

Ma lp standard pro honeyburst flammée est belle. Pourtant en général pas fan des finitions flammées je trouve celle-ci bien plus réussi que chez de nombreux concurrents ou c'est souvent grossier dans les mêmes gammes de prix ou bien comme chez Gibson de bonne qualité mais trop marqué à mon gout. Ici les zébrures sont fines, plus ou moins prononcées suivant l'exposition à la lumière de la guitare. Le verni effet gloss plus épais que sur les américaines valorise bien ce flammage je trouve.
Sur cette guitare on peut valider ou non certains choix constructifs, mais il difficile de trouver à redire sur l'application des petites mains chinoises. Et j 'en ai vu, examiné, essayé, acheté puis revendu toutes gammes confondues depuis plus de 25ans que je traine les magasins de guitares hélas de moins en moins nombreux.
Pour le corps sachez à quoi vous attendre. On en déduit la constitution en examinant l'extérieur et l'intérieur en ouvrant les réservations techniques. Ce corps donc est fait d'une âme massive en 3 morceaux d'acajou au sens générique, genre ce que l'on nome acajou des philippines, terme désormais attribué à une grande variété de shorea d' Asie ,dit aussi méranti ou lauan dans l'industrie, dont la densité et la couleur(du jaune au rouge clair à foncé) sont assez variables. Ici les 3 morceaux de bois n'ont pas exactement le même ton, moyennement clair dans l'ensemble. Cette âme est prise entre un joli dos en acajou genre sapelli ( vu les motifs en rubans bien marqués), et une table bombée comprenant une partie inférieure qui ressemble aussi à de l'acajou, mais bien plus foncée que les bois de l'âme, je penche pour un lauan rouge foncé (le plus lourd par rapport aux autres plus clairs), plaquée d'un dessus en érable ondé haut de gamme. Il y'a donc déjà une différence avec LP Gibson qui a une table épaisse toute en érable et sans ce dos rapporté; les bois assemblés pour le corps de l'américaine en acajous historiquement réputés, sont alors en principe sélectionnés pour une cohérence esthétique sur les sujets translucides. Avec des bois moyennement denses pour ce corps on a une masse de la guitare de 3,8kg(sans la sangle),ce qui est raisonnable et en somme assez proche des premières LP Gibson; c'est bien plus tard qu'elles sont devenues très lourdes, quand il est devenu plus difficile de trouver des acajous américains modérément denses; on disait que c'était encore mieux pour le son, alors que maintenant les LP Gibson sont souvent plus ou moins évidées pour perdre du poids, on s'y perd, les vérités sont changeantes... Bref, cette lp reste sur un procédé classique d'Epiphone et c'est proprement fait; la robustesse et la stabilité de ces lutheries a fait ses preuves. Alors que les espèces nobles d'acajou s'épuisent, Il ne faut pas sous estimer les qualités de ces bois de substitutions qui manquent d'histoire, de légende et de mythe dans le monde de la solid body. Je trouve juste dommage que ces bois ne soient pas vraiment assumés dans les descriptifs d'Epiphone; d'autant qu'il ne serait pas logique économiquement et écologiquement d'aller chercher sur un autre continent des matériaux, alors qu'il y'a des substitues de proximité adaptés pour des instruments de cette gamme.
Le manche type slim 60 en acajou (au sens figuré aussi), me convient parfaitement tant pour son profilage que pour sa douceur, je n'ai pas du tout la sensation collante parfois attribuée aux vernis polyuréthanes . La touche genre palissandre en plus clair, au veinage peu marqué, au touché doux, semble être du pau ferro ( essence qui a fait la transition entre le palissandre et le désormais "laurier indien" d'Epiphone) . Les frettes sont confortables et proprement posées ; le filet est fin et soigné mais pour les coupeurs de petits pois en 4 il faut signaler un léger chevauchement de manière régulière du vernis du manche sur celui-ci d'environ une épaisseur d'une corde de mi aigu; il faut vraiment y regarder de très près et ça n'altère aucunement le toucher ni vraiment l'esthétique en fait. Après de petits réglages du manche et de l'action, la belle se stabilise gentiment. Les mécaniques ne me posent pas de problèmes. Le tout couronné de la tête identitaire Epiphone.

L'électronique est classique pour ce type d'instrument, avec en plus un split sur chaque humbucker. Les micros sont en alnico 2. On a donc bien un micro manche qui du fait de sa position sonne bien rond, et baveux en crunch; mais en canal clean ou baissé en volume guitare reste exploitable et chaleureux pour un accompagnement mêlant mélodies et accords. Puis un micro chevalet plus tranchant, et plus facile à gérer, intelligible, très bien pour le blues, mais également plus adapté pour le rock en général, car il supporte bien les attaques puissantes en restant bien défini en clean comme en crunch. Bien assez puissant à mon gout; je le baisse même souvent très légèrement avec le potard volume, pour que sans perte audible de volume, la sensation gros son soit accrue. Sinon avec le volume à fond j'aime bien baisser un peu le tone, ça favorise aussi l'effet musculeux. La position milieux est sympa comme chez toute bonne LP en mixant les 2 micros avec des niveaux des sorties différents via les potards indépendants; autant sur une strato je déteste les positions intermédiaires autant sur cette LP j'adore; souvent coté chevalet à fond et coté manche réduit, en clean ou crunch on étoffe le rendu et ça donne davantage de sens à l'utilité du micro manche. J'ai mis du temps à m'intéresser à la mise en simple bobine(split), et c'est en fait convainquant, mais différent d'une Fender. Les probuckers sont subtilement voilés ; en effet l'alnico 2 est moins lumineux que l'alnico 5; il est apriori moins flatteur, mais avec le temps plus attachant je trouve; il sonne plus ancien, plus doux avec ce petit retour aigre, limite rance. Je ne règle pas ces micros aussi proche des cordes de ce qui en général est annoncé ici ou là, souvent entre 1.5 et 2mm pour le micro chevalet (entre le dessous des cordes et le plot en frétant la dernière case). Proche de 3 mm j'ai un son pas fade et plus volumineux; mon tirant 11-50(ou49) se déploie mieux ainsi avec ce type de bobines. En changeant le tirant d'origine, j'en ai profité pour revoir l'ensemble des réglages qui sans être néants n'étaient pas aboutis.

Voilà, une guitare avec une lutherie fiable, confortable, équilibrée, au poids maitrisé; d'une tonalité "root", limpide et dense parfaite pour le blues et le rock&roll à différents degrés de crunchs. On retrouve bien ici l'empreinte des modèles Epiphone, qui restent en général d'une sonorité un peu plus ronde ou plus centrée que leurs homologues Gibson qui semblent évoluer vers des tons moins épais, plus ouverts et plus riches d'aigus. Cette différence est cependant subtile, ça reste très proche, mais on peut préférer l'une ou l'autre. Disons que sur des arpèges et clichers bluesy soft la Gibson équipée en burstbucker 2 et 3 (pour comparer ce qui est comparable sur le papier) est plus à son avantage par son côté plus creusé, plus riche harmoniquement; cependant quand on attaque ces blues électriques bien denses des pionniers du genre ou du rock 60's/70's, l'Epiphone tire mieux son épingle du jeu avec le très bon micro chevalet à la fois épais et précis (plus dans l'esprit Gibson classic 57 et 57+ que des burstbucker 2 et 3). L'Epiphone demande à ce qu'on lui rentre dedans. Pour le petit côté légende (un peu de poésie c'est toujours sympa), La signature Les Paul rappelle aussi que ce monsieur bricolait ses premières grattes dans les ateliers Epiphone (usa) avant sa coopération avec Gibson. Souvent décrié depuis la recentralisation de sa production asiatique (qui en fait était souvent sous-traitée) vers sa nouvelle usine en Chine de 2002, Epiphone montre qu'avec une stabilité retrouvée au sein de sa propre manufacture, les chinois savent de nos jours avec un cahier des charges sérieux fabriquer de bonnes guitares(bien qu'on entende encore que les chinoises actuelles ne valent pas les coréennes de jadis).La qualité des Epiphones me semble en tout cas plus régulière qu'il y a bien longtemps. Après c'est comme partout, il peut y'avoir un mauvais numéro...
Bref, une guitare très jouable si l'on admet une conception un peu différente des Lp américaines.

Il est évident qu'en appréciant une bonne Epiphone on ne blasphème pas la noble Gibson made in usa de référence. Cela dit si votre Epi sonne mal, une Gibson a de grandes chances de ne pas sonner mieux(outre l'effet placebo) si vous ne remettez pas en question chaque maillon de la chaine son.


5 étoiles pour le très bon rapport qualité prix que je réaffirme à l'occasion de cette actualisation, après avoir encore scruté et essayé d'autres guitares.